Les corticoïdes : mécanismes d action

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A U
P O I N T
Les corticoïdes : mécanismes d’action
Steroids : mechanisms of action
" J. Sibilia*
P o i n t s
f o r t s
# Les corticoïdes endogènes ont de multiples
actions physiologiques permettant la régulation
de la réponse immunitaire et de nombreux métabolismes, notamment glucidique, protéique,
ionique et phosphocalcique.
# Les corticoïdes utilisés à dose thérapeutique
ont des effets anti-inflammatoires immunomodulateurs et régulent les phénomènes de prolifération et de survie cellulaire.
# Les corticoïdes agissent par des mécanismes
d’action originaux, essentiellement génomiques.
Ces effets génomiques sont une régulation transcriptionnelle permettant soit l’activation (transactivation), soit l’inhibition (transrépression) de
nombreux gènes cibles. Ces effets génomiques
peuvent également être post-transcriptionnels,
caractérisés par une dégradation des ARN messagers, et en particulier de certaines cytokines.
# Les effets anti-inflammatoires et immunomo-
dulateurs des corticoïdes sont essentiellement
liés à leur activité transrépressionnelle, alors que
les effets métaboliques et proviraux dépendent
essentiellement de leur activité transactivatrice.
# La réponse aux corticoïdes semble dépendre de
phénomènes de régulation faisant intervenir
essentiellement les récepteurs cytosoliques aux
glucocorticoïdes. Cette régulation dépend principalement de la concentration cytosolique et de
l’affinité de ces récepteurs pour les corticoïdes.
# Une meilleure connaissance des mécanismes
d’action et des phénomènes de régulation des
corticoïdes pourrait permettre de développer
des molécules sélectivement transrépressives,
conservant une action anti-inflammatoire mais
dépourvues d’effets métaboliques.
Mots-clés : Corticoïdes - Récepteurs - Transactivation Transrépression - Mécanisme d’action.
* Service de rhumatologie, CHU, Strasbourg.
La Lettre du Rhumatologue - n° 289 - février 2003
L
es corticoïdes endogènes régulent les mécanismes physiologiques immunitaires et métaboliques, en particulier glucido-protidiques et phosphocalciques. Ces propriétés ont été mises à profit pour développer des molécules
à visée thérapeutique. Les corticoïdes sont ainsi couramment
utilisés pour leurs fantastiques propriétés anti-inflammatoires,
mais aussi pour leurs effets cytostatiques, qui expliquent leur
efficacité dans les affections inflammatoires, immunoallergiques et hématologiques malignes.
Les corticoïdes ont des mécanismes d’action particulièrement
originaux, agissant essentiellement sur la transcription des
gènes (effets génomiques). Ces effets génomiques, qui s’exercent dans de nombreuses cellules, ont de multiples points d’impact expliquant leurs actions “tous azimuts”.
Depuis le prix Nobel de Hench, qui a découvert l’efficacité
anti-inflammatoire de l’acétate de cortisone (composé E) dans
la polyarthrite rhumatoïde, d’immenses progrès ont été réalisés dans différents domaines (1) :
! Des avancées majeures ont été faites dans la compréhension des “mécanismes d’action”, sujet principal de cette revue.
Ces progrès permettent maintenant d’espérer de nouveaux corticoïdes aussi efficaces, mais mieux tolérés.
! Une meilleure connaissance de la régulation de la réponse
aux corticoïdes a permis d’expliquer un certain nombre des
mécanismes de corticorésistance que l’on observe parfois dans
les affections inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde. Ces avancées devraient aussi déboucher,
à terme, sur de nouvelles stratégies thérapeutiques.
LES MÉCANISMES D’ACTION
DES CORTICOÏDES
Les corticoïdes ont l’originalité d’exercer leurs actions par des
effets essentiellement génomiques en agissant sur la transcription de l’ADN en ARN et sur la régulation post-transcriptionnelle des ARN messagers. Plus accessoirement, car ils
sont moins bien connus, les corticoïdes peuvent également
avoir des effets non génomiques, surtout quand ils sont utilisés à forte dose (figure 1) (2-5).
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Figure 1. Mécanismes d’action des corticoïdes. %
! Les corticoïdes interagissent avec la membrane
cellulaire (1) ou pénètrent dans le cytoplasme (2).
! Dans le cytoplasme, ils se fixent sur des récepteurs cytosoliques spécifiques (GRα), ce qui provoque la libération des “chaperonines” (HSP 90,
70, 56 et 26) de ces récepteurs. L’autre isoforme,
GRß, reste “libre”, mais peut exercer une action
inhibitrice sur la fixation GRα-corticoïdes.
