Les phénomènes électriques de l’oreille interne et leur rôle dans les théories de l’audition J.A. Reboul To cite this version: J.A. Reboul. Les phénomènes électriques de l’oreille interne et leur rôle dans les théories de l’audition. J. Phys. Radium, 1938, 9 (10), pp.428-436. <10.1051/jphysrad:01938009010042800>. <jpa-00233611> HAL Id: jpa-00233611 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00233611 Submitted on 1 Jan 1938 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES DE L’OREILLE INTERNE ET LEUR ROLE DANS LES THÉORIES DE L’AUDITION Par le Docteur J. A. REBOUL. Facultés des Sciences et de Médecine de Montpellier. En 1930, Wever et Bray découvrirent que lorsqu’un son vient frapper l’oreille, il se produit limaçon des courants électriques alternatifs de même fréquence que le son excitateur. Après avoir signalé rapidement comment sont disposées les expériences et les résultats qu’elles donnent, l’auteur indique quelles sont les formations de l’oreille interne où prennent naissance ces courants et les conditions nécessaires à leur production ; il explique ensuite théoriquement cette production ainsi que les résultats expérimentaux obtenus. Enfin, dans la dernière partie, il montre les conclusions que l’on peut en tirer au point Sommaire. 2014 dans le de I. Le vue des théories de l’audition. phénomène de Wever et Bray. 1. Appareils et méthode. - Des sons de fréquence connue sont produits par un oscillateur et convenablement modifiés par un système amplificateur ; un oscillographe à rayons cathodiques couplé avec l’oscillateur permet d’enregistrer la forme de l’onde sonore. Les sons ainsi analysés sont conduits au moyen d’un tube acoustique dans le pavillon de l’oreille d’un animal, dont une opération convenable a exposé la cavité de l’oreille moyenne. Une électrode indifférente, reliée au sol, est placée sur les muscles de la nuque de l’animal ; une seconde électrode constituée soit par un fil de platine, soit par une fine mèche imbibée de solution saline physiologique, mise en contact aveè la fenêtre ovale ou ronde, permet de recueillir les courants électriques engendrés par l’excitation sonore; ces courants sont amplifiés, mesurés en intensité et en fréquence, analysés au moyen de l’oscillographe. On constate que l’on recueille des courants alternatifs dont la fréquence correspond exactement à celle du son excitateur. La forme de ces courants reproduit fidèlement celle de l’onde sonore, si bien que, si on transforme ces courants électriques en sons au moyen d’un haut-parleur, un son identique à celui donné par l’oscillateur se trouve reproduit ; la voix d’un opérateur se tenant près de l’animal est aisément reconnue, en un mot l’oreille interne se comporte exactement comme un microphone. 2. Résultats généraux. - Les courants ainsi furent pris par les auteurs de la découverte pour des courants d’action du nerf auditif, mais du fait de la transmission très pure et sans déformation des sons de fréquence supérieure à 8 000, il eut fallu admettre que les fibres du nerf auditif possèdent une période réfractaire beaucoup plus courte qu’aucune fibre nerveuse connue, hypothèse qu’aucune expérience n’est venue confirmer. Adrian (1) le premier suggéra qu’il s’agissait d’un effet microphonique de la cochlée, se basant pour cela sur le fait que ces courants diffusent beau coup plus loin que ne feraient des courants d’action et produits l’action négative de l’application de novocaïne le nerf. En réalité le phénomène est complexe et les courants recueillis se composent des courants cochléaires d’une part et des courants d’action du nerf auditif, d’autre part ; Davis (2) éliminant les courants cochléaires par l’emploi d’électrodes spéciales constituées par une aiguille d’acier placée au centre d’un cylindre au sol, a montré qu’il existe des différences très nettes entre les deux espèces de courant. sur sur Les courants alternatifs cochléaires reproduisent fidélité les ondes de toutes fréquences ; les courants du nerf auditif reproduisent correctement l’onde sonore excitatrice pour des fréquences inférieures à 3 000 ; pour les fréquences supérieures on a encore des impulsions nerveuses en réponse au son, mais irrégulières et non synchronisées avec les ondes a) avec sonores. b) Les courants cochléaires résistent davantage à certaines actions qui réduisent ou suppriment les courants d’action du nerf : applications d’anesthésiques, manque d’irrigation, froid, mort du sujet. c) La réponse électrique cochléaire à une excitation complexe par deux ou plusieurs sons simultanés représente une sommation des effets qui seraient dus à chacun des sons séparément. La réponse du nerf auditif présente au contraire le phénomène du masquage (diminution de la réponse à un son déterminé en présence d’un autre son) ; d) Si on renverse la polarité de l’onde sonore excitatrice, celle de la réponse cochléaire se trouve aussitôt renversée, alors que le courant d’action conserve et sa polarité et sa forme caractéristiques ; e) Enfin les courants cochléaires diffusent dans les tissus voisins beaucoup plus facilement que les courants d’action du nerf et peuvent diffuser dans le nerf lui-même. Quoiqu’il en soit de ces différences, entre courants cochléaires et courants d’action, on voit qu’il est possible de les séparer et d’en faire l’étude ; nous indiquerons plus loin les résultats quantitatifs de expérimentale en les comparant permet de prévoir la