Eglise catholique

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03/05/2007 |
Eglise catholique
L'Eglise catholique, appelée aussi catholique romaine, se considère d'après la doctrine de Vatican II (conciles
du Vatican) comme la véritable Eglise, celle qui réalise la promesse de Jésus-Christ, et comme le "peuple de
Dieu". Elle se compose d'Eglises locales dirigées par un évêque. Le pape et avec lui le collège des évêques
possèdent le pouvoir et l'autorité doctrinale suprêmes. Il faut faire une distinction entre la notion d'Eglise
catholique, qui est une organisation hiérarchisée, et celle, certes liée, mais plus large, de catholicisme: celleci inclut aussi toutes sortes de manifestations culturelles, sociales et politiques, qui sont de nature historique
et contingente, mais ne manquent pas d'influencer l'évolution de l'Eglise.
1 - Les débuts et le Moyen Age
Sur le territoire de la Suisse, le christianisme apparut durant l'Antiquité tardive. La nouvelle religion se
répandit partout où vivaient au IIIe s. des populations romaines, notamment en Suisse du Nord-Ouest et sur le
Plateau. Son maintien après la chute de l'Empire est attesté en Rhétie et dans les vallées du sud des Alpes,
tandis qu'en Suisse occidentale les Burgondes, qui avaient adopté primitivement l'arianisme, se chargèrent
d'assurer sa continuité après leur christianisation. Dans la partie orientale du pays, l'évangélisation fut
l'œuvre, après l'installation des Alamans, du diocèse de Constance érigé autour de l'an 600, qui recouvrait
presque toute la Suisse germanophone au XIIe s. au plus tard. Importante fut aussi l'influence des moines
missionnaires irlandais, tels Colomban et Gall, de même que les nombreuses fondations d'abbayes sur les
territoires rhétiques et alamans dès le début du VIIIe s.: citons Pfäfers, Müstair, Disentis, Rheinau et surtout
Saint-Gall et Reichenau, qui furent des centres ecclésiastiques, culturels et économiques de large
rayonnement (Monachisme). En Suisse romande, Saint-Maurice et Moutier-Grandval furent à l'époque
carolingienne de grands foyers de vie ecclésiastique. L'organisation en diocèses (Bâle, Constance, Coire,
Côme, Milan, Sion, Lausanne et Genève) se mit en place sous l'empire franc.
Au Moyen Age, les réformes monastiques de Cluny, Hirsau et Saint-Blaise (Forêt-Noire) eurent beaucoup
d'échos sur le sol helvétique. Dans la seconde moitié du Xe s. et la première moitié du XIe, Einsiedeln fut un
centre de réforme suprarégional. Parmi les ordres chevaleresques, les hospitaliers de Saint-Jean, qui
s'établirent notamment à Hitzkirch et à Reiden, furent les plus nombreux. Au XIIe s. se répandirent les
cisterciens et au XIIIe les ordres mendiants (franciscains, dominicains), actifs surtout dans les villes et qui
intégrèrent dans l'Eglise des mouvements religieux féminins (béguines). Durant le Grand Schisme d'Occident
(1378-1417), les diocèses appartinrent à des obédiences changeantes, à l'exception de Genève (clémentiste)
et de Côme (urbaniste).
Au bas Moyen Age, le renouveau religieux se manifesta par une piété populaire intense, qui s'exprima avec la
vogue du culte des saints et des reliques, ainsi que par de nombreux pèlerinages. Nicolas de Flue fut un
représentant marquant du mysticisme de l'époque. Face aux nombreux mouvements de contestation, l'Eglise
réagit par l'Inquisition. Ni le concile de Constance (1414-1418) ni celui de Bâle (1431-1449) n'apportèrent la
réforme de l'Eglise souhaitée de toute part au XVe s., mais Bâle devint un des berceaux de l'humanisme. La
délimitation des domaines religieux et temporel entraîna des tensions entre l'Eglise qui s'accrochait à ses
privilèges et la Confédération naissante. Les Confédérés cherchèrent à restreindre les pouvoirs de l'Eglise et à
la contrôler dans ses fonctions. En contrepartie de la mise à disposition de mercenaires, divers cantons
obtinrent du pape des privilèges en matière ecclésiastique.