! Le couple GRα-corticoïdes ainsi libéré pénètre
dans le noyau, où il va agir sur la transcription
des gènes. Pour cela, il va :
– soit se fixer sous forme de dimère sur des
séquences spécifiques de l’ADN présentes dans
le promoteur de différents gènes (séquence GRE)
$ cette fixation se traduit par une transactivation ou une transrépression des gènes ;
– soit interférer de différentes façons avec les facteurs de transcription (FT) ou le complexe de
transcription $ cette fixation se traduit par une
transrépression des gènes.
! Le couple GRα-corticoïdes peut induire la
transcription de gènes codant pour des ribonucléases ou d’autres protéines qui vont dégrader ou stabiliser l’ARN (action post-transcriptionnelle).
2) Actions transcriptionnelles
activatrices (transactivation)
et inhibitrices (transrépression),
et actions post-transcriptionnelles
1) Actions cellulaires (membranaires)
non génomiques
Corticoïde
Corticoïde
Membrane cellulaire
HSP
56
HSP
70
HSP
90
GRß
HSP
26
GRα
GRα
HSP
90
HSP
90
GRα
GRα
ADN
GRα
GRα
GRE
GRE
%
GRIP-1
Noyau
déacétylation
acétylation
HDAC
PCAF
HAT
SRC-1
CBP/P300
TFIIB
GRα
GRα
GRE
GRE
Histones
TATA
FT
NF-κB, AP1, STAT...
ARN
pol. II
Transcription
en ARNm
ADN
Coactivateurs : GRIP-1 (GR interacting proteins), PCAF (P300/CBP-associated factor), SRC-1 (steroid receptor co-activator) ;
CBP : cyclic AMP response elements binding protein, ou CREB protein ; GR : glucocorticoid receptor ; GRE : glucocorticoid
response elements (séquence d’ADN spécifique de la fixation des GRα) ; HAT : histone acétyltransférase ; HDAC : histone déacétylase ; TATA : TATA Box ; ARN pol. II : ARN polymérase II ; FT : facteur de transcription ; NF-κB : nuclear factor-κB ; AP-1 : activator protein 1 ; STAT : signal transducers and activators of transcription : NF-AT : nuclear factor of activated T cells ; C/EBPß ;
TFIIB : transcriptor factor II B.
24
Noyau
Les récepteurs aux glucocorticoïdes
Ces récepteurs GR sont comparables aux récepteurs de la famille
des stéroïdes (progestérone, estrogène, vitamine D, hormones thyroïdiennes) (6). Leur structure est originale et est composée de
5 domaines, qui leur permettent de se fixer, d’une part, aux corticoïdes, d’autre part, à l’ADN. Ces GR, appelés aussi GR de type
2α, ou GRα, sont présents dans la quasi-totalité des cellules.
À l’état basal, ils existent sous une forme cytosolique inactive
comprenant deux sous-unités de HSP 90 (heat shock protein 90)
et différentes unités d’autres HSP (HSP 70, 56 et 26) (figure 2).
GRα
GRα
Transcription en ARNm
Promoteur du gène
Corticoïdes
Cytoplasme
HSPs
HSPs
HSPs
Les corticoïdes circulent, liés à des protéines de transport, mais
une petite fraction existe sous forme libre. Cette fraction libre
va traverser la membrane cellulaire et aller se fixer, avec une
forte affinité, sur des récepteurs cytosoliques spécifiques appelés récepteurs aux glucocorticoïdes (GR). Ces complexes formés par les récepteurs et les corticoïdes peuvent alors pénétrer (translocation) le noyau pour interférer avec la
transcription de différents gènes cibles.
HSP
70
HSP
90
HSPs
Les effets génomiques
Cytoplasme
HSP
56
HSP
26
Figure 2. Différents mécanismes de transactivation
génomique des corticoïdes.
! La fixation de dimères GRα-corticoïdes sur les séquences spécifiques appelées GRE s’accompagne de différents phénomènes
permettant la transcription des gènes qui comportent cette
séquence GRE dans leur région promotrice :
– les dimères GRα-corticoïde entraînent l’activation d’un complexe transcriptionnel qui comprend différentes molécules
(CBP/P300, HDAC, HAT, et différents coactivateurs). Différents
facteurs de transcription (NF-κB, AP-1, STAT...) vont se fixer sur
ce complexe ;
– l’effet de ce complexe sur la chromatine permet son “débobinage” sous l’action d’une acétylase des histones (acétylation des
lysines d’histone). Ce “débobinage” rend les gènes accessibles
aux facteurs de transcription. La déacétylation des histones
entraîne le phénomène inverse ;
– l’action de ce complexe transcriptionnel va permettre l’action
des facteurs de transcription, qui vont activer l’ARN polymérase II, aboutissant à la transcription du gène en ARN messager.
