PERSPECTIVES
tions élevées en cas de cancer des bronches ou
de certains autres organes.
Il existe aussi des indicateurs appelés «onco-
fœtaux». Normalement présents à différents
stades de la vie embryonnaire et fœtale, ils
peuvent subsister à de faibles concentrations
chez les adultes, mais réapparaissent en gran-
des quantités sur certaines tumeurs malignes
(par exemple, l'alpha-fœto-protéine (AFP) et
l'antigène carcino-embryonnaire (CEA)).
Le dernier groupe peut être rangé dans la
catégorie des «mutationnels». Il inclue notam-
ment la paraprotéine (myélomes) et une muta-
tion de la protéine P53 (cancers des bronches et
du colon).
On dispose habituellement d'environ deux
douzaines d'indicateurs de tumeurs détectables
par radio-immunodosage: AFP, choriogonado-
trophine /3 (HCG), microglobuline 0-2, CA
15-3,
CA 19-9, CA-50, CA-125, antigène
carcino-embryonnaire (CEA), Cortisol, gas-
trine,
HGH, insuline, MCA, néoptérine, NSE,
PAP,
prolactine, PSA, PTH, SCC, TCT, TG et
TPA.
Malheureusement, dans leur très grande
majorité, ces indicateurs ne sont pas spécifiques
d'un organe ou d'une maladie précise. Ils ne
sont pas sécrétés uniquement par un seul et
même organe. C'est ainsi qu'on retrouve des
quantités élevées de CEA dans les tumeurs du
tractus gastro-intestinal, du sein, du poumon,
des ovaires et de la thyroïde. Si, pour plus de
80%
des cancers ovariens, les concentrations
de CA-125 sont élevées, elles le sont aussi en
cas de maladies inflammatoires du pelvis,
d'endométriose, de cirrhose et de pancréatite.
Les indicateurs tumoraux ne sont pas non
plus spécifiques des affections malignes. Cela
est dû au fait qu'ils sont produits par des tissus
normaux ou ayant subi des modifications béni-
gnes.
Par exemple, l'antigène spécifique de la
prostate peut être sécrété aussi bien par une
prostate normale en cas d'hyperplasie bénigne
que par une prostate cancéreuse.
On a tenté de définir des «seuils» ou des
concentrations à partir desquels on peut penser
qu'il y a tumeur maligne. Pour certains indica-
teurs (AFP, HCG, CA-125), la démarche
s'est
révélée assez concluante, mais elle ne donne
pas entière satisfaction, car les concentrations
de ces indicateurs peuvent aussi augmenter en
cas de nécrose tissulaire bénigne, d'inflamma-
tion et d'hémorragie.
Ce n'est pas pour le dépistage ou le diagnos-
tic précoce que les indicateurs tumoraux sont le
plus utiles, mais plutôt pour l'évaluation des
pronostics, le suivi post-thérapeutique, la
détection des premières récidives et, lorsqu'ils
sont associés à des méthodes de visualisation
d'organes, pour surveiller la dimension des
tumeurs. Même la thyroglobuline, un des rares
exemples d'indicateur qui soit à 100% spécifi-
que d'un organe, est d'un intérêt pratiquement
nul pour le diagnostic du cancer de la thyroïde.
En revanche, cette hormone est très utile pour
la surveillance de la réaction au traitement. Si
celui-ci a été efficace, les concentrations
tendront à revenir à la normale mais, si la
tumeur résiste au traitement, elles resteront
élevées.
Les indicateurs tumoraux sont immuno-
gènes,
ou on peut faire en sorte qu'ils le devien-
nent en recourant à des moyens éprouvés. Par
conséquent, on peut s'en servir pour produire
des anticorps qui seront soit polyclonaux (déri-
vés de plusieurs lignées cellulaires appartenant
à un animal de laboratoire) soit monoclonaux
(provenant d'une seule lignée cellulaire obtenue
grâce à une méthode spéciale appelée la techni-
que des hybridomes). Cette dernière technique,
qui est aujourd'hui la plus couramment utilisée,
a beaucoup amélioré la sensibilité et la spécifi-
cité,
et élargi considérablement la gamme des
méthodes d'analyse employées pour la détec-
tion des indicateurs tumoraux.
Les techniques les plus couramment utilisées
pour la détection in vitro et la mesure des indi-
cateurs tumoraux contenus dans les fluides bio-
Principaux sites où sont
produits certains des
indicateurs tumoraux les
plus courants: 1) NSE:
cancer du poumon à
petites cellules; 2) TPA
et CEA: cancer du
poumon;
3) AFP: cancer
primitif du foie
(hépatomes); 4) CA-50 et
CA 19-9: cancer du
pancréas;
5) microglobuline 0-2:
leucémie; 6) AFP et
CA-125: cancer des
ovaires; 7) AFP et hCG:
cancer des testicules;
8) microglobuline 0-2:
lymphomes malins;
9) TPA, ER + - et CEA:
cancer du sein;
10) CA 19-9 et CEA:
cancer du colon;
11) CEA, TPA, CA 19-9 et
CA-50:
cancer
colo-rectal; 12) PSA et
PAP:
cancer de la
prostate.
logiques se fondent sur l'étude des réactions
entre l'indicateur lui-même, qui sert d'anti-
gène,
et l'anticorps correspondant. Un bon
exemple serait le CA-125, antigène du cancer.
Son déterminant antigénique est reconnu par
l'anticorps monoclonal OC-125 obtenu en utili-
sant une souche de cellules de cancer ovarien
(OVCA 433) comme immunogène. Les réac-
tions antigène-anticorps peuvent être étudiées
par des méthodes non isotopiques comme les
dosages immuno-enzymologiques (ELISA), où
l'on se sert d'un enzyme pour évaluer le résul-
tat final de la réaction ou le pourcentage d'anti-
gène lié à l'anticorps.
Cependant, les méthodes radio-isotopiques
—
radio-immunodosage (RIA) ou le plus souvent
dosage radio-immunoradiométrique (IRMA)
—
AIEA BULLETIN,
1/1991
5