Auteur(e): Franz Xaver Bischof / WW
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF11429.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
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2 - De la Réforme au milieu du XXe siècle
La Réforme entraîna la naissance de deux Eglises séparées (Confessionnalisme). Du côté catholique, le
concile de Trente (1545-1563) lança la Contre-Réforme, qui se traduisit surtout dans la politique
confessionnelle, ainsi qu'une profonde réforme catholique; les cantons restés fidèles à l'ancienne foi
encouragèrent ce double mouvement et le dirigèrent, avec l'appui de la nonciature (siège permanent créé en
1586 à Lucerne), des jésuites affectés aux hautes écoles et des capucins spécialisés dans la pastorale. Le
Collegium helveticum de Milan, institué par l'archevêque Charles Borromée, servit à former des prêtres. La
Réforme catholique se traduisit surtout par la culture et la piété du baroque, l'édification d'églises et de
couvents, la fondation de confréries, la dévotion mariale, les processions, les pèlerinages et les transferts de
reliques. Les Lumières du XVIIIe s. touchèrent une élite, en ville et dans le clergé régulier, qui tendait à
revendiquer, dans les cantons catholiques, une Eglise d'Etat (affaire d' Udligenswil). Elles entraînèrent dans le
domaine ecclésial des réformes dont les plus remarquables eurent lieu au début du XIXe s. dans le diocèse de
Constance dirigé par Ignaz Heinrich von Wessenberg.
La révolution helvétique de 1798 et la suppression de l'Eglise d'Empire (Recès de la Diète impériale de 1803)
mirent fin à l'ordre séculaire des diocèses se jouant des frontières et relevant d'archidiocèses étrangers. Le
nouvel ordre ecclésiastique se traduisit par l'érection en 1821 du diocèse de Genève-Lausanne (GenèveLausanne-Fribourg en 1924), la réorganisation de celui de Bâle en 1828 et la fondation en 1847 de celui de
Saint-Gall. Celui de Coire perdit en 1816 ses domaines autrichiens et en 1997 la principauté du Liechtenstein,
par la création de l'archevêché de Vaduz. Dans le canton du Tessin, une administration apostolique fut
instituée en 1888 et le diocèse de Lugano en 1971. Seul le diocèse de Sion resta inchangé. La Sécularisation
d'une cinquantaine de couvents au XIXe s. fut partiellement compensée à partir de 1830 par la fondation de
nombreuses congrégations masculines et féminines (citons celles des sœurs de Baldegg, de Cham,
d'Ingenbohl, de Menzingen), qui rendirent des services essentiels à la population catholique dans les
domaines de l'enseignement, des soins aux malades et des activités sociales et caritatives, notamment au
sein de la diaspora catholique en forte croissance dans les agglomérations industrielles.
A partir des années 1830, l'Eglise catholique rejeta les Lumières et le libéralisme. Dans certains cantons elle
entra en conflit ouvert avec les partisans d'une Eglise d'Etat (articles de Baden). Le Sonderbund et la
fondation de l'Etat fédéral condamnèrent l'Eglise catholique et le parti conservateur qui lui était intimement
lié à une position marginale, tant politique qu'économique et culturelle, sur le plan fédéral. Dans la seconde
moitié du XIXe s., l'ultramontanisme et les décrets ecclésiastiques contre les tendances modernes (encyclique
Quanta cura et Syllabus de 1864) fortifièrent du côté catholique le refus de la société libérale et bourgeoise.
Cela aboutit, après le premier concile du Vatican (1869-1870), au Kulturkampf, qui provoqua la suppression
de la nonciature par le gouvernement fédéral en 1873, l'inscription dans la Constitution de 1874 des articles
d'exception dirigés contre l'Eglise catholique et la fondation de l'Eglise catholique-chrétienne. En même
temps, le Kulturkampf favorisa la formation d'une société catholique conservatrice fermée sur elle-même,
avec son réseau serré d'institutions culturelles, sociales et politiques, tandis que le catholicisme libéral
perdait de son influence. En 1889, l'université de Fribourg ouvrait ses portes.
Après la Première Guerre mondiale, les rapports entre l'Eglise catholique et l'Etat fédéral moderne connurent
une ère nouvelle, caractérisée sur le plan politique par une alliance entre radicaux et conservateurs, sur le
plan idéologique par un rejet commun du communisme, du socialisme et de la démocratie sociale, ainsi que
par des tendances partagées à l'antisémitisme. Durant la Deuxième Guerre mondiale, l'Eglise catholique
soutint la politique du gouvernement fédéral. L'égalité juridique entre les Eglises catholique et réformée est
postérieure à 1950 dans tous les cantons, sauf à Genève (dans le canton de Vaud en 1970, à Neuchâtel en
2000). En 1961, la mission catholique lança l'Action de Carême, la plus importante des œuvres catholiques
avec Caritas (1901).
