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Partie 1 : Le développement durable/soutenable
I. Le développement soutenable dans la théorie économique
La définition la plus consensuelle de l’économie verte est sans doute celle libellée par les
Nations Unies : « Une économie dont l’emprise à long terme sur l’environnement ne menace
plus la pérennité du bien être des générations présentes et futures ». Cette définition fait écho à
celle du développement durable du rapport Bruntland en 1987 « un développement qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs ». Deux concepts sont inhérents à cette notion :
le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus
démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité,
l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale
impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.
Cette définition consensuelle couvre, dans les faits, un large spectre de logiques économiques.
Ces controverses s’inscrivent dans une histoire longue et sont pour la plupart liées à la
dynamique du capitalisme (Vivien, 2007). Dans l’exposé qui suit, la prise en compte des enjeux
environnementaux est la déterminante principale de ces remises en question.
Ces questionnements sur l’environnement en économie ont surtout émergé au début des
années 70. Parallèlement à la première conférence internationale sur la préservation de
l’environnement à Stockholm, le Club de Rome
dans le rapport Meadows, remet en question «
le paradigme de la croissance exponentielle ».
En 1972, dans un ouvrage intitulé « Limits to Growth » et vingt ans plus tard, dans « Beyond the
Limits », il y affirme que si les tendances économiques et environnementales se perpétuent,
beaucoup de ressources naturelles seront épuisées, ce qui limitera, voire empêchera toute
croissance future. Cette dynamique conduit inéluctablement selon lui à un état stationnaire.
Les chercheurs vont alors se questionner sur les conditions de soutenabilité des
dynamiques de croissance économique, mais aussi, pour certains d’entre eux, remettre en
question les fondamentaux de la notion de « développement ».
De ces différents courants de pensée, deux principales postures émergent (Vivien, 2007):
l’une qui vise à la construction d’une économie de l’environnement. La théorie
néoclassique qui fonde les modèles économiques actuels n’y est pas remise en question.
La « crise de l’environnement » apparaît comme une période de transition et
l’environnement est un objet économique en devenir, encore imparfait. L’enjeu central est
de faire de l’environnement un bien économique comme un autre et de rechercher la
configuration marchande idéale.
l’autre aspire à une économie écologique : la « crise de l’environnement » est le
symptôme d’un seuil franchi, d’une nouvelle époque de rareté qui frappe désormais le
« capital naturel ». C’est l’économie qui doit s’insérer au sein des régulations écologiques.
La logique économique doit, ici, céder le pas à d’autres logiques.
De ces deux postures découlent des modèles économiques et des priorités d’action différentes.
Le Club de Rome est un groupe de réflexion composé de scientifiques, de fonctionnaires nationaux et internationaux,
d’économistes et d’industriels de 53 pays, développés ou non.