PRODUCTION VÉGÉTALE
Serge
Zbinden
38 92013
·
REVUE UFA
rables à un apport massif ponctuel. Les
similitudes entre le soufre et l’azote ne
s’arrêtent pas à la sensibilité au lessi-
vage. Soufre et azote sont présents dans
de nombreuses protéines végétales et
les deux éléments sont stockés dans les
sols sous des formes organiques qui doi-
vent être minéralisées pour être dispo-
nibles pour les plantes. Pour le soufre,
ce phénomène appelé sulfoxidation est
relativement lent, les quantités de sou-
fre organique libérées sont donc faibles.
Le soufre contribue aussi au développe-
ment des microorganismes du sol, amé-
liorant ainsi la minéralisation des élé-
ments et de l’azote contenus dans la
matière organique du sol. Un manque
de soufre réduit donc la quantité
d’azote libéré à partir de la matière or-
ganique du sol. Toutes ces similitudes il-
lustrent parfaitement la pertinence de
Tableau 2: Engrais azotés soufrés
Nitrate magnésien soufré 24 N + 5 Mg + 7 S
Sulfonitrate 26 N + 0.2 B + 14 S
Sulfamid 30 N + 3 Mg + 10 S
Sulfate d’ammoniaque gr. 21 N + 24 S
L’histoire est connue, pour lutter
contre les pluies acides, on est par-
venu à réduire drastiquement les
dégagements de soufre lors de la
combustion des produits pétroliers. Si
les pluies acides avaient des consé-
quences dramatiques sur l’environne-
ment, les cultures bénéficiaient par ce
biais d’apports de soufre réguliers et im-
portants sur toute l’année. Les quantités
apportées avec l’eau de pluie appro-
chaient les 100kg par hectare, large-
ment de quoi couvrir les besoins des
cultures, même les plus exigeantes.
La situation évolue. L’améliora-
tion de potentiel de production des
plantes, les exigences toujours plus im-
portantes quant à la qualité des produits
et la réduction des apports atmosphé-
riques exigent une adaptation des pra-
tiques dans la nutrition des plantes. Le
soufre participe à de nombreuses étapes
du métabolisme de la plante et une ca-
rence peut avoir des conséquences im-
portantes sur la santé de la plante, sur
ses performances et sur la qualité de la
production. Un manque de soufre à cer-
taines étapes-clés de la croissance in-
fluence directement la production fi-
nale. Si l’importance du soufre dans la
formation des siliques du colza n’est
plus à démontrer, son implication dans
de nombreuses étapes du métabolisme
des plantes fait de cet élément un fac-
teur important pour la formation du
rendement de nombreuses cultures. Les
exemples les plus parlants sont sa pré-
sence indispensable dans certains acides
aminés, les constituants des protéines,
et dans la structure des chloroplastes.
Détecter les carences Les symp-
tômes de carence en soufre sont diffi-
ciles à déceler. Généralement, il s’agit
de chloroses, des pertes de chloro-
phylle, qui s’apparentent à celles qui
surviennent lors de carence en azote ou
en magnésium. Toutefois, à l’inverse de
ces symptômes bien connus, les chlo-
roses liées à une carence en soufre ap-
paraissent d’abord sur les jeunes
feuilles de la plante. Pour les colzas par
exemple, les feuilles peuvent prendre
une teinte rougeâtre au printemps,
s’épaissir et prendre la forme de cuil-
lère. Si la carence persiste, on assiste
encore à un flétrissement des fleurs qui
deviennent blanchâtres.
Un élément soluble Le sulfate est
la meilleure forme de soufre utilisée
pour la nutrition des plantes. Comme le
nitrate, cette forme soluble est sensible
au lessivage. Les principes de la fertili-
sation soufrée sont donc les mêmes que
pour la fertilisation azotée : plusieurs
apports réguliers de sulfates sont préfé-
LES BESOINS DES CULTURES ÉVOLUENT avec l’amélioration des variétés, mais
aussi avec les modifications de l’environnement. De 1960 à 1990, les cultures
ficiaient gratuitement de 100 kg de soufre par hectare qui arrivait directement
avec l’eau de pluie. Aujourd’hui, cette valeur est passée sous les 10 kg/ha, alors
que les besoins des cultures ont augmen.
Des habitudes à adapter
Tableau 1: Besoin en soufre
des cultures
Cultures Besoin en soufre (kg S / ha)
Prairies 30 à 60 selon
les utilisations
Colza 80
Choux 72
Betteraves sucrières 34
Maïs 28
Céréales 20 à 25
Pommes de terre 20
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soufre
Trois nutriments qui sécurisent
la croissance
Soufre
Azote
Magnésium
Action ventes
anticipées:
C’est le moment d’acheter
et de l’évolution de l’environnement
est primordiale pour profiter pleine-
ment des progrès réalisés. Dans ce
contexte, la fertilisation ne peut plus
se limiter aux NPK traditionnels. Le
soufre, mais aussi le magnésium, le
bore, le manganèse et bien d’autres
éléments, joue un rôle toujours plus
important dans l’expression du po-
tentiel de rendement et de qualité
des nouvelles variétés.
l’utilisation des engrais azotés sou-
frés sur les cultures.