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3 - L'Eglise postconciliaire
Le concile Vatican II (1962-1965) et le Synode 72 apportèrent un réaménagement profond de l'Eglise
catholique suisse. Ils introduisirent surtout des réformes de la liturgie (introduction des langues
vernaculaires), de l'éducation religieuse et de la pastorale. Le but était une réorientation dans le domaine
social aussi bien que dans ceux de la culture et de la mission. L'architecture sacrée fut elle aussi renouvelée.
Dans les paroisses comme dans les diocèses, on institua des conseils et des commissions spécialisées, tandis
que s'ouvraient de nombreux établissements pour l'éducation religieuse des adultes, gérés par des ordres
religieux ou des institutions religieuses cantonales.
En matière d'œcuménisme, l'Eglise catholique entra en dialogue avec d'autres Eglises chrétiennes. Depuis
1971, elle fait partie de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse. Dès 1960, les Eglises
cantonales (Eglises nationales) prirent une importance croissante. Soumises, comme les paroisses, au droit
constitutionnel public, elles sont réunies depuis 1971 sous le toit de la Conférence centrale catholique
romaine de Suisse. Elles s'occupent surtout des questions financières (perception des impôts ecclésiastiques)
et entretiennent parfois des rapports assez tendus avec l'organisation diocésaine. Les crises postconciliaires,
tels les remous provoqués par l'encyclique Humanae vitae (1968) ou le conflit dû à la nomination et aux
activités de l'évêque Wolfgang Haas dans le diocèse de Coire (1988-1997), désorientèrent nombre de fidèles,
créèrent des crispations et aboutirent même à un schisme en 1988, dans le cas du mouvement de
l'archevêque Marcel Lefebvre, dont les partisans se trouvent surtout en Suisse occidentale (Valais et Fribourg,
Intégrisme). En revanche, l'abolition par étapes des articles d'exception entre 1983 et 2001 a rendu plus
sereins les rapports entre Eglise et Etat.
Après Vatican II, la Conférence des évêques suisses (CES) sortit du rôle consultatif où elle se cantonnait
depuis sa fondation en 1863 pour s'attaquer à des tâches de direction et de coordination, suppléant ainsi à
l'absence de province ecclésiastique suisse (les diocèses suisses sont soumis directement à Rome). Une
collaboration entre évêques européens se mit en place à la même époque. En 1971 fut fondé le Conseil des
conférences épiscopales européennes. Il a son siège à Saint-Gall depuis 1990 et travaille étroitement avec le
conseil de la Conférence des Eglises européennes.
Aujourd'hui, l'Eglise catholique suisse se trouve devant un profond processus de mutation. Elle doit relever de
nombreux défis: transformation des valeurs, individualisation, diversification interne (encouragée notamment
par les nouveaux mouvements spirituels), défections des fidèles, recul de la pratique traditionnelle, chez les
jeunes surtout, pénurie de prêtres et développement différencié des communautés catholiques de Suisse
alémanique, romande et italienne.
Auteur(e): Franz Xaver Bischof / WW
Références bibliographiques
Bibliographie
– R. Pfister, Kirchengeschichte der Schweiz, 3 vol., 1964-1984
– HS
– S. Leimgruber, M. Schoch, éd., Gegen die Gottvergessenheit, 1990
– L. Karrer, Katholische Kirche Schweiz, 1991
– R. Weibel, Le catholicisme suisse aujourd'hui, 1991 (all. 1989)
– A. Dubach, R.J. Campiche, éd., Jede(r) ein Sonderfall?, 1993
– D. Kraus, Schweizerisches Staatskirchenrecht, 1993
– U. Altermatt, Le catholicisme au défi de la modernité, 1994 (all. 21991)
– L. Vischer et al., éd., Hist. du christianisme en Suisse, 1995 (all. 1994, 21998)
– C. Jäggi, «Vom römischen Pantheon zur christlichen Kirche», in Die Schweiz zwischen Antike und Mittelalter,
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éd. A. Furger et al., 1996, 61-125
– P. Stadler, Der Kulturkampf in der Schweiz, 21996
– F.X. Bischof, C. Dora, Ortskirche unterwegs, 1997
– S. Leimgruber, B. Bürki, éd., Theologische Profile, 1998
– M. Ries, «Die Schweiz», in Kirche und Katholizismus seit 1945, éd. E. Gatz, 1, 1998, 333-356
– V. Conzemius, éd., Schweizer Katholizismus 1933-1945, 22003
– E. Gatz éd., Die Bistümer des Heiligen Römischen Reiches von Ihren Anfängen bis zur Säkularisation, 2003
– E. Gatz éd., Die Bistümer der deutschsprachigen Länder von der Säkularisation bis zur Gegenwart, 2005
– B. Secrétan Eglise et vie cath. à Lausanne du XIXe s. à nos jours, 2005
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