Revue Hématologie 2006 ; 12 (1) : 21-33 Activation des intégrines et adhérence des leucocytes et des plaquettes Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Nouvelles données sur des voies de signalisation communes Leukocyte and platelet integrin activation and adhesion New data on common signaling pathways Mohamed Bouaouina Lise Halbwachs-Mecarelli INSERM U507, Hôpital Necker, 161 rue de Sèvres, 75015 Paris <[email protected]> Résumé. Une caractéristique des leucocytes et des plaquettes est leur passage très rapide de l’état circulant à l’état adhérent, sous l’effet de stimuli inflammatoires ou thrombotiques. Ce passage se fait grâce aux intégrines, qui changent de conformation pour acquérir une affinité pour des substrats d’adhérence. Des signalisations complexes, dites signalisation inside-out conduisent ainsi à l’activation des intégrines b2 dans les leucocytes et de l’intégrine aIIbb3 dans les plaquettes. Les patients ayant un déficit d’adhérence leucocytaire de type III (LAD-III ou variants LAD-1) souffrent d’infections sévères et de saignements, dus à un défaut de signalisation inside-out se traduisant par un défaut d’activation des intégrines sur les leucocytes et les plaquettes. Ce déficit d’adhérence révèle ainsi l’existence d’éléments communs de signalisation inside-out d’activation des intégrines des cellules du système hématopoïétique. Cette revue, centrée sur les intégrines b2 du neutrophile et aIIbb3 des plaquettes, donne la vision actuelle que l’on peut avoir de la structure de ces intégrines et de leurs changements vers une conformation de forte affinité pour leurs ligands. L’ensemble des fonctions des neutrophiles et des plaquettes faisant intervenir les intégrines est détaillée. La dernière partie rapporte les données les plus récentes concernant les voies de signalisation inside-out, déclenchées par différents stimuli dans les cellules hématopoïétiques, pour en souligner les points communs. Mots clés : neutrophile, plaquette, intégrine, adhérence, LAD Abstract. A peculiar feature of leukocytes and platelets is their rapid switching from a circulating to an adhesive status, upon activation by inflammation or thrombotic stimuli. This is due to the rapid conformational change of their integrins, which acquire an affinity for adhesion substrates. Complex “inside-out” signaling pathways lead to b2 integrin activation in leukocytes and aIIbb3 integrin activation in platelets. Patients with leukocyte adhesion deficiency type III (LAD-III or LAD1variant) suffer from recurrent infection and from easy bruising, due to a defective “inside-out” signaling that prevents integrin activation in both leukocytes and platelets. This adhesion deficiency underscores common features of “inside-out” signaling leading to integrins activation in hematopoietic cells. The present review is focused on neutrophil b2 integrins and platelet aIIbb3 integrin. It gives the most recent data on integrins structure and describes the conformational change leading to the high affinity for ligands. Neutrophil and platelet functions involving integrins are detailed. It reviews extensively the present knowledge on integrin “inside-out” signaling pathways triggered by various stimuli in hematopoietic cells. Correspondance et tirés à part : L. Halbwachs-Mecarelli Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Key words: neutrophil, platelet, integrin, adhesion, LAD 21 L Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. a particularité des leucocytes et des plaquettes, en termes d’adhérence cellulaire, réside dans la rapidité avec laquelle ces cellules passent de l’état circulant à l’état de cellules adhérentes. Entraînées passivement par le flux sanguin, les plaquettes s’immobilisent instantanément à la surface de l’endothélium lésé et s’agrègent pour former le thrombus. De même, les leucocytes ralentissent au contact de l’endothélium activé par des stimuli inflammatoires et, en quelques minutes, adhèrent fermement à cet endothélium pour entreprendre une migration à travers les tissus. Les molécules qui permettent aux cellules d’effectuer ce changement sont principalement les intégrines, c’est-à-dire des protéines transmembranaires exposées sur leur membrane plasmique et capables de lier des ligands cellulaires ou matriciels. En effet, les intégrines leucocytaires et plaquettaires (intégrines b2 et aIIbb3, comme nous le verrons en détail, mais aussi intégrines b1) sont susceptibles de passer très rapidement d’une conformation inerte à une conformation active ayant une forte affinité pour les ligands. L’importance des processus d’adhérence des leucocytes et des plaquettes a été en grande partie révélée par l’observation de déficits génétiques touchant les intégrines : chez l’homme, le déficit génétique en chaîne b2 de l’intégrine est à l’origine d’un syndrome sévère, le déficit d’adhérence leucocytaire de type 1 ou leukocyte adhesion deficiency type 1 (LAD-1), responsable chez l’enfant d’infections bactériennes récurrentes létales. Ce déficit se traduit par une incapacité des cellules de l’immunité innée (neutrophiles et macrophages) à adhérer à l’endothélium vasculaire, à transmigrer vers les sites inflammatoires et à effectuer d’autres fonctions dépendantes de l’adhérence et cruciales dans la réponse immunitaire, comme la phagocytose, l’explosion respiratoire, la dégranulation. De la même façon, le déficit génétique en intégrine plaquettaire aIIbb3 (GPIIbIIIa) se traduit par une pathologie, connue sous le nom de thrombasthénie de Glanzman, caractérisée par de graves troubles hémorragiques dus à un défaut d’agrégation des plaquettes. 