Je travaille en philosophie esthétique sur les paysages, entendus

JustineBalibar–Séminairedesdoctorantsfranco‐belges,Bruxelles,20février2014 Page1sur8
Je travaille en philosophie esthétique sur les paysages,entendusnonpasausensde
représentation plastique (tableaux, photographies, images quelconques), mais au sens
despaysagesréelsdumondephysique.
Lepointdedépartdemaréflexionestleconstatsuivant:depuisquelesphilosophes,
principalement dans le champ de l’esthétique, s’intéressent au paysage (c’est‐à‐dire
depuis le 18esiècle),ilsévitentpresquesystématiquementdeparlerdespaysages
mêmes,en tant qu’ilssont dotésd’une identité particulièreetconcrète.L’identitéd’un
paysage, comme l’identité d’une personne ou d’une œuvre d’art, estcequifaitquun
paysage est à la fois identique à lui‐même et distinct d’autres paysages, c’est‐à‐dire
persistantdanssonêtre(àmoinsd’êtremodifiéaupointd’êtredétruit,unpaysagereste
lui‐même en dépit de modifications accidentelles et il est reconnaissable pour tel) et
individuel(unpaysageestdistinctd’unautrepaysage,etsauferreurd’interprétationon
neleconfondpasavecunautrepaysage).Cetteidentitéestsouventexpriméeautravers
delanomination,delamêmefaçonquelespersonnesontunnom,etlamajoritédes
œuvresdart,untitre.OnparleainsidupaysagedesAlpes,du paysage normand, du
paysage aixois, du paysage florentin, du paysage du Far West ou du paysage des
Badlands. De ces paysages‐là, on ne trouve guère de trace dans la philosophie du
paysage,sinonàtitred’illustrationsquelconquesd’unethéorieplusgénéraledupaysage,
censée valoir pour tout paysage c’est‐à‐dire pour n’importe lequel et donc
profondémentindifférenteàlaparticularitéetàladiversitédespaysagesexistants.Le
soin de parler des paysages mêmes est abandonné aux écrivains dunepart,aux
historiens, géographes et environnementalistes d’autre part. Et la philosophie du
paysagetenddoncàêtreunephilosophiesanspaysages–demêmequ’unephilosophie
quineparleraitquedelartengénéralsanssintéresserauxœuvres en elles‐mêmes
serait une philosophie de l’art sans œuvres d’art, une philosophiedelapeinturesans
tableaux,unephilosophiedelamusiquesansmusiques.Cedésintérêtpourlespaysages
mêmes est particulièrement visible chez les auteurs qui, au lieu d’une philosophie du
paysageproprementdite,seretranchentdansunephilosophiedelidéedepaysageou
dansunehistoiredelapenséedupaysage(ex.M.Jakob,J.M.Besse,P.D’Angelo–sans
parlerdeshistoriensproprementditscommeC.Tosco),maisaussichezlesauteursqui
prennent moins pour objet le paysage en lui‐même que la culture paysagère et ses
conditions de possibilité, en développant notamment l’idée que legoûtpourles
paysagesréelsestdéterminéparlexistencedereprésentationsplastiquesoulittéraires
depaysages(A.Roger,A.Cauquelin,A.Berque).Sicesapproches philosophiques du
paysagesontlégitimesetintéressantesenelles‐mêmes,jelestrouvedécevantesdansla
mesureoùellessontdésincarnéesetabstraitesdespaysagesmes.Monsouhaitest,à
l’inverse, de mettre en place un cadre théorique permettant de faire de l’analyse de
paysages, un peu à la manière dont on fait de l’analyse d’œuvres d’art. C’est‐à‐dire de
produireundiscoursobjectifsurteloutelpaysage,qui,aucontrairedusimplecompte‐
rendu d’impressions personnelles,metteaujourlidentitépropreàunpaysage,ses
caractéristiquesesthétiques,observablesetexpérimentablesparquiconque,ettouchant
àlafoisàsonaspectformeletàsasignificationsymbolique.
