Giovanni Ricci Les croisades tardives: projets, résistances, polémiques (1453-1683) Mon intervention analysera quelques croisades (ou projets de croisade) en mettant en rapport les faits concrets, les formulations officielles et les voix de la critique plus ou moins explicite. Les croisades concernées sont celles de 1464, 1481, 1518, 1571; le point d’arrivée sera la constitution de la Sainte Ligue à la suite du deuxième siège turc de Vienne en 1683. Suivant les cas, nous verrons les résistances contre la croisade provenir des sources les plus variées : chroniqueurs anonymes, poètes populaires, grands intellectuels tels que Machiavel ou Guichardin, et même le Sénat vénitien ou bien la monarchie de France, officiellement "Très Chrétienne". Un éventail très large d’attitudes se manifeste, de la polémique sociale et religieuse jusqu’à l’évaluation stratégique, de la résignation face à la puissance ottomane jusqu'à l’ironie tout court. En outre, sur le terrain de la résistance à la croisade, on peut ébaucher un autre chapitre d’un phénomène connu dans ses termes généraux, c’est-à-dire l’anticléricalisme populaire dans l’Italie de la Renaissance. Pour des raisons de prudence, le discours anti-croisade ne bénéficie pas d’une continuité visible, mais il suit un parcours presque karstique, fait d’immersions et de retours à la surface.