22 Plus récemment, un nouveau déficit génétique, touchant la fonction des intégrines à la fois des leucocytes et des plaquettes, a été décrit sous le nom de LAD-III ou LAD I-like. À ce jour, quatre patients ont été décrits [1-4] avec un syndrome caractérisé par des infections à répétitions dues à un défaut d’adhérence des cellules de l’immunité, et par des saignements dus à un défaut d’adhérence des plaquettes. Les cellules de tous ces patients exprimaient des taux normaux d’intégrines. Cependant, les leucocytes et les plaquettes de ces patients présentaient un défaut fonctionnel de leurs intégrines, ce qui n’était pas le cas des autres cellules de l’organisme. Si la nature exacte de ce déficit est encore inconnue, il touche un élément de signalisation commun aux cellules du système hématopoïétique et impliqué dans le passage des intégrines de leur conformation inerte vers leur conformation active. Cette observation révèle l’existence de voies communes de transduction, mises en jeu par toute une variété de stimuli inflammatoires et thrombotiques pour aboutir à l’activation des intégrines leucocytaires ou plaquettaires. Nous nous proposons de passer ici en revue ces voies de signalisation. Présentation des intégrines et de leurs ligands Les intégrines forment donc une famille de récepteurs transmembranaires [5] permettant aux cellules d’adhérer à différents substrats et ligands solubles, exposés par la matrice extracellulaire ou exprimés par les cellules de l’organisme. Ces récepteurs sont des hétérodimères composés de deux sous-unités ab liées de façon non covalente. Chez les mammifères, 18 chaînes a et 8 chaînes b ont été décrites, mais on ne compte que 24 combinaisons (ou récepteurs) ab. Les intégrines sont classées selon le type de la chaîne b partagée par différentes chaînes a, qui détermine un répertoire spécifique de ligands. Elles sont synthétisées et glycosylées au niveau du Golgi, où elles s’associent en dimères. Cette association est une condition obligatoire à la stabilité et à l’expression du dimère au niveau de la membrane. Les intégrines partagent entre elles la même structure, qui comprend un large domaine extracellulaire et un domaine cytoplasmique court, séparés par une portion transmembranaire (figure 1). Les segments extracellulaires des intégrines sont asymétriques et forment une « tête » globulaire portée par deux « pieds » ancrés dans la membrane. Ces derniers possèdent, au niveau de leur structure, un domaine flexible, ou « genou », qui permet au récepteur exprimé à la membrane d’adopter une forme fléchie ou une forme tendue (encart figure 1). La partie globulaire de l’hétérodimères ab assure la fonction d’adhérence du récepteur grâce à la présence d’un ou deux domaines I : l’inserted domain (I), encore appelé domaine A en raison de son homologie avec le domaine A du facteur von Willebrand [6] (FVW), représente le site d’interaction avec le ligand. Il est présent dans la moitié des sous-unités a et dans toutes les sous-unités b, avec une structure très similaire appelée I-like. Le domaine I-like joue un double rôle, selon que la chaîne a associée porte ou non un domaine I. Quand le domaine I de la sous-unité a est absent (par exemple la chaîne aIIb de l’intégrine plaquettaire aIIbb3), la liaison avec le ligand est totalement assurée par le domaine I-like de la chaîne b. Dans le cas des intégrines leucocytaires b2, la chaîne a (aM, aL, aX et aD) possède un domaine I qui assure la liaison avec le ligand. Le domaine I-like de la sous-unité b devient alors un domaine régulateur de son homologue I [7, 8]. La spécificité de l’interaction est régie par une séquence déterminant la spécificité du ligand SDL (specificity-determing loop), située au niveau des domaines I et I-like. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Activation DOMAINE EXTRACELLULAIRE Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Inactivation Thigh Calf 1 E2E1 Hybride E3 I-like Calf 2 E4 I Domaine transmembranaire Domaine intracellulaire Figure 1. Structure de l’intégrine. L’intégrine (inactive) sous sa conformation de faible affinité est fléchie, la sous-unité a recouvrant la sous-unité b. Le domaine extracellulaire est composé de : - la chaine a, formée par les domaines : Calf-2, Calf-1, Thigh et b-propeller, porteur d’un domaine I (aM,L,X,D...) ou non (aIIb) ; - la chaine b, formée par les domaines : b-TD, E4, E3, E2, E1 ainsi que le domaine Hybride porteur d’un domaine I-like. Les jonctions Calf-1/Thigh ainsi que E2-E1/Hybride sont flexibles. Ceci permet à l’intégrine de se redresser lors de son activation (encadré). Le domaine intracellulaire est court et porteur de plusieurs sites d’interaction avec des composants cytoplasmiques. Les études cristallographiques du domaine I de la chaîne aM ont mis en évidence deux conformations possibles en relation directe avec la fonction du récepteur ab : – La conformation fermée, de bas niveau énergétique et adoptée par défaut par l’intégrine à la surface de la cellule circulante, correspond à l’état inactif de faible affinité pour le ligand ; – La conformation ouverte, induite, dépendante des cations (Mg2+, Mn2+) et à plus haut niveau énergétique, correspond à l’état actif de forte affinité pour le substrat. C’est le substrat lui-même qui stabilise l’état actif de l’intégrine en liant le domaine I/I-like au niveau d’un site de liaison appelé MIDAS (metal ion-dependant adhesion site). Ainsi l’intégrine, selon l’état de son domaine I/I-like, peut ou non lier son ligand. En effet, cette liaison se fait entre le site MIDAS du domaine I et un motif RGD (arginine-glycine-acide aspartique), présent sur le substrat : les cations, dont dépend l’interaction, établissent des liaisons avec les résidus du domaine I d’une part et avec le résidu glutamine du motif RGD d’autre part. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Les deux pieds de l’intégrine sont formés de domaines différemment articulés les uns par rapport aux autres : quatre domaines de la famille des facteurs de croissance EGF (epidermal growth factor-like), se caractérisant par leur structure rigide et deux domaines Calf(mollet)-1 et Calf-2 solidement liés entre eux. Ils forment ainsi une sorte de tige soutenant la partie de « tête » N-terminale. Par ailleurs, les liaisons entre les domaines thigh (cuisse) et Calf-1 de la chaîne a, ou les domaines Hybride et EGF de la chaîne b sont flexibles à la manière d’un genou permettant à la partie N-terminale de l’intégrine de s’articuler entre une position droite et une position fléchie. Les domaines intracytoplasmiques courts des deux sousunités de l’intégrine n’ont aucune fonction enzymatique intrinsèque (kinase, phosphatase...) mais ils participent directement à la régulation de l’activation et de la signalisation des intégrines. En effet, ils interagissent avec différentes molécules cytoplasmiques [9-11], dont certaines sont critiques pour l’activation de l’intégrine, comme nous le verrons par la suite. 23 Ligands des intégrines La séquence RGD (arginine-glycine-acide aspartique) est présente dans de nombreuses protéines ligands des intégrines [12], qu’il s’agisse de protéines matricielles, de protéines glycosylées de surface des cellules ou de protéines solubles. Ce motif est universellement reconnu par plusieurs intégrines. D’autres peptides, comme GFOGER [13], reconnu sur le collagène par l’intégrine a2b1, ou KQAGDV [14], reconnu sur le fibrinogène par l’intégrine aIIbb3, participent notamment au recrutement des plaquettes. Intégrines leucocytaires ayant en commun la chaîne b2 (CD18) Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Cette sous-famille d’intégrine est spécifique aux leucocytes. Elle comprend quatre intégrines : aLb2 (LFA-1, CD11a/CD18), aMb2 (Mac-1, CD11b/CD18), aXb2 (CD11c/CD18) et aDb2, présentant des panels d’expression différents. L’intégrine aLb2 est la plus exprimée sur les lymphocytes, alors que aMb2 est la principale intégrine des polynucléaires neutrophiles et des monocytes. L’isoforme aXb2 s’exprime aussi sur les lymphocytes, les macrophages et les cellules NK (natural killer). L’isoforme aDb2 n’est présent que sur les macrophages. Dans les polynucléaires circulants, les réserves d’intégrines b2 sont majoritairement stockées dans les granules spécifiques et les vésicules de sécrétion et sont rapidement mobilisables sous l’effet de faibles concentrations d’agonistes. Les intégrines b2 sont des récepteurs d’adhérence pouvant lier différents substrats tels que : ICAM-1, ICAM-2, le fibrinogène, le facteur X, iC3b, le plasminogène... Les intégrines aMb2 (aussi appelée CR3, complement receptor 3) et aXb2 (CR4) sont des récepteurs pour le facteur du complément iC3b. Elles participent à ce titre à la réponse immune en interagissant avec les pathogènes opsonisées par le complément et coopèrent avec d’autres récepteurs comme le CR1 et les récepteurs FccR au cours du processus de la phagocytose. Intégrines plaquettaires Intégrine aIIbb3(GPIIb,IIIa) aIIbb3 est l’intégrine plaquettaire type, exprimée exclusivement dans les cellules du lignage mégacaryocytaire. L’hétérodimère aIIbb3 est fortement exprimé dans les plaquettes matures (environ 100 000 copies par plaquette), au niveau de la membrane plasmique et des granules cytoplasmiques, où il représente une réserve mobilisable après activation de la plaquette. L’intégrine aIIbb3 joue un rôle physiologique primordial dans l’homéostasie et l’agrégation plaquettaire. aIIbb3 est une molécule d’adhérence pouvant lier plusieurs types de substrats solubles ou immobilisés sur une surface : le facteur von Willebrand (FVW), le fibrinogène, la fibronectine, la vitronectine, la thrombospondine... Intégrine a2b1 24 L’intégrine a2b1 a été le premier récepteur aux collagènes (type I, II et IV) identifié sur la plaquette. Dans la plaquette au repos, l’intégrine a2b1 se lie très faiblement au collagène soluble. En revanche l’activation de la plaquette potentialise la liaison de a2b1 au collagène et cette intégrine joue alors un rôle majeur dans l’adhérence des plaquettes à la matrice sous-endothéliale lors de la thrombogenèse. Enfin, aussi bien les plaquettes que les neutrophiles expriment d’autres intégrines qui participent à leurs fonctions, comme aVb3, a4b1, a5b1, a6b1 et a9b1. Rôle des intégrines dans les fonctions des neutrophiles Les données exposées ici sur la structure, l’activation des intégrines de la sous-famille b2 et sur leur rôle dans la migration concernent tous les leucocytes, lymphocytes et monocytes aussi bien que polynucléaires. La taille de cette revue ne nous permet pas de développer toutes les fonctions des leucocytes impliquant les intégrines. Nous nous concentrerons donc sur celles des polynucléaires neutrophiles (figure 2). Le polynucléaire neutrophile est un acteur majeur de l’inflammation [15]. Il est rapidement recruté sur les sites inflammatoires et est un élément essentiel de la réponse immune innée aux microbes, grâce au contenu toxique de ses granules et à sa capacité à phagocyter et à tuer les particules pathogènes, notamment par la production de dérivés toxiques de l’oxygène (reactive oxygen species, ROS). Il participe aussi au recrutement ultérieur des autres cellules immunitaires comme les monocytes/macrophages. Adhérence ferme à l’endothélium Ces particularités du neutrophile découlent de son aptitude à passer d’un état circulant à un état adhérant, sous l’effet des stimuli inflammatoires et ceci grâce aux propriétés dynamiques de ses intégrines. Il s’agit de la première étape du recrutement du neutrophile au cours du processus inflammatoire. Elle met en jeu une étroite collaboration entre le neutrophile et les cellules endothéliales qui tapissent la lumière des capillaires pulmonaires et des veinules postcapillaires. À proximité immédiate d’un foyer infectieux et/ou inflammatoire, les cellules endothéliales présentent à leur surface des stimuli inflammatoires ainsi que des molécules d’adhérence particulières, les sélectines [16]. Les interactions réversibles des sélectines avec leurs ligands de la famille des mucines amorcent : – la décélération du neutrophile pris dans le flux sanguin (rolling), – l’activation des récepteurs du chimiotactisme du neutrophile au contact des stimuli exposés par l’endothélium (IL-8, notamment). Ainsi, naissent dans le neutrophile des signaux de préactivation (priming) qui déclenchent l’activation des intégrines leucocytaires b2. Le ralentissement du neutrophile permet à ses intégrines de lier fermement leurs ligands endothéliaux, de la famille des molécules d’adhérence intercellulaire (ICAM), et d’immobiliser le neutrophile à la surface endothéliale. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Neutrophile circulant Rolling Polarisation - adhérence ferme Transmigration de l’endothélium PSGL-1 Intégrine β2 active Intégrine β2 Inactive Uropode Front de migration ICAM-1 Sélectine PECAM-1/ CD99 JAM Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Endothélium Ligands matriciels Bactéries opsonisées Élimination du pathogène Migration Figure 2. Les différentes étapes du recrutement des neutrophiles sur les sites inflammatoires. À l’approche du site inflammatoire, le neutrophile entre en contact avec l’endothélium activé par les stimuli inflammatoires. Les interactions réversibles entre les sélectines et leurs ligands ralentissent la course du neutrophile et le mettent en contact avec les stimuli inflammatoires exposés par l’endothélium. Ceci préactive le neutrophile et déclenche la signalisation inside-out activatrice des intégrines b2. La liaison des intégrines b2 à leurs ligands ICAM-1 est à l’origine de la polarisation et de l’adhérence ferme du leucocyte. Le neutrophile se meut sur la surface de l’endothélium par des réactions d’adhérence des intégrines au niveau du front de migration, stabilisant les projections membranaires et une désadhérence au niveau de l’uropode, permettant sa rétraction et le recyclage des intégrines vers l’avant. Au niveau de la jonction endothéliale et en collaboration avec le neutrophile, les cellules endothéliales desserrent leur jonction et offrent au leucocyte des ligands (JAM) de substitution pour ses intégrines b2, en plus des interactions homophiles des molécules PECAM-1 et CD99 lui permettant de progresser à travers l’endothélium vers la matrice. La migration dans la matrice met en jeu, en plus des intégrines b2, d’autres types d’intégrines (b1, b3...) qui se lient à des ligands matriciels divers. Sur le site inflammatoire, les intégrines b2 participent au processus de phagocytose en liant spécifiquement le facteur C3 du complément opsonisant des bactéries. Locomotion et transmigration L’engagement des intégrines avec leur ligand déclenche un réarrangement du cytosquelette cellulaire autour de leur partie intracytoplasmique, ce qui renforce leur ancrage dans la cellule et permet l’adhérence ferme du neutrophile. Par cette même réorganisation du cytosquelette, le neutrophile adopte une forme polarisée [17] avec : – La mise en place, vers l’avant de la cellule, d’un large front de migration, site d’intense activité de polymérisation de l’actine avec émission de filopodes et de lamellipodes. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Ces projections membranaires portent des intégrines qui les stabilisent en adhérant et permettent ainsi l’avancement de la cellule. Au niveau du front de migration du neutrophile, se concentrent aussi les récepteurs aux chimioattractants qui, à l’image d’un organe olfactif, lui permettent de s’orienter et d’avancer dans le sens du gradient des stimuli chimioattractants ; – La formation de l’uropode à l’arrière du corps cellulaire, où le cytosquelette se contracte fortement et qui est le site de décollement de la cellule. Ainsi, l’étalement vers l’avant de la 25 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. cellule est compensé par un décollement à l’arrière. Le corps cellulaire, au milieu, joue un rôle régulateur et est traîné sur le substratum au cours du mouvement. Le déplacement des leucocytes sur l’endothélium et dans les tissus s’opère ainsi par un processus continuel de réactions d’adhérence et de dé adhérence au substrat, orienté par les récepteurs aux chimioattractants. Au cours de ce processus, les intégrines, actives à l’avant vers le front de migration et souvent assimilées aux chenilles d’un char d’assaut, se retrouvent progressivement à l’arrière en raison de l’avancement de la cellule. Elles perdent leur activité à l’arrière de la cellule, ce qui permet le détachement de l’uropode, et sont ensuite recyclées de l’arrière vers l’avant de la cellule, par un transport vésiculaire orienté [18]. Le passage du neutrophile à travers l’endothélium est une étape importante de son recrutement. Il met en jeu des interactions homophiles entre des récepteurs d’adhérence du leucocyte et les mêmes molécules bordant les jonctions endothéliales. Ces interactions permettent la diapédèse des leucocytes en garantissant l’intégrité de la barrière endothéliale : les molécules mises en jeu sont PECAM-1, CD99 et la famille des molécules JAM (junctional adhesion molecule) qui, en plus, se substituent aux molécules d’ICAM en liant les intégrines leucocytaires. La plus grande partie du périple du neutrophile, avant d’atteindre le site inflammatoire, se passe dans la matrice extracellulaire. Il s’agit d’un réseau de macromolécules, polysaccharides ou glycosaminoglycanes et de protéines fibreuses de structure. La progression met en jeu les intégrines b2, ainsi que les récepteurs pour la fibronectine, la vitronectine, la laminine et le collagène respectivement : a5b1, aVb3, a6b1 et a2b1. Elle est d’autant plus facilitée par la sécrétion de protéases telles que les métalloprotéases (MMP-9...) qui digèrent la matrice à l’avant de la cellule et démasquent, sur les composants matriciels, des sites d’adhérence cryptiques reconnus spécifiquement par les intégrines. Enfin, la traversée de l’épithélium, dans le cas d’inflammations bronchiques, intestinales, urinaires, etc., se fait par des mécanismes encore mal connus mettant en jeu notamment les intégrines b2 et les molécules de jonction JAM [19]. Élimination des pathogènes 26 Lorsqu’il atteint le site inflammatoire, le