Journal Identification = MTP Article Identification = 0509 Date: March 18, 2014 Time: 9:17 am
Dans certaines maladies neuromusculaires, la pré-
sentation clinique peut parfois être suffisante pour poser
rapidement un diagnostic précis. C’est le cas par exemple
de la forme congénitale de la maladie de Steinert, bien
connue des néonatalogistes. Chez un enfant présentant
une atteinte néonatale avec hypotonie, détresse respi-
ratoire, troubles de succion-déglutition, atteinte souvent
même anténatale (mouvements actifs diminués, hydram-
nios), le diagnostic pourra être confirmé par la seule
analyse du gène DMPK à la recherche d’une expansion
anormale de triplets CTG. Mais une myopathie myotu-
bulaire peut avoir la même présentation néonatale. Des
antécédents familiaux évocateurs (mère présentant une
myotonie et une cataracte précoce, par exemple dans la
maladie de Steinert, atteinte d’autres garc¸ons de la lignée
maternelle dans la myopathie myotubulaire) peuvent per-
mettre de privilégier une hypothèse.
C’est également le cas pour la myopathie Facio-
scapulo-humérale (FSH). Devant une atteinte asymétrique
des ceintures prédominant aux membres supérieurs avec
une atteinte faciale évocatrice, le diagnostic peut reposer
uniquement sur l’étude génétique.
Mais dans la grande majorité des cas, la présenta-
tion clinique est souvent peu spécifique, et l’hétérogénéité
génétique importante, rendant nécessaire d’autres explo-
rations.
Les analyses biologiques
Le dosage des enzymes musculaires (CPK) peut aider
à l’orientation diagnostique. Par exemple, certaines mala-
dies s’accompagnent toujours de CPK très augmentées
(les dystrophinopathies, la plupart des dystrophies mus-
culaires congénitales). D’autres en revanche entraînent
une élévation inconstante et variable du taux de CPK
(certaines myopathies congénitales, certaines dystrophies
musculaires congénitales).
D’autres examens biologiques peuvent orienter le
diagnostic dans certains cas, par exemple des analyses
enzymatiques (maladie de Pompe) ou dosages métabo-
liques (anomalie de la bêta-oxydation des acides gras).
Les analyses électrophysiologiques
L’électromyogramme peut orienter vers une cause
neurogène ou myogène, mais également dépister un
syndrome myasthénique, qu’il faut savoir rechercher.
Dans le cas d’une atteinte neurogène, il pourra préci-
ser le type d’atteinte (axonale, démyélinisante, sensitive,
motrice, etc.). Dans le cas d’un syndrome myasthénique
congénital, le tracé peut, dans certains cas, permettre
d’orienter les analyses génétiques.
L’imagerie
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) muscu-
laire est de pratique récente et se révèle utile pour
déterminer la topographie précise de l’atteinte musculaire.
Certaines combinaisons d’atteintes musculaires spéci-
fiques peuvent orienter les analyses génétiques.
L’IRM cérébrale peut être contributive, dans les dys-
trophies musculaires congénitales (DMC) par exemple, à
la recherche d’anomalies de la substance blanche isolée
(DMC par déficit en mérosine), d’anomalies de gyration
et/ou de la fosse postérieure (DMC par déficit en alpha-
dystroglycane).
L’analyse d’un fragment musculaire
Il s’agit de l’examen le plus contributif, la plupart
du temps, permettant d’orienter le diagnostic, en combi-
naison avec les techniques de marquage (Western-Blot,
immuno-histochimie). Ces analyses permettent d’orienter
vers une pathologie dystrophique ou une pathologie pri-
mitive de la fibre musculaire. Elles visent à déterminer un
éventuel déficit ou l’absence d’une protéine spécifique,
mais également de mettre en évidence un aspect anor-
mal de la fibre musculaire (bâtonnets, cores, surcharge
lipidique).
Les analyses génétiques
Si un diagnostic précis est évoqué, une étude géné-
tique orientée pourra alors être demandée, permettant si
possible l’identification d’une anomalie génétique pré-
cise.
Il est important de souligner qu’un diagnostic noso-
logique peut être posé rapidement, mais seule la
confirmation génétique permettra de donner un conseil
génétique fiable. C’est le cas dans les myopathies congéni-
tales à némaline (ou myopathie à bâtonnets) par exemple.
Le diagnostic est posé rapidement sur l’analyse d’un
fragment musculaire, mais différents gènes peuvent être
en cause (NEB,ACTA1,TPM2 et 3,TNNT1)avecdes
modes de transmission variables (autosomique dominant
ou récessif). De plus, un même gène peut se présenter avec
un mode de transmission variable : par exemple, les ano-
malies du gène ACTA1 peuvent se présenter sous forme
autosomique récessive ou dominante.
Situation particulière : nouveau-né
hypotonique en réanimation. Quelles maladies
neuromusculaires évoquer ?
Devant un enfant hypotonique en réanimation avec
détresse respiratoire associée, il est parfois difficile de
poser un diagnostic précis. Il peut s’agir d’une maladie
neuromusculaire, mais également d’une atteinte neurolo-
gique centrale, d’une maladie métabolique, etc. [2].
Parmi les MNM à considérer dans ce cas, on peut
citer les myopathies congénitales, la maladie de Steinert,
les dystrophies musculaires congénitales, les myasthénies
congénitales, l’amyotrophie spinale... Pour la maladie de
Steinert et l’amyotrophie spinale, l’étude génétique peut
être réalisée de première intention, car il n’existe pas
d’hétérogénéité. Pour les autres pathologies, le diagnostic
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