Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO) École des Sciences Politiques et Sociales (PSAD) LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE VIS-À-VIS DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES : LE CAS DE L'ONU Travail réalisé par : Marcos Enrique ROMERO TEJADA SPRI2060 – Séminaire de relations internationales Prof. Amine AIT-CHAALAL Année académique 2014-2015 Master en Relations Internationales à finalité Diplomatie et Résolution des Conflits Références portfolio : Romero-Wauters_14-15_SPRI2060_Final_Paper_USA-ONU _n°1 Adresse html : http://tinyurl.com/k4nfmzx (voir point 2.3. du vade mecum portfolio) TABLE DES MATIÈRES I. INTRODUCTION.......................................................................................................................................................................................3 II. L'AMBIVALENCE ET LA SÉLECTIVITÉ DES ÉTATS-UNIS PAR RAPPORTS AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES....................................................................................................................................................................................4 2.1. L'exceptionnalisme américain............................................................................................................................5 2.2. La séparation des pouvoirs....................................................................................................................................6 2.3. Les États-Unis comme puissance hégémonique...................................................................................6 III. LA RELATION ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LES NATIONS UNIES.......................................................................8 3.1. De la création de l'ONU à la fin de la guerre froide..........................................................................9 3.2. De la fin de la guerre froide aux attentats du 11 septembre 2001.........................................10 IV. DEUX ÉTUDES DE CAS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE DANS LE CADRE DE L'ONU : LA GUERRE DU GOLFE PERSIQUE ET LA GUERRE EN IRAK............................................................................................12 4.1. La guerre du golfe persique (1991) .............................................................................................................12 4.2. La guerre en Irak (2003) ......................................................................................................................................13 V. CONCLUSION........................................................................................................................................................................................16 Bibliographie.............................................................................................................................................................................................18 . 2 I. INTRODUCTION Tout au long du vingtième siècle, et plus particulièrement lors de sa seconde moitié, les politiciens et la société américaine ont été forcés de constater que la nation n'est pas immunisée contre les développements qui ont lieu à l'échelle globale, et que la manière avec laquelle les États-Unis les intègrent et réagissent à ces changements -qui constituent parfois des opportunités- peut déterminer la portée des intérêts nationaux et des valeurs américaines qui y sont associées ; c'est d'autant plus vrai qu'après la fin de la guerre froide, les États-Unis sont devenus une super puissance, l'unique super puissance, ce qui a obligé la nation à redéfinir son rôle dans le monde1. Dans ce contexte, on peut mentionner comme caractéristiques principales des États-Unis le rôle majeur qu'ils ont joué dans le monde de la coopération internationale ainsi que les grandes initiatives menées dans la création de l´Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales. Cependant et paradoxalement, les États-Unis se sont montrés ambivalents et sélectifs dans leur approche avec l´ONU. Afin de mieux comprendre cette attitude, cette étude propose d'abord un cadre théorique (partie II) qui explique les motifs de l'ambivalence des USA vis-àvis des organisations internationales et qui révèle la nature d'une position qui à première vue peut sembler erratique, mais qui ne l'est cependant pas vraiment. L'axe introduit ensuite présente le contexte historique ainsi que l'ambigüité des relations entre l'état américain et l'organisation internationale depuis sa création jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001 (partie III). Finalement, en vue de comprendre les orientations de la politique étrangère américaine, il est nécessaire de s'intéresser à différentes interventions menées par l'État américain. Deux études de cas (partie IV) sont présentées avant de conclure ce travail : celle de la première guerre du golfe (1991) et celle de la guerre en Irak (2003). 1 PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, Multilateralism and U.S. foreign policy : ambivalent engagement, Boulder : Lynne Rienner, 2002, p. 1. 