L’émission de particules électrisées par le soleil et la théorie des aurores polaires Daniel Barbier To cite this version: Daniel Barbier. L’émission de particules électrisées par le soleil et la théorie des aurores polaires. J. Phys. Radium, 1937, 8 (7), pp.303-308. <10.1051/jphysrad:0193700807030300>. <jpa00233513> HAL Id: jpa-00233513 https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00233513 Submitted on 1 Jan 1937 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. DE PARTICULES ÉLECTRISÉES PAR LE SOLEIL ET LA THÉORIE DES AURORES POLAIRES L’ÉMISSION Par DANIEL BARBIER. Observatoire de Marseille. Sommaire. 2014 La pénétration dans l’atmosphère terrestre des particules produisant les aurores montre énergie doit être assez considérable Au contraire l’énergie des particules émises par le soleil est toujours faible, une dizaine d’électron-volts par exemple pour les électrons au lieu de 6 104 eV qui seraient suffisants pour produire l’aurore ou de 1010eV qui seraient nécessaires dans la théorie de Dauvillier. On réconcilie les points de vue en admettant que la terre est chargée positivement de manière à donner aux électrons une vitesse suffisante. L’entretien de la charge terrestre est possible grâce à la charge apportée par les rayons cosmiques. La théorie proposée fait prévoir une variation de l’altitude de la base des aurores au cours d’un cycle solaire. que leur , 1. Introduction. - L’émission de particules électrisées par le soleil est actuellement un fait bien établi. Il est en effet très difficile d’expliquer la formation des aurores sans faire intervenir des particules déviables par le champ magnétique de la terre, car ces phénomènes sont observés en des régions de l’atmosphère qui ne sont pas illuminées par la lumière solaire. Des aurores artificielles furent obtenues par Birkeland au laboratoire, à l’aide de faisceaux d’électrons (1) et Stôrmer établit une théorie mathématique du phénomène (2) (~). Les particules électrisées émises par le soleil ont été invoquées avec plus ou moins de succès pour expliquer divers autres problèmes posés par la couronne solaire, la lumière zodiacale, la lumière du ciel nocturne, les comètes, les rayons cosmiques, l’ozone atmosphérique sans parler des perturbations magnétiques terrestres qui sont directement liées à la production des aurores. L’émission de particules électrisées par le soleil pose un problème très intéressant en soi-même et aussi à cause de l’influence qu’elle pourrait avoir sur l’équilibre des couches extérieures du soleil (**). En outre, la théorie pourrait montrer quel est le rôle de ces particules dans la formation des raies brillantes de certaines étoiles chaudes et des nébuleuses. Le but de cette note est d’examiner ce que nous savons réellement sur les particules électrisées émises par le soleil et d’essayer de réconcillier nos connais- particules émises par le soleil est l’aurore polaire (*). C’est à ce seul phénomène que nous allons demander des renseignements sur la nature des particules et en particulier sur le signe de leur charge et leur aux vitesse. (.) Ces auteurs avaient eu d’ailleurs des précurseurs, mais t’eat bien à eux que sont dus les travaux fondamentaux sur ce Rappelons la théorie de Stôrmer e) en mettant en évidence les conclusions pratiques qui en découlent. Dans sa première approximation, Stôrmer assimile la terre à un aimant élémentaire et il étudie le mouvement des particules dans le champ de cet aimant et dans le vide en négligeant leurs actions mutuelles ainsi que leur action sur le champ de l’aimant. Stôrmer trouve alors que les aurores doivent se produire au voisinage d’un cercle situé à une distance angulaire a du pôle magnétique. a ne dépend que de la quantité ,H~ qui caractérise les particules; ? désigne le rayon du cercle en centimètres que décrit une particule sous l’action d’un champ de H gauss perpendiculaire