C’est en octobre 1992 qu’un décret est promulgué,
définissant l’hospitalisation à domicile comme alternative
à l’hospitalisation traditionnelle. L’hospitalisation à domi-
cile (HAD) est une structure qui met à disposition des
patients toutes les infrastructures pour la réalisation des
soins à domicile : matériel, produits, personnel médical et
paramédical formé aux soins pris en charge. La particula-
rité de l’HAD est de coordonner au chevet du malade les
interventions de plusieurs professionnels, relevant de spé-
cialités ou disciplines différentes et de prendre en charge
des actes complexes et fréquents, comme la chimiothéra-
pie ambulatoire, les perfusions, la nutrition entérale ou
parentérale... De plus, la plupart des structures d’HAD
garantissent la permanence des soins. L’HAD assure des
prestations communément hospitalières ; on dit souvent
que c’est l’hôpital sans murs ou, plus justement, dont les
murs sont ceux du domicile du patient. De manière géné-
rale, des conventions sont passées avec les hôpitaux lo-
caux. L’admission en hospitalisation à domicile se fait sur
prescription médicale, hospitalière ou émane d’un profes-
sionnel libéral. En 2002, on comptait 108 structures
d’HAD en France. Cependant, 33 départements ne comp-
taient aucune place d’hospitalisation à domicile. Deux
grosses structures d’HAD existantes en région parisienne
ont été créées à la fin des années 50 : 1957 pour l’HAD
AP-HP et 1958 pour Santé Service.
Les soins à domicile peuvent être aussi pris en charge
par des cabinets de soins libéraux ou un(e) infirmièr(e)
libéral(e). Certains cabinets de soins sont couplés avec des
services d’aides-soignantes à domicile, ce qui permet le
maintien à domicile de patients nécessitant « une prise en
charge rapprochée ». Les soins infirmiers sont tributaires
d’une prescription médicale, et répondent à une nomen-
clature des soins élaborée par le ministère de la Santé. Le
patient est toujours pris dans son environnement habituel.
Par contre, en ce qui concerne le matériel de soin, il
est soit amené par l’infirmière libérale, soit c’est le patient
qui se le procure chez son pharmacien de ville ou chez un
prestataire de service. Les produits médicamenteux sont
aussi récupérés par le patient chez son pharmacien de
ville, ou à la pharmacie hospitalière pour certains pro-
duits.
Au milieu des années 80, la prise en charge des soins
courants au domicile était habituellement effectuée par le
personnel libéral mais, dès lors qu’il s’agissait de soins de
haute technicité ou nécessitant un matériel spécifique, on
faisait appel à l’HAD. À cette époque, en région pari-
sienne, il y avait peu de structures d’HAD capables de
prendre en charge des enfants à domicile. La raison prin-
cipale était qu’il s’agissait d’enfants, et que les horaires des
perfusions étaient contraignants du fait des deux passages
de nuit, car l’HAD AP-HP ne prenait pas de soins entre
20 h 00 et 8 h 00 et faisait appel à des IDE libérales pour
les soins de nuit. De plus, les soins n’étaient pas rémunérés
à la hauteur de l’investissement que cela demandait.
Compte tenu de la lourdeur des soins, il n’était pas
évident de trouver un professionnel libéral qui pouvait
prendre en charge un patient dans les conditions optima-
les (horaires, temps de présence...). C’est pourquoi, a été
mise en place dès avril 1986 à l’hôpital Necker-Enfants
Malades une structure originale : le Centre de formation
au traitement à domicile de l’enfant (CFTDE). Ce service
est né de l’observation de plusieurs pédiatres qui avaient,
dans leur service, des enfants atteints de maladie chroni-
que ou nécessitant des traitements au long cours. Le but
était que les soins soient réalisés par le patient ou sa
famille après une formation adaptée faite par une forma-
trice du CFTDE. Dans le souci de permettre aux enfants de
rester dans leur milieu familial, tout en assurant les soins
nécessaires à leur pathologie en toute sécurité, cette com-
munauté de services s’est créée pour favoriser le retour à
domicile de ces enfants tout en permettant une certaine
autonomie de la famille par rapport à la maladie dont
souffre leur enfant, et aux soins nécessaires. Ainsi plu-
sieurs pathologies, en plus de la mucoviscidose, sont
prises en charge au CFTDE : les maladies métaboliques,
les maladies du tube digestif nécessitant une nutrition
artificielle, le diabète, la nutrition entérale, les maladies de
l’hémoglobine, les déficits immunitaires primitifs, les hé-
mophiles porteurs de chambre implantable, et plus récem-
ment l’obésité.
Pourquoi proposer une telle prise
en charge dans la mucoviscidose ?
Pour chaque pathologie ou technique, il y a une for-
matrice chargée de l’éducation pour la prise en charge au
domicile de la maladie, et de ses traitements. Sept forma-
trices prennent en charge l’éducation du CFTDE : 2 diété-
ticiennes pour les maladies métaboliques, 2 puéricultrices
pour le diabète, 1 infirmière pour la nutrition parentérale,
et 2 autres infirmières polyvalentes pour les autres patho-
logies.
Le but du CFTDE est en effet d’assurer l’éducation de la
famille pour une meilleure autonomie, ainsi qu’une for-
mation concernant le traitement dont le patient aura be-
soin au domicile. Ainsi pour un retour serein à domicile, et
en toute sécurité, le patient et ou sa famille devient alors
un partenaire à part entière du soin. Permettre à ces
familles de poursuivre les soins à domicile, s’approprier la
connaissance de la maladie et savoir ce qu’il faut faire au
quotidien pour vivre avec, est fondamental. Le défi est
donc d’amener le patient et/ou sa famille à savoir réagir
face aux différents signes cliniques, pouvoir consulter au
moment adéquat, utiliser le système hospitalier à bon
escient, pratiquer les soins en toute sécurité, et, de ce fait,
ne pas se sentir toujours tributaire d’une tierce personne,
et pourvoir s’octroyer des déplacements même lors des
traitements.
Il est nécessaire de tenir compte des besoins des fa-
milles. Certaines familles ne se sentent pas capables de
mt pédiatrie, vol. 8, n° 3, mai-juin 2005 237
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