3 II. L´AMBIVALENCE ET LA SÉLECTIVITÉ2 DES ÉTATS-UNIS PAR RAPPORT AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES On peut distinguer deux postures possibles -elles-mêmes associées à deux concepts bien distincts- de comment les États-Unis peuvent et/ou devraient agir sur la scène internationale : d'une part la coopération multilatérale, et d'autre part l'unilatéralisme. Le multilatéralisme implique que les USA doivent respecter les normes de coopération pour résoudre des problèmes transnationaux et collaborer avec d'autres pays pour atteindre leurs objectifs, renforçant ainsi leur leadership et leur légitimité. La vision unilatérale quant à elle fait des États-Unis une puissance incontestée qui doit défendre tant sa souveraineté que sa liberté d'action à l'étranger afin de protéger, de maintenir, voire d'élargir ses intérêts nationaux, sans les limitations des règles internationales, la participation institutionnelle (organisations internationales) ou les partenaires étrangers (autres pays). La difficulté ne réside pas tant dans le choix entre une position ou une autre (unilatéralisme vs. multilatéralisme) mais bien dans les nuances qui caractérisent et qu'impliquent ces deux conditions. Cette situation se traduit par l'ambivalence dans la coopération multilatérale américaine et un haut degré de sélectivité en assumant des engagements internationaux motivés par une prise de décision rationnelle qui pourrait venir expliquer l'ambivalence américaine présente dans ses stratégies ayant lien avec la politique étrangère du pays. Cette dernière est effectivement tiraillée entre les intérêts nationaux et la coopération menée avec d'autres organisations internationales dans le but de maximiser leurs bénéfices et leurs opportunités d'agir ou non avec d'autres acteurs, tout en minimisant les coûts et les restrictions3. Il y a dès lors trois caractéristiques qui peuvent être considérées comme les racines de cette ambivalence et qui viennent de l´expérience américaine : 1) la culture politique singulière des États-Unis (exceptionnalisme) ; 2) leur structure institutionnelle domestique (séparation des pouvoirs - bureaucratie) ; et 3) leur dominance globale (hégémonie)4. 2 L´étude du «Center on International Cooperation at New York University » menée en janvier 2000 et mentionnée par Patrick STEWART (Ibid.), a identifié cinq motifs ou facteurs qui défient l´approche ambivalente des États-Unis envers la coopération multilatérale. Ces facteurs sont les suivants : 1) La collision entre les conceptions domestiques et internationales de la légitimité politique ; 2) Le contexte domestique changeant dans lequel la politique étrangère des États-Unis est formulée ; 3) Les motifs ("patterns") de l´opinion publique sur la coopération multilatérale ; 4) la position du multilatéralisme par rapport au « Grand Strategy» des États-Unis ; 5) Les réactions des autres pays qui perçoivent l´unilatéralisme américain. 3 Ibid, p. 2. 4 Ibid., p. 7. 4 2.1. L'exceptionnalisme américain5 L´exceptionnalisme américain fait référence à la conviction généralisée dans l'unicité, l'immuabilité et la supériorité des principes fondateurs libéraux du pays, accompagnée par la certitude que les États-Unis ont eu un destin spécial par rapport aux autres nations. C´est une communauté consacrée aux principes des Lumières de la règle de la loi, la propriété privée, le gouvernement représentatif, la liberté d´expression et de religion, et la liberté commerciale. Cette singularité présente les États-Unis comme un modèle que les autres nations doivent suivre. Ce sentiment de mission nationale a influencé les objectifs et le style de la politique étrangère des USA6. On compte deux façons d'orienter, de diriger, l´exceptionnalisme : d'une part, par le parrainage d'une mission morale permettant de récréer la société internationale à l'image propre des États-Unis, étant donné que la nation "doit transformer le monde anarchique et conflictuel" en une communauté gérée par la loi qui a pour communs objectifs la sécurité, la prospérité et le bien-être7. D'autre part, il convient de noter que l´exceptionnalisme suscite une détermination de contrepoids pour préserver les valeurs et les institutions uniques des États-Unis face à la corruption ou à la dilution qu'elles peuvent subir par le contact étranger. C'est pourquoi, il est nécessaire de défendre les intérêts nationaux, la souveraineté et la liberté d´action contre l´imposition des règles internationales et les institutions supranationales8. Les moments-clés à faveur du soutien des organisations internationales se sont manifestés après les deux Grandes Guerres lorsque les décideurs américains se sont tournés vers les institutions internationales en vue de faire régner l´ordre mondial 9. D'un autre côté, le multilatéralisme américain pourrait être nuancé et limité par les institutions nationales et par leur pouvoir écrasant. 5 Pour en savoir plus sur l´exceptionnalisme américain, cf. l'article de DEUDNEY Daniel & MEISER Jeffrey intitulé "American Exceptionalism" présent dans COX Michael & STOKES Doug, US foreign policy, New York : Oxford University Press, 2nd ed, 2012, xvii, p. 22-35. 6 DALLEK Robert, The American Style of Foreign Policy: Cultural Politics and Foreign Affairs, New-York : Knopf, 1983, p. xiv et THORNE Christopher, “American Political Culture and the End of the Cold War”, dans Journal of American Studies, vol.26, Décembre 1992, p. 314-315 mentionné dans PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit, p. 7. 7 RUGGIE John Gerard, Winning the Peace : America and world order in the new era, New-York : Columbia University Press, 1996, p.25 mentionné dans Ibid. 8 HATHAWAY James, “America, Defender of Democratic Legitimacy”, dans European Journal of International Law, vol. 11, 2000, p. 121123, mentionné dans Ibid. 9 IKENBERRY G. John, After Victory: Institutions, Strategic Restraint, and the Rebuilding of Order after Major Wars, Princeton : Princeton University Press, 2000 mentionné dans Ibid., p. 8. 