PRODUCTION VÉGÉTALE Des habitudes à adapter LES BESOINS DES CULTURES ÉVOLUENT avec l’amélioration des variétés, mais aussi avec les modifications de l’environnement. De 1960 à 1990, les cultures bénéficiaient gratuitement de 100 kg de soufre par hectare qui arrivait directement avec l’eau de pluie. Aujourd’hui, cette valeur est passée sous les 10 kg/ha, alors que les besoins des cultures ont augmenté. Serge Zbinden L’histoire est connue, pour lutter contre les pluies acides, on est parvenu à réduire drastiquement les dégagements de soufre lors de la combustion des produits pétroliers. Si les pluies acides avaient des conséquences dramatiques sur l’environnement, les cultures bénéficiaient par ce biais d’apports de soufre réguliers et importants sur toute l’année. Les quantités apportées avec l’eau de pluie approchaient les 100 kg par hectare, largement de quoi couvrir les besoins des cultures, même les plus exigeantes. La situation évolue. L’amélioration de potentiel de production des plantes, les exigences toujours plus importantes quant à la qualité des produits et la réduction des apports atmosphériques exigent une adaptation des pratiques dans la nutrition des plantes. Le soufre participe à de nombreuses étapes du métabolisme de la plante et une carence peut avoir des conséquences im- Tableau 1: Besoin en soufre des cultures Cultures Prairies Besoin en soufre (kg S / ha) 30 à 60 selon les utilisations Colza 80 Choux 72 Betteraves sucrières 34 Maïs 28 Céréales 20 à 25 Pommes de terre 20 Tableau 2: Engrais azotés soufrés Nitrate magnésien soufré Sulfonitrate Sulfamid Sulfate d’ammoniaque gr. 38 24 N + 5 Mg + 7 S 26 N + 0.2 B + 14 S 30 N + 3 Mg + 10 S 21 N + 24 S portantes sur la santé de la plante, sur ses performances et sur la qualité de la production. Un manque de soufre à certaines étapes-clés de la croissance influence directement la production finale. Si l’importance du soufre dans la formation des siliques du colza n’est plus à démontrer, son implication dans de nombreuses étapes du métabolisme des plantes fait de cet élément un facteur important pour la formation du rendement de nombreuses cultures. Les exemples les plus parlants sont sa présence indispensable dans certains acides aminés, les constituants des protéines, et dans la structure des chloroplastes. Détecter les carences Les symptômes de carence en soufre sont difficiles à déceler. Généralement, il s’agit de chloroses, des pertes de chlorophylle, qui s’apparentent à celles qui surviennent lors de carence en azote ou en magnésium. Toutefois, à l’inverse de ces symptômes bien connus, les chloroses liées à une carence en soufre apparaissent d’abord sur les jeunes feuilles de la plante. Pour les colzas par exemple, les feuilles peuvent prendre une teinte rougeâtre au printemps, s’épaissir et prendre la forme de cuillère. Si la carence persiste, on assiste encore à un flétrissement des fleurs qui deviennent blanchâtres. rables à un apport massif ponctuel. Les similitudes entre le soufre et l’azote ne s’arrêtent pas à la sensibilité au lessivage. Soufre et azote sont présents dans de nombreuses protéines végétales et les deux éléments sont stockés dans les sols sous des formes organiques qui doivent être minéralisées pour être disponibles pour les plantes. Pour le soufre, ce phénomène appelé sulfoxidation est relativement lent, les quantités de soufre organique libérées sont donc faibles. Le soufre contribue aussi au développement des microorganismes du sol, améliorant ainsi la minéralisation des éléments et de l’azote contenus dans la matière organique du sol. Un manque de soufre réduit donc la quantité d’azote libéré à partir de la matière organique du sol. Toutes ces similitudes illustrent parfaitement la pertinence de Un élément soluble Le sulfate est la meilleure forme de soufre utilisée pour la nutrition des plantes. Comme le nitrate, cette forme soluble est sensible au lessivage. Les principes de la fertilisation soufrée sont donc les mêmes que pour la fertilisation azotée : plusieurs apports réguliers de sulfates sont préfé9 2013 · REVUE UFA Conditions propices à la carence • Sols acides ou très calcaires • Sols sableux ou légers (lessivage), sols pauvres en matière organique • Sols mal aérés, inondés ou asphyxiés • Rotation avec des cultures exigeantes (crucifères, légumineuses) Symptômes de la carence en soufre • Céréales: croissance et maturité retardées, jaunissement uniforme et prononcé de la base des jeunes feuilles, teneurs en protéines réduites, entre-nœuds courts, tallage faible. • Colza: les jeunes feuilles deviennent jaune ou vert pâle, les feuilles deviennent cassantes, des taches brunes