Extraits du cahier pédagogique de l’album GERGOVIE.. Attention les articles présentés ici ne sont pas complets... Itinéraires des armées Gauloises et Romaines B entre janvier et la fin mai de l’année 52 av. J.-C. C A Les dates seront indiquées avec le calendrier actuel, afin que le lecteur puisse se situer par rapport aux périodes de l’année. Ce sont des dates estimées. Carte A : Déc -53 à mi-février -52, carte B : entre le 7 fevrier et le 6-7 avril -52, carte C : entre la fin de la première semaine d’avril et la fin juin -52. Dans l’album on pourra également voir apparaître les notions « au début de l’hiver»,« vers le » et «aux alentour du ». A la fin de l’année 53 av. J.-C. « César ramena l’armée, diminuée de deux cohortes, à Durocortorum, capitale des Rèmes et, y ayant convoqué l’assemblée de la Gaule, il résolut de s’occuper de la conjuration des Sénons et des Carnutes. Acco, qui en avait été le chef, reçut sa sentence de mort et subit son supplice selon les anciens usages. Quelques autres prirent la fuite dans la crainte d’un jugement… César établit deux légions en quartiers d’hiver chez les Trévires, deux chez les Lingons, et les six autres sur les terres des Sénons, à Agedincum. Lorsqu’il eut pourvu aux subsistances de l’armée, il partit pour l’Italie, selon sa coutume, pour y tenir l’assemblée du pays ». (Bello Gallico, fin du liv 6) César avait accepté, un an auparavant, la soumission du Sénon Acco qui lui avait donné cent otages en garantie. Il vient de trahir sa parole, dès lors la colère gronde. Un autre évènement va précipiter le chef gaulois Commios dans la révolte : il était encore, l’année précédente, proche de l’état-major du général romain, mais le génocide ordonné par César contre le peuple éburon lui pose un problème de conscience. A cela s’ajoute la tentative d’assassinat fomentée par Labienus (d’après César) contre Commios qui y échappe et s’enfuit, dès lors il devient un adversaire implacable des Romains. Plutarque dans sa Vie de César (chap. XXV), nous donne des informations précieuses : César a besoin d’hommes pour combler les pertes dues à ses combats de l’année précédente contre les Bellovaques : « Pour remplacer les légions qu’il avait perdues, il lui en était venu trois d’Italie, dont deux lui avaient été prêtées par Pompée, et la troisième venait d’être levée dans la Gaule aux environs du Pô. Cependant, on vit tout à coup se développer, au fond de la Gaule, des semences de révolte que les chefs les plus puissants avaient depuis longtemps répandues en secret parmi les peuples les plus belliqueux… On était d’ailleurs dans le fort de l’hiver ; les rivières étaient glacées, les forêts couvertes de neige, les campagnes inondées étaient comme des torrents, les chemins, soit ensevelis sous des monceaux de neige, soit couverts de marais et d’eaux débordées, étaient impossibles à reconnaître. Tant de difficultés faisaient croire aux Gaulois que César ne pourrait les attaquer. Entre les nations révoltées, les plus considérables étaient les Arvernes et les Carnutes, qui avaient investi Vercingétorix de tout le pouvoir militaire… » Cependant, il y a doute sur l’endroit où fut formée la dernière légion, car Suétone écrit « Il ajouta d’autres légions à celles qu’il avait reçues de la république, et il les entretint à ses frais. Il en forma même, dans la Gaule Transalpine, une dernière, à laquelle il fit prendre le nom gaulois d’Alauda, qu’il sut former à la discipline des Romains, qu’il arma et habilla comme eux...» (Jules César, 24) Photos Viaromana - Coralie Cachoir et Marianne Guegan Légionnaire romain « époque Guerre des Gaules », une efficacité dans les combats de plaine. Vercingétorix prend le pouvoir. Toujours dans le Bello Gallico (liv 7-§ 1 à 3) : « Les principaux de la Gaule s’assemblent dans des lieux écartés et dans les bois ; ils s’y plaignent de la mort d’Acco ; ils se disent qu’il peut leur en arriver autant ; ils déplorent le sort commun de la Gaule ; ils offrent toutes les récompenses à ceux qui commenceront la guerre et rendront la liberté à la Gaule au péril de leur vie. Tous conviennent que la première chose à faire, avant que leurs projets secrets éclatent, est d’empêcher César de rejoindre l’armée ; ce qui sera facile parce que, pendant son absence, les légions n’oseront pas sortir de leurs quartiers d’hiver, et que lui-même n’y pourra parvenir sans escorte... A la suite de cette discussion, les Carnutes déclarent qu’ils s’exposeront à tous les dangers pour la cause commune... Ce jour arrivé, les Carnutes, sous les ordres de