5 2.2. La séparation des pouvoirs La Constitution des États-Unis établit le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif comme deux branches du gouvernement égales en rapport de force, c'est-à-dire qu'ils ont conjointement le contrôle de la politique étrangère ; ce qui rend difficile d´assumer des obligations internationales. En effet, cette particularité implique que la ratification des traités requiert la concomitance de deux tiers des votes du Sénat. La minorité politique a donc le pouvoir d'affecter la participation des États-Unis dans les conventions et de limiter l´approche des accords entre le niveau domestique et le niveau international, surtout quand différents partis contrôlent le pouvoir exécutif et législatif10. La deuxième Guerre Mondiale (1939-1945) a donné aux internationalistes libéraux -qui, comme Woodrow Wilson pendant la première Grande Guerre, avaient une vision de l'aprèsguerre fondée sur la loi internationale, la sécurité collective, l´autodétermination nationale et le libre commerce- l´opportunité de gagner du soutien politique au niveau domestique pour les compromis internationaux relatifs à la sécurité collective et à la fragmentation de l´économie mondiale. L´administration de Franklin D. Roosevelt et Harry S. Truman a appuyé l´Organisation des Nations Unies (ONU) and The Bretton Woods Institutions en vue de stabiliser la politique globale et l´économie internationale, parce que le pouvoir exécutif a forgé le consensus bipartite dans le Congrès suite aux échecs honteux de l'entre-deuxguerres11. Toutefois, pendant la Guerre Froide, la menace stratégique de l´Union Soviétique a consolidé le soutien bipartite de l´exécutif et du Congrès envers les Institutions multilatérales. 2.3. Les États-Unis comme puissance hégémonique Il faut ensuite mentionner la "Grande Stratégie"12 des États-Unis et leur position par rapport aux organisations internationales comme l´ONU. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis sont devenus une puissance hégémonique avec un rapport de force asymétrique avec les pays européens et ceux des autres régions du monde. Ils devaient alors contenir les pays dans un certain ordre institutionnel et ont pensé que les réformes sociales et économiques pourraient soutenir les régimes démocratiques modelés dans des institutions ZOELICK Robert, “Congress and the Making of US Foreign Policy”, dans Survival, winter 1999-2000, vol. 41, p. 23 mentionné dans Ibid. DIVINE Robert A., Second Chance: The Triumph of Liberal Internationalism in America during World War II, New-York : Atheneum, 1967 mentionné dans Ibid., p. 9. 12 Pour en savoir plus sur la “Grand Strategy”, cf. SCHMIDT Brian, "Theories of US foreign policy" chapitre mentionné dans Michael COX & Doug STOKES op. cit, p. 16-18. 10 11 6 internationales à niveau global et régional. C'est pour cette raison que les États-Unis ont conduit l'instauration d'organisations internationales comme l´ONU, la Banque Mondiale et les autres institutions Bretton Woods, comme une politique de contrainte stratégique : d'une part les petites et moyennes puissances pourraient être écoutées tout en se préservant du pouvoir arbitraire des USA, et d'autre part, ces derniers céderaient une partie de leur autonomie pour légitimer leur leadership international et contenir les orientations politiques prévisibles et stables des autres pays13. À la fin de la Guerre Froide, les États-Unis étaient dotés de capacités sans égales. Ils avaient des opportunités qui auraient pu les motiver à ne pas s´engager avec des organisations internationales et à préférer faire cavalier seul, disposant ainsi de plus de ressources et d'une plus grande marge de manœuvre. Le multilatéralisme devrait en principe impliquer des relations basées sur des règles qui ont été acceptées par des pays et qui définissent comment ces derniers doivent réagir dans certains domaines, et ce, malgré les intérêts nationaux, les capacités et les circonstances qui leur sont propres. Ainsi, une puissance dominante comme les États-Unis est susceptible de trouver la coopération multilatérale restrictive et la nation pourrait être mêlée à des actions internationales au nom d´un agenda global dans lequel sa souveraineté pourrait être subordonnée à des structures mondiales telle que l´ONU14. Néanmoins, les régimes globaux peuvent également fournir un mécanisme de consultation, de réduction des coûts et de résolution de conflits et de différences en partageant des charges et des risques afin de faire face à des problèmes transnationaux, comme le terrorisme. Comme l'a observé Madeleine Albright, la représentante des États-Unis devant l´Organisations des Nations Unies pendant l´administration Clinton, si les États-Unis travaillent avec des institutions internationales et d'autres associés internationaux, la nation pourrait gagner le soutien qui lui permettrait d'atteindre ses objectifs matériels et diplomatiques et légitimer ainsi ses qualités de leader sur la scène mondiale15. Cependant, une puissance dominante et unipolaire telle que celle-là a les moyens de contourner les consultations, d´appliquer sa volonté ou d´amortir les coûts de ses actions IKENBERRY G. John, “Multilateralism and US Grand Strategy” mentionné dans PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit., p. 129-137. 14 HOLLOWAY Steven, “US Unilateralism and the UN: Why Great Powers Do Not Make Great Multilateralists”, dans Global Governance, vol. 6, 2000, p. 361-381 mentionné dans Ibid., p. 14. 15 BRINKLEY Douglas, "Democratic Enlargement: The Clinton Doctrine", dans Foreign Policy, Spring 1997, vol. 106, p. 111-127 mentionné dans Ibid., p. 13. 