irrégulières apparaissent sur le feuillage Important: Un manque de soufre entrave fortement l’efficacité de l’azote et par conséquent la croissance de la plante. Le soufre favorise la vie des micro-organismes qui minéralisent et libèrent les éléments nutritifs à partir de la matière organique. En raison des nombreuses similitudes entre l’azote et le soufre dans leur utilisation par les plantes, l’application d’engrais azotés soufrés est souvent pertinente. Jean-Claude Bapst exploite un domaine de 50 ha de grandes cultures et engraissement de veau à Payerne (VD). Son assolement comprend 10 ha de pommes de terre, 6 ha de betteraves sucrières, 6 ha de colza, 8 ha de maïs grain et 20 ha de blé. L’exploitation dispose encore de 200 places pour des veaux à l’engrais. fre Prévenir les carences à moindres frais So u Évaluer le risque et reconnaître les carences um si né ag M PRODUCTION VEGETALE Az ot e Revue UFA: Pourquoi optez-vous pour les engrais azotés soufrés Landor? Jean-Claude Bapst: Selon les parcelles, mes sols sont mi-lourds à légers et le problème des carences en souffre, surtout les printemps mouillés, était connu depuis longtemps. Je pratiquais donc déjà la fumure soufrée et après discussion avec mon conseiller Landor, il s’est avéré que le nitrate magnésien soufré de Landor était une formule intéressante pour mon exploitation. Quels avantages tirez-vous de ces formulations? LANDOR Je travaille principalement avec des engrais simples. En plus de l’azote, le nitrate magnésien soufré Landor me permet d’apporter du magnésium et du soufre sans avoir à utiliser trente-six sortes d’engrais différents, ce qui facilite la gestion des stocks et des achats d’engrais. Cette alternative permet encore de fractionner les apports de soufre, ce qui réduit les pertes par lessivage. C’est un paramètre important, surtout dans les parcelles avec un sol léger. En plus, en assurant la couverture des besoins en soufre de mes céréales, je suis sûr d’exploiter tout le potentiel de rendement de mes cultures. Nitrate magnésien soufre Trois nutriments qui sécurisent la croissance Quels inconvénients avez-vous constatés à l’utilisation des engrais azotés soufrés? Personnellement, je n’en vois aucun. Toutefois, en appliquant systématiquement la fumure soufrée sans attendre l’apparition des signes de carence, il n’est pas impossible que je mette du soufre à disposition de mes plantes alors qu’elles n’en auraient peut-être pas eu besoin. Mais intervenir une fois les carences constatées demande un passage supplémentaire, ce qui engendre des coûts supérieurs. De plus, le stress engendré par la carence pénalise aussi le rendement de la culture. Au final, je suis deux fois perdant si j’attends de constater la carence. Conseilleriez-vous l’utilisation des engrais azotés soufrés? Certainement, même si la stratégie de fertilisation doit se réfléchir au niveau de l’exploitation. Le manque de soufre est un problème dans de nombreuses cultures. Les engrais azotés soufrés permettent de réduire le nombre de passages et les similitudes dans les stratégies d’application du soufre et de l’azote rendent la combinaison des deux particulièrement intéressante. Photo: www.claas.com l’utilisation des engrais azotés soufrés sur les cultures. Améliorer la qualité des récoltes En alimentation animale comme en meunerie, la teneur en protéines est un critère important dans l’appréciation de la qualité des produits de base (fourrages, tourteaux, farines). La production végétale moderne ne vise plus seulement la production de la quantité maximale, mais aussi et surtout, la production de la meilleure qualité possible. Si la sélection contribue directement à l’amélioration des qualités et du potentiel de rendement des espèces cultivées, une nutrition des plantes tenant compte des besoins de ces nouvelles variétés REVUE UFA · 9 2013 et de l’évolution de l’environnement est primordiale pour profiter pleinement des progrès réalisés. Dans ce contexte, la fertilisation ne peut plus se limiter aux NPK traditionnels. Le soufre, mais aussi le magnésium, le bore, le manganèse et bien d’autres éléments, joue un rôle toujours plus important dans l’expression du potentiel de rendement et de qualité 䡵 des nouvelles variétés. Auteur Serge Zbinden, Service technique Landor, 4127 Birsfelden ntes e v n o Actiticipée’asch:eter anle moment d C’est Appel gratuit 0800 80 99 60 0800 LANDOR landor.ch LANDOR fenaco société coopérative Rte de Siviriez 3, 1510 Moudon Tél. 058 433 66 13 Fax 058 433 66 11 E-Mail [email protected] 寿 conseil gratuit: 0800 80 99 [email protected] | www.landor.ch www.ufarevue.ch 9 · 13 «L’ ass ura n ’ê ce d tre sat isfa it»