Vercingétorix prend le pouvoir.
Toujours dans le Bello Gallico (liv 7-§ 1 à 3) : « Les princi-
paux de la Gaule s’assemblent dans des lieux écartés et dans
les bois ; ils s’y plaignent de la mort d’Acco ; ils se disent qu’il
peut leur en arriver autant ; ils déplorent le sort commun de
la Gaule ; ils offrent toutes les récompenses à ceux qui com-
menceront la guerre et rendront la liberté à la Gaule au péril
de leur vie. Tous conviennent que la première chose à faire,
avant que leurs projets secrets éclatent, est d’empêcher César
de rejoindre l’armée ; ce qui sera facile parce que, pendant
son absence, les légions n’oseront pas sortir de leurs quartiers
d’hiver, et que lui-même n’y pourra parvenir sans escorte...
A la suite de cette discussion, les Carnutes déclarent qu’ils
s’exposeront à tous les dangers pour la cause commune... Ce
jour arrivé, les Carnutes, sous les ordres de Cotuatos et de
Conconnetodumnos, hommes déterminés à tout, se jettent, à
un signal donné, dans Cenabum (Orléans), massacrent les ci-
toyens romains qui s’y trouvaient pour affaires de commerce,
entre autres C. Fusius Cita, estimable chevalier romain, que
César avait mis à la tête des vivres, et ils pillent tous leurs
biens. La nouvelle en parvient bientôt à toutes les cités de la
Gaule… En effet, la première veille n’était pas encore écoulée
que les Arvernes savaient ce qui s’était passé à Cenabum au
lever du soleil, c’est-à-dire à cent soixante milles environ de
chez eux. »
C’est à ce moment qu’apparaît «… Un jeune Arverne très puis-
sant, Vercingétorix, ls de Celtillos qui avait tenu le premier
rang dans la Gaule et que sa cité avait fait mourir parce qu’il
visait à la royauté, qui assemble ses clients et les échauffe sans
peine. Dès que l’on connaît son dessein, on court aux armes
; son oncle Gobannitio, et les autres chefs qui ne jugeaient
pas à propos de courir une pareille chance, le chassent de la
ville de Gergovie. Cependant, il ne renonce pas à son projet,
et lève dans la campagne un corps de vagabonds et de misé-
rables. Suivi de cette troupe, il amène à ses vues tous ceux
de la cité qu’il rencontre ; il les exhorte à prendre les armes
pour la liberté commune. Ayant ainsi réuni de grandes forces,
il expulse à son tour du pays les adversaires qui, peu de temps
auparavant, l’avaient chassé lui-même. On lui donne le titre
de roi et il envoie des députés réclamer partout l’exécution
des promesses que l’on a faites. Bientôt, il entraîne les Sénons,
les Parisii, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Auler-
ques, les Lémovices, les Andes et tous les autres peuples qui
bordent l’océan : tous s’accordent à lui déférer le commande-
ment. Revêtu de ce pouvoir, il exige des otages de toutes les
cités, donne ordre qu’on lui amène promptement un certain
nombre de soldats et décide ce que chaque cité doit fabriquer
d’armes, et l’époque où elle les livrera. Surtout, il s’occupe de
la cavalerie ; à l’activité la plus grande il joint la plus grande
sévérité ; il détermine les incertains par l’énormité des châti-
ments... » (liv 7-4)
César résume en ces quelques lignes l’ascension de Vercin-
gétorix.
Les principaux chefs gaulois s’assemblent au milieu
des bois et dans des lieux écartés. Lors de ces réunions, les
Gaulois constituent un conseil suprême. Quel est celui qui peut
devenir chef de la coalition ? Sans aucun doute, le prince d’un
peuple important. Les Bellovaques pansent leurs plaies de l’an-
née précédente ; restent, plus au Sud, deux peuples puissants
:
les Eduens et les Arvernes. A cette époque, les Eduens sont,
par leur système de démocratie élective, complètement divi-
sés. C’est donc parmi les Arvernes, que les Gaulois conjurés
choisissent leur chef. Cela tombe bien, le royaume Arverne est
situé au beau milieu de la Gaule « Celtique » et Vercingétorix
est un excellent tribun. L’assemblée désigne également un vé-
ritable conseil constitué de chefs qui ont une grande person-
nalité mais aussi une grande expérience : le Carnute Cotuatos,
associé à un autre chef (mais
hormis le déclenchement des
hostilités à Cenabum, César ne
les mentionne plus), Commios
l’Atrébate, et Luctérios le Ca-
durque. Ces deux personnages
représentent deux populations
gauloises géographiquement
éloignées, les Atrébates locali-
sés entre la Lys et l’Escaut, na-
tion faisant partie des peuples
bellovaques, et les Cadurques
situés dans la région de Ca-
hors. Ces deux chefs donneront
du l à retordre à César, bien
après Alésia.
César entreprend la pacication des cités gauloises.
« Le lendemain, étant arrivé à Vellaunodunum, ville des Sé-
nons, et ne voulant pas laisser d’ennemi derrière lui pour que
les vivres circulassent librement, il résolut d’en faire le siège,
et en acheva la circonvallation en deux jours. Le troisième jour,
la ville envoya des députés pour se rendre ; et il fut ordonné
aux assiégés d’apporter leurs armes, de livrer leurs chevaux
et de donner six cents otages. César laissa, pour faire exécuter
le traité, le lieutenant C. Trébonius et, sans perdre de temps, il
marcha sur Cenabum, ville des Carnutes, qui tout récemment
instruits du siège de Vellaunodunum, et croyant qu’il durerait
plus longtemps, rassemblaient des troupes qu’ils devaient en-
voyer au secours de la première ville. César y arriva le second
jour et établit son camp devant la place ; mais l’approche de
Photo Teuta Arverni - Julien Romiguière
Ces Gaulois arvernes sur le site de Corent, en marche pour Gergovie, n’ont pas encore, pour les
plus riches d’entre eux, revêtu leur cote de mailles. Casques et glaives sont dans les baluchons.
Seuls boucliers, lances et enseigne indiquent qu’ils vont rejoindre une concentration armée.