! Un mécanisme de transactivation différent existe (non symbolisé sur ce schéma). Il s’agit de la formation d’un complexe
entre GRα-corticoïde et STAT 5 (facteur de transcription spécifique) capable d’induire la transcription des gènes en se fixant
sur leur promoteur indépendamment d’une séquence GRE. Ce
système est particulièrement utilisé pour l’activation des voies
de signalisation Jak-STAT, qui régulent le signal induit par les
cytokines sur leur récepteur membranaire.
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En se fixant sur les GR, les corticoïdes libèrent les HSP, ce qui
va permettre aux complexes corticoïdes-récepteurs de migrer
vers le noyau. Après cette translocation nucléaire, les complexes vont se fixer sur l’ADN pour y exercer une activité
transcriptionnelle.
La fixation génomique des complexes corticoïdes-récepteurs
La fixation des complexes GR-corticoïdes sur l’ADN se fait
sur des sites spécifiques appelés glucocorticoid-response elements (GRE) (7). La fixation entraîne un changement de
conformation du complexe, qui devient alors capable d’interagir avec deux structures “doigt de zinc” de l’ADN. Ces
séquences GRE existent dans la région promotrice des gènes,
dont le nombre est estimé de 10 à 100.
La régulation transcriptionnelle
Les complexes GR-corticoïdes, fixés sur les séquences GRE,
sont capables d’interagir avec différentes protéines intervenant dans les phénomènes de transcription (8). Les principaux cofacteurs sont la protéine CBP (cyclic AMP response
element binding protein, ou CREB protein) et la protéine
P300. Ce complexe transcriptionnel comprend aussi d’autres
protéines, comme la GRIP-1 (GR interacting protein 1), le
SRC-1 (steroid receptor coactivator 1), le PCAF (P300/CBPassociated factor) et la HDAC (histone déacétylase) (9-12).
Les principales actions exercées par ces protéines sont une
acétylation/déacétylation des résidus lysines des histones de
la chromatine (13). L’acétylation, qui s’exerce essentiellement par le biais des protéines CBP, P300, PCAF et SRC-1,
permet le déroulement de l’ADN chromosomique (14-16).
La chromatine ainsi “débobinée” va être capable de fixer différents facteurs de transcription (AP-1, NF-κB, STAT,
CREB) nécessaires à l’activation de l’ARN-polymérase 2,
enzyme clé de la transcription. Inversement, les éléments qui
permettent la déacétylation (HDAC) entraînent une condensation de la chromatine qui va inhiber les phénomènes de
transcription (17).
L’activation transcriptionnelle ou transactivation
La fixation des complexes GR-corticoïdes sur les séquences
GRE de différents gènes cibles entraîne leur transactivation,
c’est-à-dire l’activation directe de leur transcription. Cette transactivation explique une partie des effets anti-inflammatoires,
mais aussi la plupart des effets métaboliques. Ce phénomène
s’exerce pour différents types de gènes (tableau I).
! Gènes de NF-κB et IκBα : les corticoïdes sont capables
d’induire la transcription du gène de NF-κB, qui est un des
facteurs de transcription essentiels, responsable notamment
de la synthèse des molécules comme le TNFα. Cependant, les
corticoïdes induisent également la transactivation du gène
d’IκBα lymphocytaire, qui code pour la protéine inhibitrice
naturelle de NF-κB (18-20). C’est grâce à ce mécanisme de
régulation que les corticoïdes ont globalement une action antiinflammatoire (3, 4).
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! Gènes de la lipocortine et des autres protéines anti-inflammatoires naturelles : les corticoïdes peuvent aussi transactiver
directement des gènes qui codent pour des protéines antiinflammatoires. Il s’agit notamment de la lipocortine ou
annexine 1, qui est un inhibiteur de la phospholipase A2,
d’autres gènes, comme le SLIP (secretory leucocyte protease
inhibitor), ou des inhibiteurs naturels de l’interleukine 1,
comme l’IL-1ra (antagoniste naturel du récepteur de l’IL-1)
et le récepteur de type 2 de l’IL-1ß.
! Gènes impliqués dans différentes voies métaboliques : les
corticoïdes entraînent aussi la transactivation de gènes impliqués dans différents phénomènes métaboliques, notamment
dans la néoglucogenèse, les métabolismes protidiques et phosphocalciques et la régulation du système rénine-angiotensine.
! Gènes viraux : les corticoïdes ont aussi un effet de transactivation de gènes viraux du VIH, du CMV ou de l’EBV, expliquant qu’ils facilitent la réplication virale (21, 22).
Tableau I. Effets génomiques des corticoïdes dans la régulation des
principaux gènes des protéines de l’inflammation.
