Thème 4 : Colonisation et décolonisation
Chapitre 8 : La décolonisation
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L’entre-deux-guerres a vu la montée des nationalismes, tant en Inde, en Indochine, que dans le
Maghreb, avec la volonté d’accéder à l’indépendance par la voie négociée ou par la force. La Seconde
Guerre mondiale ébranle la puissance des métropoles, vaincues par l’Allemagne (France, Belgique,
Pays-Bas) ou dont l’autorité n’est plus incontestable (Royaume-Uni confronté au Japon en 1942). Au
lendemain de la guerre, les nationalismes se réveillent, d’autant plus que les colonies ont participé
elles aussi au conflit, souvent contre la promesse d’évolutions institutionnelles. Le contexte de la
guerre froide, et l’opposition des Etats-Unis et de l’URSS à la colonisation, le nouveau rôle de l’ONU
(« droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »), changent la donne et contraignent les puissances
coloniales à envisager la décolonisation. Celle-ci ne s’est pas faite simplement, comme le montrent
faussement les images introduisant le chapitre dans le manuel (p. 270-271) d’une manière douce et
négociée pour les Britanniques et par une valeureuse guerre d’indépendance contre les méchants
Français par les Algériens, mais par des négociations, des luttes, des violences et un contexte
international défavorable qui ont rendu la décolonisation inéluctable, notamment en Inde, « perle de
l’empire » britannique, et en Algérie, dont le statut n’avait jamais été véritablement défini.
Problématique : En quoi l'indépendance des Indes britanniques et la guerre d'Algérie sont-elles des
étapes importantes du processus de décolonisation ? Quels en sont les caractères propres et les points
communs ?
I. La fin de l’Empire des Indes
Faire une biographie de Gandhi, Nehru et Jinnah.
A. Un processus d’autodétermination confronté au nationalisme indien :
1) Un processus d’autodétermination dans la tradition britannique
Dans la tradition britannique, les peuples colonisés doivent accéder progressivement à
l’émancipation par un processus plus ou moins long d’acquisition d’institutions parlementaires
indépendantes (système du self-government et des dominions). L’Inde est l’une des plus anciennes des
colonies britanniques, et la pierre angulaire de la politique coloniale depuis le début du XIXe siècle.
Son statut à part fait que dès la fin du XIXe siècle, il existait des institutions représentatives, mais sans
réel pouvoir. Ainsi s’est formé en 1885, le parti du Congrès, qui regroupe les élites hindoues et
musulmanes qui veulent une autonomisation croissante de l’Inde dans le cadre de l’empire. Après
1920, ses principaux dirigeants sont Gandhi et Nehru. En 1906, les musulmans, formant un quart de la
population totale du sous-continent, créent la Ligue musulmane, dont Jinnah devient le leader en 1916.
Devant la pression fournie par les mouvements non-violents de Gandhi (1920 : boycott des produits
anglais, années 1930 : marche du sel) et les violences répétées des nationalistes hindous ou
musulmans, les Britanniques accordent l’India Act : l’Inde dispose désormais d’un gouvernement et
d’un parlement fédéral, les Britanniques conservant les affaires étrangères et la défense.
2) Le mouvement Quit India en 1942
Documents à utiliser : document 3 p. 277, document 5 p. 277, document 2 p. 278 et document 4 p.
279.
Questions :
1. L’Empire des Indes soutient-il l’entrée du Royaume-Uni dans la seconde guerre mondiale ?
La déclaration de l’entrée en guerre de l’Inde aux côtés de la métropole, sans avoir consulté les
Indiens, provoque un réveil des nationalismes et conduit le parti du Congrès à refuser son soutien au
gouvernement britannique à moins d’une reconnaissance de l’Inde comme partenaire. Cela implique
donc l’indépendance.
2. Comment l’Empire des Indes participe-t-il à la guerre au côté du Royaume-Uni ?
Mais la métropole réplique par un refus se réfugiant derrière le motif de l’état de guerre. Très
rapidement l’Inde joue un rôle essentiel dans le conflit : l’équivalent de 4 milliards de dollars sont
fournis à la métropole et à partir de 1942, l’Inde se retrouve en première ligne du front allié en Asie.