théorie. cette étude que Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01938009010042800 à ceux 429 3. Conditions du physiologiques de la production phénomène. - Un certain nombre d’expé- ou d’observations cliniques ont été faites l’origine physiologique des courants électriques cochléaires; il n’est pas question d’exposer ni de dis- riences sur cuter ici ces divers travaux dont les conclusions sont d’ailleurs parfois contradictoires (3); nous voulons simplement les signaler de manière à en les divers faits susceptibles d’être utilisés pour fixer les bases physiques sur lesquelles nous établirons l’explication théorique de la production de ces courants. Certains auteurs ont cherché quel était le rôle des terminaisons nerveuses du limaçon et conclu à une origine neurale du phénomène de Wever et Bray ; d’autres ont étudié l’influence de l’organe de Corti et la majorité d’entre eux concluent à la nécessité de l’intégrité de cet organe pour que l’on ait une bonne réponse cochléaire : une lésion ou une atrophie localisées amoindrissant l’effet ou le faisant disparaître. L’étude de l’influence des fluides labyrinthiques a montré que les modifications de concentration, de nature et de conductibilité des liquides de l’oreille interne jouent un rôle essentiel dans la production des courants. Quoiqu’il puisse y avoir diminution de la valeur fonctionnelle d’un organe sans que nos appareils nous permettent de déceler la moindre modification anatomique, il semble cependant que, de l’ensemble des travaux effectués ou des observations faites, on puisse tirer les conclusions suivantes : l’intégrité de la membrane de Reissner et de la membrane basilaire séparant l’endolymphe de la périlymphe, ainsi que celle des propriétés chimiques de ces liquides, sont nécessaires à la conservation de la valeur fonctionnelle de l’audition. dégager II. Théorie du des ondes sonores dans le limaçon, produisent des variations de capacité de ce condensateur et par suite des variations de potentiel ou des formations de courants électriques quand le circuit est fermé. Montrons que les résultats anatomiques rappelés précédemment s’expliquent très simplement dans cette hypothèse. ex) Une lésion de la membrane de Reissner diminue la différence de potentiel entre les armatures du condensateur supposé en tendant à égaliser les compositions des liquides, donc diminue la réponse électrique qui, verrons-nous, est proportionnelle à cette différence de potentiel. ~) Les lésions de la membrane basilaire et de l’organe de Corti agissent soit par un mécanisme analogue, soit par modification du diélectrique du condensateur. y) Les injections de liquides, quels qu’ils soient, dans le labyrinthe doivent modifier la faculté auditive. Si notre hypothèse est correcte, il semble qu’on doit pouvoir, par une injection convenable, augmenter la sensibilité de l’oreille au lieu de la diminuer; il serait intéressant de tenter des expériences dans ce sens. Une autre série d’expériences, pouvant aussi donner des résultats intéressants consisterait à étudier l’influence de courants continus modifiant par polarisation ou autrement la réponse cochléaire. Wever et Bray (5) ont fait des expériences dans ce sens et trouvé qu’un courant polarisant diminue la réponse, mais leurs expériences sont incomplètes et mérite- raient d’être reprises. b) En somme le mécanisme de l’oreille interne se rapprocherait de celui d’une ancienne expérience de Duter que nous rappellerons : deux récipients de verre R et r se trouvent à l’intérieur l’un de l’autre (fig. 1) ils sont remplis d’un liquide conducteur dont phénomène. 1. Hypothèses fondamentales. - a) Si on se reporte aux schémas anatomiques simplifiés donnés voit que l’oreille interne est conducteurs séparés par des membranes isolantes ; elle constitue en quelque sorte un condensateur dont le diélectrique serait la membrane basilaire supportant l’organe de Corti et les deux armatures formées, d’un côté par la périlymphe et de l’autre par l’endolymphe. Il existe entre ces 2 armatures une différence de potentiel due à ce que la concentration et la nature des liquides sont différentes ; le rôle de la membrane de Reissner serait de maintenir séparés ces 2 liquides et par suite de maintenir la différence de potentiel (*). Nous admettrons que les variations de pression sur la membrane basilaire, conséquences du passage précédemment (4) on formée de 2 liquides (*) Il est possible que le rôle de la membrane basilaire soit le même que celui de la membrane de Reissner, le diélectrique ne serait constitué que par l’organe de Corti ; c’est là un point que nous ne saurions préciser. Fig. 1. les manomètres T et T’ indiquent la pression; deux électrodes El et E2 permettent d’établir une différence de potentiel entre les liquides. Dès que l’on porte El et E2 à des potentiels différents, on constate qu’il s’établit une dillérence de pression, cette dernière s’explique très simplement parce que le diélectrique formé par le verre du récipient intérieur augmente de volume avec la charge, d’où baisse de niveau en T et hausse en T’. Inversement, si l’on produit une différence de pression entre les deux récipients, elle entraînera une variation de d. d. p. entre El et E2 et par suite, si le circuit est fermé, un courant dont les variations suivront celles des variations de pression. Les résultats de ces expériences s’expliquent facilement en admettant qu’il y a variation