à la direction de son mouvement. Il trouve a _-__ 3° pour des rayons cathodiques moyens, 5° pour les rayons ~ du radium et ~ 7° pour les rayons x du radium. La distance angulaire réelle de la zone du maximum de fréquence des aurores est 200 et seules les particules les moins déviables comme celles constituant les rayons oc pourraient donner la solution du problème. Pour être sûr de la valeur de ce résultat, il convient de vérifier que les hypothèses simplificatrices énoncées plus haut n’ont pas d’influence appréciable sur le résultat. Stôrmer rejette d’abord l’hypothèse de l’aimant élémentaire et il utilise la théorie de Gauss du magnétisme terrestre; il trouve que les résultats sont sensiblement les mêmes et que par suite l’hypothèse de l’aimant élémentaire est très suffisament correcte. Stürmer examine ensuite l’effet des actions mutuelles des corpuscules ainsi que leur action sur le magnétisme terrestre et il simplifie le sujet. L’historique de la question est assez bien connu pour qu’il n’y ait pas lieu de l’exposer à nouveau ici. (**) Rosseland a étudié déjà l’équilibre d’une chromosphère supportée par des rayons corpusculaires (3). rées par le soleil rentes (altitude sances sur ce sujet avec celles obtenues par l’étude des ~ aurores. 2. Les aurores qui se présente polaires. - à l’état pur Le seul phénomène dû avec certitude comme des aurores, (*) A l’exception assez rarement observées, écalai- qui jouissent de propriétés légèrement différépartition de l’énergie dans le spectre). - Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0193700807030300 304 sa généralité est absolument inextricable. La théorie comme l’expérience de laboratoire montre qu’il doit se former autour de la terre un anneau de particules électrisées, situé à une distance dépendant de leur produit Hp. Stôrmer assimile cet anneau à un courant d’intensité i ampères et il calcule la position sur la terre de la zone aurorale en fonction de i et des produits Hp relatifs aux particules formant l’anneau et à celles produisant l’aurore. Si nous supposons que les deux sortes de particules sont identiques, on trouve d’après les tableaux de Stürmer qu’il vitesses comprises entre 1 800 et 300 km/sec avec une moyenne de 700 km/sec. Si les particules produisant les aurores étaient des électrons de grandes vitesses, comme cela a été parfois admis, on ne pourrait expliquer leur retard que par la présence d’un champ magnétique solaire qui courberait leurs trajectoires. Malheureusement ce champ devrait avoir le sens opposé du champ connu. problème, qui pris dans toute suffit d’une valeur de HP peu supérieure à 100 pour position réelle de la zone aurorale si i est 108 ampères. Si l’on se rappelle que la théorie ci-dessus n’est encore que grossièrement approchée, il faut bien constater que la position de la zone aurorale sur la terre ne nous apprend pratiquement rien sur la nature des particules. Théoriquement, la zone aurorale n’est pas tout à fait un cercle mais une sorte de spirale qui en diffère assez peu et dont le sens d’enroulement dépend du signe des particules. De l’orientation des arcs auroraux observés en divers lieux et à diverses heures, Vegard a conclu (1) que les observations sont un peu mieux représentées en supposant que les particules sont des électrons, mais que ce résultat est toutefois très incertain. Stôrmer a montré (2) que l’on peut trouver une limite supérieure de Ho d’après la largeur des rayons auroraux. Les nombres s’échelonnent entre 5 000 et 30 000. L’absorption des rayons de particules dans l’atmosphère terrestre a été étudiée par Vegard et surtout par Stôrmer (5) et moyennant certaines simplifications ils ont reconnu que les rayons ne peuvent être des rayons a. Pour des électrons, l’absorption est totale à 80 km d’altitude (base des aurores) ce qui conduit à une valeur de Ho de l’ordre de 700 c’est-à-dire à une vitesse de l’ordre