Cotuatos et de Conconnetodumnos, hommes déterminés à tout, se jettent, à un signal donné, dans Cenabum (Orléans), massacrent les citoyens romains qui s’y trouvaient pour affaires de commerce, entre autres C. Fusius Cita, estimable chevalier romain, que César avait mis à la tête des vivres, et ils pillent tous leurs biens. La nouvelle en parvient bientôt à toutes les cités de la Gaule… En effet, la première veille n’était pas encore écoulée que les Arvernes savaient ce qui s’était passé à Cenabum au lever du soleil, c’est-à-dire à cent soixante milles environ de chez eux. » des promesses que l’on a faites. Bientôt, il entraîne les Sénons, les Parisii, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes et tous les autres peuples qui bordent l’océan : tous s’accordent à lui déférer le commandement. Revêtu de ce pouvoir, il exige des otages de toutes les cités, donne ordre qu’on lui amène promptement un certain nombre de soldats et décide ce que chaque cité doit fabriquer d’armes, et l’époque où elle les livrera. Surtout, il s’occupe de la cavalerie ; à l’activité la plus grande il joint la plus grande sévérité ; il détermine les incertains par l’énormité des châtiments... » (liv 7-4) César résume en ces quelques lignes l’ascension de Vercingétorix. Les principaux chefs gaulois s’assemblent au milieu des bois et dans des lieux écartés. Lors de ces réunions, les Gaulois constituent un conseil suprême. Quel est celui qui peut devenir chef de la coalition ? Sans aucun doute, le prince d’un peuple important. Les Bellovaques pansent leurs plaies de l’année précédente ; restent, plus au Sud, deux peuples puissants : les Eduens et les Arvernes. A cette époque, les Eduens sont, par leur système de démocratie élective, complètement divisés. C’est donc parmi les Arvernes, que les Gaulois conjurés choisissent leur chef. Cela tombe bien, le royaume Arverne est situé au beau milieu de la Gaule « Celtique » et Vercingétorix est un excellent tribun. L’assemblée désigne également un véritable conseil constitué de chefs qui ont une grande personnalité mais aussi une grande expérience : le Carnute Cotuatos, associé à un autre chef (mais hormis le déclenchement des hostilités à Cenabum, César ne les mentionne plus), Commios l’Atrébate, et Luctérios le Cadurque. Ces deux personnages représentent deux populations gauloises géographiquement éloignées, les Atrébates localisés entre la Lys et l’Escaut, nation faisant partie des peuples bellovaques, et les Cadurques situés dans la région de Cahors. Ces deux chefs donneront du fil à retordre à César, bien après Alésia. Photo Teuta Arverni - Julien Romiguière Ces Gaulois arvernes sur le site de Corent, en marche pour Gergovie, n’ont pas encore, pour les plus riches d’entre eux, revêtu leur cote de mailles. Casques et glaives sont dans les baluchons. Seuls boucliers, lances et enseigne indiquent qu’ils vont rejoindre une concentration armée. C’est à ce moment qu’apparaît «… Un jeune Arverne très puissant, Vercingétorix, fils de Celtillos qui avait tenu le premier rang dans la Gaule et que sa cité avait fait mourir parce qu’il visait à la royauté, qui assemble ses clients et les échauffe sans peine. Dès que l’on connaît son dessein, on court aux armes ; son oncle Gobannitio, et les autres chefs qui ne jugeaient pas à propos de courir une pareille chance, le chassent de la ville de Gergovie. Cependant, il ne renonce pas à son projet, et lève dans la campagne un corps de vagabonds et de misérables. Suivi de cette troupe, il amène à ses vues tous ceux de la cité qu’il rencontre ; il les exhorte à prendre les armes pour la liberté commune. Ayant ainsi réuni de grandes forces, il expulse à son tour du pays les adversaires qui, peu de temps auparavant, l’avaient chassé lui-même. On lui donne le titre de roi et il envoie des députés réclamer partout l’exécution César entreprend la pacification des cités gauloises. « Le lendemain, étant arrivé à Vellaunodunum, ville des Sénons, et ne voulant pas laisser d’ennemi derrière lui pour que les vivres circulassent librement, il résolut d’en faire le siège, et en acheva la circonvallation en deux jours. Le troisième jour, la ville envoya des députés pour se rendre ; et il fut ordonné aux assiégés d’apporter leurs armes, de livrer leurs chevaux et de donner six cents otages. César laissa, pour faire exécuter le traité, le lieutenant C. Trébonius et, sans perdre de temps, il marcha sur Cenabum, ville des Carnutes, qui tout récemment instruits du siège de Vellaunodunum, et croyant qu’il durerait plus longtemps, rassemblaient