bien différents, m’ont permis d’approfondir dans une perspective
systématique, une question qui ne pouvait pas concerner seulement la
théologie ni même seulement le christianisme historique, mais devait
avoir quelque rapport avec la constitution historique de la pensée
occidentale. Tel est en effet l’objet principal des quatre tomes qui nous
réunissent : attester, pièces en main, non pas seulement de la perma-
nence de la relation philosophie-théologie dans l’histoire des idées
occidentales, ce qui est déjà beaucoup, mais surtout de la force inspi-
ratrice de cette relation dans la constitution même de cette histoire.
Dans les années qui suivirent, entre 2001 et 2003, j’ai tenu deux
séminaires sur la méthodologie exigée par le projet et ses objets,
aboutissant finalement pour chaque notice à une composition tripar-
tite : une présentation de l’auteur ou d’un groupe d’auteurs, puis un
choix de textes significatifs, si possible proche de l’exhaustivité et,
enfin, une bibliographie circonstanciée. C’est fort de cette première
structure que nous nous sommes mis à la tâche dans une opération
collective qui ne devait, à mes yeux alors pleins de candeur, ne
s’étendre que sur 5 années. En réalité, plus du double aura été néces-
saire pour aboutir dans un labeur de folie autant que de raison.
Les quatre tomes de l’ouvrage correspondent aux quatre grandes
périodes historiques classiquement distinguées; antique, médiévale,
moderne et contemporaine. Au vrai, ces distinctions classiques lais-
saient ouvertes la question des porosités thématiques et textuelles.
Cesont donc des choix délibérés de délimitations qu’il nous a fallu
assumer, en commençant le premier Tome avec Platon et en l’ache-
vant avec Jean Damascène; en commençant le second avec le
moment byzantin et en l’achevant avec Grégoire et de Rimini et Pierre
d’Ailly; en commençant le tomeIII avec Luther, Calvin et Erasme, et
en l’achevant avec Nietzsche. Il paraissait d’emblée plus obvie de
commencer le TomeIV avec Pierce, James et Husserl, un peu moins
de l’achever, ce qui pourtant fut décidé, avec deux auteurs toujours
vivants, Habermas et Jüngel.
Parmi les recensions déjà commises sur ces différents tomes, j’ai
pu lire le regret que n’ait pas été intégré tel ou tel auteur, par exemple
Grégoire de Nazianze. Pourquoi ne figure-t-il pas en effet au Tome I?
Pour une raison simple : car nonobstant la qualité de ces interpella-
tions, et comme je me permets de le rappeler, l’objet précis de l’an-
thologie, son sujet, son ambition était et reste de relever ce qu’il en
est, dans l’histoire des idées occidentales de la relation philosophie-
théologie en tant que telle. Cette intention directrice qui était aussi
éloignée que possible du genre apologétique, ouvrait certes un vaste
champ d’investigation mais en même temps nous imposait de strictes
limites : elle interdisait de rassembler des approximations sur les
95LA RELATION PHILOSOPHIE-THÉOLOGIE
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