LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE
VIS-À-VIS DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES : LE CAS DE L'ONU
Travail réalisé par :
Marcos Enrique ROMERO TEJADA
SPRI2060 Séminaire de relations internationales
Prof. Amine AIT-CHAALAL
Année académique 2014-2015
Master en Relations Internationales à finalité Diplomatie et Résolution des Conflits
Références portfolio : Romero-Wauters_14-15_SPRI2060_Final_Paper_USA-ONU _n°1
Adresse html : http://tinyurl.com/k4nfmzx (voir point 2.3. du vade mecum portfolio)
Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO)
École des Sciences Politiques et Sociales (PSAD)
2
TABLE DES MATIÈRES
I. INTRODUCTION.......................................................................................................................................................................................3
II. L'AMBIVALENCE ET LA LECTIVITÉ DES ÉTATS-UNIS PAR RAPPORTS AUX ORGANISATIONS
INTERNATIONALES....................................................................................................................................................................................4
2.1. L'exceptionnalisme américain............................................................................................................................5
2.2. La séparation des pouvoirs....................................................................................................................................6
2.3. Les États-Unis comme puissance hégémonique...................................................................................6
III. LA RELATION ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET LES NATIONS UNIES.......................................................................8
3.1. De la création de l'ONU à la fin de la guerre froide..........................................................................9
3.2. De la fin de la guerre froide aux attentats du 11 septembre 2001.........................................10
IV. DEUX ÉTUDES DE CAS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE AMÉRICAINE DANS LE CADRE DE L'ONU :
LA GUERRE DU GOLFE PERSIQUE ET LA GUERRE EN IRAK............................................................................................12
4.1. La guerre du golfe persique (1991) .............................................................................................................12
4.2. La guerre en Irak (2003) ......................................................................................................................................13
V. CONCLUSION........................................................................................................................................................................................16
Bibliographie.............................................................................................................................................................................................18
.
3
I. INTRODUCTION
Tout au long du vingtième siècle, et plus particulièrement lors de sa seconde moitié, les
politiciens et la société américaine ont été forcés de constater que la nation n'est pas
immunisée contre les développements qui ont lieu à l'échelle globale, et que la manière avec
laquelle les États-Unis les intègrent et réagissent à ces changements -qui constituent parfois
des opportunités- peut déterminer la portée des intérêts nationaux et des valeurs américaines
qui y sont associées ; c'est d'autant plus vrai qu'après la fin de la guerre froide, les États-Unis
sont devenus une super puissance, l'unique super puissance, ce qui a obligé la nation à
redéfinir son rôle dans le monde1.
Dans ce contexte, on peut mentionner comme caractéristiques principales des États-Unis le
rôle majeur qu'ils ont joué dans le monde de la coopération internationale ainsi que les
grandes initiatives menées dans la création de l´Organisation des Nations Unies et d'autres
organisations internationales.
Cependant et paradoxalement, les États-Unis se sont montrés ambivalents et sélectifs dans
leur approche avec l´ONU. Afin de mieux comprendre cette attitude, cette étude propose
d'abord un cadre théorique (partie II) qui explique les motifs de l'ambivalence des USA vis-à-
vis des organisations internationales et qui révèle la nature d'une position qui à première vue
peut sembler erratique, mais qui ne l'est cependant pas vraiment. L'axe introduit ensuite
présente le contexte historique ainsi que l'ambigüité des relations entre l'état américain et
l'organisation internationale depuis sa création jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001
(partie III). Finalement, en vue de comprendre les orientations de la politique étrangère
américaine, il est nécessaire de s'intéresser à différentes interventions menées par l'État
américain. Deux études de cas (partie IV) sont présentées avant de conclure ce travail : celle
de la première guerre du golfe (1991) et celle de la guerre en Irak (2003).
1 PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, Multilateralism and U.S. foreign policy : ambivalent engagement, Boulder : Lynne Rienner,
2002, p. 1.
4
II. L´AMBIVALENCE ET LA LECTIVITÉ2 DES ÉTATS-UNIS PAR RAPPORT
AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES
On peut distinguer deux postures possibles -elles-mêmes associées à deux concepts bien
distincts- de comment les États-Unis peuvent et/ou devraient agir sur la scène internationale :
d'une part la coopération multilatérale, et d'autre part l'unilatéralisme. Le multilatéralisme
implique que les USA doivent respecter les normes de coopération pour résoudre des
problèmes transnationaux et collaborer avec d'autres pays pour atteindre leurs objectifs,
renforçant ainsi leur leadership et leur légitimité. La vision unilatérale quant à elle fait des
États-Unis une puissance incontestée qui doit défendre tant sa souveraineté que sa liberté
d'action à l'étranger afin de protéger, de maintenir, voire d'élargir ses intérêts nationaux, sans
les limitations des règles internationales, la participation institutionnelle (organisations
internationales) ou les partenaires étrangers (autres pays).