de 100 000 kmlsec ou encore à une énergie de 60 000 clectron-volts. Il semble que les grandes aurores (grandes perturbations magnétiques) soient assez étroitement liées aux taches, car le passage au méridien solaire est accompagné, avec un certain retard, plus souvent que le hasard seul ne le ferait prévoir, d’une perturbation magnétique sur terre ; le passage d’une tache au méridien n’est pas toujours accompagné d’une perturbation et certaines perturbations ont lieu en l’absence de toute tache. Par suite, les taches ne sont pas la cause vraie de la perturbation mais lui sont seulement assez étroitement corrélatées. Tacchini et Hale voient l’origine des perturbations dans les éruptions visibles au spectrohélioscope qui accompagnent ies taches. On pourra voir à ce sujet l’exposé d’Abetti (6). Le retard s’écoulant entre le passage au méridien d’une tache et la perturbation magnétique correspondante a été évalué par divers auteurs. La détermination la plus récente est due à lVTaurain (’) (8) qui a trouvé des nombres échelonnés entre 23,5 et 116,~ h avec une moyenne de 60 h. Si les particules se propagent en ligne droite avec une vitesse uniforme, ces temps correspondent à des retrouver la 3. Examen sommaire de diverses théories. 1° La théorie radioactive de l’émission de particules par le soleil est maintenant complètement abandonnée. Lindemann a montré, en particulier, qu’elle revient à admettre une radioactivité absolument inadmissible - ) pour le soleil. 2’ La théorie de Dauvillier. - Dauvillier pour réaliser une synthèse d’un très grand numbre de phénomènes cosmiques a imaginé (9) que le soleil émet des électrons de 101° V; l’aurore serait alors produite par des électrons secondaires prenant naissance dans notre atmosphère à environ 6 000 kms d’altitude. Les électrons primaires seraient accélérés par un champ électrique existant dans la chromosphère solaire (9, p. 306). 3’ La théorie de Milne. C’est la forme nouvelle de la théorie de la pression de radiation pour les atomes, conforme aux données de la physique. Elle a d’abord été proposée pour expliquer la grande hauteur atteinte par le calcium ionisé dans la chromosphère solaire (1°); un développement ultérieur de la théorie a permis à Milne de montrer que des atomes de Ca II peuvent s’échapper du soleil (11). C’est à la pénétration de ces atomes dans notre atmosphère que Milne attribue les aurores. Il est bien évident que la charge électrique du soleil doit rester constante, et par suite en négligeant les charges qui pourraient arriver à sa surface, sous forme de rayons cosmiques par exemple, il doit émettre autant de charges positives que de charges négatives. Les seules modes d’émission que nous ayons à considérer sont liés à l’état électrique du soleil ainsi qu’à la pression de radiation. Nous allons étudier ces divers effets. - 4. La - pression de radiation. Théorie de Milne. un atome ne pouvant exister que dans Considérons deux états désignés par 1 et 2 et l’état 1 ; il peut absorber un supposons-le dans quantum hv qui le porte à qui lui fournit une quantité de mouvement h. c Il reste un temps T dans l’état 2 puis il émet, dans une direction quelconque, un quantum Il v et il acquiert une l’état 2 et v quantité de . mouvement ", qui c en moyenne est nulle, le rayonnement émis est isotrope (la quantité de mouvement fournie par l’absorption est dirigée en moyenne vers l’extérieur puisque le rayonnement absorbé provient du soleil). L’atome revient ainsi à l’état 1, y reste en moyenne un temps le cycle puisque 305 Pendant un cycle, l’atome tombe libreacquiert par suite une quantité de mouvement ln g « + ’t’) qui pour que l’atome libre soit en équilibre doit en moyenne être égale à la quantité de mouvement obtenue par suite de l’absorption du rayonnerecommence. ment et ment. On démontre que, pour le ces considérations calcium ionisé. L’état 1 est 28 et l’état 2 est obtenu en confondant les états 2Pi et 2P2 qui sont très voisins ; la pression de radiation est relativement très négligeable pour les autres atomes. s’appliquent spécialement soleil, au on trouve que la vitesse limite des atomes CaII est 1,6 . 