trouver des conditions favorables àleurdéveloppement.L’évolution delaréserve vers une
fermeture quasiment complètedes peuplementsparlaforêt conduit à terme à unappauvrisse-
ment en espèces végétales et animales. Parmi les animaux connuset inventoriés,les papillons
et certains oiseaux préférant les milieux ouvertssont fortement concernés,mais uncortège
d’autres espèces moins connues le sont sans douteaussi.
Ainsi les falaises en borddemer,pratiquement dépourvues de végétation,sont le refuge d’oi-
seaux marins nicheurs comme les Sternes (
Sternafuscata
L.) et les rares Paille-en-queue(
Phaeton
aethereus
Peters).
Les zones d’érosion présentent labiodiversitélapluspauvre. Mais elles comprennent une Cypé-
racée rare (
Rhynchospora tenuis
Link),et l’Engoulevent coré (
Caprimulguscayennensis
),espèce
protégée au niveau national, y niche. Dans les arrière-mangroves,lasursalinitédes sols empêche
touterecolonisation végétale,mais laisse placeàd’innombrables colonies decrabes,participant
àlachaîne alimentaire delamangrove.
Siles mangroves delaréservenecomptent comme végétation que5espèces dePalétuviers
(dont une rare),l’avifaune y est remarquablement diversifiée avec53espèces. Ces mangroves
sontaussi le lieu dereproduction denombreuses espèces depoissons. Les bois deplage sur
sable se présentent comme debelles futaies,lieu deprédilection des crabes terrestres,et
abritent deux arbres devenus très rares :l’Ennivrage (
Piscidiacarthagenensis
Jacq.) décimé pour
lapêche parempoisonnement,et le Mahot borddemer (
Hibiscus tiliaceus
L.) dont l’écorce
fibreuse était prélevée pourlafabrication decordes.
Les “bois couchés” àraisiniers borddemer (
Coccoloba uvifera
Jack) et àpoiriers [
Tabebuia
pallida
(Lindl.) Miers]constituent unhabitat àpart,lié àl’exposition permanenteaux ventsdomi-
nantschargés d’embruns. Ils se présentent comme des alignementsparallèles serrés d’arbres en
drapeau,riches de 34espèces dephanérogames malgré les contraintes très fortes du milieu.
Les “savanes” d’origine anthropiquecorrespondent au stade ultime dedégradation des forêts,
mais on y trouvedes espèces rares en Martinique(Fournet,1978) comme
Rhynchospora tenuis
Link,
Spiranthes torta
(Thumb.) Garay et Sweet, unlis blanc[
Hymenocallis cf. fragrans
(Salisb.)
Salisb.], et
Curculigo scorzonerifolia
(Lam.) Baker,espèceréputée guyanaise et dont c’est l’unique
station naturelle martiniquaise. Ces “savanes” constituent le milieu privilégié denombreuses
espèces depapillons,quisont beaucoupmoins abondantsenmilieux fermés.
Surles versants,lasurprenanterichesse des fourrés àMyrtacées et àCrotons (73 espèces végé-
tales dont 65espèces ligneuses) tient au mélange des espèces pionnières et des espèces préfigu-
rant laforêt à venir. Ces fourrés abritent divers animaux quiaiment les lieux “secrets”,secset peu
fréquentés,comme le Colibri falle vert (
Eulampis holosericeus
). Les formations àbois rouge (
Cocco-
loba swartzii
Meissn.) ou àraisiniers grandes-feuilles (
Coccoloba pubescens
L.),quileursuccèdent,
constituent le stadepost-pionnier delaforêt xérophile,et présentent une richesse tout aussi
importante,mais partiellement différente. Plusieurs espèces très rares y sont recensées dont une
espèceendémiquedelapresqu’île delaCaravelle,
Coccoloba caravellae
Sastre et Fiard.
Dans les fondsde vallons plats,le sol alluvialprofondpermet lacroissancedegrandsarbres
parmi lesquels le Courbaril (
Hymenaeacourbaril
L.). Cemilieu convient particulièrement bien à
des oiseaux rares :laGorge-blanche et le Carouge (
Icterusbonana
L.) endémiquedelaMarti-
nique. Ilest pluspauvre en végétaux àcause deladensitédu couvert (44 espèces dephané-
rogames),mais abrite uncortège mésophile uniquedans laréserve.
Dans quelques îlotsdifficiles d’accès,se maintient laforêt àAcomats(
Sideroxylon foetidissimum
Jacq) et àCourbarils,considérée comme laplusproche du climax probable des versants:laforêt
xérophile semi-sempervirente(Duss,1897). Lesous-bois est principalement constituéd’espèces à
200 Rev.For. Fr. LIII -numéro spécial 2001
M ICHEL V ENNETIER - C LAUDE S ASTRE - RONALD B RITHMER