de la constante 430 diélectrique du verre sous l’action de la pression. Le phénomène serait le même, quoique plus difficilement observable, si au lieu d’une d. d. p. auxiliaire entre El et E2 il y avait simplement une diff érence de nature ou de concentration des liquides contenus dans R et r ; on voit que, dans ce dernier cas, le schéma de l’expérience de Duter ressemblerait singulièrement à celui que nous avons donné précédemment pour l’oreille interne réduite (4). c) Nous avons indiqué antérieurement comment le passage des ondes sonores dans l’oreille interne se traduit par des oscillations transversales de la membrane basilaire et des variations de pression sur sa surface. Le mécanisme physique de la production des courants cochléaires pourrait donc être double : 10 Sous l’influence des variations périodiques de pression, on aura des variations de la constante diélectrique ou de l’épaisseur de la membrane, et par suite, variation de capacité ; si le circuit est fermé, il se produira un courant alternatif de même période que le son excitateur ; 20 Sous l’influence des variations d’élongation de la membrane qui peut être considérée comme extensible, il y aura variation de surface du diélectrique et des armatures, par suite variation de capacité et apparition de f. e. m. alter- 2. Influence des variations de pression. Soit C la capacité d’un des condensateurs élémentaires précédents, V la différence de potentiel entre ses armatures séparées par une distance l, on veut calculer la variation de potentiel dV qui correspond à une variation de pression dp. La charge du condensateur étant q et dq sa variation, si l’on prend p et V comme variables indépendantes, la quantité d’électricité mise en jeu dans un changement infiniment petit sera de la forme : - et la variation de Si admet que pour de mêmes valeurs de p et 17 est la même (principe de l’état initial et de l’état final), on doit avoir : on l’épaisseur 1 D’autre part le l’électricité donne principe rt Enfin la variation de native. Remarquons que si l’on cherche à résoudre le problème en considérant, comme dans le cas de l’expérience de Duter, que l’on a affaire à un condensateur unique formé par la membrane basilaire et les liquides de l’oreille interne, les variations de pression et d’élongation n’étant pas les mêmes aux divers points de la membrane le calcul de la variation de potentiel résultante sera difficile et nécessitera l’introduction d’hypothèses compliquées ; aussi admettronsnous que tout se passe comme si l’on avait une série de condensateurs élémentaires juxtaposés, pour chacun de ceux-ci on pourra admettre que les variations de pression ou d’élongation sont bien déterminées et calculer ainsi les variations correspondantes du potentiel. Cette dernière supposition revient à dire que sur la membrane basilaire se trouvent, associés en parallèle, une série de condensateurs élémentaires auxquels on peut d’ailleurs donner une individualité anatomique en admettant que l’une des armatures de chacun d’eux est constituée par la fibre nerveuse aboutissant au point considéré et le diélectrique par la cellule de Corti correspondante. Une telle interprétation offre ceci d’intéressant qu’elle se rapproche, quoique sur une base toute différente, des théories de localisation. Le problème se trouve ainsi ramené au calcul fort simple des variations de potentiel en chaque point de la membrane basilaire ; nous ferons ce calcul d’abord pour les variations de pression seules, puis pour les variations d’élongation et nous montrerons que l’effet de ces dernières est négligeable par rapport à l’effet des premières. l’épaisseur le principe de compte de (1) sa et de la conservation de Il7 l’énergie étant : conservation donnera (2) à 1-1 rln en tenant A1 Ai Or les expériences de Duter ont montré que l’on pour les condensateurs a il s’ensuit que d’où Si le circuit est fermé comme dans le cas des expériences de Wever et Bray, une variation de pression dp produit une variation de capacité dC qui lui est proportionnelle ; la différence de potentiel étant invariable Vo, on aura donc une variation de charge dq V, dC KV, dp. = = sa se produira dans le circuit un courant alternatif, fréquence sera la même que celle des variations dp et son Il intensité n - Si le circuit n’est pas fermé tout opérait à charge constante on d’où finalement se passe comme si 431 Dans cette relation C représente la capacité du condensateur élémentaire à pression constante (en l’absence de son), le potentiel à chaque instant aura pour valeur ou en développant en série et limitant en se au pre- mier terme -- Notons que la constante K qui intervient dans formules dépend des conditions physiologiques, elle pourra changer si les variations de pression sont suffisantes pour provoquer des modifications physiologiques et par suite physiques de la membrane. On a vu (4) que p est une fonction de t et de x abscisse du point de la membrane basilaire correspondant au condensateur élémentaire considéré, cette fonction a pour expression dans le cas général retenir que les premiers termes, mais cela donnerait : qui montre encore que V n’est pas proportionnel à sin 6) t et n’aura pas la forme de la vibration excitatrice. Si donc on admet une relation entre la réponse électrique et les phénomènes de l’audition, on arrive à l’importante conclusion que les oscillations de la membrane basilaire ne sont pas le phénomène essentiel, conclusion