Le danger japonais grandissant, la métropole assouplit ses positions et envoie une « mission de Bons
Offices » dirigée par sir Stafford Cripps, connu pour ses prises de positions anti-impérialistes. Cette
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mission est un échec face à l’intransigeance de la Ligue musulmane qui réclame la reconnaissance
d’un Pakistan musulman et celle du Congrès qui réclame un transfert immédiat de pouvoir à une Inde
unitaire.
3. Quelle est la politique menée en Inde à partir de 1942 de la part des leaders nationalistes hindous
et musulmans ? Comment le gouvernement britannique réagit-il à cette politique ?
L’année 1942 voit ainsi se jouer une crise sans précédent entre Indiens et Britanniques. Gandhi inspire
au Congrès la Quit India Resolution, adoptée le 8 août 1942. Les nationalistes y réclament la fin de la
domination britannique. Outre la condamnation du colonialisme et de ses effets désastreux sur le pays,
le Congrès rappelle les principes de liberté défendus par les Alliés et place le Royaume-Uni face à ses
contradictions ; il affirme que la liberté de l’Inde sera le meilleur gage de sa contribution à la victoire
alliée. Les chefs nationalistes sont immédiatement appréhendés ; de graves troubles, durement
réprimés, submergent alors l’Inde ; 100000 arrestations sont opérées.
4. Quels sont les effets réels du mouvement Quit India ?
Les partisans du terrorisme mettent à profit les circonstances pour réapparaître, malgré les appels à la
raison de Gandhi. Dans l’immédiat, Quit India paraît un échec. Mais cet épisode a accéléré la cause de
l’indépendance, d’une part en contribuant à la popularité du parti du Congrès et d’autre part en
révélant l’impossibilité pour le Royaume-Uni de maintenir durablement sa domination par la force.
Gandhi, libéré en 1944, annonce la fin de la désobéissance civile, et entreprend des conversations avec
le leader de la Ligue musulmane ; son combat est désormais d’empêcher la partition de l’Inde,
contraire à sa vision d’une communauté multi-religieuse fondée sur la tolérance. Mais ces entretiens ne
donnent aucun résultat, marquant le fossé qui s’est creusé entre le parti du Congrès et la Ligue
musulmane. De son côté, à l’été 1945, Londres reprend le contact en vue de nouvelles négociations.
3) Deux visions opposées de l’indépendance :
Documents à utiliser : document 2 p. 278 et document 4 p. 279.
Questions :
1. Quel est le point de vue du parti du Congrès et de Gandhi concernant l’avenir de l’Inde
indépendante ?
L’India Act de 1935 accorde aux provinces un régime d’autonomie politique avec des assemblées
élues habilitées à mettre en place des gouvernements locaux. Après les élections provinciales de 1937,
le Congrès refuse de faire une place à la Ligue musulmane dans les nouveaux gouvernements
provinciaux, entraînant un raidissement de cette dernière alors dirigée par Muhammad Ali Jinnah. Ce
riche avocat, entré tôt en politique comme nationaliste modéré dans le cadre du Congrès, puis de la
Ligue musulmane, a essayé de lier les deux partis pour la défense des intérêts musulmans. La Ligue
prétend être considérée par les Britanniques comme l’unique représentante de l’ensemble, pourtant très
diversifié, de l’islam indien. Ni Gandhi, ni le parti du Congrès ne peuvent accepter cette exigence
puisqu’ils ont toujours soutenu qu’eux seuls représentent le mouvement national et le peuple indien
dans son entier, au-delà des particularismes religieux. Jinnah décide de faire de la Ligue musulmane
un parti de masse pour défendre efficacement les intérêts des musulmans et en radicalise les positions.
Pour Gandhi et le parti du Congrès, il n’est pas question dans un premier temps de faire une partition
de l’Inde.
2. Quel est le point de vue de Jinnah et de la Ligue musulmane concernant l’avenir de l’Inde
indépendante ?