! Effets transcriptionnels
(1) Inhibition de la transcription $ transrépression
* Cytokines : IL-1, IL-2, IL-3, IL-4, IL-5, IL-6, IL-9, IL-11, IL12, IL-13, IL-16, IL-17, IL-18, TNFα, IFNγ, GM-CSF, SCF
* Chémokines : IL-8, RANTES, MIP-1α, MCP 1-2-3-4, éotaxine
* Enzymes : iNOS, COX-2, phospholipases A2 et C, protéases,
lysozyme, C3 convertase, endonucléase, phosphodiestérase
* Molécules d’adhésion : ICAM-1, VCAM-1, L-sélectine,
E-sélectine, LFA-1, CD2
* Récepteurs : IL-2R, IL-4R, NK1 et 2 receptor
* Endothéline
* Fractions du complément : C3, facteur B
* Proto-oncogènes : C-myc, C-fos
* Facteurs de cytotoxicité : granzyme, perforine
(2) Activation de la transcription $ transactivation
* NF-κB (p50)
* IκBα (protéine inhibitrice de NF-κB)
* MIF, ou macrophage migration inhibitory factor
* Lipocortine ou annexine 1 (protéine inhibitrice de la PA2)
* SLIP ou secretory leukocyte protease inhibitor (inhibiteur des protéases)
* CC-10 ou clara cell protein
* IL-1ra, IL-1r2 (decoy receptor ou récepteur antagoniste,
inhibiteurs de l’IL-1ß)
* Peptidases (enzymes de dégradation des neurokinines comme la
substance P et la neurokinine A)
* Récepteurs adrénergiques (ß2R)
* Gènes viraux (EBV, CMV…)
! Effets post-transcriptionnels $ réduction de la T1/2 des ARN
messagers
* Cytokines : IL-1ß, IL-3, IL-6, GM-CSF, IFNγ
* Enzymes : COX-2
* Chémokines : MCP-1, IL-8
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Ces mécanismes d’activation ont été considérés comme étant
liés spécifiquement à la fixation sur les séquences GRE, mais
un autre mécanisme d’activation de la transcription a récemment été identifié. Il s’agit de la fixation directe des complexes
GR-corticoïdes sur un facteur de transcription appelé STAT.
Cette interaction entraîne l’activation de gènes dépendant de
STAT, sans fixation sur les séquences GRE (7, 23). Ce mécanisme est particulièrement utilisé dans la régulation de l’activation cellulaire induite par les cytokines.
L’inhibition transcriptionnelle ou transrépression
L’inhibition transcriptionnelle ou transrépression se traduit par
le blocage de l’expression de gènes qui sont pour la plupart
pro-inflammatoires (3). Les mécanismes de cette transrépression sont multiples et complexes, comme l’illustre la figure 3.
Schématiquement, il existe, dans l’état actuel des connaissances, trois types de possibilités.
* & L’inhibition transcriptionnelle peut s’expliquer par la fixation des complexes GR-corticoïdes sur les séquences GRE
selon deux modalités différentes :
' les séquences GRE peuvent être des séquences régulatrices inhibitrices appelées séquences GRE négatives,
comme cela a été décrit concernant le gène de l’ostéocalcine et de la propiomélanocortine (figure 3A). Cette situation est rare, car très peu de gènes possèdent ce type de
séquences GRE négatives ;
' les complexes peuvent aussi se fixer sur des séquences
GRE en empêchant la fixation d’un facteur de transcription sur l’ADN (figure 3B) ou en inhibant son fonctionnement (figure 3C). Ces mécanismes ont été décrits pour
les gènes de la prolactine et de la proliférine.
* ( L’inhibition transcriptionnelle peut aussi être liée à une
interaction directe (avant fixation sur l’ADN) entre les complexes et des facteurs de transcription comme AP-1 ou NF-κB.
Ce mécanisme est probablement l’un des plus importants
pour expliquer le rôle anti-inflammatoire et immunomodulateur des corticoïdes (figures 3D et 3E) (24, 25).
* ) L’inhibition transcriptionnelle peut aussi être la conséquence d’une interaction des complexes avec d’autres constituants du complexe transcriptionnel.
Cette interaction peut se traduire par l’inhibition des fonctions d’acétylation/déacétylation des protéines CBP et P300
ou par une interaction avec des phosphodiestérases. L’inhibition de ces phosphodiestérases augmente la concentration
intracellulaire d’AMP cyclique et, de ce fait, empêche la
phosphorylation du complexe CBP/P300 (figures 3F et 3G).
La régulation post-transcriptionnelle
La régulation post-transcriptionnelle s’exerce sur les ARN
messagers, dont la demi-vie est réduite par différents mécanismes. Les corticoïdes sont capables d’induire la transcription de ribonucléases spécifiques qui vont détruire ces ARN
messagers. Ils peuvent également agir par d’autres méca26
nismes, en particulier en modifiant la stabilité d’ARNm de
cytokines (IL-1, IL-3, IL-6, TNFα, interféron γ) et de chémokines qui ont des ARN riches en uracile (séquence AURE).