Leprésupposédecettedémarcheestqu’unpaysagepossèdedespropriétésobjectives,
susceptibles d’être décrites et analysées. Autrement dit que lepaysageestunobjet
esthétiquedouéd’unniveauderéalitéautonome.Cetteautonomienevapasdutoutde
soi,àlafoisdanslapenséecouranteetdanslapenséephilosophique. L’idée qu’il y a
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dans le paysage des propriétés objectives qui fondent son statut d’objet esthétique se
heurtenotammentàdeuxpréjugésmajeurs,deuxécueilsentrelesquelsjesouhaiteloger
maconceptiondupaysage.Lepremierpréjugéestceluiquiconsisteàdirequilnya
riendobjectifdanslepaysage,qu’unpaysagenexistequedansleregardoul’étatd’âme
deceluiquileperçoit,quecen’estqu’affaired’impressionssubjectivesetqu’iln’yadonc
rienàendiredephilosophique.Cepréjugéreposesuruneconfusionentrelachoseetsa
représentation, entre le paysage même et la représentation subjective du paysage. Le
secondpréjugéestlinversedupremier:ilconsisteànereconnaîtreaupaysagequ’une
objectivité matérielle ou physique,celleduterritoireoudel’environnement dont un
paysageestfait,maisnonuneobjectivitéesthétique.
Monhypothèseestaucontrairequelepaysagepossèdeuneobjectivitépropre,quiest
esthétique et qualitative, et qui est intermédiaire entre l’objectivité purement
quantitativedelamatièrephysiqueduterritoire,etlapuresubjectivitéduspectateur.
Laplupartdesphilosophesdupaysageonttendanceàreplierlanotiondepaysagesoit,
comme c’est le cas de l’esthétique environnementale anglo‐saxonne, sur celle
d’environnement(territoire,nature,pays);soit,commecestlecasdenombreuses
théoriesfrançaisesdupaysage,surcelledereprésentation,quecettereprésentationsoit
objectivée dans une œuvre plastique (dessin, tableau, photographie, film, image, voire
jardin) ou littéraire (description littéraire), ou qu’elle reste à l’état de perception
radicalementsubjectiveetincommunicable(regard,sentiment,étatd’âmeimpossiblesà
exprimerdemanièreplusarticuléequ’enproférantun«ahh!»d’admiration).Danstous
lescas,lepaysagesevoitprivéd’existenceautonome,puisqu’ilestsoitéliminéauprofit
d’autrechose(iln’yapasdepaysageiln’yaquedesenvironnements),soitassimiléà
unechosesiténueetd’unesifaibledensitéd’êtrequ’onnevoitguèreenquoiilpourrait
consister(questcequecestquecette«naturevuecommeuntableau»,cebrouillard
d’esthèteinterposéentrelanatureetlesouvenird’untableau?questcequecestque
ceskilomètrescarrésdemontagnessoudaindématérialisésparlavertud’unregard?).
Unpaysageestaussiunenvironnementmaisilnestpasquecela–ettout
environnementn’estpasunpaysage(uneforêt,desfondsmarins,uneruenesontpas
despaysages).Ilsepeutquunpaysagenousémeuve,susciteennousunétatdelâme,
maisilnestpascetétatdâme.Quandonperçoitunpaysage,ilsepeutquecepaysage
nousfassepenseràuntableau,maislepaysageenluimen’estpascelaouquecela,à
savoirunereprésentationmentale,l’idéeoulesouvenird’untableau.Onpeutsoutenir,
commelefontnotammentA.Berque,A.CauquelinetA.Roger,quelaperceptiond’un
paysageapourconditionsdepossibilitélexistencedereprésentations paysagères
(linguistiques, littéraires, artistiques) mais cela n’implique pas que le paysage soit
nécessairementunereprésentation–defait,unethéoriesurlesconditionsdepossibilité
d’une culture paysagère ne dit rien sur ce qu’est en lui‐même un paysage. Aussi
intéressantes et légitimes soient‐elles, ces philosophies «du paysage» ne portent pas
surlepaysageluimême,etsousprétextedeparlerdepaysage, elles parlent d’autre
ce ahose,deréalitéscertesvoisinesmaisautres,aurisquedelaisserpens rquelep ysage
n’existepas.
Raressontau contraire les philosophes à avoir mis en évidence un niveau deréalité
propreaupaysage,quinesoitniceluidel’environnementniceluidelareprésentation.