En conflit avec Gandhi après 1920, il s’est exilé à Londres dont il est revenu en 1935 pour prendre la
tête de la Ligue musulmane. La Ligue prétend être considérée par les Britanniques comme l’unique
représentante de l’ensemble, pourtant très diversifié, de l’islam indien. Dès le congrès de Lahore, en
1940, la demande d’un État séparé est inscrite dans son programme, ce que Gandhi considère comme
une « invitation à la vivisection de l’Inde ». Jinnah soutient la théorie des « deux nations », une
hindoue et une musulmane, comme deux entités historiquement et culturellement différentes. Les
dirigeants du Congrès comme Nehru prônent, eux, un « nationalisme composite » selon lequel toutes
les personnes vivant sur le sol de l’Inde, quelle que soit leur religion, forment une seule nation. Mais la
Ligue musulmane comme le Congrès proclament tous deux leur volonté d’indépendance.
B. Une indépendance dans la division et le sang
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1) La multiplication des violences au lendemain de la deuxième guerre mondiale
Document à utiliser : document 5 p. 277 et la suite du discours de Clement Attlee du 20 février 1947,
extrait de la revue Hérodote sur la conférence de Simla achevée le 14 juillet 1946, photo de la tuerie de
Calcutta faisant suite à l’ordre du Direct action day de Jinnah.
Questions :
1. Quels sont les objectifs du Royaume-Uni avant de donner l’indépendance à l’Inde ?
Les Britanniques se rendent à l’évidence que l’indépendance indienne est inéluctable mais souhaitent
obtenir certaines garanties (unité du pays, droits des minorités, accord de sécurité) et un calendrier qui
ne précipiterait pas les événements vers le chaos. En particulier, ils souhaitent assurer à l’Inde des
institutions stables, capables de maintenir la cohésion du pays avant l’indépendance.
2. Ces objectifs ont-ils été réalisés au moment où Attlee estime la nécessité d’un transfert du pouvoir
entre les mains des autorités indiennes ?
Sur tous ces points, la politique britannique enregistre une succession d’échecs. Le projet présenté à la
conférence de Simla en juin-juillet 1945 consiste en la création d’un conseil exécutif intérimaire formé
d’Indiens, sur la base d’une égale représentation des hindous et des musulmans, auquel la plupart des
compétences d’État devaient être transférées. La conférence échoue presque immédiatement à cause
des exigences de Jinnah qui réclame le droit de nommer tous les représentants musulmans dans le
nouveau gouvernement. Cet échec marque en fait celui d’une solution unitaire.
Les Britanniques envisagent alors une solution fédérale, mais elle est encore mise en échec par les
positions radicalement opposées du parti du Congrès, qui n’admet pas l’idée d’un Pakistan et de la
Ligue musulmane, soulignant l’incompatibilité fondamentale des deux sociétés à cohabiter dans un
même ensemble. Ce plan prévoit la création d’une Union indienne, ouverte aux États princiers et dotée
d’un gouvernement fédéral, mais partageant ses prérogatives avec les provinces (y compris un
Pakistan) et les groupes de provinces. Afin de réaliser ce projet, un gouvernement intérimaire devait
être formé et l’élection d’une assemblée constituante organisée au plus tôt. La deuxième conférence de
Simla, en juin-juillet 1946, ne permet pas de trouver un terrain d’entente. Dans une déclaration
provocatrice, Nehru affirme alors que le Congrès n’accepte que la participation à une assemblée
constituante souveraine, qui ne sera liée par aucun plan préalable ; autrement dit la future Constitution
sera dictée par la majorité congressiste de l’assemblée, et sera donc défavorable aux minorités.
Document 1 : L’échec de la conférence de Simla, 14 juillet 1946
Pour tenter d'apaiser les dissensions communautaires, Lord Wavell,
vice-roi des Indes britanniques, présente en mai 1945 un plan de
compromis qui vise à la création d'un conseil exécutif dans lequel
hindous et musulmans seraient équitablement représentés. Il convoque
une conférence à Simla, au nord de l'Inde, le 25 juin 1945, pour en
débattre. Ali Jinnah, qui représente la Ligue musulmane, revendique
pour celle-ci le droit de représenter exclusivement les musulmans du
pays. Le parti laïc du Congrès conteste sa prétention. La conférence se
conclut sur un échec le 14 juillet 1946.
Hérodote, 2008.
Tuerie à Calcutta, 16 juillet
1946
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3. Quelles sont les conséquences des dissensions entre hindous et musulmans ?