C’est probablement en agissant sur les protéines stabilisatrices
(TIA-1, TIAR, TTP) de ces séquences AURE que les corticoïdes pourront exercer cet effet post-transcriptionnel (26).
Les effets non génomiques
Les effets non génomiques des corticoïdes sont moins bien
connus. Ils se caractérisent par leur rapidité d’apparition (en
quelques secondes ou quelques minutes). En fait, les corticoïdes, qui sont des dérivés du cholestérol, sont capables d’interagir directement avec la membrane cellulaire.
Ces effets non génomiques, qui s’observent essentiellement avec
de fortes doses, vont se traduire par un effet de stabilisation de
membrane. Ainsi, ils peuvent réduire la libération d’enzymes
lysosomiales et de granules préformés contenant en particulier
des médiateurs de l’inflammation (histamine, sérotonine). Ces
effets non génomiques ont aussi une action sur la régulation des
échanges membranaires de calcium et de sodium et des flux
d’AMP cyclique. Ces effets expliquent en partie l’inhibition de
l’activité cellulaire observée avec les corticoïdes, en particulier
pour les cellules de l’immunité comme les lymphocytes.
LES CORTICOÏDES : DES IMMUNOMODULATEURS AUX ACTIONS MULTIPLES
Les corticoïdes régulent la réponse immunitaire innée et adaptative, mais également de nombreux métabolismes glucidoprotidiques phosphocalciques et ioniques. L’ensemble des
mécanismes moléculaires que nous avons décrits permettent
d’expliquer la multitude des effets physiologiques et pharmacologiques de ces molécules (27). Néanmoins, différents éléments permettent d’expliquer certaines observations parfois
paradoxales.
L’action des corticoïdes se fait sur de nombreuses cibles cellulaires agissant “en cascade”, avec des boucles de régulation
parfois complexes. À titre d’exemple, les corticoïdes sont de
puissants anti-inflammatoires capables d’induire la synthèse
de molécules pro-inflammatoires tout en assurant leur inhibition par des mécanismes de régulation. Le meilleur exemple
en est probablement celui de NF-κB (16, 20, 28).
L’effet des corticoïdes dépend du type de composé et de sa
concentration. Schématiquement, les effets génomiques peuvent être liés à de faibles (10-7 à 10-9 M) et à de fortes (10-5 à 10-7 M)
doses, alors que les effets non génomiques n’apparaissent probablement qu’avec de fortes doses. Ces effets dose-dépendants
permettent de mieux comprendre l’efficacité respective des
molécules endogènes et des molécules utilisées en thérapeutique, souvent à plus fortes doses. Ainsi, dans certaines études,
il n’est pas évident de savoir si les effets décrits sont uniquement liés à un effet physiologique (faible dose endogène) ou
à un effet pharmacologique (forte dose thérapeutique).
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C.
FT
A.
B.
Corticoïdes
GRα
GRα
GRα
Corticoïdes
Interaction d'un monomère GRα-corticoïde
avec un facteur de transcription après qu'il
se soit fixé sur l'ADN (séquence GRE)
$ la fixation des GRα modifie le pouvoir
transcriptionnel des FT (AP-1) en altérant
leur conformation ou en modifiant leur
capacité à se fixer sur le complexe transcriptionnel,
notamment leur interaction avec la CBP/P300.
Exemple : gène de la proliférine.
E.
FT
CBP/P300
Corticoïdes
GRα
ADN
CBP/P300 HAT -
+
acétylation
HDAC
déacétylation
Interaction d'un monomère GRα-corticoïde
non fixé sur l'ADN avec un facteur de
transcription déjà fixé sur l'ADN
$ la fixation des GRα inhibe le pouvoir
transcriptionnel des FT (AP-1, NF-κB).
Exemple : gène de l'IL-6 et de la collagénase.
FT
ADN
GRE
Fixation d'un dimère GRα-corticoïde
sur l'ADN (séquences GRE)
$ la fixation des GRα sur ces GRE
va bloquer l'accès à un facteur de
transcription.
Exemple : gènes de la prolactine.
GRα
GRα
FT
GRα
GRE
GRE négatives
F.
Corticoïdes
CBP/P300
Corticoïdes
GRα
ADN
Fixation d'un dimère GRα-corticoïde
sur une séquence non activatrice de
l'ADN (séquences GRE négatives)
$ la fixation des GRα sur ces GRE
négatives va bloquer directement la
transcription.
Exemple : gènes de la pro-opiomélanocortine et de l'ostéocalcine.
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Corticoïdes
ADN
D.