13 7 unilatérales. Dans ce sens, la coopération des États-Unis avec les organisations internationales est facilitée quand ils peuvent exercer un certain contrôle sur l´agenda, préserver une marge de manœuvre, sauvegarder leur souveraineté et augmenter la probabilité de succès. Par conséquent, les engagements pris par l'État américain avec l´ONU, les entités régionales comme l'OEA, les coalitions ad hoc (Guerre en Irak en 2003), les sommets (G20) ont été sélectifs de sorte à ce qu'ils (les États-Unis) puissent étendre leur influence et limiter leurs obligations. Généralement, les USA tendent à montrer une plus grande préférence pour les entités informelles (et non pas pour les organisations internationales formelles comme l´ONU) et surtout pour les entités multilatérales avec lesquelles ils partagent les mêmes opinions et/ou qui ont des avantages supportés par des mécanismes de pouvoir de veto ou de majorité qualifiée (Banque Mondiale et Conseil de Sécurité) par rapport à des élections égalitaires (l´Assemblée Générale des Nations-Unies)16. III. LA RELATION ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LES NATIONS UNIES Selon une étude du Center on International Cooperation de l'Université de New-York datant de janvier 2000, les sujets autour desquels se reflètent l´ambivalence et la sélectivité des États-Unis dans la coopération multilatérale touchent l´Organisation des Nations Unies (ONU) ; l´usage de la force ; les forces de paix ; les armes nucléaires ; les sanctions d´extraterritorialité ; la Court Criminelle Internationale ; les Droits de l'Homme ; les relations internationales dans le commerce et le monde financier ; le réchauffement climatique17. L'ONU se comprend comme un système d'institutions qui a pour mission de promouvoir et de maintenir la sécurité et la paix internationales, et dont les tâches se sont ensuite étendues à la promotion de la sécurité humaine et de la démocratisation, au respect et à la protection des droits de l'Homme et le développement durable. Cette partie présente la relation historique des États-Unis en relation avec l'Organisation des Nations Unies en deux étapes : depuis sa création jusqu'à la fin de la guerre froide, et des années nonante jusqu'aux attentats terroristes du 11 septembre 2001. MAYNES Charles William, “America´s Fading Commitments to the World”, dans World Policy Journal, Summer 1999, vol. 16, No. 2, p. 11-22 mentionné dans Ibid., p. 12. 17 PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit, p. 6. 16 8 3.1. De la création de l´ONU à la fin de la guerre froide Comme il l'a déjà été souligné précédemment, les États-Unis ont joué un rôle primordial dans la création de l'Organisation des Nations Unies. D'ailleurs, l'idée d'une Société des Nations (SDN), ancêtre de l'ONU, a été émise pour la première fois à la fin de la première guerre mondiale par le président américain Wilson. En outre, le 14 août 1941, le président américain Franklin Roosevelt (ainsi que le premier ministre anglais Winston Churchill) a été à l'initiative d'un document contenant une série de principes visant le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Ce document est connu comme la charte de l'Atlantique et est à la base de la création de celle des Nations Unies. C'est à la suite des conférences de Yalta et de San Francisco, initiées une nouvelle fois par les États-Unis, que l'Organisation des Nations Unies a vu le jour. On peut dès lors affirmer que les USA ont encouragé la création de l'ONU18. Dès sa création, les États-Unis ont entendu jouer un rôle majeur au sein de l'organisation. Cependant, l'avènement de la guerre froide a compromis ses ambitions. L'ONU devint en effet le lieu de batailles idéologiques entre les deux grandes puissances qu'étaient les ÉtatsUnis et l'URSS. La guerre froide empêcha les institutions onusienne de fonctionner correctement. Le pouvoir de décision de l'ONU était donc fortement limité. Les deux grandes puissances antagonistes ont utilisé à plusieurs reprises leur droit de véto au sein du conseil de sécurité empêchant de la sorte l'ONU d'intervenir à chaque fois qu’un projet de résolution relatif à un État appartenant à la zone d'influence des USA ou de l’URSS voyait le jour. Seuls les conflits mineurs sur la scène internationale ont pu être résolus par l’Organisation des Nations Unies. C'est pourquoi on peut affirmer qu'au cours de cette période l'ONU est entrée dans une véritable phase de léthargie. Deux cas viennent illustrer la paralysie dont ont souffert les Nations Unies, suite notamment à leur incapacité d'envoyer des forces armées à l’étranger. Premièrement, lors de la guerre de Corée de 1950. Bien que le Conseil de Sécurité de l'ONU soit arrivé à un consensus sur cette question, ce dernier a été facilité par l'absence de participation de l'URSS aux discussions. Deuxièmement, l'approbation par l'ONU de la première guerre du golfe de 1991 a été favorisée par le changement de posture de Mickael Gorbatchev vis-à-vis de l'Occident, se 18 SOH Changrok, "United States Foreign Policy and United Nations: The case of the War in Iraq", dans The Korean Journal of International Relations, 2004, Volume 44, n° 5, p 47. 9 montrant enclin à l'ouverture et à la coopération19. À cet égard, bien que pour des raisons symboliques, il est commun d'attribuer comme date de fin de la guerre froide la chute du mur de Berlin, on notera qu'on pourrait concevoir que l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir peut tout autant servir de date de fin de la guerre froide dans la mesure où sa politique d'ouverture a contribué à débloquer le Conseil de Sécurité et le fonctionnement de l'ONU20. 