Les antagonismes religieux atteignent le point de rupture lorsqu’en réponse Jinnah appelle à un
National Action Day qui dégénère à Calcutta du 16 au 18 août 1946, faisant plusieurs milliers de
victimes (photo). Le vice-roi tente alors un dernier effort en suscitant au moins la formation du
gouvernement intérimaire prévu, avec le Congrès seul. Nehru accepte d’en prendre la tête, mais les
tensions ne cessent de s’aggraver. Des heurts sanglants entre communautés se multiplient à Bombay,
Ahmedabad, au Bihar au Bengale et au Pendjab. Lorsque l’assemblée constituante se réunit en
décembre, les députés musulmans refusent d’y prendre part. C’est cette situation de violences et
d’impasse qui inspire la phrase d’Attlee. Il semble désormais évident que la partition est inévitable.
2) Le point de vue des britanniques
Document support : document 5 p. 277 et le texte de Clement Attlee ci-dessus.
Dès la fin de 1946, le désir des Britanniques d’en finir au plus vite avec leur empire des Indes
l’emporte. Le Royaume-Uni ne contrôle plus la situation. Les piliers du régime colonial,
l’administration, l’armée et la police donnent des signes de faiblesse et d’insoumission de plus en plus
nombreux ; les fonctionnaires britanniques souhaitent rentrer, tandis que l’opinion métropolitaine est
lasse et que la majorité au Parlement, et même nombre de conservateurs, ainsi que le gouvernement,
souhaitent se débarrasser au plus vite du fardeau indien. C’est dans ce contexte qu’Attlee déclare
devant la Chambre des communes, à Londres, le 20 février 1947, que les Britanniques évacueront
l’Inde au plus tard en juin 1948 et que le gouvernement de l’Inde sera transféré « à des autorités
établies par une Constitution approuvée par toutes les parties de l’Inde ». Attlee, soucieux de ne pas
réduire sa décision à un aveu d’impuissance, prend soin de la présenter comme un aboutissement de la
politique britannique de self-government. Dans l’idéal, ce processus gradualiste doit pouvoir aboutir au
transfert du pouvoir à des partenaires préparés, en diffusant le modèle britannique de la démocratie
parlementaire. Dans cet extrait, il est fait ainsi allusion à l’August Offer, en 1940 et à la proposition
faite par la mission menée par Sir Stafford Cripps en 1942 de créer une Union indienne, dotée
d’autonomie, à laquelle chaque État ou province pourrait adhérer librement au lendemain de la guerre.
3) La partition de l’Inde et ses conséquences :
Documents à utiliser : document 1 p. 270, document 1 p. 278, documents 3 et 5 p. 279.
Questions :
1. Quel est le représentant britannique qui donne l’indépendance à l’Inde et pourquoi ?
Le nouveau vice-roi, Lord Mountbatten, qui bénéficie de ses récentes victoires en Asie du Sud-Est,
arrive en mars 1947 dans une Inde au bord du chaos avec la difficile mission de mettre fin à la
présence britannique. Ayant tenté en vain de fléchir la position de Jinnah, et les heurts se multipliant,
Mountbatten est vite convaincu de l’inévitable partition à laquelle, de guerre lasse, Nehru et le
Congrès finissent par se rallier. Il y aura deux États, l’Union indienne et le Pakistan.
2. Quand a été prise la photographie et quelles sont les décisions prises à ce moment là ?
Cette photographie a été prise à la conférence de New Delhi en juin 1947, lors de laquelle le plan de
partition de l’Inde est accepté par les différentes parties ; le plan de transfert du pouvoir à deux
nouveaux dominions indépendants est annoncé le 3 juin. Lord Mountbatten est assis au centre entre
Nehru, représentant du parti du Congrès à sa droite et Jinnah, leader de la Ligue musulmane à sa
gauche ; le personnage en retrait est le chef de cabinet du vice-roi, Lord Ismay.
3. La photographie laisse supposer que l’indépendance a été négociée mais pour autant, est-elle
exempte de violence ? Quelles sont les conséquences de l’indépendance de l’Inde ?
