La Lettre du Gynécologue • n° 391-392 - juillet-août-septembre-octobre 2014 | 29
Points forts
»Recommandations de l’HAS concernant les personnes ayant des antécédents personnel ou familiaux de
cancer du sein invasif ou in situ (lobulaires ou canalaires), ou de lésions mammaires avec atypie (hyperplasie
canalaire atypique, hyperplasie lobulaire atypique), ou d’irradiation thoracique (maladie de Hodgkin), une
densité mammaire radiologique après la ménopause supérieure à 75 %, suivant traitement hormonal subs-
titutif de la ménopause. Elles ne concernent pas les femmes porteuses de la mutation BCRA1 ou 2.
»
Il n’y a pas lieu de modifier les règles du dépistage organisé pour les femmes ayant une densité mammaire
élevée, un traitement hormonal substitutif de la ménopause, avant ou après 50 ans.
»
Des règles spécifiques de dépistage doivent être appliquées pour les femmes ayant un antécédent
personnel de cancer du sein invasif ou in situ, une hyperplasie atypique lobulaire ou canalaire ou ayant
eu une irradiation thoracique pour un Hodgkin.
Mots-clés
Cancer du sein
Dépistage
Femmes à risque
Highlights
»
These HAS recommendations
are for women at high risk of
breast cancer: personal or
family invasive or in situ (ductal
or lobular) breast cancer,
atypical hyperplasia, thoracic
irradiation (Hodgkin’s disease),
high breast density (Bi-RADS 4),
menopausal hormone replace-
ment therapy. These recommen-
dations are not for women with
BCRA1-2 gene mutation.
»
It is not necessary to change
the rules of the organized
screening for women with
high density mammography
(Bi-RADS 4) or menopausal
hormone replacement therapy.
»
Specifi c screening rules are
necessary for women with a
personal or family history of
invasive or in situ (ductal or
lobular) breast cancer, atypical
hyperplasia, thoracic irradiation
(Hodgkin’s disease).
Keywords
Breast cancer
Screening
Women at high risks
Conformément aux méthodes de la HAS en matière
d’évaluation a priori d’un programme de dépistage,
les critères de jugement privilégiés ont été :
➤
le taux de mortalité par cancer du sein, le taux
de mortalité globale, le taux de cancers du sein à
un stade avancé ;
➤
les effets secondaires du dépistage, à savoir : le
nombre de résultats faux positifs, l’estimation du surdia-
gnostic et le nombre de cancers du sein radio-induits ;
➤
le rapport coût/effi cacité par année de vie sauvée
et par année de vie gagnée ajusté sur la qualité de vie.
L’analyse de la littérature a montré que les études
sont hétérogènes en termes de modalités de réali-
sation des examens (notamment le nombre d’inci-
dences en mammographie), d’âge de la population
étudiée, ainsi que dans l’interprétation des examens
d’imagerie, avec une variation du score BI-RADS
considéré comme positif.
Les facteurs de risque sont le plus souvent
regroupés dans les critères d’inclusion des partici-
pantes. Ainsi, il n’est pas possible de conclure pour
chaque facteur de risque individuellement.
Quelles modalités de dépistage ?
La plupart des études proposent une répétition annuelle
des examens, associée à l’examen clinique biannuel.
Chez les femmes à haut risque, dans les différents
groupes envisagés, la sensibilité de la mammo-
graphie paraît légèrement plus basse que pour la
population générale, variant de 32 à 56 %, pour
une spécifi cité de 89 à 98,5 %.
Chez certaines femmes de 40 à 49 ans ayant des
antécédents familiaux de cancer du sein ou de
l’ovaire (cas multiples et/ou précoces), la réalisa-
tion d’une mammographie pourrait permettre une
réduction de la mortalité spécifi que.
L’ajout de l’échographie à la mammographie
permet une augmentation de la sensibilité, variant
de 44 à 94 %, mais il diminue la spécifi cité, comprise
entre 74 et 84 % (valeurs pour l’association mammo-
graphie et échographie). Il serait à l’origine de 2,3 à
5,7 % de biopsies supplémentaires, dont 7,4 à 13,7 %
de cancers, majoritairement infi ltrants mais sans
envahissement ganglionnaire. L’ajout de l’échogra-
phie permet le diagnostic de cancers supplémentaires
principalement sur les seins denses hétérogènes
ou extrêmement denses (BI-RADS D3 et D4).
L’IRM mammaire est plus sensible, avec des valeurs
de 75 à 87,5 %, que la mammographie et l’échogra-
phie, ou que l’association des 2. Cependant, l’IRM
est moins spécifique que la mammographie. La
spécifi cité de l’IRM semble comparable à celle de
l’association mammographie et échographie.
L’IRM, ajoutée à l’association mammographie et
échographie, serait à l’origine de 7 % de biopsies
de plus qu’avec l’association mammographie et
échographie, dont 19 % de cancers de petite taille,
infi ltrants et majoritairement (voire en totalité) sans
envahissement ganglionnaire.
Effets indésirables
Les effets indésirables du dépistage chez les femmes
à haut risque doivent être pris en considération.
Le risque de cancer radio-induit augmente du fait de
la répétition des mammographies, d’autant plus que
les femmes à haut risque concernées par le dépistage
sont plus jeunes et/ou ont un parenchyme mam-
maire plus sensible que celles de la population géné-
rale bénéfi ciant du dépistage organisé. Les études
biologiques et épidémiologiques montrent respec-
tivement que les faibles doses d’irradiation sont à
l’origine de cassures et d’une absence de réparation
de l’ADN dans des cellules épithéliales mammaires
en culture et que le risque augmente au-delà de 5
mammographies chez les femmes de 40 à 50 ans.
Les modèles de risque incitent donc à la prudence.
Cette précaution concernerait d’autant plus les per-
sonnes porteuses de mutations affectant la répa-
ration de l’ADN, comme les femmes porteuses des
mutations BRCA1/2 et TP53.
En l’absence de données sur le surdiagnostic chez
les femmes à haut risque, aucune conclusion n’a
pu être formulée.
Conclusions et recommandations
En l’absence des facteurs de risque pour lesquels un
dépistage spécifi que du cancer du sein est recommandé,
il n’y a pas lieu de réaliser une mammographie ou une