
PERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE : UN NOUVEL ÉLAN?
où l’activité semble avoir atteint son niveau le plus bas
et où la hausse des prix du pétrole favorise la reprise.
Depuis les élections américaines, les anticipations d’un
relâchement de la politique budgétaire aux États-Unis ont
contribué à raermir le dollar et à faire monter les taux
d’intérêt du Trésor américain, ce qui relève les rendements
ailleurs aussi. L’état d’esprit des opérateurs de marché est
généralement positif, avec des gains notables sur les mar-
chés d’actions tant dans les pays avancés que dans les pays
émergents. L’accélération de l’activité et les anticipations
d’un aermissement de la demande mondiale, conjuguées
aux réductions de l’ore de pétrole qui ont été convenues,
ont contribué à une remontée des prix des produits de
base, après les creux observés au début de2016.
L’ination globale monte dans les pays avancés en
raison de la hausse des prix des produits de base, mais
l’ination hors alimentation et énergie reste modérée et
hétérogène (ce qui cadre avec la diversité des écarts de
production). L’ination hors alimentation et énergie s’est
peu améliorée où elle avait été la plus faible (par exemple
au Japon et dans certaines parties de la zone euro).
L’ination globale s’est accélérée aussi dans beaucoup de
pays émergents et de pays en développement en raison
de la hausse des prix des produits de base, mais, dans un
certain nombre de cas, elle a reculé, car les répercussions
des dépréciations monétaires importantes de2015 et du
début de2016 continuent de s’estomper.
Cependant, le solde des aléas qui inuent sur la crois-
sance reste orienté à la baisse, surtout à moyen terme,
étant donné l’incertitude qui entoure de manière généra-
lisée les politiques économiques. L’état d’esprit positif des
opérateurs de marché implique qu’il existe aujourd’hui
des chances plus tangibles de révision à la hausse à court
terme, mais, étant donné les sources d’incertitude qui
sont examinées ci-dessous, une hausse brutale de l’aver-
sion pour le risque est possible. Les aléas qui inuent sur
la croissance à moyen terme semblent plus clairement né-
gatifs, d’autant que les mesures de relance aux États-Unis
et en Chine devront être réduites ou annulées à terme
an d’éviter une dynamique budgétaire insoutenable. De
manière plus générale, les risques de dégradation tiennent
à plusieurs facteurs:
• Un mouvement de repli sur soi, y compris des mesures
protectionnistes, avec un ralentissement de la croissance
mondiale en raison de la diminution des échanges com-
merciaux et des flux d’investissement internationaux.
• Un relèvement des taux d’intérêt plus rapide que
prévu aux États-Unis, qui pourrait provoquer un
durcissement plus rapide des conditions financières
mondiales et une forte appréciation du dollar, avec des
répercussions négatives pour les pays vulnérables.
• Un démantèlement agressif de la réglementation fi-
nancière, qui pourrait provoquer une prise de risque
excessive et accroître la probabilité de crises financières
futures.
• Un durcissement des conditions financières dans les
pays émergents, rendu plus probable par l’augmenta-
tion de la vulnérabilité du système financier chinois
due à la croissance rapide du crédit et la fragilité persis-
tante des bilans dans d’autres pays émergents.
• Des chaînes d’interactions négatives entre une de-
mande faible, une inflation basse, des bilans fragiles et
une croissance de la productivité anémique dans cer-
tains pays avancés où l’excédent de capacités est élevé.
• Des facteurs non économiques, notamment des ten-
sions géopolitiques, des désaccords politiques inté-
rieurs, une gouvernance médiocre et la corruption, des
événements climatiques extrêmes, ainsi que le terro-
risme et des problèmes de sécurité.
Ces risques sont liés les uns aux autres et peuvent se
renforcer mutuellement. Par exemple, un mouvement de
repli sur soi pourrait aller de pair avec une montée des
tensions géopolitiques et une augmentation de l’aversion
pour le risque à l’échelle mondiale; des chocs non écono-
miques peuvent peser directement sur l’activité écono-
mique et nuire à la conance et à l’état d’esprit des opé-
rateurs de marché; et un durcissement plus rapide que
prévu des conditions nancières mondiales ou l’adoption
de mesures protectionnistes dans les pays avancés pour-
rait encourager les sorties de capitaux en Chine.
Les choix de politique économique seront donc cru-
ciaux pour orienter les perspectives et réduire les risques.
Les priorités en matière de gestion macroéconomique
de la demande sont de plus en plus diérenciées, étant
donné la diversité des positions conjoncturelles. Dans les
pays où il existe un excédent de capacités de production
et où l’ination hors alimentation et énergie reste faible,
il demeure nécessaire de soutenir la demande, notam-
ment pour éviter des eets d’hystérèse pernicieux. Dans
les pays où la production est proche de son potentiel ou
y est supérieure, la politique budgétaire doit avoir pour
objectif de renforcer les systèmes de protection sociale et
d’accroître la production potentielle. Par ailleurs, dans de
nombreux pays, il est nécessaire de mettre en place des
stratégies crédibles pour placer la dette publique sur une
trajectoire viable.
v Fonds monétaire international | Avril 2017