qui infirme les hypothèses émises jusqu’ici. ces où X et z’ sont des fonctions de mentaire expression au de la différence de même - x. On aura par suite pour expression du cochléaire élémentaire correspondant à un et pour 4. Conclusions. Dans le cas des expériences de Wever et Bray, le circuit de chacun des condensateurs élémentaires considérés plus haut est fermé sur les appareils de mesure par l’intermédiaire des électrodes sondes suivant un chemin anatomique plus ou moins compliqué, la réponse électrique R qui est formée par la somme des courants élémentaires Ix exprimés plus haut aura pour expression coura’ t point x potentiel élé- point L étant la longueur de la membrane basilaire. En régime de fonctionnement normal de l’oreille, le circuit de chacun des condensateurs élémentaires reste ouvert, il se produit en chaque point et de part et d’autre de la membrane une d. d. p. alternative r 3. Influence des variations de surface. A chaque instant t l’élongation y d’un point de la membrane est : Az sin (ijt. y - = Soient y’, et y’, les dérivées à 2 instants t1 et t2 1 + l’élément d’arc ds = y’2 dx et l’accroissement relatif de l’aire de la membrane au, point x du temps t1 au temps t2 sera La variation relative de u;; = a s 0, par capacité conservent se charges potentiel sera : suite si l’on admet que les par exemple, la variation de et le potentiel 7~ 1 Ces d. d. p. produiront sur les fibres nerveuses une impulsion qui sera transmise au cerveau, la résultante des impulsions venant de l’ensemble des points de la membrane basilaire correspondantes donnera la sensation de son avec ses divers caractères. La discussion du premier cas doit nous permettre de retrouver les résultats expérimentaux obtenus pour la réponse cochléaire. L’examen du deuxième, nous donnera les points essentiels pour discuter les théories de l’audition actuellement proposées et indiquer dans quel sens doit s’orienter une théorie plus satisfaisante. Remarquons que dans les expressions de R et de I7z qui précèdent, il conviendra (4) de remplacer X par (co + el x) et z’ par la dérivée d’une fonction z qui a pour expression, dans le cas où la fréquence du son est inférieure à 1000 à l’instant t 0. ml et m2 étant racines de l’équation m2 + rn + Il Si au contraire la fréquence f est supérieure à 1 000 = La fonction V n’a donc pas la même forme que l’ébranlement excitateur, il en sera de même de la réponse électrique. Comme il s’agit pourrait développer avec d’ébranlements très petits en série l’expression de V et on ne 432 III. des résultats expérimentaux obtenus pour la réponse cochléaire. Explication 1. Variation de la réponse électrique avec A) Résultats expérimentaux. On fait varier l’intensité du son dont la fréquence reste constante et on mesure l’amplitude de la ré- l’intensité du son. - - ponse électrique pour une trodes. Les résultats sont de la figure 2 construite donnée des élecpar la courbe coordonnées logarith- position représentés en est intéressée par le processus ; ceci est bien d’accord et avec les résultats théoriques que nous a donnés la mécanique de l’oreille interne et avec les résultats obtenus par V. Bekesy dans l’étude des oscillations de la membrane basilaire d’une oreille artificielle et de l’oreille humaine sur le cadavre. En outre, c’est là un argument très fort contre la théorie de résonance telle qu’elle était conçue jusqu’ici (décomposition de la membrane basilaire en résonateurs distincts et isolés). Remarquons tout d’abord sur la formule qui précède que la réponse électrique est proportionnelle à l’intensité du son excitateur caractérisée par l’amplitude z, de l’excitation. Ensuite on voit que cette expérimentaux réponse Fig. 2. miques : la réponse ment à l’intensité .~ croît d’abord proportionnelle- AE de l’excitation (la valeur moyenne de la pente de la partie rectiligne de la courbe est en effet égale à 1), elle passe ensuite par un maximum puis diminue. Il peut arriver que la pente de la droite obtenue soit supérieure à 1, ce fait est attribué par Davis à des courants d’action du nerf auditif qui s’ajoutent aux courants cochléaires. Des anomalies se produisent à des fréquences toujours les mêmes (voisines de 1 000). Si après avoir excité l’oreille par un son extrêmement intense, on revient à des intensités moindres, on constate que les réponses obtenues sont plus faibles. La courbe obtenue est située au-dessous de la première ; c’est là un eeffet comparable à un effet d’hystérésis, qui peut persister plus ou moins long- temps. B) Explication théorique. - La réponse électrique s’écrit est également proportionnelle _ Cette réponse est un courant fréquence que le son excitateur. de ce courant alternatif a pour alternatif de même L’intensité maxima expression L’amplitude de la réponse électrique à chaque instant est donc égale à l’aire limitée par la courbe d’équation L’intégration étant faite entre les points d’abscisses 0 et L, extrémités de la membrane basilaire, il en résulte que, _quelle que soit l’intensité du son excitateur (caractérisée par zo) toute la membrane à V 0; son existence nécessite donc, comme le montre l’expérience, l’intégrité de la membrane de Reissner et de la membrane basilaire séparant l’endolymphe de la périlymphe, ainsi que celle des propriétés chimiques de ces liquides nécessaires au maintien de la différence de potentiel Yo préexistante. Rappelons en outre, que le coefficient K de la formule n’est