Gènéthique - n°43 - juillet 2003
d'injecter chez un embryon malade les
cellules d'un embryon sain...
Cette annonce a suscité beaucoup de
réactions chez les scientifiques. Le Pr
australien Alan Trounson, connu
pourtant pour ses expériences
controversées sur les embryons
humains, a exprimé son opposition : "je
ne trouve aucune logique à ce qu'ils
veulent faire, cela me semble
complètement défectueux".
Les chiffres du rapport de la Cour des comptes sur le handicap mental...
Le 26 juin 2003 la Cour des comptes a
rendu un rapport intitulé "La vie avec
un handicap" au président de la
République. Elle y dresse entre autres
un constat sévère sur les actions
menées en faveur des personnes
handicapées, sur l'utilisation des
finances publiques et dénonce
notamment l'absence de politique
publique de recherche thérapeutique
sur le handicap mental.
Des structures inadaptées
Ce rapport fait ressortir le manque de
solutions pour les personnes atteintes
de déficience mentale à tout âge de
leur vie.
- S’agissant des demandes de places
dans les établissements pour
enfants handicapés, « les listes
d’attente de très loin les plus longues
concernent les enfants déficients
intellectuels. Aucune mesure explicite
n’a cependant été prévue pour cette
catégorie de personnes handicapées ».
- L’intégration scolaire en milieu
ordinaire ne constitue pas une véritable
priorité pour l’éducation nationale
« compte tenu notamment d’une
certaine réticence du personnel
enseignant ». Par conséquent plus de
30 % des enfants handicapés mentaux
accueillis en établissements médico-
sociaux ne sont pas scolarisés du tout
et 90 % de ceux qui sont scolarisés ne
le sont pas par l’éducation nationale
mais par les affaires sociales.
- Dans l’expérimentation des « sites
pour la vie autonome » qui devraient
conduire les personnes handicapées
adultes à accéder à l’autonomie la plus
large dans le milieu ordinaire, la Cour
relève que « la déficience intellectuelle,
en tant que telle, n’a pas fait partie du
protocole défini par le comité national
de suivi… La manière dont cette action
est conduite privilégie de fait les
personnes en situation de déficience
motrice ou sensorielle pour lesquelles
la compensation paraît a priori possible
et écarte ab initio les personnes en
situation de déficience intellectuelle qui
forment pourtant 70 % de la population
accueillie dans les institutions ».
- Les réflexions sur le vieillissement
des personnes handicapées sont
menées « sous la pression des faits »
et « aucune disposition législative et
réglementaire de portée générale n’a
encore été prise dans ce domaine ».
En témoigne, de 2001 à 2003,
l’inscription budgétaire de la création de
127 places seulement pour les
personnes handicapées vieillissantes !
Comme le note la Cour, « il est
impossible d’évaluer le besoin, mais
l’on peut douter que la création de 127
places suffise à le satisfaire ». Notons
que pour le seul exemple de la trisomie
21, l'espérance de vie des personnes
atteintes de cette maladie était de 9
ans en 1929, 55 ans en 1986 et tend à
rejoindre celle de l'ensemble de la
population depuis quelques années...
Des chiffres sévères...
Les chiffres présentés par la Cour pour
1999 révèlent l’absence de recherche
thérapeutique sur la trisomie 21.
C'est la première fois que des chiffres
officiels dénonçant cet état de fait, sont
publiés.
Pour l'année 1999 :
- le coût du dépistage de la trisomie
21 s'élève à 100 millions d’euros,
- 85 434 caryotypes fœtaux ont été
faits pour dépister 1 405 enfants
trisomiques,
- 357 enfants trisomiques sont nés
vivants,
Par ailleurs il n'y a aucun projet de
recherche publique à visée
thérapeutique pour les personnes
trisomiques.
La direction générale de la santé a
même indiqué à la Cour que « si l’on
exclut les équipes de chercheurs qui
travaillent sur le dépistage de la
trisomie 21 proprement dit et les
facteurs épidémiologiques associés à
cette pathologie », elle n’a
« connaissance d’aucune équipe
dédiée spécifiquement à la relation
entre trisomie 21 et retard mental »,
précisant que « les seules recherches
cliniques sur la trisomie 21 sont
menées et diffusées par une fondation
privée et trois équipes hospitalières ».
Commentaires des associations
Cette absence de recherche :
- est contraire à l’intention affichée
par le Pr. Jean-François Mattei, dans
son rapport de décembre 1996, d’éviter
toute dérive eugénique ;
- signifie que l’espoir thérapeutique
est interdit, non seulement pour les
enfants trisomiques qui naîtront, mais
aussi pour tous les adultes concernés,
dont l’espérance de vie a doublé ;
- constitue un grave préjudice pour
les 50 000 personnes trisomiques en
France. Quels patients accepteraient
que l'Etat investisse 100 millions
d'euros par an pour les dépister et les
"éradiquer" en les privant de toute
recherche thérapeutique ? Imagine-t-on
un tel rapport sur le cancer ou le sida ?
- conduira à de nouveaux arrêts
Perruche : il ne suffit pas d’écrire dans
la loi que «nul ne peut se prévaloir d’un
préjudice du seul fait de sa
naissance », encore faut-il que la
solidarité nationale existe.
En cette année européenne des
personnes handicapées, et dans le
cadre de la priorité du Président de la
République, des associations
réclament qu’un effort très sensible soit
consenti pour améliorer la prise en
charge médicale et la recherche en
faveur des personnes trisomiques.
Lettre mensuelle gratuite, publiée par la Fondation Jérôme Lejeune - 31 rue Galande 75005 Paris
Directeur de la publication : Jean-Marie Le Méné - Rédacteur en chef : Aude Dugast
[email protected] - Tel
: 01.55.42.55.14 - Imprimerie PRD
S.A.
– N° ISSN
1627 – 49 89