5 - Renouveler les systèmes productifs par la recherche & développement et l’innovation
INTRODUCTION
La n des années 1970 a été marquée par l’essoufement du régime d’accumulation dit « fordiste »
(Michel Aglietta) dont les causes résident dans de nombreux chocs successifs : ralentissement des
gains de productivité, hausse brutale du prix du pétrole, n du système monétaire international issu des
accords de « Bretton Woods », renversement des rapports de forces sociaux, etc. Cet essoufement a
débouché sur des mutations économiques et géostratégiques majeures. A travers le démantèlement
progressif des barrières douanières et l’évolution de la stratégie des rmes (internationalisation,
nanciarisation, délocalisations et fragmentation des chaînes de valeur), la mondialisation a contribué
à affaiblir le rôle des Etats-Nations, mettant ainsi directement en confrontation le local et le global.
Les retombées pour les territoires ont été assez contrastées.
Mue par « l’attractivité », la nouvelle compétition mondialisée a considérablement affecté les territoires
ayant bénécié des deux premières vagues d’industrialisation - c’est le cas de la nouvelle région1 - alors
que d’autres vont parvenir à tirer leur épingle du jeu. C’est pour désigner ces recompositions territoriales
favorables aux espaces dits « plus résilients », que le néologisme de « glocalisation » (Roland Robertson)
a été forgé.
Les explications du différentiel de performance de ces territoires sont multiples. On ne saurait, en
effet, l’attribuer à un facteur unique. Mais, comme le montrent de nombreux travaux (notamment
ceux de la Nouvelle économie géographique), l’effort consenti dans la recherche et développement
et dans la capacité à générer des innovations est crucial. Les espaces les plus performants sont en
effet ceux qui ont su développer et « agglomérer » leurs ressources académiques, scientiques,
technologiques et industriels et à les conjuguer avec d’autres atouts2. C’est sur la base de ce constat
que l’Union européenne lançait en 2000 la «Stratégie de Lisbonne», aspirant à devenir en 2010
« l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Cette stratégie
a été récemment relancée avec « Europe 2020 » en visant à promouvoir une « croissance intelligente,
durable et inclusive » notamment en xant comme objectif un rapport au moins de 3 % des dépenses
en recherche et développement dans le produit intérieur brut européen (PIB).
1 Cf. « Panorama statistique pour une nouvelle région », Repère pour la nouvelle région, n°1, mars 2015.
2 C’est le cas notamment des métropoles actuelles qui illustrent parfaitement ce phénomène. Cependant, on omet souvent de souligner qu’elles sont
enchâssées dans des territoires plus vastes avec lesquelles elles entretiennent des rapports étroits. Cf. Laurent Davezies et Thierry Pech (2014), « La nouvelle
question territoriale », Note du think tank «Terra Nova», septembre.