108 cm . sec-1. Tout ceci ne peut s’appliquer que lorsqu’un très petit nombre d’atomes est expulsé, en effet dans le cas contraire la raie d’absorption serait elle-même déplacée et par suite l’effet serait considérablement réduit. intégrant 3. Expulsion thermique d’électrons par le La température Soleil. Etat électrique du Soleil. de la surface solaire est environ 6 000 K. Calculons la vitesse des électrons libres et considérons la possibilité qu’ils ont d’échapper au soleil. Si n est le nombre total d’électrons par unité de volume, le nombre d n d’électrons de vitesse comprises entre v et v -~- d v est : --- m, est la masse de l’électron; Il, une constante. La vitesse quadratique moyenne des électrons est, en appelant T la température, donnée par : Fig. 1. ~:.Exam~inons maintenant comment des atomes peuvent être émis. La figure 1 représente schématiquement une (raie la raie H ou la raie /f de Call). Un atome en èquilibre absorbe une longueur d’onde ),o correspondant au minimum d’intensité dans la raie. En réalité par suite de l’agitation thermique et de ce que l’absorption des quanta s’effectue au hasard et n’assure que statistique- l’équilibre, il peut se faire qu’un atome prenne vitesse appréciable dirigée vers l’extérieur du soleil; alors par suite de l’effet Doppler la longueur d’onde qu’il absorbe est déplacée vers les courts 1B, par A ce moment il est soumis à un rayonexemple en nement plus intense qui accélère son mouvement vers l’extérieur. L’accélération croît jusqu’à ce que la longueur d’onde absorbée devienne ,~2, où elle devient constante. Mais comme entre temps l’atome s’éloigne du soleil, le rayonnement devient plus faible puis négligeable et on conçoit que la vitesse des atomes tende vers une limite. Si par contre les circonstances amenaient un atome à avoir une vitesse dirigée vers l’intérieur du soleil, il absorberait une longueur d’onde telle que ~’, et l’intensité du rayonnement augmentant, la valeur absolue de sa vitesse serait diminuée et la longueur d’onde qu’il absorbe tendrait à redevenir Ao. L’équation du mouvement est : ment pour les électrons solaires on trouve : Le nombre ni d’électrons ayant une vitesse supérieure à une certaine limite vo est donné par la petite table suivante : une soleil; g, la gravité à sa surface, la distance de l’atome au centre du soleil ; I, l’intensité du rayonnement pour la longueur d’onde À qu’il peut absorber et IQ l’intensité au centre de la ligne. En ci, est le rayon du r, voit qu’il n’y a pratiquement pas d’électrons ayant des vitesses supérieures à 3 000 km/sec. Cette vitesse correspond à une énergie de 20 e. V environ. La vitesse limite d’échappement à la surface solaire est : on à la surface solaire; a, rayon du soleil). On voit que la plupart des électrons solaires ont des vitesses supérieures à la vitesse d’échappement et par suite il est nécessaire que le soleil soit chargé positivement car s’il n’en était pas ainsi à un instant donné la déperdition d’électrons serait tellement rapide qu’il acquerrait bientôt une charge positive. Supposons que la charge positive du soleil soit répartie en couches concentriques, sans qu’il y ait lieu de préciser davantage. Tout se passe comme si la charge était concentrée au centre du soleil pourvu que les élec- (g, gravitation C1I ’ 306 trons libres étudiés sé trotive placés extérieurement à la on qu’on pourra toujours supposer, ear s’il n’en était pas ainsi leur expulsion hors du soleil les placerait forcément à un moment donné, à l’e;térieur des couches chargées. Soit - e la charge négative d’un électron, ¡BTe la charge positive du soleil, on calcule sans peine que la