
Journal Identification = IPE Article Identification = 1475 Date: April 14, 2016 Time: 2:35 pm
L’imagerie cérébrale en psychiatrie clinique : du diagnostic différentiel au machine learning
caractérisé ; de 59%à85%pour l’épisode dépressif carac-
térisé résistant au traitement médicamenteux ; de 79 % pour
le trouble bipolaire ; de 68%à90%pour les troubles du
spectre autistique et de 81%à92%pour la schizophrénie
(pour une revue de la littérature sur l’utilisation du machine
learning dans le diagnostic de la schizophrénie, voir [21]).
Ces résultats indiquent une grande capacité de discrimina-
tion des modèles SVM entre sujets malades et sujets non
malades. Cependant les études actuellement disponibles
concernent le plus souvent des sujets à un stade relative-
ment avancé de la pathologie, au cours duquel les anomalies
IRM sont plus marquées qu’en début d’évolution du trouble
et pour lequel l’apport potentiel du machine learning àla
clinique apparaît moins intéressant.
Compte tenu de ces observations, plusieurs travaux ont
évalué l’intérêt du machine learning chez des sujets à risque
de développer des pathologies neurologiques ou psychia-
triques. En effet, chez des sujets présentant des prodromes
ou dans des groupes de sujets à risque, le machine learning
pourrait apporter une prédiction individuelle du risque de
transition vers la pathologie cible à partir d’images IRM
anatomiques. Plusieurs résultats sont d’ores et déjà dispo-
nibles : la méthode de SVM a démontré une précision de
classification pour la transition vers la maladie d’Alzheimer
chez les sujets sains de 94,3%;versunMCIchez les sujets
sains de 81,8%à91,4%;verslamaladie d’Alzheimer
chez des sujets MCI de 60 % à 98,4 % et vers les patho-
logies psychiatriques chez des sujets à risque de 82 % à
92,3 %. Des études en SVM ont également montré des
résultats intéressants pour la prédiction du cours évolutif
de la schizophrénie une fois le diagnostic posé, avec une
précision de la classification entre type épisodique ou conti-
nue de 67 à 70 %. En ce qui concerne le premier épisode
psychotique, une seule étude, à ce jour, a utilisé la SVM
pour prédire l’évolution clinique (à 6 ans), avec une sen-
sibilité de 71 % et une spécificité variant de 61%à68%
[22].
Utilisation à visée thérapeutique
Plus récemment, la SVM a été utilisée en prédiction de la
réponse thérapeutique. Ces modèles utilisent, pour la phase
d’apprentissage, les données d’imagerie recueillies avant
la mise en place d’un traitement, puis le suivi des sujets
permet de constituer les groupes de sujets répondeurs ou
non répondeurs.
Les études SVM ont montré une précision de la clas-
sification pour la réponse au traitement dans l’épisode
dépressif caractérisé allant de 65,22 % à 88,9 %. Concer-
nant la schizophrénie, si de nombreuses études ont exploré
les altérations cérébrales en fonction du pronostic et les
marqueurs d’imagerie permettant de distinguer les patients
selon l’absence de rémission, le machine learning et la
SVM n’ont pas encore été utilisés pour prédire l’absence
de rémission dans cette pathologie [23].
Perspectives
Malgré les résultats très encourageants du machine
learning en psychiatrie et en neurologie, l’impact de ces
techniques sur la pratique clinique psychiatrique a été,
jusqu’à présent, très limité. En effet, les modifications
anatomiques et de connectivité dans les pathologies psy-
chiatriques sont généralement discrètes dans les stades
précoces de la maladie, y compris dans les pathologies où
des modifications morphologiques cérébrales sont les plus
marquées, comme la schizophrénie [24, 25]. Les capacités
de discrimination du machine learning restent malheu-
reusement encore insuffisantes par rapport aux capacités
diagnostiques des psychiatres et son utilisation à visée diag-
nostique, pronostique ou thérapeutique est donc limitée
par un manque de précision. Cependant les performances
du machine learning pourraient être grandement amélio-
rées dans les années futures par l’utilisation de plusieurs
modalités d’imagerie dans le modèle (IRM structurale,
IRM fonctionnelle, DTI, EEG etc.) ou par l’adjonction
de facteurs biologiques autres aux données d’imagerie
(génétique, expression génique, dosages sanguins de fac-
teurs associés aux pathologies etc.). Ainsi, si des données
suggèrent que les approches d’imagerie multimodales aug-
menteraient la sensibilité et la spécificité des modèles de
machine learning [26], il semble licite d’espérer intégrer à
l’avenir ces modèles dans la pratique clinique.
Outre ces nouvelles possibilités offertes en matière
de prédiction, l’imagerie cérébrale apporte également des
perspectives pour la prise en charge des pathologies
psychiatriques à la fois grâce au développement de nou-
velles techniques (comme le neurofeedback guidé par
IRM fonctionnelle) mais surtout par le développement de
la neuronavigation qui permet actuellement d’optimiser
les traitements non médicamenteux comme la stimulation
magnétique transcrânienne répétée (SMTr).
Imagerie et thérapeutique
Malgré des avancées majeures, ces dernières années,
dans la compréhension des mécanismes physiopatho-
logiques sous-tendant les troubles psychiatriques, les
évolutions en ce qui concerne la prise en charge de ces
pathologies fréquentes et invalidantes restent minimes [27].
Dans le domaine de la neuropharmacologie par exemple,
il est important de souligner qu’aucune avancée majeure
n’a été réalisée ces trois dernières décennies, et cette ten-
dance devrait se poursuivre puisque les investissements de
l’industrie pharmaceutique pour la recherche de nouvelles
molécules en santé mentale sont actuellement largement
diminués [28].
C’est dans ce contexte que se sont développées plusieurs
techniques non médicamenteuses de neuromodulation :
stimulation cérébrale profonde [29], SMTr [30], stimula-
tion du nerf vague [31] ou stimulation transcrânienne à
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 92, N◦4 - AVRIL 2016 281
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