1. Rappels
Roches sédimentaires : Elles représentent 5 % du volume des croûtes terrestres mais elles
couvrent 75 % de la surface terrestre. Ce sont donc les plus fréquentes à la surface du sol.
Roches carbonatées : couverture de 18 % de la surface des continents (grès : 40 % ; argiles : 42
%). En raison de :
leur affleurement sur de grandes surfaces ;
leur démantèlement par des mécanismes (la dissolution) qui leur sont bien
spécifiques, l’érosion aboutit à des formes du relief particulières : il est courant de
parler de "paysages de pays calcaire" résultant du modelé karstique dont la
description et le mode de réalisation sont le sujet de ce chapitre.
Les roches carbonatées sont également des roches cohérentes pour lesquelles l’action
d’érosion mécanique des eaux courantes se limite au niveau des drains d’eau courante, le reste
des surfaces à l’affleurement étant soumis à des actions physico-chimiques dont la nature dépend
de la composition chimique (minéralogique) de la roche. On verra plus loin que c'est la dissolution
pour les carbonates. En raison de cette cohérence, l’érosion différentielle va avoir également
tendance à les mettre en relief.
Les roches carbonatées sont des roches sédimentaires. Une roche carbonatée est
une roche qui est essentiellement composée par l'accumulation d'espèces minérales
contenant l'ion (CO3)2- qui est l'ion carbonate. Ces espèces minérales carbonatées les
plus fréquentes sont :
1. le carbonate de calcium (CaCO3). Cette espèce minéralogique est polymorphe
pouvant se présenter sous forme de calcite(rhomboédrique) ou
d'aragonite (orthorhombique) ;
2. la dolomite qui est le carbonate double de calcium et de magnésium, [(Ca, Mg)
(CO3)2].
L'accumulation des ces espèces minéralogiques conduit à la genèse des roches
carbonatées les plus fréquentes qui sont les calcaires et les dolomies.
Un calcaire est une roche constituée d'au moins 50 % de calcite (carbonate de
calcium, CaCO3). Une dolomie (le terme désigne la roche) est une roche contenant 50
% de carbonates dont la moitié au moins est de la dolomite (le terme identifie une
espèce minérale).
Du point de vue géomorphologique les roches carbonatées se distinguent surtout
des autres par leur aptitude à la karstification, c’est-à-dire au façonnement par
passage en solution. Le mécanisme de météorisation qui les dégrade est en effet
la dissolution qui est responsable du départ de la calcite en solution sous la forme de
bicarbonate de calcium (hydrogénocarbonate de calcium).
Elles partagent cette caractéristique avec d’autres roches plus ou moins solubles,
d’ailleurs souvent associées aux calcaires, le gypse, le sel gemme (halite), plus
rarement des grès.
Les roches carbonatées couvrant 18 % de la surface des continents,
elles contribuent de façon majeure à la charge globale des cours d’eau en solutés.
Le calcaire est faiblement soluble dans l’eau pure (13 mg par litre à 15° C, soit 13
g/m3 d'eau). C’est la présence de dioxyde de carbone dans l’eau, responsable de la
formation d’acide carbonique qui permet la mise en solution (100 g/m3 d'eau jusqu'à un
taux théorique de 1 500 g/m3 d'eau). Dans certaines circonstances entraînant la
sursaturation, les concentrations atteignent ainsi 250 à 400 mg par litre dans l’eau des
karsts provençaux. Le dioxyde de carbone est dégagé lors de la décomposition des matières
organiques et végétales. C'est en s’infiltrant dans le sol, au cours de la traversée de l'humus, que