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« Maintenant, avec le tramway, les quarers sont ouverts. Et
il faut garder cet esprit d’ouverture », indique Serge Babary,
maire de Tours et vice-président de Tour(s)Plus chargé
du développement économique. Il faut donc remere
l’ouvrage de la polique de la ville sur le méer. « Amener
des services et du conseil, que les habitants du quarer ont
du mal à aller chercher dans la pare historique de la ville
au moins pour un premier contact. Apporter du nouveau :
des entreprises de services, des nouvelles technologies, la
possibilité de créer des pépinières d’entreprises où vont se
développer des start-up », propose Serge Babary.
Gérard Hamel, maire de Dreux et président de
l’aggloméraon du Pays de Dreux, déconseille de disnguer
les quarers entre eux. « Nous avons la responsabilité de
mere les quarers au même niveau que le centre-ville. La
ville est un tout. La stratégie du développement économique
est à aborder au niveau de l’aggloméraon, voire du bassin
de vie. Si chacun reste dans sa compétence, il n’y a pas de
raison de générer des “conits” entre
les services de la ville-centre et ceux
de l’intercommunalité. Le partenariat
avec l’aggloméraon est indispensable,
même si nous avons au niveau de la ville
une polique propre qui s’exerce sur les
quarers. »
« Dans les petes villes, le développement économique
ne peut pas être ciblé sur un quarer, c’est la dynamique
de l’aggloméraon qu’il faut interroger. Leur dimension
est un avantage pour mener une acon transversale,
même si l’on peut se heurter au cloisonnement des
services administrafs », conrme Christophe Demazière,
professeur en urbanisme à l’université de Tours et vice-
président de Villes au Carré. « Agir à diérentes échelles
n’est pas simple, sachant que grandes entreprises ou
PME, État, collecvités, ont des organisaons diérentes.
Mais des complémentarités peuvent s’établir avec des
élus comme chefs d’orchestre et assembleurs au niveau
local. Décloisonner, c’est un combat : et on peut gagner ce
combat ! »
Frédéric Boullenger, responsable inseron France Nord
chez Schneider Electric, témoigne à ce propos que « dans
les bassins qui marchent bien, il y a un très fort partenariat
entre acteurs publics et privés ». Gageons que la réciproque
est vraie…
« Le retour au quarer, voire
dans le quarer, est bien
en marche », assure Franck
Pilard, directeur Commerce
Valorisaon Collecvités pour
la région Centre-Ouest chez
Veolia Propreté. Les économies
d’échelle trouvent aussi leur
limite. Or, la proximité ore des
avantages et des ressources
parfois insoupçonnées qu’il expérimente sur le terrain, en
mobilisant le personnel de l’entreprise dont une pare est
d’ailleurs logée dans les quarers.
Les quarers sont souvent synonymes de densité de
populaon. Cee densité est un point d‘appui formidable
pour penser et mere en place les services et méers
de demain. Les travaux de prospecve urbaine amènent
à prendre de plus en plus en compte les phénomènes
de congeson urbaine, de chaîne
logisque, de collecte et de distribuon
(en 2025, 19 % du commerce se fera
par internet), mais aussi celle de la
geson des déchets-ressources (société
du recyclage), des encombrants, au
plus près des habitants. Les modèles
de consommaon sont en train d’évoluer et c’est un
nouveau modèle économique qui va émerger, dans lequel
la ressource de l’un est le déchet de l’autre et la geson
des ux et des stocks se devra d’être mutualisée ou, du
moins, pensée à plusieurs, grands et pets acteurs.
Pour les collecvités, ce sont souvent de véritables
casse-têtes que d’agrandir les décheeries, gérer les
encombrants, capter les ux avec les éco-organismes,
imaginer des soluons logisques et de réemploi…
Et si le quarer devenait le socle de la reconstrucon
de la cohérence du territoire ? Lorsque l’on parle de
« changement de regard », il s’agit également d’être
en capacité de remere en queson des manières de
faire tradionnelles. Les acteurs de quarer (inseron,
éducaon, animaon, etc.) sont invités à devenir de
réelles pares prenantes.
Veolia est également concerné par les quarers populaires
où vivent bon nombre de ses salariés.
Tous les quarers font pare intégrante de la ville et en
sont indissociables. Chacun avec son histoire, sa culture,
ses habitants et son ssu économique, comme autant
d’éléments d’un patchwork sur lequel il faut s’appuyer,
dans un contexte qui change. À la nuance près que « la
diversité des territoires et des quarers impose de plus en
plus de prendre en compte leur localisaon et leur état
— rénovaon urbaine faite ou à venir », fait remarquer
Isabelle Séry, responsable de la geson urbaine et de
la geson sociale des quarers à l’Union Sociale pour
l’Habitat.
Nous avons la responsabilité
de mettre les quartiers au
même niveau que le centre
ville. La ville est un tout.
Gérard Hamel
Christophe Demazière, Marie-Laure Beauls, Gérard Hamel, Serge Babary
Franck Pilard