constant qu’entre certaines limites définies physiologiquement : un accroissement exagéré de pression par exemple, modifiant les conditions de circulation peut très bien changer les propriétés élastiques d’une région de la membrane basilaire. Il en résulte que si l’on fait croître l’intensité du son excitateur, pour une certaine valeur AE de cette intensité la pression atteindra la valeur limite pE à partir de laquelle il y a changement des propriétés élastiques de la membrane ; à partir de cette valeur AE la réponse électrique ne croîtra plus proportionnellement à l’intensité du son excitateur. D’ailleurs, si on continue à augmenter cette dernière intensité, la pression augmentant toujours pour une valeur pu de sa valeur le point de la membrane où se produisent les maxima de pression (point dont l’abscisse dépend de la fréquence du son excitateur) se trouvera affecté d’un dommage temporaire ou permanent et sa réponse électrique sera diminuée ou même abolie. Ces considérations suffisent pour rendre compte de l’existence d’une réponse maxima et des effets d’hystérésis. Soit représentée (fig. 3) la courbe y == K T70 po ce z, ~’ (x) qui limite avec l’axe des x Fig. 3. 433 aire représentant à chaque instant l’amplitude de la réponse électrique ; cette courbe sera facile à construire puisque nous connaissons la fonction ~’(x), sa forme sera plus ou moins compliquée, mais quelle que soit sa complexité, il n’y aura rien de changé à notre raisonnement qui, bien entendu, porte sur les actions efficaces des ondes sonores ou des réponses une électriques. Une augmentation de l’intensité du son excitateur dans un rapport r produit une dilatation des ordonce même rapport sans introduire de changement dans le sens des abscisses ; le passage de l’intensité A1 à l’intensité A2 fera passer la courbe de la position 1 à la position 2, le rapport des surf aces limitées par ces courbes ayant pour nées de cette courbe dans valeur rr A2 === 2013. 1 Il est clair que tant que l’intensité excitatrice inférieure à la valeur limite AE, par conséquent tant que la courbe tout entière sera au-dessous de AE, la réponse électrique croîtra proportionnellement à cette intensité, puisque l’aire limitée par la courbe 2 est r fois plus grande que celle qui est limitée par la courbe 1. Mais si A3 &#x3E; AE la courbe 3 présente un certain nombre de points M C N pour lesquels la limite d’élasticité étant atteinte il n’y aura plus augmentation de la réponse élémentaire électrique, la réponse totale enregistrée par les appareils sera donc diminuée de l’aire limitée par la droite M N et le segment de courbe M C N : en passant de l’excitation A2 à As la réponse électrique aura donc augmenté de la différence des aires limitées par les courbes 2 et 3, diminuée de l’aire à C N ; la variation de la réponse avec A ne sera plus linéaire et la courbe s’infléchira vers l’axe des abscisses comme l’indique les résultats expérimentaux. Si l’intensité de l’excitation augmente toujours, pour ~4~~&#x3E;~4M la pression dépassera la valeur p M au-dessus de laquelle les points correspondants de la membrane basilaire éprouvent un dommage qui diminue ou abolit la réponse élémentaire; supposonsla abolie, la réponse totale devra alors être diminuée de la surface pPqQ. Dès que la perte représentée par cette aire sera supérieure au gain représenté par l’augmentation d’aire correspondant au passage de la courbe 3 à la courbe 4, la réponse électrique diminuera après être passée par un maximum. Si après avoir dépassé le maximum, on revient à une intensité d’excitation inférieure à A ~ ou AE, la réponse obtenue ne sera plus ce qu’elle était antérieurement puisque les points de la membrane basilaire d’abscisses comprises entre p et q précédemment endommagés ne donnent plus de réponse ou en donnent une amoindrie. La réponse obtenue sera diminuée d’une quantité lentement décroissante correspondant aux aires de la zone hachurée ; dès que l’excitation sera inférieure à AE cette diminution sera elle-même proportionnelle à l’intensité excitatrice et la réponse représentée en fonction de cette dernière par au premier et situé segment de droite parallèle dessous un au- (fig. 2). 2. Variation de la réponse électrique avec Si z) Résultats expérimentaux. fréquence. l’on construit, pour les diverses fréquences, les courbes de variation de la réponse électrique en fonction de la - - l’intensité d’excitation, on constate que ces courbes analogues et ne difièrent que par la valeur des maxima obtenus et la position de ces maxima. Quand on enregistre les réponses à l’apex, les réponses maxima sont une fonction linéaire du logarithme de la fréquence lorsque celle-ci varie entre 250 et 3 000, mais la courbe donnant les variations de la réponse enregistrée à la fenêtre ronde pour un stimulus d’intensité constante et de fréquence vasont sera 1 Fig. 4. riable montre que la réponse est maxima pour une fréquence de 1 000 environ, cette valeur maxima correspond à une d.d.p. de l’ordre de 1 millivolt (fig. 4). La formule donnant B) Explication théorique. la réponse électrique montre bien que l’on aura pour les diverses fréquences, des courbes analogues représentant les variations de la réponse en fonction de l’intensité excitatrice, mais les valeurs des réponses maxima et leur position qui dépendent des termes - /"L wo 0 F (x) d x (fonction de la fréquence), varieront celle-ci. D’autre part, l’étude théorique qui a été faite antérieurement (4) a montré qu’il y a augmentation continue des amplitudes de pression avec la fréquence (fig. 5) ; la réponse électrique étant commandée par la pression une augmentation de fréquence à stimulus constant se traduisant par une augmentation des pressions produira donc le même effet qu’un accroissement de l’intensité excitatrice ; il s’ensuit que la réponse cochléaire augmentera d’abord avec la fréquence, puis passera par un maximum quand les pressions produites atteindront des valeurs susceptibles d’endommager les cellules. Et ce maximum doit, semble-t-il, s’obtenir pour les valeurs des fréquences comprises entre 1 000 et 2 000 qui correspondent aux conditions optima de avec . 