vitesse limite d’échappement deviènt V2 risées région chargée positivement, ce - -- peut régions actives sont caractés perturbation locale du champ élec- admettre que les par une trique facilitant l’émission des électrons. Cette émission tend à diminuer la perturbation électrique et par suite au bout d’un certain temps l’émission s’arrête, mais à ce moment la charge totale positive du soleil est augmentée, de forte que l’ensemble du soleil n’émet que des ions par la pression de radiation, jusqu’à ce qu’une nouvelle perturbation du champ électrique se produise la surface solaire. Il est d’ailleurs assez probable que les deux phénoSi l’on détermine la charge par la condition qu’elle mènes énumérés entrent simultanément en jeu. Dans tous les cas, les vitesses des électrons émis doit empêcher l’échappement de tous les électrons de seront faibles, d’un ordre de grandeur de quelques vitesse inférieure à 3.108 ém jseé Oh obtiént :t centaines à quelques milliers de km par sec. Il faut examiner encore si au dessus de la surface c’est-à-dire dans la chromosphère, ne peut solaire, Le volume du soleil est en nombre rond 2x~0~ cm3 si on admet que la charge est répartie uniformément exister un champ électrique qui accélérerait les électrons. Un tel champ a été postulé par Dauvillier qui dans toute sa masse, la charge que nous venons de calculer signifierait qu’il faudrait ajouter un électron avait besoin, pour sa théorie, d’électrons ayant une énergie de 10iOe. V. Nous avons vu d’autre part (p. 304) pour chaque cube de deux cents millions de mètres que la production des aurores ne peut s’expliquer par cubes pour l’amener à être électriquement neutre. Une des électrons que si ceux-ci ont des énergies de telle charge est extrêmement petite. 6 X 10~ e. V àu moins. L’influence de la charge électrique que nous venons L’étude du champ chromosphérique a fait l’objet de de calculer est négligeable pour des ions. En effet si p recherches par Pannekoek (1+), Rosseland (’à) et surest la masse d’un ion et V:i sa vitesse limite d’échappetout Milne (16) en négligeant la pression de radiation. ment, on a : Leur conclusion est que le champ électrique est extraOMinairenient faible. Milne par exemple trouvé que la séparation des ions et des électrons suivant la loi de Dalton ne se ptoduit que lorsque la pression devient inférieure à 10-34. En outre, si artificiellement on introduisait un èhamp électrique dans line atmosphère on trouve que pour les ions d’hydrogèneest de l’ordre stellaire de 40. 000 Y par cm, on ne pourrait obtenir de 10-2 et que pour les ions CalI il est de l’ordre de entre deux points quelconques de cette atmosphère 2 X 10-4. D’autre part la vitesse quadratique moyenne des différences de potentiel excédant Un volt. En un des ions d hydrogène et de calcium est respectivemot, tout se passe comme si les atmosphères stellaires 25 4 étaient extraordinairement conductrices. d de celle des ’1 et par suite ment électrons 1OOu 1uuu Si l’on négligeait rémission des ions et des électrons leur émission thermique est pratiquement impossible. et qu’on reprenne le calcul précédent en tenant compte Ces résultats ontt été obtenus par Milne e 2) et ils nous de la pression de radiation, on serait conduit à des étaient inconnus lorsque nous sommes arrivée à la résultats tout à fait analogues, car la pression de radiamême conclusion (13). tion n’agit au fond que comme une modification à la L’émission d’ions positifs par la pression de radialoi de gravité et ne pourra donner par suite lieu à une tion tend à diminuer la charge positive du soleil et augmentation dans le rapport ~ï0la ou même 6 10~ du par suite à permettre l’émission d’électrons destinée à champ électrique. D’ailleurs le problème ne présente la compenser électriquement. Il est difficile de se ren- iiii intérêt que si l’on tient compte de l’émission des dre compte si l’émission est constamment