des troupes qu’ils devaient envoyer au secours de la première ville. César y arriva le second jour et établit son camp devant la place ; mais l’approche de la nuit le força à remettre l’attaque au lendemain : il ordonna aux soldats de tenir prêt tout ce qu’il faut en pareil cas et, comme la ville de Cenabum avait un pont sur la Loire, dans la crainte que les habitants ne s’échappent la nuit, il fit veiller deux légions en armes. Un peu avant minuit, les assiégés sortirent en silence et commencèrent à passer le fleuve. César, averti par les éclaireurs, mit le feu aux portes, fit entrer les légions qui avaient reçu l’ordre d’être prêtes et s’empara de la place. Très peu d’ennemis s’échappèrent ; presque tous furent pris, parce que la faible largeur du pont et des issues arrêta la multitude dans sa fuite. César pilla et brûla la ville, abandonna le butin aux soldats, fit passer la Loire à l’armée et arriva sur le territoire des Bituriges.» (liv7-11) Le calendrier plausible donné par nos cartes suit le Bello Gallico : « Vercingétorix, à la nouvelle de l’approche de César, leva le siège et partit audevant de lui. César avait résolu d’assiéger Noviodunum, ville des Bituriges, placée sur sa route.» Vercingétorix est en retard sur le chef romain, il ne peut qu’envoyer sa cavalerie, et c’est là que nous faisons jouer un rôle à Vercassivellaunos, son cousin au regard du texte de César. Toutes les légions romaines ne sont pas encore arrivées quand «… Des députés en étaient sortis pour le prier de leur pardonner et de leur conserver la vie ; César… leur ordonna de lui apporter les armes, lui amener les chevaux, lui donner des otages. Une partie des otages avait Cavalier gaulois Photo Mediomatrici déjà été livrée, et le reste du traité s’exécutait en présence des centurions et de quelques soldats qu’on avait introduits dans ne reste plus qu’une seule stratégie valable : la pratique de la terre la place pour recueillir les armes et les chevaux, lorsqu’on brûlée. « Cet avis étant unanimement approuvé, on brûla en un aperçut au loin la cavalerie des ennemis qui précédait l’armée jour plus de vingt villes des Bituriges… On délibéra dans l’assemde Vercingétorix. Dès qu’ils l’aperçurent et qu’ils eurent l’es- blée générale s’il convenait de brûler ou de défendre Avaricum. poir d’être secourus, les habitants poussèrent un cri et com- Les Bituriges se jetèrent aux pieds des autres Gaulois : ‟ Qu’on mencèrent à prendre les armes, à fermer les portes… Les cen- ne les force pas à brûler de leurs mains la plus belle ville de presturions qui étaient dans la ville, comprenant aux mouvements que toute la Gaule, le soutien et l’ornement de leur pays ; ils la des Gaulois qu’ils tramaient quelque nouveau dessein, s’em- défendront facilement, dirent-ils, vu sa position naturelle ; car parèrent des portes l’épée à la main et se retirèrent sans perte, presque entièrement entourée de rivières et d’un marais, elle ainsi que tous leurs soldats. » (liv7-12) On peut estimer qu’il n’offre qu’un accès d’une extrême étroitesse ”. » (liv7-15) faut, pour un effectif de près de 50000 hommes (sans compter les auxiliaires), au moins trois journées entre l’arrivée d’une Pendant le siège d’Avaricum, première légion et celle des dernières sur un lieu proche. A les Gaulois développent plusieurs stratégies simultanées. Noviodunum, la cavalerie gauloise arrive un peu tard, mais engage le combat. La cavalerie romaine venue en renfort semble Comment interpréter le texte de César sur l’attaque avortée sur le point de plier à son tour quand, sans doute parce qu’ils d’un campement de Vercingétorix pendant le siège d’Avariviennent d’arriver, les cavaliers germains s’élancent dans le cum ? Il va pouvoir mettre la main sur le chef gaulois et donc combat. « César fit sortir du camp sa cavalerie et engagea le économiser un siège quand il renonce brusquement : « César combat avec celle des Gaulois. La nôtre commençant à plier, il la fit soutenir par environ six cents caLes Gaulois attaquent des fourrageurs protégés par un groupe de légionnaires. valiers germains qu’il s’était attachés depuis le commencement de la guerre. Les Gaulois ne purent soutenir le choc, prirent la fuite et se replièrent sur leur armée avec beaucoup de pertes. Cette déroute ayant jeté de nouveau la terreur dans la ville, les habitants saisirent ceux qu’ils crurent avoir excité le peuple, les amenèrent à César et se rendirent à lui. Cette affaire terminée, César marcha sur Avaricum (Bourges), la plus grande et la plus forte place des Bituriges » (liv7-13) Le conseil suprême gaulois ne peut que constater la réalité des choses : César a engagé dans son périple toutes ses légions (12 légions, soit environ 55000 à 60000 hommes, sans compter les auxiliaires, 25000 à 30000 hommes). Les cités gauloises de plaine, même celles s’appuyant sur des rivières, ne résistent Photo Pax Augusta pas aux légions romaines. En plaine il Gaulois sur un pont en bois comme il en existait à l’époque de la Guerre des Gaules. Dans les zones marécageuses, les Gaulois excellent face aux troupes romaines, détruisant les quelques ponts derrière eux. Ainsi, pendant le siège d’Avaricum, César doit abandonner l’attaque du campement de Vercingétorix, sans doute après avoir mené des tentatives infructeuses dans les marais entourant le campement du chef gaulois. Le Carnyx, une trompe gauloise en bronze à tête de sanglier est utilisé par les sonneurs gaulois pour galvaniser les troupes et pour diverses sonneries donnant des ordres (attaque, retraite etc...) pendant les combats. Les larges oreilles en tôle fixées de chaque côté de la tête permettent d’augmenter la portée du son. Photo Christian D. Muller - Mediomatrici partit en silence au milieu de la nuit, et arriva le matin près du camp des ennemis...Là, l’affaire semble engagée. César poursuit : « La colline était en pente douce depuis sa base ; un marais large au plus de cinquante pieds l’entourait presque de tous côtés et en rendait l’accès difficile et dangereux. Les Gaulois, après avoir rompu les ponts, se tenaient sur cette colline, pleins de confiance dans leur position, et rangés par familles et par cités, ils avaient placé des gardes à tous les gués et au détour du marais ...À ne voir que la proximité des deux armées, on aurait cru l’ennemi animé d’une ardeur presque égale à la nôtre ; à considérer l’inégalité des positions, on se rendait compte que ses démonstrations n’étaient qu’une vaine parade. Indignés qu’à si peu de distance il pût soutenir leur vue, nos soldats demandaient le signal du combat ; César leur expliqua ‟par combien de sacrifices, par la mort de combien de braves, il faudrait acheter la victoire ; il serait le plus coupable des hommes si, disposés comme ils le sont à tout braver pour sa gloire, leur vie ne lui était pas plus chère que la sienne.” Après les avoir ainsi calmés, il les ramena le même jour au camp, voulant achever tous les préparatifs qui concernaient le siège.» (liv7-19) Que s’est-il vraiment passé ? Et si, pour desserrer l’étau autour d’Avaricum, les Gaulois avaient tendu un piège aux Romains ? César se déplace dans la nuit… Y a-t-il eu quelques assauts sur une position gauloise mal reconnue, protégée par la forêt et les marais ? Toujours est-il que César renonce à se rendre maître de cette position... Extraits du cahier pédagogique de l’album GERGOVIE.. Attention les articles présentés ici ne sont pas complets... Carnyx réalisé par Louis Baumans. Photo les Rauraci AVARICUM Nous n’avons pas abordé le siège d’Avaricum, pour développer dans deux pages spécifiques de la fin de l’album, avec des chercheurs universitaires, des aspects plus techniques sur les différents types et caractéristiques des machines de siège utilisées à Avaricum. César indique cependant la durée de construction de la terrasse, dressée en 25 jours. A peine terminée, la terrasse fut minée, les tours endommagées et partiellement incendiées. César dut les faire reculer. Le surlendemain, César fit progresser une tour (sans doute sur une partie de la terrasse encore intacte. Si celle ci ne peut plus accoster les remparts, le tir d’un scorpio placé à son sommet peut encore provoquer des dégats) quand survint une pluie abondante et violente. Est-ce la pluie salvatrice voulue par les dieux pour les Romains? Est-ce une pluie éteignant le feu couvant dans la terrasse, signe de mauvais présage pour les Gaulois ? Les Gaulois étaient-ils trop confiants devant le revers qu’ils venaient d’infliger aux Romains affamés et avaient-ils diminué le nombre de sentinelles sous les trombes d’eau ? Toujours est-il que César ordonna à ses légionnaires de monter à l’assaut des remparts sans utiliser les tours prévues à cet effet. Les Gaulois furent complètement surpris : soldats et civils, hommes, femmes et enfants furent alors massacrés. GONDOLE - GERGOVIE Egalement dans le cahier pédagogique de l’album... Deux articles sur les fouilles réalisées en région clermontoise rédigés par deux archéologues... Trois pages avec photos, croquis et plans. Photo Yann Kervran - les Ambiani Document AssoR Hist & BD - Eriamel.