neutrophile s’attaque à l’agent pathogène : il phagocyte les particules pathogènes opsonisées et le contenu délétère de ses granules (défensines, serprocidines, élastase...) se déverse dans le phagosome pour les dégrader. La phagocytose se fait grâce aux intégrines leucocytaires aMb2 (CR3) et aXb2 (CR4) qui lient spécifiquement iC3b et collaborent avec les récepteurs membranaires des immunoglobulines (FccR) pour fixer et internaliser les particules. Enfin, le neutrophile réassocie les composants de la NADPH oxydase au niveau de sa membrane, ce qui permet son activation. Cette oxydase majeure des granulocytes produit massivement des dérivés actifs de l’oxygène (ROS) oxydants et toxiques pour les micro-organismes, dans l’espace extracellulaire et dans les phagosomes, c’est l’explosion respiratoire. Rôle des intégrines dans les fonctions plaquettaires Les plaquettes ont pour fonction primaire de colmater les lésions vasculaires et de s’opposer à l’hémorragie dans les vaisseaux endommagés (figure 3) [20]. Le sang contient les éléments cellulaires et plasmatiques nécessaires au déclenchement et à la réalisation de cette réparation et les intégrines des plaquettes y jouent un rôle de premier plan. Capture et adhérence des plaquettes à la paroi endothéliale L’altération de l’intégrité de la paroi endothéliale, mettant à nu la matrice sous-jacente, déclenche la liaison du FVW plasmatique à cette matrice. Les plaquettes interagissent avec le FVW par le récepteur GPIb-IX-V, pour former un complexe FVW-GPIb-IX-V caractérisé par une très grande rapidité d’association et de dissociation. Cette réversibilité d’interaction est cruciale pour capturer la plaquette, emportée par le flux sanguin et soumise à des forces de cisaillement élevées. Le déficit structurel ou fonctionnel en GPIb-IX-V est connu sous le nom du syndrome de Bernard-Soulier (BSS) caractérisé par des troubles hémorragiques. Au contact de l’endothélium, la plaquette perd sa forme discoïde et se met à rouler, c’est la phase du rolling pendant laquelle sa vitesse diminue, ce qui permet à d’autres récepteurs, comme le récepteur au collagène GPVI, de lier leurs ligands matriciels. D’un autre coté, l’engagement de GPIbIX-V et du GPVI induit des signaux intracellulaires conduisant à l’activation des intégrines plaquettaires, notamment a2b1, aIIbb3 et aVb3. Quand la vitesse de rolling diminue, les intégrines a2b1 adhèrent fermement au collagène sous-endothélial, de même que l’intégrine aIIbb3 lie le FVW, permettant l’ancrage de la plaquette qui s’aplatit contre la matrice. Agrégation plaquettaire et formation du thrombus Pendant cette deuxième phase, les plaquettes adhérentes recrutent d’autres plaquettes de la circulation, qui viennent s’agréger les unes contre les autres pour former le « clou plaquettaire » lequel évoluera en « thrombus » [21]. Les plaquettes adhérentes déjà activées libèrent le contenu de leurs granules riches en récepteurs d’adhérence (aIIbb3, GPIbIX-V, aVb3...), en agonistes (ADP, sérotonine...) et en substrats d’adhérence (FVW, fibrinogène, thrombospondine, fibronectine...) qui en se fixant à leur surface, permettent le rolling des plaquettes nouvellement recrutées. Celles-ci commencent Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Flux sanguin Étalement irréversible Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Arrêt de la plaquette Plaquette discoïde circulante Rolling de la plaquette rondissante Adhérence des filipodes (GP Ib-FVW) é Agrégation f è e FVW Ralentissement et signalisation inside-out par l'interaction GP Ib-FVW Ralentissement et signalisation inside-out par l'interaction GPVI-Collagène é outside-in à partir de é FVW Figure 3. Différentes étapes de l’adhérence des plaquettes. La première étape du rolling est médiée par le GPIb-IX-V qui se lie au FVW et à plus faible vitesse par le GPVI qui se lie au collagène. Elle permet le ralentissement de la plaquette et induit une signalisation cytoplasmique conduisant à la perte de la forme discoïde, l’émission de filopodes ainsi qu’une signalisation inside-out à destination des intégrines aIIbb3 et a2b1. Les plaquettes adhèrent grâce à leurs intégrines activées. Ceci permet l’ancrage des filopodes ainsi que l’induction de la signalisation outside-in par les intégrines engagées. L’engagement des intégrines aIIbb3 induit la signalisation outside-in responsable de la formation et la stabilisation des points focaux d’adhérence par le cytosquelette. Ceci se traduit par l’étalement de la plaquette, qui renforce ainsi son adhérence avec le substrat. La plaquette adhérente recrute à son tour (par ses sécrétions, ses molécules d’adhérence...) d’autres plaquettes circulantes qui viennent s’agréger initiant la formation du thrombus. (D’après Kuwahara M, Sugimoto M, Tsuji S, Matsui H, Mizuno T, Miyata S, Yoshioka A. Platelet shape changes and adhesion under high shear flow Arterioscler thromb Vasc Biol 2002; 22: 329-34. donc par interagir de manière réversible, par leurs récepteurs GPIb-IX-V, avec le FVW exposé par les plaquettes adhérentes. Puis, les agonistes solubles (ADP, thrombine, TxA2), libérés par ces dernières, renforcent leur adhérence en déclenchant l’activation des intégrines aIIbb3. La liaison de aIIbb3 au FVW et au fibrinogène arrête la plaquette, la fixe fermement à l’agrégat en croissance et entraîne son étalement et sa dégranulation. La plaquette recrutée devient alors à son tour recruteuse. Au premier stade de sa formation, le thrombus est formé essentiellement de plaquettes agrégées, cimentées par leurs sécrétions de fibrinogène, fibronectine et vitronectine. L’activation de la cascade de la coagulation génère, par protéolyse du fibrinogène plasmatique, de la fibrine qui se dépose dans le thrombus en formation et sert de support d’adhérence aux intégrines aIIbb3 plaquettaires. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Activation des intégrines Les intégrines nécessitent une activation préalable leur permettant de basculer vers une conformation à forte affinité envers le substrat. In vivo, cette activation est provoquée par différents stimuli qui induisent l’adhérence des leucocytes ou l’agrégation plaquettaire (cytokines inflammatoires, agents thrombotiques, facteurs de croissance...). La signalisation intracellulaire qui aboutit à l’activation de l’intégrine est appelée signalisation inside-out car des signaux intracytoplasmiques aboutissent à un changement extracellulaire de l’intégrine. L’intégrine activée et liant son ligand, à l’extérieur de la cellule, déclenche à son tour une signalisation intracellulaire, dite outside-in et renseignant la cellule sur son état d’adhérence. Elle est la conséquence directe de la signalisation inside-out et en représente une boucle d’amplification car 27 TNFR TLR GPCR Adhérence au substrat FcR/GPVI Activation G Syk ITAM Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. PL C PKC Réarrangement du cytosquelette Taline Calpaïne Ca2+ Oxydase Signalisation outside-in ROS MAP kinases p38 Signalisation inside-out Figure 4. Signalisation inside-out. La signalisation inside-out est déclenchée par différents agonistes et différents types de récepteurs : les récepteurs TNFR et TLR induisent la génération de ROS par un système oxydoréducteur régulant l’activation de la voie des MAP kinases p38. Les récepteurs couplés aux protéines G (GPCR), ainsi que ceux portant un domaine ITAM (FcR, GPVI), induisent le flux calcique et l’activation des PKC. Ces voies s’interconnectent entre elles et aboutissent à des maillons communs tels que les calpaïnes. Les calpaïnes activées clivent la taline, libérant ainsi son domaine de tête et y démasquant un site de liaison à la chaine b des intégrines. La liaison de ce domaine dissocie l’interaction inhibitrice entre la chaine a et la chaine b de l’intégrine et l’active. L’adhérence au substrat des intégrines activées, ainsi que leur regroupement, déclenchent le réarrangement du cytosquelette et la transduction d’une autre signalisation, la signalisation outside-in, responsable des réponses immunitaires et hémostatique respectivement des neutrophiles et des plaquettes. 28 ses effets sont beaucoup plus intenses et divers à l’échelle de la cellule. Par ailleurs, l’adhérence peut résulter non de l’augmentation de l’affinité mais de l’avidité des intégrines regroupées. L’affinité et l’avidité sont deux mécanismes, non mutuellement exclusifs, contribuant à l’augmentation de l’adhérence. La modulation de l’affinité est associée à des changements conformationnels individuels affectant les intégrines aboutissant à une augmentation de la durée de vie du complexe ligand-récepteur et à un renforcement de leur interaction. La modulation de l’avidité met en jeu une redistribution des récepteurs au niveau de la membrane, renforçant l’adhérence par l’augmentation du nombre de liaisons ligandrécepteur. Bien que le regroupement des intégrines b2 ou b3 soit un élément important de la dynamique de l’adhérence des leucocytes et des plaquettes [22, 23], nous ne détaillerons ici que la signalisation aboutissant à l’augmentation de l’affinité de ces intégrines. Signalisation inside-out Voie calcique Dans les conditions inflammatoires ou thrombotiques physiologiques, les médiateurs solubles chiomioattractants (IL-8, formyl-peptides, C5a...) ou thrombogéniques (ADP, thromboxane A2...) sont les éléments qui déclenchent le recrutement des neutrophiles et des plaquettes (figure 4) [17, 21, 24]. Ils agissent par des récepteurs spécifiques appartenant à la famille des récepteurs à sept domaines transmembranaires qui, lorsqu’ils fixent leur ligand, activent une protéine G intracytoplasmique. Les sous-unités a et bc de cette protéine G déclenchent la signalisation par une activation des PI3Kinase et des phospholipases C. Ces deux enzymes sont responsables de la génération de produits phospholipidiques, membranaires et cytosoliques, primordiaux dans la propagation du signal d’activation. Les PI3K et les PLC métabolisent le phosphatidylinositol-4,5bisphosphate (PIP2) présent dans la membrane plasmique : Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. la PI3K produit, par phosphorylation, le PIP3, responsable de la polarisation des neutrophiles ainsi que du recrutement d’éléments de signalisation au niveau de la membrane. La phospholipase C produit, par hydrolyse du PIP2, le diacylglycérol (DAG), qui active les protein kinases C (PKC) et l’inositol triphosphate (IP3), qui se fixe sur ses récepteurs IP3R au niveau des systèmes membranaires intracellulaires (réticulum endoplasmique...) et induit la libération des stocks de calcium. D’autres récepteurs transmembranaires capables de déclencher la libération des réserves intracellulaires de calcium et l’activation des intégrines, sont les récepteurs porteurs du motif intracellulaire ITAM (immunoreceptor tyrosine-based activation motif), caractéristique des récepteurs aux parties Fc des immunoglobulines (FcR). Leur chaîne intracellulaire peut, dans la plaquette, être couplée au récepteur au collagène (GPVI) et participer à la signalisation activatrice des intégrines dans les premières phases de la thrombogenèse. Le motif ITAM (YXXL-7x-YXXL) comporte deux résidus tyrosines dont la phosphorylation, par des kinases membranaires de la famille Src, est facilitée par le regroupement des récepteurs. Lorsqu’elles sont phosphorylées, ces tyrosines peuvent lier la kinase Syk, qui phosphoryle et active la PLCc2 et la PI3K, rejoignant ainsi la voie induite par les GPCR. Bien que les PKC soient un élément majeur dans l’activation des neutrophiles et des plaquettes régulant plusieurs de leurs fonctions (adhérence, chimiotactisme, dégranulation, remaniement du cytosquelette...), leur implication directe dans l’activation des intégrines est cependant moins précise. Le calcium, par contre, agit comme un second messager en activant différents effecteurs permettant la régulation de l’activation des intégrines : – La