CHAPITRE 6
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La Seconde Guerre mondiale 1939-1945 139
organiser des manœuvres de diversion pour tromper l'adversaire sur l'endroit pré-
cis où vont avoir lieu les opérations décisives.
•Pour atteindre cet objectif il faut concentrer toutes les forces disponibles. Ainsi,
tous les effectifs militaires sont mis à contribution pour rompre le front: avions,
chars, artillerie lourde, infanterie. Il faut en outre recourir à une utilisation révo-
lutionnaire des armes, anciennes mais surtout nouvelles. Même si la Première
Guerre mondiale est aujourd'hui encore synonyme de «guerre de tranchées»,
il n'en demeure pas moins qu'elle permit aux militaires d'essayer de nouvelles
armes. Cela dit, certaines d'entre elles ne sont pas encore exploitées à leur plein
potentiel. Il reste un pas à franchir. Les stratèges allemands s'emploient donc à
repenser l'utilisation de ce nouvel arsenal. Leur réflexion de départ peut se résu-
mer ainsi: plutôt que de faire reposer l'attaque sur l'infanterie, ne serait-il pas
plus efficace d'utiliser à fond les armes modernes? Les résultats auxquels par-
viennent les stratèges allemands bouleversent l'art de la guerre. Premier pion de
l'échiquier dans la stratégie classique, l'infanterie se voit attribuer un rôle secon-
daire dans le Blitzkrieg. C'est plutôt à l'aviation que revient l'honneur d'ouvrir
les hostilités. Une fois l'attaque aérienne complétée par des tirs d'artillerie
lourde, les chars d'assaut se portent à leur tour à l'attaque. Finalement, l'infan-
terie s'avance. Surprise par une attaque menée de la sorte, la défense ennemie
se trouve désordonnée et ne peut pas véritablement répliquer.
Profiter de la faiblesse
et de la surprise des Alliés
C'est avec la campagne polonaise que la Wehrmacht va, pour la première fois, avoir
l'occasion d'appliquer la stratégie du Blitzkrieg. Le ler septembre 1939, Hitler lance
ses troupes à la conquête de la Pologne, violant ainsi directement le traité de non-
agression germano-polonais signé le 26 janvier 1934. Sans être inévitable, la
guerre contre la Pologne était au moins prévisible: le second point du protocole
secret du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 envisageait en effet la possi-
bilité d'«une modification territoriale et politique dans les régions appartenant à
l'État polonais» (voir p. 135). Il était donc à prévoir que l'URSS participe au conflit
polonais. Toujours est-il que les troupes allemandes entrent en Pologne et remportent
la victoire en moins de trois semaines, après une attaque foudroyante. Pour sa part,
l'URSS pénètre en Pologne orientale le 18 septembre 1939, arguant du danger que
fait peser sur sa sécurité la perte de la souveraineté polonaise. Pour Hitler, la vic-
toire est totale et confirme que la guerre éclair fonctionne à merveille.
Les Alliés réagissent sans attendre: le 3 septembre, la France et le Royaume-
Uni déclarent la guerre à l'Allemagne. Mais s'il y a déclaration de guerre, il n'y a
pas pour autant participation au conflit germano-polonais! La France, par
exemple, se contente de procéder à une opération de «nettoyage » dans la Sarre.
En fait, les Alliés s'attardent aux préparatifs de guerre. Le 12 septembre, ils créent
le Conseil suprême de guerre interallié qui sera chargé de diriger la coalition
franco-britannique. La «drôle de guerre» se met en place. De la mi-octobre 1939
au 10 mai 1940, l'état de guerre persiste sans qu'il y ait de véritable affrontement
entre les belligérants. L'Allemagne prépare sa prochaine attaque et les Alliés, leur
riposte. De son côté, l'URSS profite de la situation pour envahir, le 30 novembre
1939, la Finlande qui finira par capituler le 12 mars 1940.
© Modulo Éditeur inc., 2002