3.2. De la fin de la guerre froide aux attentats du 11 septembre 2001 La fin de la guerre froide marque un tournant dans l'histoire des États-Unis en tant qu'elle devient une superpuissance. À partir de ce moment qui marque également la fin de la configuration bipolaire du monde, la politique étrangère américaine ne fera qu’ “hésiter” entre une posture multilatéraliste et unilatéraliste, entre la volonté d’agir dans le cadre des Nations Unies ou la volonté de maintenir son statut de superpuissance par rapport aux autres États de la scène internationale. Les USA vont entretenir des relations complexes et ambivalentes avec les Nations Unies vis-à-vis de ces deux derniers principes. En conséquence de quoi, ils orienteront leur politique étrangère tantôt vers le multilatéralisme, tantôt vers plus d’unilatéralisme21. Ce questionnement relatif à l'orientation à donner à la politique étrangère américaine se reflète par la rédaction du "Defense Policy Guidance" par le secrétaire de la défense, Paul Wolfowitz, en 1992. Au sein de ce document, apparaît déjà clairement le principe unilatéral de la politique américaine ; le principal objectif des États-Unis n'étant pas tant la coopération internationale mais bien le maintien de son hégémonie. Bien que l'arrivée au pouvoir du président Clinton ait provoqué un changement de cap de la politique américaine à faveur du multilatéralisme (celui-ci se concrétisa par l'intervention des USA en Somalie dans le cadre des Nations Unies22), l'échec qui en résulta mit un terme à la tentative multilatéraliste de Clinton et fût à l'origine de la "Presidential Decision Directive 25" de 1994. Cette dernière peut être comprise selon les dires du conseiller à la sécurité nationale de l'époque, Anthony Lake, comme suit : "Nous choisirons entre une approche unilatérale et une approche 19 SOH Changrok, Ibid., p 48. NAU Henry R., Perspectives in International Relations: Powers, Institutions, and Ideas, Washington DC : CQ Press, 4th ed., 2015, p 179. 21 ANDERSSON Nils, Le mal américain : l'unilatéralisme [en ligne]. Disponible sur : <http://cicg.free.fr/lemalamericainNils.htm> (Consulté le 26 décembre 2014). 22 Notons que l'intervention s'est limitée à une présence militaire américaine et une aide humanitaire sans qu'aucune solution politique, diplomatique, ne soit envisagée. Cf. DELPHY Christine, LÉVY Catherine et ANDERSSON Nils, "Généalogie de l'unilatéralisme", dans L'Humanité [en ligne], 14 avril 2003. Disponible sur : <http://www.humanite.fr/node/283212> (Consulté le 26 décembre 2014). 20 10 collective, entre les Nations Unies et toute autre coalition, selon ce qui sera le plus pertinent et le plus profitable aux intérêts américains”23. La première application de ce "nouveau paradigme" de la politique américaine fût le Rwanda. Bien que la mission des Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (UNAMIR) exhortait les USA à intervenir militairement sur le sol rwandais pour stopper les massacres, ceux-ci ont refusé toute intervention ou envoi de renfort supplémentaire. De même, quand la guerre en Yougoslavie a éclaté, les États-Unis, n'ayant pas d'intérêt à défendre, ont préféré ne pas entrer en scène. C'est seulement lorsque la situation s'est aggravée qu'ils se sont manifestés et ont fait appel à l'OTAN (via des frappes aériennes sans aval du Conseil de Sécurité de l'ONU). Soulignons enfin ce qu'a déclaré Madeleine Albright, ex-ambassadrice américaine aux Nations Unies : "Comme nous avons le droit de veto, nous pouvons bloquer toute opération de paix qui ne serait pas en accord avec nos intérêts"24. Le poids des intérêts propres des États-Unis dans leur politique étrangère est donc énorme étant donné qu'ils déterminent le choix entre uni et multilatéralisme. Ces décisions n'ont pas été sans conséquence pour les Nations Unies qui se sont donc vues refoulées et/ou mises à l'écart comme ça a été le cas dans le règlement du conflit yougoslave25. Bien que les USA aient pressé l'ONU à prendre des mesures favorisant le maintien de la paix dans les années 90, ces derniers ont également négligé le soutien politique et militaire et ont accusé l´ONU d'échecs inévitables. La crise financière qu'a connue l´Organisation des Nations Unies et l´imposition de certaines réformes ont freiné la coopération constructive dans différents domaines. Pour ces raisons, ses capacités ont été perçues comme modestes et limitées. Enfin, l'élection de George W. Bush en 2001 à la fonction de Président des États-Unis a conforté la tendance hégémoniste des USA en donnant l'absolue priorité à la dimension unilatérale de la politique étrangère. Comme le montre cet extrait d'un article paru en 2000 dans la revue américaine "The national interest", "Le système international actuel ne repose pas sur l'équilibre entre puissance, mais sur l'hégémonie américaine [...] Les structures de la sécurité internationale sont essentiellement une succession d'alliances dirigées par les ÉtatsUnis.