neutre, ou particules. Nous allons l’étudier dans ce cas mais sans seulement statistiquemnnt neutre. On peut imaginer effectuer de théorie générale, ce qui n’en vaut pas la des représentations valables pour l’un ou l’autre cas. peine. i" Si constamment l’émission est neutre, lorsque le Supposons qu’à l’état initial il n’y ait qu’un champ soleil possède une zone active on doit admettre que très petit, il est bien évident qu’aucun champ imporcelle-ci possède un caractère éruptif, c’est-à-dire que tant ne pourra prendre naissance, car nous nous les électrons aussi bien que les ions possèdent une trouvons dans le cas que nous venoiis d’examiner tout vitesse d’ensemble qui leur permet plus facilement au long. En effet, si l’émission par pression de radiation d’échapper à l’attraction solaire. En l’absence d’une était nulle, le champ serait très petit et aurait pour zone active, la charge du soleil aurait juste la valeùr simple effet de retenir les électrons de manière à condonnant lieu à une émission égale d’ions et d’électrons. trebalancer les effets de l’agitation thermique. Si l’émission des ions est faible, l’émission d’électrons qui doit ~° Si l’émission est neutre seulement statistiquement sur et e . 307 lui être égale est elle aussi faible et là encore le champ doit avoir pour effet de retenir les électrons, ear en F absence dd tout champ, comme nous l’avons dit, la vitesse thermique d’agitation serait comparable à la vitesse limite d’échappement à la surface du soleil. Enfin l’émission des ions ne peul être considérable car le mécanisme qui lui donne naissance s’y oppose et qu’en outre les observations de vitesses radiales dans la chromosphère ne s’accordent pas avec une telle con- ception. Supposons au contraire maintenant que la chromosphère soit le siège d’un champ électrique important. Alors un nombre considérable d’électrons s’échappera avec une très grande vitesse. Par contre les ions seront retenus, effet eh sîôrvV est r (p, 305) devient le champ, p l’équation (1), () : la valeur maximum du premier terme du second membre s’obtient en prenant r = a et I - 1, (fig, 1) Pour les raies H et K oil a, r pour que dt2 soit environ 1,- o = 9 positif il el par suite faut que l’on ait : c’est-à-dire Une valeur t68 fois plus petite que celle admise par Dauvillier. Par conséquent, un champ important ne peut subsister, l’émission des électrons n’étant compensée par rien, et on retombe sur le cas étudié précédemment où seule la compensation a lieu. 6. Retour sur la production des aurores Nous venons de voir que le soleil émet en nombre égal des ions de Ca II de vitesse 1,6 108 cm/sec et des électrons lents de vitesses faibles (au plus quelques milliers de km/sec) pouvant d’ailleurs avoir des valeurs quelconques. Nous avons dit (p. 304) que les vitesses des corpuscules qui expliqueraient les retards des perturbations magnétiques sur terre sont comprises entre 0,3 108 et 1,8 908 cm/sec avec une moyenne de 0,7 108. La variabilité de ces nombres parait plutôt explicable si les aurores sont produites par les étectrons. mais peut aussi s’expliquer dans le cas des ions si on admet que la zone active n’est pas confondue avec la tache solaire. En ce qui concerne la pénétration des ions Ca II dans l’atmosphère, Milne (11) rappelle des mesures de Blackett suivant lesquelles un atome d’argon, ayant sensiblement même masse qu’un atome de calcium, a un parcours dans l’air de 0, i6 cm si sa vitesse est 1,6 108 cm/sec. Blackett estime d’ailleurs que pour un atome de Ca Il le parcours serait sensiblement plus petit. Or d’après Chapman et Milne la masse d’air située au-dessus de 100 km d’altitude est 0,4 cm et si l’hyTtlrogène existe aux hautes altitudes de la manière trouvée a11 voisinage du sol cette masse s’élèverait à cm. 1,2 cm. Au-dessus de 80 km, la masse d’air est Les observations d’aurores donnent souvent des altitudes de 80 km