C’estlecas,notamment,deG.Simmel(qui,danssaPhilosophiederLandschaft,aposéles
bases,grâceàsonconceptde«Stimmung»,àlafoisdelagéographieculturelleetdela
philosophieappliquéesaupaysage),PaoloD’Angelo(maisseulementdanslecadred’un
travail d’histoire des de la pensée du paysage), Luisa Bonesio (mais plus dans une
JustineBalibar–Séminairedesdoctorantsfranco‐belges,Bruxelles,20février2014 Page3sur8
perspective géographique), Massimo Venturi Ferriolo(plus dans une perspective
éthiquequ’esthétique),etsurtoutRosarioAssunto,quinonseulementamisenévidence
deniveauderéalitépropreaupaysage mais a fondé dessus toute une philosophie du
paysage,amplementdéveloppée(cf.lesdeuxvolumesdeIlPaesaggioetl’Estetica.).C’est
plutôt chez ces philosophes que je trouverais des éléments pourmadéfinitiondu
paysage.
Pourrésumer,monprojetestceluidunephilosophiedupaysage proprement dite,
c’est‐à‐dire qui repose sur une définition précise et approfondie du concept même de
paysage comme réalité ontologique à part entière (distincte notamment de
l’environnementetdelareprésentation),etquitrouveuneapplicationdansl’analysede
paysages caractérisés par une identité propre. Je suivrai donc les deux mouvements
suivants:ladéfinitionduconceptdepaysageetl’identificationdepaysagesparticuliers.
Afindeprocéderàl’identificationdepaysagesparticuliers,ilmefautd’abordjustifier
lexistencedeceniveaudobjectivitépropreaupaysageconçudansuneperspective
philosophique. Autrement dit, il me faut une définition précise et approfondie du
conceptdepaysagecommeréalitéesthétiquedouéed’unecertaineformed’objectivité,
distincte à la fois de l’environnement physique (le milieu naturel des sciences
environnementales, le territoire de la géographie), de la représentation artistique de
paysages (tableaux, photographies, images, voire jardins) et delasimpleperception
subjectivedepaysages(regard,étatd’âme,sentiment).Unetelledéfinitionpermettraen
effetdejustifieruneapprochephilosophiquedespaysagesmêmes, c’est‐à‐dire une
approchequichercheàsesaisirdespaysagesdirectement,sanspasserparlamédiation
d’une quelconque représentation,maissanspourautantrenonceràlobjectivitédu
discoursphilosophiqueauprofitducompterendudexpériencespaysagèressingulières
et subjectives. En d’autres termes, elle permettra de justifierlexistencedunevoie
intermédiaire,proprementphilosophique,entrel’analyseobjectivedesreprésentations
artistiques,littérairesetsociales(relevantplutôtdelhistoiredesidées,del’histoirede
l’artoudelacritiquelittéraire),etletémoignagesubjectifd’uneexpériencepersonnelle
de tel ou tel paysage (relevant plutôt de la description littéraire ou de l’essai). Pour
résumer,l’identificationdepaysagesparticulierssefondesurunedéfinitionduconcept
depaysage.