434 fenêtre gistrées mais f sera il y aura donc entre les réponses enredeux posilions des différences de phase, dernières seront d’autant plus petites que ronde, à ces ces plus grand. La théorie que ~) CHANGEMENT D’AMPLITUDE. nous avons faite de la mécanique de Foreiue interne, a montré que l’amplitude des variations de pression augmente considérablement avec la fréquence (fig. 5) et qu’elle augmente aussi beaucoup de la base de la membrane à l’apex. Il en résulte que pour les grandes fréquences on se trouvera à l’apex dans des conditions de pression supérieures à celles qui correspondent au maximum de la réponse électrique, de sorte que les réponses élémentaires des points de la membrane basilaire voisins de l’apex seront abolies et la réponse obtenue en placant la sonde à l’extrémité du limaçon sera plus petite que si la sonde S3 trouve à la base. Pour les faibles fréquences au contraire, les amplitudes de pression sont plus grandes à l’apex qu’à la base, mais sans danger de dépasser les pressions limites, la réponse sera donc plus grande quand la sonde sera à l’extrémité de la membrane que lorsqu’elle sera à sa base. - ’ Fig. 5. fonctionnement de l’oreille (voir courbes bilité et des sensations douloureuses). 3. Influence de la sondes sur la réponse d’audi- position des électrodes électrique. A) Résultats - Si on enregistre la réponse à un expérimentaux. son de fréquence et d’intensité données en faisant varier la position des électrodes, on constate des changements de deux sortes ex) CHANGEMENT DE POLARITÉ :1 La réponse électrique enregistrée à la fenêtre ronde n’esl pas en phase avec celle qui est enregistrée à la fenêtre ovale : la différence de phase est d’environ 1800 pour les basses fréquences, elle diminue quand la fréquence augmente, pour une fréquence de 4 000 elle n’est - que de 900. ~) CHANGEMENT D’AMPLITUDE :1 La réponse n’a pas la même grandeur si on place l’électrode sur la fenêtre ronde ou sur la fenêtre ovale. Pour les basses fréquences, on obtient une réponse meilleure à la fenêtre ronde et à l’apex ; c’est l’inverse pour les hautes fréquences, la réponse est alors plus grande quand l’électrode est placée à la base (fenêtre ovale). ex) CHANGEMENT DE Dans la théorie que nous avons faite, nous supposons que les quantités d’électricité mises en jeu par les condensateurs élémentaires distribués sur la membrane basilaire circulent dans le circuit extérieur sans y trouver de self induction ni d’autre capacité : il est probable que la self peut être négligée, mais les électrodes appliquées soit sur la nuque de l’animal, soit à J’intérieur de l’oreille introduisent des capacités appréciables qui peuvent produire dans les courants alternatifs obtenus des changements de phase. L,’introduction d’une capacité C îait intervenir un angle de décalage défini par B) Explication théorique. POLARITÉ. - - Ré étant la résistance du circuit et f la fréquence réponse et par suit du son excitateur. Quand F électrode sonde mobile est placée à la fenêtre ovale, les résistance Re et la capacité C n’ont pas les mêmes valeurs que lorsqu"elte est placée à la de la , IV. Les au point du phénomène de Wever et Bray de vue des théories de l’audition. conséquences 1. La perception des sons. Le cas du lonctionnement normal de l’oreille interne est celui où le circuit est ouvert dans l’exposé théorique que nous avons fait plus haut. Il se produit alors en chaque point x de la membrane basilaire Cl, de part et d’autre, de celle-ci une diiféience de potentiel ayant pour - expression, X et~ z’ étant fonctions de x. La fibre nerveuse aboutissant au point z recevra donc une impulsion qui sera transmise au cerveau ; l’impulsion résultante sera proportionnelle aux termes de l’équation indépendants de x, c’esé-à-dire à zo et à sin w t, elle suivra donc les variations d’intensité et de forme de la perturbation excitatrice. En somme, nous admettons que les courants cochléaires sont en corrélation avec l’excitation des fibres nerveuses de la huitième paire. Cette idée émise par J. Guttmann (6), fut reprise par H. Davis (7) qui constata que les potentiels cochléaires peuvent atteindre des valeurs de 1 millivolt c’est-à-dire sont amplement suffisants pour exciter les fibres nerveuses. En faveur de son hypothèse, il donne les arguments suivants : 10 Les courbes de seuil de la réponse cochléaire et de seuil de perception sont rigoureusement parallèles ; 20 On n’a point trouvé d’impulsion nerveuse en l’absence de réponse cochléaire ; 3° Enfin, on peut avoir une bonne réponse cochléaire alors que les impnlsions nerveuses sont 435 déficientes ce qui montre que si ces phénomènes sont nécessaires à la perception des sons, ils peuvent ne pas être suffisants, notamment dans la fibre nerveuse, Vs caractérisera le seuil d’excitation de cette fibre. La courbe représentative de la répartition des amplitudes des d. d. p. le long de la membrane basilaire étant représentée par une des courbes de la figure 3, les fibres intéressées seront celles qui se terminent dans la région A B qui correspond à des potentiels supérieurs à Vs. On remarquera que les courbes de variation de V avec la fréquence seront d’allure identique à celle de variation des seuils de perception ; en outre on voit que Ys étant assez faible presque toutes les fibres de la membrane sont intéressées à la perception. électriques le cas de fibres nerveuses lésées. 