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Résumé de la prise de position
Avec cette prise de position, la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine ( NEK-
CNE ) présente ses recommandations concernant la réglementation légale de la recherche sur les
embryons et les fœtus humains. Partant de l’état des connaissances scientifiques, elle a dressé une
sorte de cartographie des questions éthiques fondamentales auxquelles il convient de porter at-
tention lors des discussions préparatoires à la « loi fédérale relative à la recherche sur l’être hu-
main » actuellement en projet. La Commission a formulé des principes du jugement éthique su-
sceptibles d’aider à la clarification de ces questions. Elle a aussi rédigé des recommandations con-
crètes sur un éventail de problèmes.
Le but essentiel que s’est fixé la NEK-CNE est la protection adéquate de la vie humaine en de-
venir et des femmes concernées, du fait de leur vulnérabilité à l’égard des intérêts étrangers. La
connaissance scientifique et la quête des principes de la vie ou des causes des maladies sont en-
visagées comme des biens sociaux qui, pour importants qu’ils soient, ne sauraient toutefois l’em-
porter sur l’ensemble des autres biens. La reconnaissance d’une dignité de l’embryon, présente
dès les stades les plus précoces de son développement et s’accroissant progressivement jusqu’à la
naissance, celle de la protection de la santé du futur enfant, mais aussi la reconnaissance du re-
spect à l’égard des femmes exigent, de la part du législateur, l’élaboration de règles claires et, de
la part de la recherche, l’observation de ces limites.
L’objet de la présente prise de position s’étend à la recherche sur les cellules germinales, sur
les embryons et « pseudo-embryons » produits in vitro, sur les cellules et tissus qui peuvent être
obtenus à partir d’embryons ou de fœtus provenant d’interruptions volontaires de grossesse, ainsi
qu’à la recherche sur les embryons et les fœtus durant la grossesse, c’est-à-dire dans l’utérus.
Dans nombre de ses recommandations concernant des problèmes concrets de la recherche sur
les embryons et les fœtus, la NEK-CNE est parvenue à des recommandations unanimes. Sur certains
points, en revanche, des positions majoritaires et minoritaires se sont formées. Elles sont le reflet
de la pluralité des conceptions morales qui caractérise également la société sur ces questions.
La Commission est parvenue à la conclusion que la recherche sur les ovules et les spermatozoïdes
doit être possible, à la condition toutefois que la donneuse ou le donneur y ait donné son consentement
après une information approfondie quant aux finalités d’utilisation. Une stimulation hormonale des
femmes dans la perspective d’un don d'ovules qui serait pratiqué uniquement à des fins de recherche
n’est en revanche pas justifiable sur le plan éthique ; la fécondation de cellules germinales produites
in vitro ( à partir de cultures de cellules souches ) ne l’est – selon le vote de majorité de la Commis-
sion – pas davantage. Dans l’hypothèse où des recherches doivent être conduites sur des ovules ou
des spermatozoïdes d’origine artificielle, la femme qui a fait don de l’embryon utilisé pour l’obtention
de ces cellules germinales produites in vitro doit être traitée comme une donneuse d’ovules.
En ce qui concerne les embryons et pseudo-embryons in vitro, une série de cas parti-
culiers est discutée : la Commission met en doute la validité absolue de la fusion des noyaux
de l’ovule et du spermatozoïde comme critère pour l’apparition de la protection due à l’em-
bryon. Elle juge en conséquence nécessaire l’adoption de règles appelant à une manipulation
prudente des cellules germinales fécondées dès le stade pronucléaire. Elle n’envisage toutefois
pas pour autant la fusion comme le début d’un droit à une protection complète. La Commis-
sion accorde sa préférence à des conceptions qui admettent un développement progressif de
la dignité de l’embryon.
Le clonage thérapeutique ne doit pas être autorisé en Suisse à l’heure actuelle. La grande ma-
jorité de la Commission ne voit aucune raison éthique qui milite de façon définitive pour ou contre
une autorisation du clonage thérapeutique et perçoit le besoin d’un supplément de clarification sur
les implications éthiques de la technique de transfert nucléaire. Une minorité de la Commission re-
fuse le clonage thérapeutique pour des considérations de principe. Deux positions se font égale-
ment jour au sein de la Commission en ce qui concerne l’autorisation de la parthénogenèse pour
la production des cellules souches embryonnaires. L’une ne soulève aucune objection éthique de