Organisation du génome et fonctions
des protéines codées par les gémini
et nanovirus
Les protéines des nanovirus ainsi que leurs fonctions ont été
identifiées par homologie avec celles des géminivirus. Pour
cette raison, nous présentons d’abord brièvement les don-
nées concernant les géminivirus. Une ou deux molécules
d’ADN des géminivirus codent pour un nombre très limité
de protéines (figure 2).
La protéine Rep (replication associated protein) est la
seule protéine virale indispensable pour la réplication du
virus correspondant. Chez les géminivirus, à l’exception
des mastrévirus, Rep est codée par l’ORF C1. Chez les
mastrévirus, le gène codant la protéine Rep contient un
intron et la protéine Rep est exprimée à partir d’un transcrit
épissé (C1 : C2). Le transcrit non épissé C1 sert pour
l’expression de la protéine RepA [14]. De ce fait, les
protéines Rep et RepA des mastrévirus ont environ
200 acides aminés (aa) identiques en domaine N-terminal.
Les autres protéines codées par les géminivirus sur le brin
viral sont la protéine de capside (CP) et la protéine de
mouvement (MP). Les mastrévirus ne codent que pour les
quatre protéines mentionnées.
Chez les autres géminivirus, on trouve trois autres ORF, C2,
C3 et C4. Chez les bégomovirus la protéine codée par C2,
TrAP (transcription activator protein), transactive l’ex-
pression des gènes situés sur le brin viral. Pour certains
bégomo et curtovirus, elle joue aussi un rôle de facteur de
pathogenèse dans certaines plantes hôte et un rôle de sup-
presseur du phénomène de régulation d’expression des
gènes appelé silencing. La protéine REn (replication en-
hancer protein), codée par le cadre ouvert de lecture C3 des
bégomo et curtovirus, augmente le taux de réplication de
l’ADN viral. La protéine codée par C4 chez les curto et
bégomovirus est déterminante pour les symptômes de la
maladie et participe dans la suppression du silencing.Le
rôle des protéines codées par C2, C3 et C4 des topocuvirus
reste mal élucidé. La protéine codée par l’ORF V2 des
curtovirus est impliquée dans la régulation du taux relatif de
l’ADN simple brin/double brin [13].
La plupart des bégomovirus sont bipartites (le génome est
composé de deux molécules d’ADN, ADN A et ADN B),
mais certains bégomovirus de l’Ancien Monde ne possè-
dent qu’une seule molécule d’ADN (bégomovirus mono-
partites). LesADNA etADN B possèdent une similitude de
séquence dans la région de l’origine de réplication d’envi-
ron 200 nt [13].
Les bégomovirus de l’Ancien Monde (mono et bipartites)
codent sur le brin viral pour la protéine CP (l’ORFV1/AV1)
qui encapside l’ADN viral et peut être impliquée dans le
mouvement du virus, et la protéine MP (l’ORF V2/AV2)
qui est aussi impliquée dans le mouvement du virus [15,
16]. Les bégomovirus bipartites du Nouveau Monde ne
possèdent pas l’ORF AV2. Dans les cellules de plantes, la
molécule ADN A de bégomovirus bipartite seule peut être
répliquée et produit les virions, mais elle a besoin d’ADN B
pour l’infection systématique. L’ADN B des bégomovirus
bipartites code pour deux protéines qui assurent le mouve-
ment du virus, en plus des protéines CP et MP codées par
l’ADN A. Ce sont la protéine MP et la protéine NSP (nu-
clear shuttle protein), codées sur le brin complémentaire
(l’ORF BC1) et sur le brin et viral (l’ORF BV1), respecti-
vement [17, 18].
Certains géminivirus encapsident aussi des molécules
d’ADN plus petites (de taille d’environ la moitié du gé-
nome), qui sont des molécules d’ADN DI (defective inter-
fering), desADN satellites et desADN satellite-like. Tandis
que les ADN DI sont dérivés de l’ADN du virus, (formés
par délétions), les ADN satellites et satellite-like ont des
séquences très différentes de celle de l’ADN du virus ou
helper virus avec lequel ils sont associés [19].
D’après la nomenclature récente, les satellites sont des
agents subviraux qui ont une séquence nucléotidique subs-
tantiellement différente de celle du helper virus et ne
possèdent pas de gènes codant pour les protéines partici-
pant dans leur réplication. Il y a deux classes de satellites :
les virus satellites et les acides nucléiques (ADN ou ARN)
satellites. Le virus satellite code pour une protéine structu-
rale qui encapside son génome, mais il dépend du helper
virus pour la réplication. Les acides nucléiques satellites
soit encodent une protéine non structurale, soit n’encodent
aucune protéine et sont encapsidés par la protéine CP du
helper virus [20]. Pour leur multiplication, les satellites
dépendent donc du helper virus. Les molécules satellite-
like ressemblent aux satellites, mais elles codent pour une
fonction nécessaire pour le virus et sont considérées
comme faisant partie du génome du virus avec lequel elles
sont associées [20].
Le premier satellite décrit pour les géminivirus a été
ToLCV-sat (682 nt seulement). Une autre molécule,
l’ADNb(d’environ 1 300 nt), a été trouvée associée avec
un nombre croissant des bégomovirus monopartites.
ToLCV-sat et ADNbont une similitude très restreinte avec
leur helper virus localisée dans la région de réplication. En
ce qui concerne les ADN DI et ToLCV-sat, ils ne sont pas
nécessaires pour les symptômes, tandis que l’ADNbpos-
sède un ORFbC1 qui est un déterminant de pathogenèse du
helper virus avec lequel il est associé [19]. Pour cette
raison, l’ADNba été récemment reclassé comme ADN
satellite-like [19] et non comme ADN satellite [20].
Une autre molécule d’ADN a été découverte associée avec
le complexe géminivirus/ADNb, c’est l’ADN1. Elle ne
possède pas d’homologie avec un helper-virus, code pour
une protéine Rep et peut se répliquer en l’absence du
helper-virus [19]. De ce point de vue, l’ADN1 n’est pas un
revue
Virologie, Vol. 11, n° 1, janvier-février 2007
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