La difficulté ne réside pas tant dans le choix entre une position ou une autre (unilatéralisme
vs. multilatéralisme) mais bien dans les nuances qui caractérisent et qu'impliquent ces deux
conditions. Cette situation se traduit par l'ambivalence dans la coopération multilatérale
américaine et un haut degré de sélectivité en assumant des engagements internationaux
motivés par une prise de décision rationnelle qui pourrait venir expliquer l'ambivalence
américaine présente dans ses stratégies ayant lien avec la politique étrangère du pays. Cette
dernière est effectivement tiraillée entre les intérêts nationaux et la coopération menée avec
d'autres organisations internationales dans le but de maximiser leurs bénéfices et leurs
opportunités d'agir ou non avec d'autres acteurs, tout en minimisant les coûts et les
restrictions3.
Il y a dès lors trois caractéristiques qui peuvent être considérées comme les racines de cette
ambivalence et qui viennent de l´expérience américaine : 1) la culture politique singulière des
États-Unis (exceptionnalisme) ; 2) leur structure institutionnelle domestique (séparation des
pouvoirs - bureaucratie) ; et 3) leur dominance globale (hégémonie)4.
2 L´étude du «Center on International Cooperation at New York University » menée en janvier 2000 et mentionnée par Patrick STEWART
(Ibid.), a identifié cinq motifs ou facteurs qui défient l´approche ambivalente des États-Unis envers la coopération multilatérale. Ces facteurs
sont les suivants : 1) La collision entre les conceptions domestiques et internationales de la légitimité politique ; 2) Le contexte domestique
changeant dans lequel la politique étrangère des États-Unis est formulée ; 3) Les motifs ("patterns") de l´opinion publique sur la coopération
multilatérale ; 4) la position du multilatéralisme par rapport au « Grand Strategy» des États-Unis ; 5) Les réactions des autres pays qui
perçoivent l´unilatéralisme américain.
3 Ibid, p. 2.
4 Ibid., p. 7.
5
2.1. L'exceptionnalisme américain5
L´exceptionnalisme américain fait référence à la conviction généralisée dans l'unicité,
l'immuabilité et la supériorité des principes fondateurs libéraux du pays, accompagnée par la
certitude que les États-Unis ont eu un destin spécial par rapport aux autres nations. C´est une
communauté consacrée aux principes des Lumières de la règle de la loi, la propriété privée,
le gouvernement représentatif, la liberté d´expression et de religion, et la liberté
commerciale. Cette singularité présente les États-Unis comme un modèle que les autres
nations doivent suivre. Ce sentiment de mission nationale a influencé les objectifs et le style
de la politique étrangère des USA6.
On compte deux façons d'orienter, de diriger, l´exceptionnalisme : d'une part, par le
parrainage d'une mission morale permettant de récréer la société internationale à l'image
propre des États-Unis, étant donné que la nation "doit transformer le monde anarchique et
conflictuel" en une communauté gérée par la loi qui a pour communs objectifs la sécurité, la
prospérité et le bien-être7. D'autre part, il convient de noter que l´exceptionnalisme suscite
une détermination de contrepoids pour préserver les valeurs et les institutions uniques des
États-Unis face à la corruption ou à la dilution qu'elles peuvent subir par le contact étranger.
C'est pourquoi, il est nécessaire de défendre les intérêts nationaux, la souveraineté et la
liberté d´action contre l´imposition des règles internationales et les institutions
supranationales8. Les moments-clés à faveur du soutien des organisations internationales se
sont manifestés après les deux Grandes Guerres lorsque les décideurs américains se sont
tournés vers les institutions internationales en vue de faire régner l´ordre mondial9. D'un autre
côté, le multilatéralisme américain pourrait être nuancé et limité par les institutions nationales
et par leur pouvoir écrasant.
5 Pour en savoir plus sur l´exceptionnalisme américain, cf. l'article de DEUDNEY Daniel & MEISER Jeffrey intitulé "American
Exceptionalism" présent dans COX Michael & STOKES Doug, US foreign policy, New York : Oxford University Press, 2nd ed, 2012, xvii,
p. 22-35.
6 DALLEK Robert, The American Style of Foreign Policy: Cultural Politics and Foreign Affairs, New-York : Knopf, 1983, p. xiv et
THORNE Christopher, “American Political Culture and the End of the Cold War”, dans Journal of American Studies, vol.26, Décembre
1992, p. 314-315 mentionné dans PATRICK Stewart & FORMAN Shepard, op. cit, p. 7.
7 RUGGIE John Gerard, Winning the Peace : America and world order in the new era, New-York : Columbia University Press, 1996, p.25
mentionné dans Ibid.
8 HATHAWAY James, “America, Defender of Democratic Legitimacy”, dans European Journal of International Law, vol. 11, 2000, p. 121-
123, mentionné dans Ibid.
9 IKENBERRY G. John, After Victory: Institutions, Strategic Restraint, and the Rebuilding of Order after Major Wars, Princeton : Princeton
University Press, 2000 mentionné dans Ibid., p. 8.
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