2. Les conditions d’excitation des fibres nerDes expériences relatives à auditives. l’excitation de l’oreille au moyen de courants alternatifs de fréquences diverses viennent confirmer ce veuses - ’ qui précède. Andreeff, Gerschuni et Wolochov (8) ont constaté que chez un sujet dont les fonctions cochléaires sont normales, la sensation auditive produite par un courant alternatif de fréquence quelconque, est identique à celle produite par un son pur de même fréquence ; le sujet soumis à ces expériences perçoit un son ayant la fréquence du courant excitateur, au contraire, un sujet porteur d’une lésion cochléaire soumis à des expériences analogues n’éprouve rien d’autre qu’une sensation de bruit ; quelquefois pour des intensités élevées, le sujet perçoit des sensations tonales, mais ces sensations sont indépendantes de la fréquence du courant ; cette dernière variait de 40 à 14 000. Les auteurs admettaient qu’il y avait soit excitation directe des fibres par les courants alternatifs, soit indirectement par génération de vibrations mécaniques produites par les courants. Fromm, Nylén ~ et Zottermann (9) ont également montré qu’en stimulant électriquement le limaçon par des courants alternatifs (au moyen d’une électrode appliquée sur la fenêtre ronde), on obtenait une sensation de son pour des fréquences de 70 à 5 000, les voltages nécessaires étaient de l’ordre de 1 /4 à 1 /2 volt. La présomption est donc très forte en faveur de l’excitation de fibres nerveuses sous l’action des différences de potentiel alternatives qui se produisent aux divers points de la membrane basilaire. - ’ ¡ 3. Mécanisme possible de l’excitation nerToute représentation mécanique de cette excitation doit nous expliquer l’existence d’un seuil d’excitation pour la fibre nerveuse et tenir compte de l’existence d’une période réfractaire. En chaque point de la membrane basilaire existe une différence de potentiel alternative ayant la fréquence du son excitateur, nous supposons que cette d. d. p. est la d. d. p. élémentaire YX indiquée plus haut, mais rien ne serait changé dans nos raisonnements et dans nos conclusions si elle était la résultante de l’ensemble des actions produites au point considéré par les d. d. p. élémentaires apparues en tous les points de la membrane basilaire, puisque ces dernières sont toutes proportionnelles à et à sin W t qui caractérisent l’intensité et la fréquence du son excitateur. veuse. - Si on désigne par Ys la A) Seuil d’excitation. différence de potentiel minima susceptible d’exciter - B) Perception des fréquences, période réfractaire. La fréquence des impulsions nerveuses sera la même que celle du son excitateur puisque ces impulsions sont produites par les différences de potentiel cochléaires. Si la fréquence du son excitateur est inférieure à 8 00, pas de difficulté particulière, les impulsions nerveuses se synchroniseront avec les vibrations et les centres supérieurs recevront des impulsions caractéristiques, en fréquence, du son qui est venu frapper l’oreille. Si la fréquence est supérieure à 800, comme il existe une période réfractaire pendant laquelle les fibres sont inexcitables, il ne peut y avoir synchronisation directe entre les impulsions nerveuses et les ondes excitatrices, autrement dit les fibres nerveuses ne peuvent être excitées à chaque oscillation du potentiel. Des expèriences de Davis montrent que ce n’est pas là qu’une hypothèse ; cet auteur mesure les courants d’actions du nerf auditif aux diverses fréquences, il constate qu’ils sont constants pour une même intensité d’excitation jusqu’à une fréquence d’environ 800 ; pour une valeur de la fréquence comprise entre 800 et 1 000, chute brusque des courants d’action à la moitié de leur valeur, seconde chute au tiers pour f voisin de 1 600 ou 1 700 ; 2 400, puis les impulenfin chute au quart pour f sions nerveuses et les courants obtenus deviennent complètement asynchrones. Davis interprète ces résultats en admettant que pour les fréquences comprises entre 800 et 1 600 la fibre nerveuse ne répond plus qu’à une excitation sur deux, il admet donc qu’à chaque instant il n’y a qu’une fibre sur deux donnant une réponse, donc un courant d’action. Pour les fréquences comprises entre 1 600 et 2 400 chaque fibre ne répond plus qu’à une excitation sur trois et il y aurait trois groupes de fibres. Pour les fréquences plus élevées ces groupes se dissocient et les courants d’une fibre seraient sans relation de phase avec ceux de la fibre voisine : aussi les courants résultants sont-ils asynchrones. Comment se constituent et se différencient ces divers groupes de fibres et pourquoi? On pourrait imaginer le processus suivant : quand la fréquence dépasse 800, après que la fibre a reçu une impulsions . = 436 aux premières