I.Définitionduconceptdepaysage
1.Environnement,perception,identité
Lepaysageentenducommeconceptphilosophiqueestuneréalitéesthétique douée
d’unniveaud’objectivitéquilui est propre etque l’on peut appeler sonidentité(ainsi
queleproposeparexempleP.D’AngelodansEsteticadellanatura,2001,etdansEstetica
epaesaggio, 2009). Cette identité paysagère se distingue ainsi à la fois de
l’environnementc’est‐à‐diredesélémentsmatérielsdontunpaysageestcomposé(tout
paysageapoursupportphysiqueunenvironnement,maisunpaysageestquelquechose
deplusquunenvironnement,cestpourquoitoutpaysageestaussiunenvironnement,
mais tout environnement n’est pas nécessairement un paysage – ainsi, une forêt, un
bocage,unerue nesontpas despaysages)etdelaperceptionsubjectived’unpaysage
parunsujetdonnéàunmomentdonné,etquin’estautrequelactualisationponctuelle,
singulièreetirrépétibled’uneexpérienceesthétiquepossible de ce paysage. De même
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que l’œuvre picturale, ainsi que le montre E. Gilson dans PeintureetRéalité, possède
trois niveaux d’existence (l’existence physique des composants matériels du tableau,
l’existence esthétique de l’expérienceactuelledutableauparun sujet, et l’existence
artistique du tableau lui‐même en tant que tableau), le paysage existe à trois niveaux
ontologiquesdistincts:celuidescomposantsmatériels(roche,végétation,coursd’eau,
constructions,routes…),celuidel’actualisationesthétique(lemomentoùunpaysageest
vuparunsujet)etceluienvertuduquelilestcequilest,àsavoirunpaysageengénéral
(etpasunjardinouuneforêt)etcepaysagelàenparticulier(etpastelautre).Quun
paysagesoit,essentiellement,uneréalitéspatialeorganisée,orientéeet structuréepar
unpointdevuehumainpossible(au même titre qu’une architecture par exemple) ne
signifieenrienqu’ilsoitessentiellementsubjectif,ettropsouventlaconfusionestfaite
entreleperspectivismeobjectifinhérentàl’objetpaysagerme(lefaitquils’agitdun
espacedetypeparticulier,quitientsaspécificitédufaitdepouvoirêtreperçuparun
homme)etla subjectivitédel’expérienceesthétiquedanssonactualisationponctuelle.
Quemavisiondetelpaysageàtel moment donné soit radicalement singulière,
subjectiveetfugaceetquilnyaitrienàendirephilosophiquement,nôterienaufait
quelepaysageestuneréalitéobjective,etplusprécisémentunespaceorganisédefaçon
àpouvoirêtreperçuparunêtrehumainengénéral.Parconséquent,lepaysagenecesse
pasplusd’existerquandjefermelesyeux,quelaJocondeunefoisquejeluiaitournéle
dos,etpasplusquecettedernièreiln’existedansmonseulregard–àmoinsd’entendre
l’existencedansle sens partiel et régional de l’actualisation de l’expérienceesthétique
parunsujetdonnéenunmomentdonné.
L’environnementmatérielrelèvedelagéographieetdessciencesenvironnementales,
laperceptionsubjectiverelèvedel’ineffableetappartientauroyaumeprivédechacunà
moinsquelesclésdeceroyaumesoientdétenuesparunartiste‐roi,l’identitépaysagère
relèved’undiscoursproprementphilosophique.
2.teL’iden itédupaysage:cequ’ stunpaysage
a) Il est plus difficile de saisir le niveau ontologique propre au paysage que celui
propreàlœuvredart(ou,pourreprendrelexpressiondeGilson,l’existencepaysagère
quel’existenceartistique)parcequel’onnepeutrecourirpourcelaauxnotionsd’œuvre,
d’auteur,d’intention,deproductioncréatriceoudepoïesis.Unpaysagen’estpas,comme
un tableau, une œuvre produite ou créée par l’intention géniale d’un artiste et on ne
peutpasdéfinirsonêtreenlefaisantdériverdecetteintentioncréatriceoudecegeste
poétique. Un paysage est le produit d’agents naturels (dont l’action ne relève pas du
tempshumainc’est‐à‐diredel’histoire,maisdutempsdelanature)etd’agentshumains
(au cours d’une histoire dont les limites sont variables mais s’étend souvent sur
plusieurssiècles–ainsil’histoiredupaysageitalienvadelAntiquitéjusquànosjours,
tandisquel’histoiredupaysageaméricainnecommencequ’au16esiècle).Dupointde
vue de sa formation matérielle, ilestdonclefruitdun«génie» bien particulier, qui
supposeunecoopérationdefait,nonentendueetnonintentionnelle, entre la nature
hors histoire et des collectivités humaines agissant sur plusieurs siècles d’histoire.