calmoduline est un enzyme dépendant du Ca2+ qui déclenche une cascade de sérine/thréonine kinases, les Ca2+/calmodulin-dependant kinases (CaMKs). Celles-ci régulent, par exemple, négativement l’adhérence des neutrophiles à la vitronectine par l’intégrine aVb3. La mise en jeu de la calmoduline permet de désengager la liaison de l’intégrine avec son substrat, phénomène indispensable au détachement de l’uropode et au recyclage des intégrines au cours de la migration cellulaire [18] ; – Les calpaïnes sont une famille de protéases cytoplasmiques ayant différents substrats. Les neutrophiles et les plaquettes, expriment majoritairement la l-calpaïne, activée directement par des concentrations micro molaires de calcium. Les études récentes ont mis en lumière son rôle important dans l’activation des intégrines aIIbb3 et aMb2, et dans la signalisation inside-out, comme il sera détaillé par la suite. En bref, la calpaïne, en clivant la taline, molécule du cytosquelette, libère un domaine de celle-ci qui se lie à l’intégrine et l’active. Voie des MAP kinases Le schéma de la voie calcique pour activer les intégrines est le plus communément admis. Toutefois, d’autres voies ont été mises en évidence, mises en jeu notamment par les récepteurs au facteur nécrosant des tumeurs (tumor necrosis factor, TNF) Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 ou aux lipopolysaccharides (LPS). Ces récepteurs ne sont pas connus pour induire la libération de calcium mais pour activer la voie du facteur nucléaire NF-jB et des MAP kinases [25, 26]. Les mitogen activated protein kinases (MAP kinases) sont une famille de sérine thréonine kinases dont les différents membres s’organisent en trois grandes voies de signalisation reconnues par leurs derniers effecteurs : p38 kinase, extra-cellular signal-regulated kinase (ERK) et c-JunNH2-terminal kinase (JNK). Les MAP kinases forment des cascades d’activation séquentielles hiérarchisées. Les MAP kinases p38, Erk et JNK ont plusieurs isoformes qui agissent sur différents substrats cytoplasmiques ou nucléaires après leur translocation. Des études menées sur des lignées cellulaires transfectées ont permis de mettre en évidence une régulation inhibitrice exercée par la voie Erk sur l’activation des intégrines [27]. Par contre, d’autres études plus récentes attribuent un rôle activateur des MAP kinases p38 dans l’activation des intégrines leucocytaires et plaquettaires [28] (voir aussi : Bouaouina M, Baruch D, Halbwachs-Mecarelli L. Common transduction pathways in the « inside-out » signaling for b2 integrin activation in neutrophils and b3 integrin activation in platelets [en préparation]). Un pas nouveau a été franchi dans l’identification des maillons potentiels de ces voies d’activation grâce à la mise en évidence d’une régulation, par les dérivés actifs de l’oxygène, ROS, de l’activation des MAP kinases p38 et de celle des intégrines en aval. Les ROS sont des molécules hyperréactives, avides de réagir avec d’autres molécules pour les oxyder ou les réduire. Si leurs effets peuvent être toxiques et participent à la défense anti-infectieuse, ils sont de plus en plus reconnus aussi comme des seconds messagers dans la signalisation intracellulaire. Ils peuvent en effet, grâce à leur hyperréactivité, activer ou désactiver, par oxydoréduction, des molécules impliquées dans la transmission du signal [29]. Le neutrophile utilise les oxydants comme un moyen de défense contre les agents pathogènes, en libérant de grandes quantités de ROS dans ses phagosomes ou dans l’espace extracellulaire lorsqu’il arrive sur le site inflammatoire. Toutefois, l’oxydase majeure qui lui permet d’exercer ses fonctions antibactériennes, la NADPH oxydase, ne semble pas être à l’origine des oxydants impliqués dans l’activation de ses intégrines. En effet, les neutrophiles de patients atteints d’un déficit fonctionnel de la NADPH oxydase (CGD ou granulomatose septique) adhèrent et migrent normalement, alors qu’ils sont incapables de tuer les agents infectieux [30]. Les plaquettes sont aussi productrices de différents types d’oxydants qui agissent de façon autocrine sur les plaquettes elles-mêmes et peuvent avoir des effets pro- ou antithrombotiques. Ainsi, le monoxyde d’azote (NO) inhibe l’agrégation plaquettaire alors que l’anion superoxyde (O2-) la stimule. Dans la voie d’activation inside-out des intégrines, les ROS agissent sur une cible encore inconnue en amont de l’activation des MAP kinases p38. L’étude de cette voie n’en est encore qu’à ses débuts et la ou les oxydases participant à l’activation des MAP kinases p38 et des intégrines reste(nt) à 29 RGD Ligand I Ilike I-like Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. I Inside-out Ilike I-like Inside-out Figure 5. Modèles d’activation des intégrines : leucocytaire aMb2 et plaquettaire aIIbb3. L’étape finale de la signalisation inside-out aboutit à l’activation de la taline par protéolyse. Le domaine de tête de la taline se lie au domaine cytoplasmique de la chaîne b, perturbant l’interaction entre les deux chaînes de l’intégrine et déclenchant son activation : - La séparation des deux pieds entraîne le redressement du domaine extracellulaire par basculement de la tête globulaire s’articulant sur les deux pieds ; - Le mouvement est transmis aux domaines I et I-like. La 7e hélice du domaine I-like s’étire vers le bas, permettant le réarrangement du site MIDAS et son activation (gris→rouge). Quand il est seul (aIIbb3), le domaine I-like lie directement le motif RGD porté par le ligand, permettant ainsi l’adhérence ; - En présence du domaine I, le domaine I-like joue un rôle régulateur du domaine I en stabilisant son activation. Les réarrangements affectant le domaine I se traduisent entre autres par le basculement, vers le bas, de sa 7e hélice. Le résidu aspartate en bas de la chaîne se lie au domaine I-like, ce qui fixe le domaine I dans son état actif et permet à son site MIDAS réarrangé de fixer le motif RGD du ligand. 