La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 3 - juin 1998120
analyse de la succession des nucléotides que
constitue l’ADN a permis de montrer que la
séquence d’un locus donné (segment de
séquence codante ou non) pouvait varier d’un individu
à l’autre au sein d’une même espèce. La transmission
de ces variations se fait de manière mendélienne au
cours des générations. Deux types de polymorphisme
sont décrits :les polymorphismes de restriction, les
polymorphismes de répétition.
•Le premier groupe est cara c t é risé par la présence
d’une va ri ation nu cléotidique entraînant la modifi c a-
tion de la carte de re s t riction du segment d’ADN,
c ’ e s t - à - d i re la possibilité pour une enzyme de re s t ri c-
tion de couper ou de ne pas couper l’ADN double brin.
•Le second groupe est caractérisé par la variabilité du nombre
de copies de séquences répétées en tandem au niveau d’un
locus. Deux types de séquences répétées sont polymorphes : les
minisatellites et les microsatellites.
Cette distinction repose sur une longueur différente
du motif de la séquence répétée. En effet, dans le
premier cas, il s’agit d’un motif de plus d’une dizai-
ne de nucléotides ; dans le second,il s’agit de moins
de 5 nucléotides. Le plus généralement, il s’agit de séquences
dinucléotidiques de type (CA)n/(GT)n répétées. L’intérêt de ces
séquences de type microsatellite est qu’elles sont très poly-
morphes, abondantes et uniformément réparties sur l’ensemble
du génome. En effet, le nombre de copies du motif répété pour
un locus donné varie de façon fréquente au niveau de la popula-
tion ; le nombre moyen de séquences dinucléotidiques répétées
polymorphes est probablement supérieur à 100 000 sur l’en-
semble du génome humain et plus de 6 000 sont identifiées à ce
jour. La séquence systématique du génome a permis de montrer
une fréquence de ces séquences répétées tous les 100 000
nu cléotides. La cara c t é r i s a tion du poly m o r phisme de ces
séquences microsatellites se fait facilement par PCR à l’aide
d’amorces spécifiques flanquantes (figure 1).
Cette simplicité a permis la généra l i s ation de leur
u t i l i s a tion en biologie moléculaire. Si La Lettre
de l’hépat o - ga s t ro e n t é ro l ogue m’a demandé de
fa i re cette description des locus micro s a t e l l i t e s ,
c’est que l’utilisation de ces marq u e u rs de poly m o rp h i s m e
dans le cancer du côlon a permis de découvrir un nouve a u
mécanisme de carc i n o genèse colorectale et présente un intérêt
pour le clinicien.
Le gastroentérologue et les microsatellites
●
P. Laurent-Puig*
* Service de chirurgie digestive, générale et oncologique,
hôpital Laennec, Paris.
L
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Figure 1a. Génotypage d’un individu pour un locus microsatellite polymorphe. Le locus
est amplifié à l’aide des amorces A et B. On distingue alors les deux allèles, l’un d’ori -
gine maternelle (allèle M), et l’autre d’origine paternelle (allèle P), par une taille diffé -
rente liée à la variation du nombre de copies de la séquence répétée (Ici, 15 et 19 répé -
titions du dinucléotide CA). Cette variation conduit dans notre exemple à un allèle M de
100 nucléotides et un allèle P de 108 nucléotides.
Figure 1b.Gel d’électrophorèse permettant de mettre en évidence le poly -
morphisme de taille. Le produit d’amplification est déposé dans un gel.
L’ADN migre en fonction de sa taille dans un champ électrique. Les
deux allèles sont alors séparés et mis en évidence par coloration.
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O C A B U L A I R E