Améliorer la qualité des ré-
coltes En alimentation animale
comme en meunerie, la teneur en
protéines est un critère important
dans l’appréciation de la qualité des
produits de base (fourrages, tour-
teaux, farines). La production végé-
tale moderne ne vise plus seulement
la production de la quantité maxi-
male, mais aussi et surtout, la pro-
duction de la meilleure qualité pos-
sible. Si la sélection contribue
directement à l’amélioration des
qualités et du potentiel de rende-
ment des espèces cultivées, une nu-
trition des plantes tenant compte
des besoins de ces nouvelles variétés
En raison des nombreuses
similitudes entre l’azote et
le soufre dans leur utilisation
par les plantes, l’application
d’engrais azotés soufrés est
souvent pertinente.
Photo: www.claas.com
Prévenir les carences à moindres frais
Jean-Claude Bapst exploite un domaine de 50 ha de
grandes cultures et engraissement de veau à Payerne (VD).
Son assolement comprend 10ha de pommes de
terre, 6 ha de betteraves sucrières, 6 ha de colza,
8 ha de maïs grain et 20 ha de blé. L’exploita-
tion dispose encore de 200 places pour des
veaux à l’engrais.
Revue UFA: Pourquoi optez-vous pour les engrais azotés soufrés Landor?
Jean-Claude Bapst: Selon les parcelles, mes sols sont mi-lourds à légers et le
problème des carences en souffre, surtout les printemps mouillés, était connu
depuis longtemps. Je pratiquais donc déjà la fumure soufrée et après discussion
avec mon conseiller Landor, il s’est avéré que le nitrate magnésien soufré de
Landor était une formule intéressante pour mon exploitation.
Quels avantages tirez-vous de ces formulations?
Je travaille principalement avec des engrais simples. En plus de l’azote, le
nitrate magnésien soufré Landor me permet d’apporter du magnésium et du
soufre sans avoir à utiliser trente-six sortes d’engrais différents, ce qui facilite la
gestion des stocks et des achats d’engrais. Cette alternative permet encore de
fractionner les apports de soufre, ce qui réduit les pertes par lessivage. C’est un
paramètre important, surtout dans les parcelles avec un sol léger. En plus, en
assurant la couverture des besoins en soufre de mes céréales, je suis sûr
d’exploiter tout le potentiel de rendement de mes cultures.
Quels inconvénients avez-vous constatés à l’utilisation des engrais azotés soufrés?
Personnellement, je n’en vois aucun. Toutefois, en appliquant systé -
matiquement la fumure soufrée sans attendre l’apparition des signes de
carence, il n’est pas impossible que je mette du soufre à disposition de mes
plantes alors qu’elles n’en auraient peut-être pas eu besoin. Mais intervenir une
fois les carences constatées demande un passage supplémentaire, ce qui
engendre des coûts supérieurs. De plus, le stress engendré par la carence
pénalise aussi le rendement de la culture. Au final, je suis deux fois perdant si
j’attends de constater la carence.
Conseilleriez-vous l’utilisation des engrais azotés soufrés?
Certainement, même si la stratégie de fertilisation doit se réfléchir au niveau de
l’exploitation. Le manque de soufre est un problème dans de nombreuses
cultures. Les engrais azotés soufrés permettent de réduire le nombre de
passages et les similitudes dans les stratégies d’application du soufre et de
l’azote rendent la combinaison des deux particulièrement intéressante.
Auteur Serge Zbinden, Service
technique Landor, 4127 Birsfelden
寿conseil gratuit: 0800 80 99
60info@landor.ch | www.landor.ch
Évaluer le risque et
reconnaître les carences
Conditions propices à la carence
Sols acides ou très calcaires
Sols sableux ou légers (lessivage),
sols pauvres en matière organique
Sols mal aérés, inondés ou
asphyxiés
Rotation avec des cultures exi -
geantes (crucifères, légumineuses)
Symptômes de la carence en
soufre
Céréales: croissance et maturité
retardées, jaunissement uniforme
et prononcé de la base des jeunes
feuilles, teneurs en protéines
réduites, entre-nœuds courts,
tallage faible.
Colza: les jeunes feuilles
deviennent jaune ou vert pâle, les
feuilles deviennent cassantes, des
taches brunes irrégulières
apparaissent sur le feuillage
Important: Un manque de soufre
entrave fortement l’efficacité de
l’azote et par conséquent la
croissance de la plante. Le soufre
favorise la vie des micro-organismes
qui minéralisent et libèrent les
éléments nutritifs à partir de la
matière organique.
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