alternances du courant alternatif elle ne peut en recevoir de nouvelle de la part des alternances suivantes, tant qu’il ne s’est pas écoulé un temps égal ou supérieur à la période réfractaire, chaque fibre ne reçoit donc qu’une partie de l’énergie des ondes excitatrices et cette partie sera égale au quotient, augmenté d’une unité, de la période réfractaire par la période du son excitateur : quand la fréquence atteint 800, la fibre sera excitée pendant la première alternance et inexcitable pendant la suivante, elle ne percevra qu’une alternance sur deux ; quand la fréquence est 1 600, la fibre est excitée pendant la première alternance et inexcitable pendant les deux suivantes, elle ne reçoit qu’une alternance sur trois, et ainsi de suite. correspondant 4. Les théories de l’audition. Toute théorie de l’audition doit expliquer les deux faits fondamentaux : la perception de l’intensité d’un son et celle de la hauteur, la troisième qualité (timbre) pouvant être considérée comme résultant des deux autres. On voit que ce que nous avons dit peut fournir les bases d’une pareille théorie, qui échapperait aux plus graves critiques que l’on peut faire à celles qui sont actuellement admises sous les noms de théorie de fréquence ou de résonance. - La première théorie A) Les théories de résonance. Helmholtz reliait la perception de proposée par hauteur à la position des fibres stimulées (théorie de localisation), quant à la sensation d’intensité, elle - était reliée au degré d’impulsion nerveuse, qui, suivant la loi dite des énergies spécifiques, est un phénomène capable seulement de variations quantitatives. Une théorie du même genre fut émise plus récemment par Forbes (11), il relie la notion de qualité du son à la place de l’excitation et celle d’intensité. d’une part à la fréquence des impulsions nerveuses (plus un stimulus est intense, plus la fréquence des décharges dans le nerf est grande), d’autre part à une plus grande diffusion de résonance sur la membrane basilaire. La genèse des théories de résonance se trouve au fond dans la tentative faite pour expliquer la loi d’Ohm (décomposition par l’oreille d’un son complexe en ses composantes simples). Au point de vue du physicien tout se passe comme si l’oreille renfermait une série de résonateurs différenciés. Est-ce une raison pour que ces résonateurs existent? Et s’ils existent réellement, pourquoi est-il impossible à une oreille qui n’a pas reçu une éducation spéciale de percevoir les composantes simples d’un son com- plexe ? D’ailleurs si on se place uniquement sur le terrain des faits, on trouve de nombreux arguments contre une théorie de résonance basée sur des déformations localisées de la membrane basilaire : il est absolu- son de fréquence moyenne excite de la membrane basilaire : raptotalité ’presque pelons l’échec des tentatives faites pour léser l’oreille d’une manière spécifique par un son très intense, ainsi que la forme des courbes d’oscillation de la membrane basilaire donnée par les expériences de Von Békèsy. Il est incontestable qu’un son excite, non une fibre ou un groupe restreint de fibres, mais presque toutes sinon la totalité de ces fibres. ment prouvé qu’un la B) Les théories de fréquence. Faut-il alors se les théories de fréquence? Dans de telles théories, la perception de hauteur d’un son est reliée à la fréquence des vibrations : les impulsions nerveuses possèdent la même fréquence que l’excitation, d’où l’analyse centrale et non périphérique de la hauteur du son. L’intensité, elle, serait liée à la diffusion de l’excitation sonore sur la membrane basilaire ; mais que d’objections !1 Ces objections ont été récemment soulignées par Banister (1°). Comment dans cette théorie expliquer la loi d’Ohm, comment expliquer les lacunes tonales, comment expliquer qu’une fibre nerveuse de période réfrac taire voisine de 0,001 seconde puisse transmettre des impulsions de fréquence supérieure à 10 000 ? tourner - vers Les faits sont donc contre les c) Conclusion. théories de résonance et contre les théories de fréquence, les dernières paraissant surtout insuffisantes pour les sons de fréquence élevée et les premières, pour les fréquences faibles. On pourrait peut-être baser une théorie de l’audition sur les phénomènes mécaniques et électriques que nous avons étudiés : une pareille théorie s’apparentant à celles de localisation pour les fréquences élevées et à celles de fréquence pour les basses fréquences, se rapprocherait mieux des faits connus. Quoiqu’il en soit, il semble probable que les phénomènes électriques qui se produisent dans le limaçon forment un chaînon, qui nous manquait, dans la suite des phénomènes qui mène de l’arrivée d’un son au conduit auditif externe à sa perception consciente par les centres auditifs. - BIBLIOGRAPHIE (1) ADRIAN. J. Physiol., 1931, 71, p. 28. (2) H. DAVIS. J. Acoustic. Soc. Americ., April 1935, 6. (3) J.-A. REBOUL. Thèse, Fac. Médecine Montpellier. 1937. (4) J.-A. REBOUL. J. Physique,1938, 7S, 9, pp. 185-194. (5) WEVER, BRAY et HORTON. Science, 1934, 80, p. 18. (6) GUTTMANN. The Laryngoscope, Déc. 1933. (7) H. DAVIS. Americ. J. Physiolog., Feb. 1934, 107. (8) ANDRÉEFF, GERSCHUNI et WOLOCHOV. J. Physiol. U. R. S. S., 18, pp. 250-265. (1) FROMM, NYLEN 22, pp. 477-486. (10) (31) et ZOTTERMANN. Acta Otolaryngol., 1935, BANISTER. American J. of Physiol., 38. FORBES. Amer.J.Physiol. 1926, 37, pp. 157-188. Manuscrit reçu le 10 mars 1938.