A U
Histones
ADN
GRα
FT
ADN
Interaction d'un dimère ou d'un monomère
GRα-corticoïde non fixé sur l'ADN avec un
facteur de transcription avant qu'il se fixe
sur l'ADN
$ le ou les GRα modifient par compétition
la fixation d'un FT (NF-κB, AP-1, NF-AT...) sur
l'ADN et/ou le complexe transcriptionnel, en
particulier CBP/P300.
Exemple : gènes d'ICAM-1.
G. Corticoïdes
GRα
CAMP
FT
Fixation d'un monomère de GRα-corticoïde
sur le complexe CBP/P300-HDAC empêchant
son interaction avec les facteurs de transcription
et/ou modifiant sa fonction d'acétylation/
déacétylation des histones
$ la fixation des GRα réduit les capacités d'acétylation
ou amplifie la déacétylation des histones.
L'acétylation des histones entraîne une ouverture
des boucles d'ADN facilitant la transcription des gènes.
La déacétylation se traduit par le phénomène inverse.
Inhiber l'acétylation et faciliter la déacétylation réduisent
donc la transcription.
P
CBP/P300
ADN
Phosphorylation-inactivation d'éléments
du complexe transcriptionnel (CBP/P300)
par les GRα-corticoïdes
$ les GRα peuvent réduire l'activation des
phosphodiestérases, ce qui augmente la
concentration d'AMPc, aboutissant à la
phosphorylation de CBP/P300. Le complexe
CBP/P300 phosphorylé n'interagit plus avec
les FT.
Figure 3. Différents mécanismes de transrépression génomique des corticoïdes (1).
1. Interactions inhibitrices des GRα-corticoïdes avec l’ADN (séquence GRE) : A, B et C.
2. Interactions inhibitrices directes des GRα-corticoïdes avec les facteurs de transcription : D et E.
3. Interactions inhibitrices des GRα-corticoïdes avec d’autres constituants du complexe transcriptionnel : F et G.
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Les molécules cibles
Les corticoïdes vont agir sur de nombreuses cibles, en particulier les cytokines et les chémokines, les molécules d’adhésion, les enzymes, les protéines anti-inflammatoires, les molécules de la prolifération cellulaire et de l’apoptose et certains
récepteurs cellulaires et médiateurs cytotoxiques (tableau I).
Les corticoïdes ont donc de multiples points d’impact originaux particulièrement importants dans le contrôle de la réaction inflammatoire. Quelques exemples méritent d’être
détaillés.
Les cytokines et chémokines
Les corticoïdes sont capables de réduire la synthèse de nombreuses cytokines et chémokines pro-inflammatoires (TNFα,
IL-1ß, IL-2, IL-6, IL-8, IL-4, IL-5, IL-12, IL-17, IL-18, GMCSF…) par des mécanismes essentiellement transrépressionnels via l’inhibition des principaux facteurs de transcription
(NF-κB, AP-1). En fait, cette inhibition a de nombreux effets
en cascade, comme l’illustre l’inhibition du TNFα. Le TNFα
a de nombreux points d’impact ; en particulier, il régule la synthèse d’autres cytokines, comme l’IL-1, mais également des
chémokines et des molécules d’adhésion qui gèrent le trafic
des cellules de l’inflammation. En conséquence, l’effet antiTNF des corticoïdes peut avoir de multiples conséquences antiinflammatoires directes et indirectes.
Inversement, les corticoïdes sont aussi capables d’induire la
synthèse de cytokines anti-inflammatoires lymphocytaires,
comme l’IL-10 et le TGFß (29). Dans certaines conditions
expérimentales, il a été également observé une synthèse
d’autres cytokines Th2 (IL-4, IL-5). Ce phénomène, paradoxal
pour des molécules efficaces dans des maladies allergiques
comme l’asthme, s’explique par leur capacité d’inhiber la synthèse de l’IL-12 macrophagique et de moduler la coopération
cellulaire. En fait, in vivo, cet effet “Th2” est probablement
compensé par d’autres actions anti-inflammatoires des corticoïdes (30, 31).
Les enzymes
Les corticoïdes inhibent directement la synthèse de multiples
enzymes de l’inflammation, comme la No synthétase inductible (iNOS), les phospholipases A2 et C, mais également la
cyclo-oxygénase 2 (32, 33). De nombreuses enzymes intervenant dans les phénomènes de destruction cellulaire (protéases, collagénases) ou dans les phénomènes inflammatoires
(C3 convertase) sont aussi bloquées.
Les protéines anti-inflammatoires
Les corticoïdes ont la particularité d’induire la synthèse de
protéines anti-inflammatoires comme la lipocortine ou
annexine 1, qui est un inhibiteur de la phospholipase A2 (32,
34). Ils favorisent également la synthèse des inhibiteurs naturels de l’IL-1, comme l’IL-1ra (récepteur antagoniste de l’IL1) et le récepteur de type 2 de l’IL-1ß, qui n’est pas actif, mais
capable de fixer l’IL-1, le détournant ainsi de son récepteur
actif de type 1.