et même inférieures. Eh outre les particules électrisées décrivent des sortes d’hélices autour des ligues de force du champ magnétique terrestre, ce qui augmente encore leur parcours dans l’air, et par suite il semble que les atomes de calcium aient des pénétrations au moins 50 fois trop faibles dans l’atmos- phère. Lès électrons, eux, devraient posséder des vitesses de l’ordre de 101 cm/sec pour atteindre l’altitude 80 km, vitesse extrêmement supérieure à celle des électrons émis par le soleil. Cependant certaines considérations telles que le sens d’enroulement de la zone aurorale et la variation du retard des perturbations magnétiques ainsi que l’impossibilité d’avoir des ions pénétrant assez profondément dans 11atmosphère semblent indiquer que les aurores sont bien produites par des électrons. Ceux-ci devront alors être accélérés de marnière à atteindre la terre avec une vitesse de 101° cmjsec. Une telle accélération pourrait être produite par la terre elle-même, supposée chargée positivement. On charge nécessaire serait : trouve que la Ne = 6 X 1010 u.e.s. Cette charge est très petite. On sait que le champ électrique terrestre s’annule vers 10 km d’altitude et oh ignore ce qu’il devient aux altitudes élevées. On calcule que pour rendre compte de la charge que nous venons de trouver il suffirait d’ajouter au-dessus de cette altitude un électron par 1011 atomes à ceux qui existent pour neutraliser cette charge. Il faut maintenant se rendre compte de la manlèrë dont le champ électrique terrestre peut se maintenir. Ce point a toujours été négligé dans les théories des aurores. Les auteurs admettaient que les aurores sont produites par des particules d’un seul signe et par suite la charge de la terre devrait augmenter jusqu’à empêcher les particules de l’atteindre. Dans le cas qui nous occupe la charge positive de la terre calculée plus haut suffit à repousser les ions de calcium et par suite les électrons seuls pénètrent profondément dans l’atmosphère. Il n’est pas impossible que l’action combinée des champs magnétiques et électriques de la terre permette à des ions de décrire des orbites périodiques autour de la terre, ce qui contribuerait à l’entretien du champ électrique. Mais il y a une autre cause beaucoup plus sûre à cet entrelien qui provient des rayons cosmiques. En effet on pense maintenant que le rayonnement cosmique primaire est chargé positivement d’après l’effet de dissymétrie du nombre de rayons observés en fonction de la distance zénithale au voisinage de l’équateur, comme cela a été montré en particulier par Rossi et par Auger et Leprince-Ringuet (17). 308 Remarques aucune . et conclusions. - L’hypothèse que suggérer a l’avantage de ne nécessiter hypothèse purement gratuite. Nous avons en nous venons de effet étudié la nature des particules que le soleil est susceptible d’émettre. Leur vitesse de propagation entre le soleil et la terre nous est en outre connue par le retard des perturbations magnétiques et se trouve en accord avec les vitesses déduites de l’étude des phénomènes d’émission sur le soleil. Comme les particules n’ont pas l’énergie nécessaire pour entrer assez profondément dans l’atmosphère terrestre, elles doivent être accélérées par un champ électrique d’origine terrestre. Si la terre était chargée négativement les ions seraient accélérés et les électrons repoussés, mais on ne voitt pas comment la charge se maintiendrait et par suite la terre est chargée positivement, la charge pouvant être conservée grâce aux rayons cosmiques. L’utilité d’une théorie est qu’elle permet de prévoir des faits nouveaux. La théorie que nous venons d’établir laisse prévoir une variation de la hauteur minima des aurores au cours du cycle solaire. En effet au minimum d’activité les aurores sont rares et par suite la charge positive due aux rayons cosmiques augmente et lorsqu’il y a une aurore les électrons sont