[...] Par voie de conséquence, il faut activement travailler au maintien de l'hégémonie 23 ANDERSSON Nils, op. cit. Ibid. 25 Ibid. 24 11 américaine"26. Les attentats du 11 septembre ont dans ce sens constitué une occasion considérable à la mise en œuvre de cette politique, notamment lors de l'intervention de la guerre en Irak de 200327. IV. DEUX ÉTUDES DE CAS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE DANS LE CADRE DE L´ONU: LA GUERRE DU GOLFE PERSIQUE ET LA GUERRE EN IRAK Afin d'illustrer l'évolution de la politique étrangère des USA sur différentes interventions menées hors de son territoire dans le cadre des Nations Unies, nous avons choisi deux événements clés de la politique étrangère américaine : la première guerre du golfe menée par George Bush père, marquée par une approche multilatérale par rapport à l'usage de la force, et la deuxième intervention en Irak de 2003, dont l’approche unilatérale a dicté la politique étrangère des États-Unis. 4.1. La Guerre du Golfe Persique (1991) La guerre du Golfe Persique est citée comme un modèle de la coopération multilatérale avec l´ONU et les avantages potentiels de l´usage de la force dans un cadre multilatéral qui peut ouvrir des options supplémentaires aux décideurs militaires, augmenter la probabilité de réussite sur le champ de bataille, et éventuellement attester de leur pouvoir de légitimation28. Quand les pressions diplomatiques ainsi que les sanctions économiques prises à l'égard de Saddam Hussein dans le but de le convaincre d'enlever ses forces militaires et de mettre un terme à l´occupation du Koweït ont échoué, l´administration Bush œuvrait déjà dans l´Organisation des Nations Unies en vue d'assurer le soutien du Conseil de Sécurité, qui a approuvé la Résolution 678 qui autorisait l'usage de la force par "tous les moyens nécessaires" dans le but de forcer l'Irak à se plier aux conditions du Conseil de Sécurité de l´ONU. La 26 Ibid. SOH Changrok, op. cit., p. 46. “La légitimité est une qualité subjective, entre un acteur et une institution rationnelle, et qui est définie par les perceptions de l´acteur par rapport à l´institution” mentionné par HURD Ian, "Legitimacy and Authority in International Politics", dans International Organization, Spring 1999, vol. 53, n°. 2, p. 379-408 et cité dans PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit, p. 48. 27 28 12 Guerre du Golfe a donc démontré que la légitimation multilatérale et le pouvoir unilatéral peuvent coexister d’une manière pragmatique, en se renforçant réciproquement29. La Maison Blanche quant à elle a calculé que la légitimation internationale pourrait leur conférer des avantages politiques, mais la légitimation a été considérée non pas comme un pré requis politique ou une obligation légale mais plutôt comme une tactique utile et efficace. La stratégie a porté ses fruits six semaines plus tard, après que le Conseil de Sécurité ait approuvé la Résolution 678, la Maison des Représentants et le Congrès ont autorisé l'usage de la force en Irak. De plus, le Président Bush (Senior) a reconnu qu'il était prêt à agir sans l´autorisation du Congrès ni du Conseil de Sécurité ; dans ce cas précis, les origines de la légitimation à faveur de l'usage de la force auraient été justifiées par des principes d'ordre moral. En outre, de nombreux critiques américains du multilatéralisme, dont le célèbre journaliste Charles Krauthammer, ont décrit la Guerre du Golfe comme une exception et non pas une règle, parce que la décision du Conseil de Sécurité a été enracinée dans la culture politique américaine, et dans ce cas George Bush Senior a su profiter du camouflage international que lui donnaient les résolutions du Conseil de Sécurité de l´ONU ; après tout, le Président n´avait pas besoin de son approbation30. 4.2. La guerre en Irak (2003) La période allant des attentats du 11 septembre 2001 jusqu'aux premières interventions américaines en Irak a été une période de forte tension dans les relations entre les États-Unis et les Nations Unies. Ces dernières, fidèles a leurs principes constitutifs, entendaient résoudre ce conflit par la diplomatie et la coopération tandis que le gouvernement américain était plus enclin à employer la force de manière unilatérale. Comme l'illustre la célèbre phrase présente dans discours de George W. Bush sur l'État de la Nation : "Qui n'est pas avec nous est contre nous" 31. En effet, lors de son discours du 29 janvier 2002 sur l'État de l'Union, le Président américain LUCK Edward C., “The United States, International Organizations, and the Quest for Legitimacy” dans PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, Ibid., p. 60. 30 Ibid., p. 61. 31 JARREAU Patrick, "Washington, l'"axe du Mal" et l'Irak", dans Le monde [en ligne], Rubrique international, 14 février 2002. Disponible sur : <http://www.lemonde.fr/international/article/2002/02/14/washington-l-axe-du-mal-et-l-irak_262803_3210.html> (Consulté le 29 décembre 2014). 29 13 George W. Bush a annoncé sa détermination à partir en croisade contre le terrorisme international. Dans ce dernier, il parle "d'axe du mal" faisant référence aux pays d'Irak, d'Iran et de la Corée du nord. Le président a déclaré qu'il était dans le devoir des États-Unis d'Amérique d'intervenir contre ces pays car, de part leur possession supposée d'armes de destruction massive, ils constituaient une menace à la sécurité de la nation. De plus, il ne laissa planer aucun doute sur le fait qu'il ne tolèrerait pas que les États-Unis soient attaqués une deuxième fois et ne permettrait à personne de s'opposer à une intervention unilatérale. Deux mois plus tard, lors d'une session à l'assemblée générale de l'ONU, le président américain a également affirmé que les preuves de la possession d'armes de destruction massive par le gouvernement irakien existaient ; en conséquence de quoi Saddam Hussein violait le droit international. S'il est vrai qu'il violait la résolution 687 du Conseil de Sécurité de l'ONU de 1991 qui obligeait le désarmement complet des armes atomiques, chimiques et balistiques de l'État irakien, George W. Bush a fait pression sur Saddam Hussein pour qu'il respecte ses engagements et exhorte les Nations Unies à voter une nouvelle résolution pour arriver aux désarmement du gouvernement irakien. Le 8 novembre 