petit pays du G8. Au cours des dernières décennies, la structure éco-
nomique de ce pays a beaucoup évolué. Grâce à une longue période
decroissance à un rythme exceptionnel, le Canada a réussi à
restructurer son économie. Les analystes financiers en ont d’ailleurs
tenu compte en relevant la notation relative à sa dette interne.
Lesecteur primaire occupe toujours une place prépondérante. Leader
mondial en matière d’agriculture,le Canada peut aussi compter sur
un sous-sol riche avec de nombreuses réserves en pétrole, gaz natu-
rel, nickel, cuivre et fer. Mais depuis vingt ans, les industries des
hautes technologies se sont considérablement développées.Le
Canada occupe aujourd’hui la quatrième place mondiale en matière
d’aéronautique et les biotechnologies, l’informatique, et les télécom-
munications font désormais partie intégrante du tissu économique. La
province du Québec occupe une place toute privilégiée dans
les échanges franco-canadiens. Avec un taux de croissance supé-
rieur à 4 % l’année dernière, et la création de plus de 120000 emplois,
l’économie québécoise affiche une santé économique très
supérieure à la moyenne canadienne.
Main d’œuvre
de qualité
Un succès économique qui s’explique en partie par la qualité de sa
main-d’œuvre.« Plus de 50 % de la main-d’œuvre québécoise est
titulaire d’un diplôme collégial, l’équivalent du baccalauréat français,
ou d’un diplôme universitaire, explique Hubert Gallet (Ai. 63), vice-pré-
sident de l’Alliance des conseils financiers internationaux (ACFI),
basée à Montréal. Le Québec représente le plus important bassin
de firmes du génie au Canada, avec 42000 ingénieurs. » Cet atout
majeur en matière de qualification est renforcé par des coûts
opérationnels extrêmement compétitifs. « Le coût de la main-
d’œuvre au Québec est inférieur de 20 à 40 %aux coûts américains et
de 10 à 30 %aux coûts français, ajoute Hubert Gallet. Et le potentiel
francophile de la province permet de créer une passerelle naturelle
avec la France, aussi bien qu’avec les États-Unis. »
Les entreprises françaises ne s’y sont pas trompées, et le Québec re-
présente la base principale de la présence française au Canada
avant un développement vers le reste du pays.Alstom, Pechiney,
L
’Oréal, Aventis, Ubisoft, selon le dernier recensement de la Mission éco-
nomique de Montréal, ce sont plus de 260 entreprises françaises qui ont
établi le siège de leur filiale au Québec. Mais la présence de grands
groupes ne doit pas masquer l’importance du maillage de PME fran-
çaises. En tout, ce sont plus de 40000 salariés qui sont embau-
chés, générant un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 10 mil-
liards de dollars canadiens. Et, inversement, 123 entreprises
québécoises installées en France, disposent de 200 établissements
industriels et commerciaux employant environ 13000 salariés.
L
’autre intérêt fondamental du Canada réside dans son étroite imbrica-
tion avec l’économie américaine. 85 % des exportations canadiennes
sont absorbées par son voisin. Le volume des échanges entre le
nord des États-Unis et le sud du Canada est d’ailleurs beaucoup
plus important qu’entre l’ouest et l’est de chacun des deux pays.
La limite de cet avantage commercial indéniable réside dans la très
forte dépendance qui en résulte. Il n’en reste pas moins que pour un
CET ARTICLE FAIT SUITE Ñ LA 119ERÉUNION DU CLENAM.
LE PROCHAIN DÉBAT AURA LIEU LE LUNDI 22 SEPTEMBRE 2003
POUR TOUS RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS :
TÉL. 01 40 69 2736. clenam@arts-et-metiers.asso.fr
36 Arts et Métiers Magazine - Juin-Juillet 2003
Dans l’entreprise
Depuis plusieurs années, l’Ensam permet à ses élèves d’effectuer
une partie de leur cursus dans les universités québécoises.
Ainsi, plusieurs conventions d’accueil ont été signées avec
l’École polytechnique de Montréal (www.polymtl.ca), l’École de
technologie supérieure de Montréal (www.etsmtl.ca), et l’uni-
versité Laval Alérion (www.ulaval.ca) à Québec. Ces échanges
sont gérés par le Centre Ensam de Châlons.
Les cursus proposés permettent à l’étudiant d’y effectuer son
année terminale et d’obtenir une maîtrise québécoise (master).
Les élèves sont sélectionnés par l’Ensam sur des critères
d’excellence pédagogique et après un entretien de motivation.
La durée du séjour au Québec est de trois ou quatre semestres
selon le type de maîtrise choisi (cours ou recherche).
Le diplôme québécois obtenu est une maîtrise en génie méca-
nique, génie industriel, et pour la première fois cette année, la
maîtrise en génie aérospatial qui est réservée normalement aux
Canadiens de naissance ou en résidence permanente. L’an
dernier, 17 élèves de l’Ensam ont séjourné au Canada. Les
gadzarts, issus de cette double formation, n’ont jamais eu de
problème d’embauche. Ils travaillent tous à l’international.
Il existe aussi des séjours non diplômants d’un ou deux semes-
tres vers Sherbrooke, Concordia et dans les Universités du
Québec. L’échange est bidirectionnel : des étudiants de Laval et de
l’ETS sont accueillis pour des séjours à l’Ensam durant leur cur-
sus canadien. L’Ensam représente pour les étudiants canadiens
en science et génie une destination parmi les plus fréquentées.
Des échanges fructueux pour l’Ensam
investisseur français, le Canada représente une base arrière plus que
solide pour s’étendre au marché américain. « Le lien entre les États-
Unis et le Canada est extrêmement intéressant, explique Hubert Gallet.
Quand on entre dans le réseau, on a accès à 400 millions de
consommateurs, avec une homogénéité totale, dans la façon de
travailler comme dans la façon d’acheter.Il y a une grande
connexion entre les deux pays. La digitalisation permet d’aller très vite
et de contacter les personnes-clés du réseau. Cela permet d’être fixé
rapidement sur l’opportunité d’une décision. »
Au regard du contexte diplomatique, l’opportunité de « s’abriter » der-
rière un réseau américano-canadien n’est pas non plus à négliger. Le
patriotisme américain est bien réel et la rancune est tenace. Les
risques de refroidissement économique entre la France et les États-
Unis pourraient bien rendre difficile une tentative d’implantation directe
sur le sol américain, même si les appels au boycott ne sont suscep-
tibles de toucher que des marques françaises symboliques.
MARC PÉRON
Pour en savoir plus:
-La chambre de commerce franco-canadienne au Québec:
www.ccife.org/canada/
-Le consulat de France au Québec: www.consulfrance-montreal.org
-Ministère de l’Industrie: www.mic.gouv.qc.ca/promo-quebec/