davantage accélérés et la limite inférieure de l’aurore est plus basse. Il semble probable que la hauteur minimum des aurores doit se trouver deux à trois ans environ après le minimum d’activité solaire. La théorie que nous venons de proposer soulève un certain nornbre de problèmes qui devraient être résolus avant qu’on puisse la regarder comme définitivement établie. a) La distance théorique de la zone aurorale au pôle est certainement augmentée par la présence du champ électrique. Si le champ magnétique produit par les particules électrisées elles-mêmes était négligeable, on trouverait par la comparaison de la théorie à la posi- tion réelle de la zone aurorale, une valeur de la charge électrique de la terre. Stôrmer a étudié (18) les trajectoires des électrons soumises simultanément à un champ magnétique et à un champ électrique, en vue d’une application au soleil, mais il n’a pas donné d’indications sur la position de la zone aurorale. b) Le nombre d’ions Ca II s’échappant du soleil par suite de la pression de radiation n’est pas connu. Il serait intéressant de pouvoir le déterminer. c) La pénétration des ions CAII dans l’air serait intéressante à étudier directement. Outre leur pénétration il faudrait voir si on ne devrait pas observer des raies de Ca]I ou de Caldaos l’atmosphère lors des aurores dans le cas où les aurores ne seraient pas dues à des électrons. Les raies de Cal seraient obtenues de la manière suivante : les ions CaIl arrivés au bout de leur trajet dans l’atmosphère, y séjourneraient et redeviendraient neutres, sous l’influence du bombardement par de nouveaux ions ils émettraient alors des raies de CaI. Des observations analogues ont été réalisées par Jones (1g) qui bombardait de la vapeur de mercure avec des ions Li II et qui a obtenu des raies de Li/0. Il ne nous a pas été possible dans cet article d’étudier toutes les théories qui ont été émises au sujet des aurores. Certaines sont périmées ou trop évidemment contredites par les faits, d’autres, comme la théorie de Chapman et Ferraro, ne sont que des développements d’une idée générale en vue d’expliquer les détails des phénomènes et n’entraient pas dans notre sujet où nous n’avons voulu considérer que les grandes lignes du problème. (*) Dans une note récente Maurer (2°) a obtenu des raies très intenses de Li I et une raie faible de Li II en bombardant de l’hélium avec des ions Li ll. 11 reiette d’ailleurs l’hypothèse de Jones. Manuscrit reçu le 2 mai 1937. BIBLIOGRAPHIE (1) BIRKELAND. Videnskabs Selskabets Skrifter, 1902, p. 39 et 74. (2) STORMER. Archives des sciences physiques et naturelles, 1907, 24, p. 5, 113, 221, 317 ; 1911, 32, p. 117, 190, 277, 415, 501 ; 1912, 33, p. 51, 113. (3) ROSSELAND. Theorelical astrophysics, 1936, p. 274. (4) VEGARD et KROGNESS. Geofysiske Publihationer, I1, 1920, p. 136. (5) STÖRMER. Geofysiske Publikationer, I5, 1921, p. 157. (6) ABETTI. Handbuch der Astrophysik, IV, p. 210. (7) MAURAIN. Annales de l’Institut de physique du globe de Paris, 1927, 5, p. 86. (8) MAURAIN 4e Rapport de la commission pour l’étude des Relations entre les phénomènes solaires et terrestres, 1936, p. 73. (9) DAUVILLIER. Revue générale d’électricilé, 1932, 31, p. 303, 443, 2014 477. (10) MILNE. Monthly notices of the R. A. S., 1924, 85, p. 111, 1925, 86, p. 8. (11) MILNE. M. N. of the R. A. S., 1926, 86, p. 459. (12) MILNE. Transac. Cambr. Phil. Soc., 1923, 22, p. 483. (13) BARBIER. C. R., 1936, 203. p 920. (14) PANNEKOEK. Bull. Astron. Institutes of the Netherlands, 1922, 1, p. 110. (15) ROSSELAND. M. N. of the R. A. S., (16) MILNE. Proc. Cambr. Phil. Soc., 1924, 84, 1924, 22, p. 720. p. 493. (17) Actualités Scientifiques et Industrielles, 1936, 340, p. (18) STORMER. C. R., 1912, 155, p. 1073; 1913, 156, p. 450 1916, 162, p 829. (19) JONES. Phys, Rev., 1933, 44, p. 707. (20) MAURER. Zeitschrift für Physik, 1937, 104, 658. 18. et 536;