30 Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 découvrir ainsi que les maillons suivant jusqu’à l’intégrine. Par ailleurs, la voie des MAP kinases p38 et la voie calcique sont vraisemblablement interconnectées ou peuvent agir simultanément dans la signalisation inside-out. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Transmission cytoplasme-intégrine et changement de conformation de l’intégrine Comment le signal d’activation intracellulaire est-il délivré à l’intégrine (figure 5) ? La dernière étape de la signalisation n’implique pas la phosphorylation ou la déphosphorylation des parties intracellulaires (de a et b) de l’intégrine, mais fait intervenir leurs capacités d’interaction avec différentes protéines cytosoliques. Les études récentes, notamment par RMN, des domaines intracellulaires de différentes intégrines, suggèrent que des motifs conservés parmi les chaînes a et b des intégrines stabiliseraient, par leurs interactions ioniques, la conformation inactive de l’intégrine. En effet, la mutation de ces motifs ou l’expression dans des lignées cellulaires d’un fragment d’une protéine cytosolique, la taline, qui se lie aux chaînes b, déclenche la désunion de ces motifs et l’activation des intégrines [31-34]. La taline est un composant ubiquitaire du cytosquelette formé d’une tête globulaire liée à une tige ; c’est un substrat des calpaïnes qui par protéolyse libèrent la tête et démasquent sur celle-ci un site d’interaction avec la chaîne b des intégrines pour laquelle elle a une forte affinité [35]. L’interaction entre la tête de la taline et la chaîne b sépare les domaines cytoplasmiques de a et b, rompant ainsi l’interaction inhibitrice et activant le domaine extracellulaire [36, 37]. Cette transmission mécanique de l’activation par la taline via la chaîne b ne peut être remplacée par aucune autre interaction avec d’autres protéines, et le déficit en taline, chez l’animal, est létal dès les premiers stades de la gastrulation. Le dernier niveau de transmission du signal d’activation est interne à l’intégrine elle-même. La séparation des deux domaines intracellulaires de a et b déclenche une série de réarrangements des domaines extracellulaires, comme le montrent les explorations par RMN. Ces réarrangements aboutissent à : - Un redressement de l’intégrine initialement fléchie. Le fléchissement des deux chaînes a et b au niveau du genou, permet de « plier en deux » le domaine extracellulaire de l’intégrine. Cette disposition rappelle la lame du couteau pliée. La transmission du signal d’activation, via la séparation des parties cytoplasmiques de l’intégrine, entraîne une dissociation des interactions inhibitrices reliant les deux chaînes et une séparation des deux tiges de l’intégrine. Dans ce modèle, donc, le redressement de l’intégrine par basculement de la partie de tête s’appuyant sur le « genou » comme pivot, est analogue à celui de la lame du couteau qui se redresse sur son manche (modèle du couteau à cran d’arrêt) [38-40]. Hématologie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2006 - L’activation du domaine de liaison au ligand (I/I-like), se traduisant par l’augmentation de son affinité pour le ligand. Deux cas de figures se présentent, selon que l’intégrine est porteuse des deux domaines I et I-like, comme les intégrines b2 ou d’un domaine I-like seul, comme aIIbb3, mais les mécanismes d’activation mis en jeu sont les mêmes. Pour aIIbb3 , le redressement de la partie de tête s’accompagne d’un étirement vers le bas d’une hélice du domaine I-like induisant un réarrangement de son site MIDAS. Celui-ci fixe alors un cation Mg2+ et l’expose pour qu’il puisse à son tour interagir avec le résidu glutamate du motif RGD du ligand. C’est la conformation de forte affinité de l’intégrine pour son ligand. Pour aMb2, les domaines I et I-like subissent les mêmes réarrangements permettant à leurs sites MIDAS respectifs d’adopter la configuration à plus forte affinité. Le domaine I-réarrangé retient vers le bas une hélice du domaine I, stabilisant ainsi sa conformation active et relayant le signal d’activation vers le site d’interaction avec le ligand, tout comme la cloche qui sonne lorsqu’on tire sur sa corde (modèle bell rope) [38]. Conclusion La cascade de réactions que nous venons de décrire aboutit en quelques minutes à l’adhérence ferme des plaquettes ou des leucocytes. En se liant avec une forte affinité avec leur ligand cellulaire ou matriciel, les intégrines renvoient alors un signal en direction du cytoplasme. C’est la signalisation outside-in, qui informe la cellule sur son état d’adhérence. Elle déclenche une réorganisation du cytosquelette, permettant notamment l’étalement de la cellule. De cette signalisation dépendent les principales fonctions des neutrophiles et des plaquettes que sont la dégranulation et l’explosion respiratoire. Les intégrines sont des cibles thérapeutiques dans les maladies inflammatoires et thrombotiques [41]. Des anticorps humanisés dirigés contre l’intégrine aIIbb3 ou des peptides bloquant la liaison de cette intégrine à ses substrats sont utilisés comme thérapie anti-thrombotique [42]. Plus récemment, les anti-intégrines a4b1 se sont révélés efficaces pour prévenir l’afflux des lymphocytes dans les maladies autoimmunes comme la sclérose en plaques ou la maladie de Crohn [43]. L’analyse des voies de signalisation inside-out des intégrines peut permettre de développer des molécules prévenant leur activation et donc l’adhérence excessive des leucocytes ou des plaquettes. ■ RÉFÉRENCES 1. Kuijpers TW, Van Lier RA, Hamann D, de Boer M, Thung LY, Weening RS, Verhoeven AJ, Roos D. Leukocyte adhesion deficiency type 1 (LAD-1)/variant. A novel immunodeficiency syndrome characterized by dysfunctional b2 integrins. J Clin Invest 1997 ; 100 : 1725-33. 31 2. Harris ES, Shigeoka AO, Li W, Adams RH, Prescott SM, McIntyre TM, Zimmerman GA, Lorant DE. 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