Si cette photographie illustre une indépendance négociée, cette dernière est marquée par un contexte
de violence et une mise en œuvre à marche forcée, largement improvisée. Il est finalement décidé qu’il
sera procédé à une partition du pays. Les 14 et 15 août, les indépendances sont effectives. Voient alors
le jour deux dominions indépendants : l’Union indienne à majorité hindoue dont Nehru devient le
Premier ministre et le Pakistan à majorité musulmane dont Jinnah devient le lieutenant général. Le
Pakistan est lui-même divisé en deux zones séparées par 1700 km de territoire indien. Les frontières
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sont établies par une commission qui se trouve confrontée à une situation très délicate. Les nouvelles
frontières coupent en effet, dans de nombreux cas, des districts, des villages, des familles voisines
depuis des siècles. Le Pendjab et le Bengale sont divisés en deux : le Bengale oriental devient la partie
est du Pakistan (il gagnera son indépendance et deviendra Bangladesh en 1971). Les Etats princiers se
rallient à l’un ou à l’autre des deux nouveaux Etats, à l’exception provisoire de trois d’entre eux
(Cachemire, Hyderabad et Junagadh), dans lesquels la population est divisée sur le plan religieux et où
le souverain pratique une religion différente de celle de la majorité de ses sujets. L’indépendance est
célébrée dans la joie, mais dès le lendemain, des régions entières sombrent à nouveau dans la guerre
civile. Les partages territoriaux en sont la première raison. Des masses d’hindous et de musulmans
abandonnent alors leurs maisons pour se réfugier en Inde ou au Pakistan. On estime que la partition a
causé 300000 à 500000 morts et 10 à 15 millions de personnes déplacées de part et d’autre de la
frontière.
II. La Guerre d’Algérie, une guerre coloniale française :
A. L'échec de l'assimilation et la montée du nationalisme
1) Proclamation du FLN
Document 1 : La proclamation du FLN (Front de Libération nationale)
L’heure est grave. Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes
responsables et militants conscients […] a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de
l’impasse l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence pour le lancer aux côtés des frères
marocains et tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire. […] Notre action est dirigée uniquement
contre le colonialisme, seul ennemi obstiné et aveugle qui s’est toujours refusé à accorder la moindre
liberté par les moyens de la lutte pacifique. Ce sont là des raisons suffisantes qui font que notre
mouvement de rénovation se présente sous l’étiquette de FRONT DE LIBERATION NATIONALE.
[…]
But : l’indépendance nationale par :
- La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes
islamiques
- Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. […]
Moyens de lutte : conformément aux principes révolutionnaires et compte tenu des situations
intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre
but. Tract du FLN, 31 octobre 1954.
Questions :
1. A l’aide de votre livre et des connaissances déjà acquises dans les chapitres précédents, expliquez
quel est le contexte lorsque ce tract est délivré ?
La situation sociale en Algérie s’est aggravée, les disparités entre les deux communautés se sont
creusées. La communauté algérienne musulmane est parcourue par des groupuscules nationalistes,
comme celui de Messali Hadj, et le contexte international leur semble favorable (montée du
nationalisme arabe en Egypte avec Nasser, fin de la guerre d’Indochine, opposition des deux Grands à
la colonisation). C’est dans ce contexte qu’intervient cette proclamation, la veille des attentats de la
Toussaint rouge. Dans la nuit du 30 octobre au 1er novembre 1954, trente attentats presque simultanés
contre des objectifs militaires ou de police sont perpétrés. Ils font sept morts. C’est la première action
du FLN dont le nom dit clairement le projet indépendantiste, précisé par des tracts diffusés cette nuit-
là.
Ajout du professeur : Les fondateurs du FLN ont une trentaine d’années. Issus des classes moyennes,
ils ont fréquenté l’école française, sans être des intellectuels. Tous sont issus d’une organisation, le
Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), qui compte dans ses rangs plus de
20000 militants. Ce parti est déchiré depuis 1953 par des dissensions qui pour les membres fondateurs
du FLN ont plongé le mouvement national dans « l’impasse ». Les fondateurs du FLN ne croient plus
à l’action politique (grèves, pétitions, manifestations) et préconisent le recours à la lutte armée pour
sortir de la domination coloniale.
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