L’identité d’un paysage en ce sens (a)c’est une formation conjointe par des agents
n tua relsethumains.
b)Cettematièreeststructuréeetorganiséeformellementdunemanièrespécifique–
quiladistinguenotammentdusimpleenvironnement–enfonctiondelapossibilitéd’un
pointdevuehumain.Estpaysageunenvironnementquipermetun certain type de
JustineBalibar–Séminairedesdoctorantsfranco‐belges,Bruxelles,20février2014 Page5sur8
perceptionetdecirculationhumainesetqui,plusprécisément,estconstruitsurune
tensionentreunancrageterrestreetuneportéeduregardaussiloinquepeutallerla
visionhumainenaturelle.Lepaysageestlenvironnementhumanisé par excellence,
orientéetstructuréparunperspectivisme proprementhumain,qui réunitàlafoisles
capacitésvisuellesdel’homme,sasituationcorporelleetsescapacitésdedéplacement.
C’est cette organisation humaine spécifique qui fait de certains environnements des
paysages.Définirlepaysagecommeunenvironnementorientéparuneperspective
humaine,c’estsoulignerladimensionspatialefondamentaledupaysagequiestcellede
la profondeur. Une profondeur qui n’est pas présente, en raison de structuration
perceptives distinctes, dans d’autres environnements commeles jardins, les forêts, les
gorges, les bocages, mais aussi la plupart des villes (rares sont les vrais «paysages
urbains», c’est‐à‐dire les environnements urbains permettant une portée du regard à
partird’unancrageausoletparconséquentunsensdelaprofondeur).[NB:Unetelle
définition du paysage comme espace structuré par une perspective humaine tend
également à exclure les vues d’avion qui en réalité coupent physiquement le sujet
percevantdel’environnementperçuetnepermettentplusdepercevoirunpaysagemais
seulementunenvironnement–unevuedavionpermetainsisoitune compréhension
scientifique d’un environnement (c’est le point de vue des cartes géographiques – par
ailleursuntelpointdevueenrichitbiensûrlaperceptiond’unpaysage,puisqu’ilfournit
desconnaissancessurlesubstratenvironnementaldecepaysage,maisiln’estpasensoi
unpointdevuesurunpaysage),soitunevisionesthétiqued’unenvironnementoud’un
espacequinestcependantpasunpaysage.]Cettestructuration de l’environnement
permet un mode de délimitation spécifique, à la fois visuel et corporel, qui implique
qu’unpaysagesoitàlafoisvuetparcouru,etquisupposeaussiqu’unpaysagen’estpas
nécessairementembrassédunseulregardenunevuestatique,mais que son unité,
d’ordreplusdynamique,nécessitesouventpourêtreperçuelerecoursàuneexrience
inscritedansuntempspluslong,celuiduparcoursphysiqueproprementdit.L’identité
dunpaysageencesens(b)cestlastructurationdunenvironnement(faitdéléments
naturelsethumains)selonuneperspective humaine. Insistons de nouveau sur le fait
quece«perspectivisme»est valablepour toute perception humaine en général et n’a
riendesubjectif:lesvoiesempruntéespourparcourirtelpaysageetles dégagements
visuels qu’offre tel environnement ne changent pas en fonction dequilesregarde,ils
imposentlesmêmesdéplacementsphysiquesetlesmêmesaccommodationsvisuellesà
touslesspectateurs–delamêmefaçonquunearchitecturecontient des «parcours
o lb igés».
c) Enfin, l’identité d’un paysage vient aussi de ce que l’on pourrait appeler sa
découverte, sa consécration ou son institutionnalisation comme tel par une
communautéhumaineetquisignelentréedupaysagedanslechampsocialetsa
reconnaissancecommevaleurhumaineetesthétique,douéed’unsensparticulier.C’est‐
àdirequunpaysagenonseulementestperçucommetelparunecommunauté, mais
au nom de
la rimoine.
cquiert un sens qui lui est propre, une identité spécifiquement culturelle, a
xempleêtreconsidérécommeunpat
r i :
quellelepaysageenquestionpeutpare
Cetteconsécrationsupposesouventl’interventiondefiltrescultu elsvar és
‐unvocabulairepaysager(cf.Berque);
hotographies, i  air‐ des représentations artistiques (tableaux, p f lms) et littér es
(descriptions,poèmes);
‐ des mythes paysagers (l’Arcadie, les îles des mers du sud typiques des
«robinsonnades»,lanatureviergedesAmériques,lamontagnehorridaetlamontagne
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Je travaille en philosophie esthétique sur les paysages, entendus

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