2002, après une longue période de négociation au sein du Conseil de Sécurité, ses membres ont finalement voté la résolution 1441 relative au désarmement de l'Irak : "Cette résolution donne à l'Irak une «dernière possibilité» de désarmer avant de faire face à de «sérieuses conséquences». Elle rappelle que le cessez-le-feu de février 1991 mettant fin à la guerre du Golfe reposait «sur l'acceptation par l'Irak» de la résolution 687 lui demandant d'éliminer ses armes de destruction massive sous l'égide de l'ONU. Elle constate «que l'Irak demeure en violation patente de ses obligations (...) en matière de désarmement». La résolution prévoit d'«instituer un régime d'inspection renforcé». Ainsi «la présentation d'informations fausses, l'existence d'omissions dans les déclarations, le fait de ne pas se conformer à tout moment à la présente résolution (...) constitueront une nouvelle violation substantielle des obligations de l'Irak et seront signalés au Conseil de sécurité aux fins d'évaluation"32. À travers cette résolution, se manifeste la lutte entre l'unilatéralisme américain et le multilatéralisme onusien. En effet, l'ultimatum de la dernière possibilité et/ou la menace de sérieuses conséquences traduisent la volonté américaine de régler le conflit de manière armée. D'un autre côté, la prévision d'un régime d'inspection reflète le désir d'autre pays, comme ANONYME, "Les principaux points de la résolution 1441 de l’ONU sur l’Irak", dans La libre [en ligne], Rubrique actualité internationale, 8 novembre 2002. Disponible sur : <http://www.lalibre.be/actu/international/les-principaux-points-de-la-resolution-1441-de-l-onu-sur-l-irak51b87b40e4b0de6db9a7de0d> (Consulté le 29 décembre 2014). 32 14 notamment la France et l'Allemagne, de régler ce différend par la diplomatie et le désarmement. Cette résolution est donc un bon exemple pour illustrer l'approche unilatérale des États-Unis dans le cadre des Nations Unies. D'ailleurs, après l'adoption de cette résolution, Colin Powel, alors Secrétaire d'État des États-Unis, a déclaré que "La résolution n'empêchera pas les États-Unis d'attaquer l'Irak". L'administration Bush était donc clairement prête à outrepasser l'avis contraignant du Conseil de sécurité33. Quelques mois après l'adoption de la résolution, Colin Powell a communiqué à l'assemblée générale des Nations Unies que Saddam Hussein ne respectait toujours pas les recommandations de la résolution 1441 concernant son désarmement. Le côté unilatéral du Conseil de Sécurité a estimé que les inspections ne portaient pas leurs fruits et les USA ont fait pression pour intervenir militairement. Toutefois, les autres pays membres ont résisté à la pression américaine qui souhaitait une intervention armée et ont réclamé la nécessité d'intensifier les inspections concernant le désarmement irakien. Le Ministre des affaires étrangères français, Dominique de Villepin, s'est même clairement opposé à la démarche américaine, indiquant que rien ne justifiait une intervention armée américaine et que la seule solution pour régler ce conflit était l'intensification des inspections menées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Il fallu attendre mars 2003 pour que les inspecteurs de l'ONU déposent leur rapport sur la situation en Irak ; rapport dans lequel ils ont formellement stipulé qu'il n'existait aucune preuve de la présence d'armes de destruction massive sur le sol irakien. Malgré ce rapport, George W. Bush, lors d'un deuxième discours sur l'État de l'Union a déclaré que Saddam Hussein n'avait toujours pas atteint les objectifs de la résolution et que les inspecteurs des Nations Unies n'avaient pas su diminuer la menace que constituait l'Irak pour les États-Unis. Il laissa 48 heures au dictateur irakien pour quitter son pays sinon quoi les USA allaient attaquer l'Irak. Saddam Hussein ayant refusé cet ultimatum, les forces armées américaines lancèrent les premières opérations sur le sol irakien le 20 mars 2003, malgré l'avis contraire du Conseil de Sécurité de l'ONU34. 33 CREVIER BÉLANGER Jules, L'unilatéralisme américain et l'avenir de la communauté transatlantique, sous la supervision de Stéphane ROUSSEL, Montréal : Université du Québec, 2008. 34 Ibid. 15 IV. CONCLUSION Pour conclure, il est frappant de constater que, malgré le soutien américain dans la création de l'ONU, la recherche de la sécurité, la démocratie et le développement économique global, les États-Unis ont toujours fait preuve d'une position spéciale ou exceptionnelle envers les autres pays membres des Nations Unies. Quand ils considéraient que leur capacité d'action se voyait (trop) réduite ou que leurs propres intérêts se voyaient affectés par l'une ou l'autre mesure, ils ôtaient leur soutien à l'ONU comme on a pu le constater dans les années 90, avec la fameuse crise financière de l'ONU pour manque de paiement de cotisations, en plus du discrédit de l'organisation suite aux pressions dans les missions de paix qui ont terminé en désastres comme ça a été le cas au Rwanda. Par ailleurs, l'unilatéralisme peut être considéré comme le fait d'agir des États-Unis sans le consentement du conseil de sécurité de l'ONU ou en violation du droit international. La guerre du Golfe Persique et notamment l'intervention américaine en Irak de 2003 sont deux cas qui illustrent à quel point il est difficile d´atteindre la légitimation simultanée entre le niveau national et celui international. À cet égard, la responsabilité des États-Unis s'interprète et s'étend sur deux niveaux : d'une part comme une puissance dominante devant respecter les règles, les processus et les institutions de l´ONU