28
Les molécules de l’apoptose et de la prolifération cellulaire
Les corticoïdes sont des molécules inductrices de l’apoptose
des lymphocytes T activés, des lymphocytes B matures ou
d’autres cellules de l’inflammation, comme les éosinophiles
(35-38). Cette apoptose peut être liée à l’interférence directe
avec des protéines régulatrices, ou indirectement, en inhibant
la synthèse de facteurs de croissance essentiels, notamment
des éosinophiles et des mastocytes (39). Paradoxalement, les
corticoïdes sont également capables de protéger certaines cellules de l’apoptose, en particulier les polynucléaires neutrophiles (40).
Ils peuvent bloquer la prolifération cellulaire par différents
mécanismes, en particulier en agissant sur la synthèse des
proto-oncogènes (c-fos, c-myc) et en limitant les phénomènes
d’activation cellulaire via la modulation de récepteurs spécifiques (récepteurs à l’antigène des lymphocytes T) ou via l’inhibition de la synthèse de facteurs de croissance (41, 42). Par
ailleurs, ils contrôlent le taux d’AMP cyclique intracellulaire
en inhibant les phosphodiestérases, ce qui aura aussi pour effet
de limiter l’activation cellulaire.
L’ensemble de ces mécanismes cytostatiques et apoptotiques expliquent qu’ils soient efficaces dans certaines affections hématologiques malignes, comme les lymphomes et
le myélome.
Les cellules cibles
Les corticoïdes sont capables d’agir sur de nombreuses cellules cibles impliquées dans l’immunité innée ou adaptative
(43). Ils agissent sur les macrophages et les cellules dendritiques, sur les polynucléaires et les mastocytes, sur les lymphocytes T et B, sur les fibroblastes et les cellules épithéliales,
et sur d’autres cellules, comme les cellules mésangiales, endothéliales et musculaires lisses (figure 4) (44, 45).
Lymphocytes T
Lymphocytes B
Polynucléaires
– éosinophiles
– neutrophiles
– basophiles
Macrophages
Cellules dendritiques
Corticoïdes
Cellules endothéliales
Mastocytes
Cellules épithéliales
Fibroblastes
Cellules mésangiales
Synoviocytes
Cellules
musculaires lisses
Figure 4. Les cellules cibles des corticoïdes.
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Ils agissent en contrôlant leur maturation, en régulant leur activation, en modulant leur capacité de synthèse (cytokines, chémokines, enzymes…), en gérant leur survie et leur migration
et en modifiant leur “apprentissage”, en particulier pour les
lymphocytes intrathymiques (46-53).
L’ensemble de ces points d’impact explique l’extraordinaire
efficacité thérapeutique de ces molécules, qui, malheureusement, ne sont pas dénuées d’effets métaboliques.
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de corticorésistance (58, 59). Chez les sujets asthmatiques corticorésistants, il a été observé que leur concentration intracellulaire semble plus importante que chez les sujets sains (60).
! La disponibilité des GR cytosoliques peut également être
liée à l’expression de certains facteurs de transcription (AP-1)
dans les sites inflammatoires. Il a été suggéré que l’hyperexpression d’AP-1 pourrait “bloquer” les GR, qui n’auraient
plus la disponibilité d’interagir avec les corticoïdes (61).
Autres mécanismes de corticorésistance
LES MÉCANISMES DE RÉPONSE
AUX CORTICOÏDES
Il existe d’importantes différences individuelles dans la
réponse aux corticoïdes, avec, parfois, de véritables corticorésistances observées dans certaines maladies inflammatoires,
comme la polyarthrite rhumatoïde.
Rôle des récepteurs aux glucocorticoïdes (GR)
L’efficacité des corticoïdes est directement liée à la concentration cytosolique de GR disponibles. Une meilleure connaissance de la régulation de cette concentration a permis de mieux
comprendre les phénomènes de corticorésistance. Ainsi, différents mécanismes ont été observés.
! L’affinité et la concentration cytosolique des GR sont régulées de façon génétique. Pour l’instant, il n’a pas été observé
de polymorphisme permettant véritablement d’expliquer la
corticorésistance. En revanche, un polymorphisme particulier
des GR pourrait expliquer une sensibilité accrue aux corticoïdes (35, 54).
! La concentration cytosolique des GR est aussi régulée par
le taux de corticoïdes endogènes et/ou thérapeutiques qui
exerce un rétrocontrôle négatif. Différentes autres hormones,
comme les estrogènes, peuvent agir inversement en augmentant leur synthèse (55). Des modifications de ces facteurs endogènes pourraient avoir une importance, mais cela n’est pas
démontré en pratique.