de sorte à garantir suffisamment son prestige comme leader, et d'autre part comme une puissance hégémonique qui a besoin de flexibilité et d'autonomie dans l'usage de la force afin de dissuader des potentiels agresseurs et de rassembler des coalitions dans les cas où ses valeurs et ses intérêts sont mis en jeu quand le Conseil de Sécurité de l´ONU est paralysé par un de ses membres 35. La seconde intervention américaine en Irak en 2003 de George W. Bush, n'ayant pas reçu l'aval des Nations Unies, s'inscrit donc clairement dans une approche unilatérale. En outre, il est complexe pour les États-Unis de concilier le soutien à l´ONU avec sa propre puissance, sa culture exceptionnaliste et les enjeux de la politique domestique. Les fluctuations constantes de la politique étrangère américaine, que ce soit sur la base d'une coopération multi ou unilatérale, vers les engagements de l´ONU pourraient la priver de son habilité à formuler des politiques cohérentes, constructives et effectives qui permettraient de faire face aux problèmes globaux. La coopération des États-Unis avec l'ONU leur permet toutefois d'assurer l'existence d'un critère normatif de la communauté internationale et 35 PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit., p. 60. 16 continue de faire de l'ONU un organe très important dans l'apport de biens publics globaux, en plus de constituer un lieu commun pour légitimer la politique étrangère américaine. 17 BIBLIOGRAPHIE I. OUVRAGES COX Michael & STOKES Doug, US foreign policy, New-York : Oxford University Press, 2nd ed., 2012, xvii, 482 p. CREVIER BÉLANGER Jules, L'unilatéralisme américain et l'avenir de la communauté transatlantique, sous la supervision de Stéphane ROUSSEL, Montréal : Université du Québec, 2008, 151 p. DALLEK Robert, The American Style of Foreign Policy: Cultural Politics and Foreign Affairs, New-York : Knopf, 1983, 323 p. DIVINE Robert A., Second Chance: The Triumph of Liberal Internationalism in America during World War II, New-York : Atheneum, 1967. IKENBERRY G. John, After Victory: Institutions, Strategic Restraint, and the Rebuilding of Order after Major Wars, Princeton : Princeton University Press, 2000, 310 p. NAU Henry R., Perspectives in International Relations: Powers, Institutions, and Ideas, Washington DC : CQ Press (4th ed.), 2015, 485 p. PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, Multilateralism and U.S. foreign policy: ambivalent engagement, Boulder : Lynne Rienner, 2002, 509 p. RUGGIE John Gerard, Winning the Peace : America and world order in the new era, New-York : Columbia University Press, 1996, 288 p. II. ARTICLES ACADÉMIQUES BELLAMY Carol, MORRISON David, SHAYS Christopher, “The U.S. Relationship with the United Nations, Roundtable with”, dans Yale Journal of International Affairs (Winter-Spring 2006), pp. 85-92. BRINKLEY Douglas, "Democratic Enlargement: The Clinton Doctrine", dans Foreign Policy, vol. 106, Spring 1997, p. 111-127. 18 BLANCHFIELD Luisa, “United Nations Reform: U.S. Policy and International Perspectives”, dans Congressional Research Service, 7-5700 (December 21, 2011), p. 1- 33. DUNNE Michael, “The United States, the United Nations and Iraq: 'Multilateralism of a Kind”, dans International Affairs (Royal Institute of International Affairs 1944-), Vol. 79, No. 2 (Mar., 2003), p. 257-277. HATHAWAY James, “America, Defender of Democratic Legitimacy”, dans European Journal of International Law, vol. 11, 2000, p. 121-134. HOLLOWAY Steven, “US Unilateralism and the UN: Why Great Powers Do Not Make Great Multilateralists”, dans Global Governance, vol. 6, 2000, p. 361-381. HURD Ian, "Legitimacy and Authority in International Politics", dans International Organization, vol. 53, n°. 2, Spring 1999, p. 379-408. JOHNSTONE Ian, “US-UN Relations After Iraq: The End of the World (Order) as We Know it?”, dans European Journal of International Law, vol. 15, n° 4, 2004, p. 813838. MAYNES Charles William, “America´s Fading Commitments to the World”, dans World Policy Journal, vol. 16, No. 2, Summer 1999, p. 11-22. SOH Changrok, "United States Foreign Policy and United Nations: The case of the War in Iraq", dans The Korean Journal of International Relations, vol. 44, n° 5, 2004, p. 45-60. THORNE Christopher, “American Political Culture and the End of the Cold War”, dans Journal of American Studies, vol.26, Décembre 1992, p. 303–330. ZOELICK Robert, “Congress and the Making of US Foreign Policy”, dans Survival, vol. 41, winter 1999-2000, p. 20-41. III. RESSOURCES EN LIGNE ANDERSSON Nils, Le mal américain : l'unilatéralisme [en ligne]. Disponible sur : <http://cicg.free.fr/lemalamericainNils.htm> (Consulté le 26 décembre 2014). ANONYME, "Les principaux points de la résolution 1441 de l’ONU sur l’Irak", dans La libre [en ligne], Rubrique actualité internationale, 8 novembre 2002. Disponible sur : <http://www.lalibre.be/actu/international/les-principaux-points-de-la-resolution- 19 1441-de-l-onu-sur-l-irak-51b87b40e4b0de6db9a7de0d> (Consulté le 29 décembre 2014). DELPHY Christine, LÉVY Catherine & ANDERSSON Nils, "Généalogie de l'unilatéralisme", dans L'Humanité [en ligne], 14 avril 2003. Disponible sur : <http://www.humanite.fr/node/283212> (Consulté le 26 décembre 2014). JARREAU Patrick, "Washington, l'"axe du Mal" et l'Irak", dans Le monde [en ligne], Rubrique international, 14 février 2002. Disponible sur <http://www.lemonde.fr/international/article/2002/02/14/washington-l-axe-du-mal-etl-irak_262803_3210.html> (Consulté le 29 décembre 2014). Place Montesquieu, 1 bte L2.08.05, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique www.uclouvain.be/psad 20 :