! Certaines cytokines, comme l’IL-2, l’IL-4, l’IL-10, l’IL-13
et l’IFNγ, pourraient accroître la synthèse macrophagique et
lymphocytaire des GR (56). Certaines de ces cytokines (IL-2,
IL-4, IL-13) peuvent aussi réduire l’affinité des GR pour les
corticoïdes, suggérant ainsi qu’elles pourraient induire des
phénomènes de résistance. Ce phénomène a essentiellement
été observé in vitro.
! La régulation des GR semble également être liée à une forme
appelée GRß, qui est le produit d’un épissage alternatif des
ARN messagers des GR. Ces GRß peuvent se fixer sur les
séquences GRE de l’ADN, mais ils n’exercent pas d’effet
transcriptionnel (57). Ainsi, ils pourraient avoir un effet inhibiteur de l’activité des corticoïdes et expliquer certaines formes
La Lettre du Rhumatologue - n° 289 - février 2003
Une interaction anormale entre les complexes GR-corticoïdes
et les autres protéines du complexe transcriptionnel peut expliquer le défaut d’efficacité des corticoïdes, comme cela a été
observé chez des patients asthmatiques résistant aux corticoïdes.
Dans la polyarthrite rhumatoïde, il a été décrit des autoanticorps dirigés contre la lipocortine, protéine anti-inflammatoire
dont la synthèse est induite par les corticoïdes (62). Ce mécanisme pourrait avoir une importance en pratique, mais cela
reste à démontrer.
LES “NOUVEAUX” CORTICOÏDES
Les corticoïdes “dissociés”
L’analyse des mécanismes d’action a permis d’observer que
les effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs des corticoïdes sont essentiellement liés à leur activité transrépressionnelle (63). En revanche, les effets métaboliques et proviraux semblent plutôt être liés à l’activité transactivatrice. En
conséquence, la recherche s’est orientée vers l’identification
de corticoïdes “dissociés” ayant essentiellement des activités
de transrépression. Les premières molécules possédant un effet
transrépresseur 20 à 100 fois supérieur à l’effet transactivateur ont été développées dans l’asthme (budésonide, mométasone, fluticasone). Cependant, récemment, des molécules
plus sélectivement transrépressives comme le RU 24 858 et le
RU 466 ont été évaluées. In vitro, ces molécules sont de puissants inhibiteurs des cytokines et d’excellents inducteurs
d’apoptose. Cependant, cette sélectivité, bien démontrée in
vitro, est remise en cause, car le RU 24 858 a le même effet
ostéopéniant expérimental qu’un corticoïde classique (64).
Les autres voies thérapeutiques
Potentiellement, il existe d’autres voies thérapeutiques, en particulier celles des molécules capables d’augmenter la sensibilité aux corticoïdes en agissant sur la concentration cytosolique en GR. À titre d’exemple, l’IL-10, le TGFß et la
somatostatine peuvent augmenter la concentration en GR, sans
modifier leur affinité pour les corticoïdes (4, 65).
29
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CONCLUSION
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Les corticoïdes sont de fantastiques anti-inflammatoires, aux
points d’impact multiples et aux mécanismes d’action originaux. Une meilleure connaissance des mécanismes d’action
va permettre non seulement de mieux comprendre la variabilité de la réponse aux corticoïdes, mais aussi de développer de
nouvelles molécules dépourvues d’effets métaboliques. #
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C
FM
2. Les effets anti-inflammatoires des corticoïdes s’expliquent essentiellement par (1 réponse correcte) :
a. une transactivation génomique
b. une transrépression génomique
c. une inhibition directe des cytokines pro-inflammatoires
d. une inhibition spécifique des cyclo-oxygénases
e. un effet sur le système nerveux central
3. La régulation de l’activité biologique des corticoïdes
fait intervenir différents éléments, mais il existe un facteur clé (1 réponse correcte) :
a. la concentration intracellulaire de corticoïdes
b. la concentration et l’affinité des récepteurs cytosoliques
aux corticoïdes
c. le promoteur des gènes des corticoïdes
d. l’ARN polymérase
e. la structure des nucléohistones
31
1. a, b ; 2. b ; 3. b.
1. Les corticoïdes exercent leur action par des mécanismes
essentiellement géniques. Ces mécanismes sont (2 réponses
correctes) :
a. une action activatrice (transactivation)
b. une action inhibitrice (transrépression)
c. une activation des nucléases
d. une dénaturation de l’ADN
e. une inhibition des enzymes de réparation de l’ADN
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60. Bamberger CM, Bamberger AM, De Castro M, Chrousos GP. Glucocorticoid
RÉPONSES FMC
AUTOQUESTIONNAIRE
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