FILIERE SCIENCES DE LA VIE Module de Physiologie Animale Semestre 5 Université Mohammed Premier Faculté Des Sciences Département De Biologie Oujda, Maroc Physiologie Animale CHAPITRE IV PHYSIOLOGIE DE LA RESPIRATION Année universitaire 2009 – 2010 www.sciences1.ump.ma Professeurs. Hassane MEKHFI Abdelkhaleq LEGSSYER SOMMAIRE Introduction Anatomie fonctionnelle du système respiratoire Mécanique de la respiration Inspiration Expiration Quantification de la respiration Volumes respiratoires Echanges respiratoires Rappels et données Echanges alvéolo-capillaires Transport des gaz dans le sang L’oxygène Le gaz carbonique Contrôles de la respiration Contrôle nerveux Contrôle humoral Variation de la Po2 Variation de la Pco2 Chapitre. Physiologie de la respiration bronches, pénétrant chacune un poumon. En profondeur des poumons, ces bronches se Introduction et ramifient en tubes de plus en plus fins et produisent le gaz carbonique lors de la respiration nombreux, les bronchioles, pour se terminer en cellulaire, qui a lieu au niveau des mitochondries. une multitude de petits sacs aveugles, les L'oxygène est prélevé de l'atmosphère, le gaz alvéoles. C'est au niveau de celles-ci qu'ont lieu carbonique y est libéré. Ce chapitre retrace les des échanges gazeux avec le sang. Ces échanges événements de transport de l'oxygène et du gaz sont très rapides et importants grâce à la grande carbonique entre l'atmosphère et le sang d'une surface d'échange entre capillaires sanguins et part, et entre le sang et les tissus d'autre part. alvéoles (135 m2) et à la minceur de la barrière Les animaux utilisent l'oxygène qui les sépare (0,2 µm). Une pression identique à Anatomie fonctionnelle du système la pression atmosphérique, Patm, (0 mmHg) règne dans les alvéoles, c'est la pression respiratoire Le système respiratoire s'organise en un ensemble de structures qui rend possible les alvéolaire (Palv). Le système conducteur d'air assure entre échanges gazeux entre le milieu extérieur et le autre d'autres fonctions qui sont : sang. Il est constitué par les poumons, les voies - Purification d'air des particules grâce au mucus aériennes aboutissant à ceux-ci et toutes les autres et aux cils de son revêtement épithélial, parties - Protection contre des bactéries et tout autre de la cage thoracique qui sont corps étranger présent dans l'air inspiré, et ceci responsables des flux d'air dans les poumons. Les poumons, au nombre de deux, sont grâce à des cellules phagocytaires du système des structures élastiques organisés en sacs et en conducteur, tubes remplis d'air, et sont très richement - Réchauffement et humidification de l'air inhalé, vascularisés. - Production des sons de la parole à la suite de la Les voies aériennes sont tous les conduits vibration, par l'air, des cordes vocales du larynx. d'air depuis le nez ou la bouche jusqu'aux - Variation de la résistance à l'écoulement de l'air, poumons. Elles constituent la portion conductrice suite à la contraction et au relâchement de la d'air du système respiratoire. En empruntant musculature lisse de ce système. normalement le nez, l'air arrive au niveau du La cage thoracique est un compartiment deux renfermant les poumons et le cœur. Il est limité à ramifications : l'œsophage (voie des aliments) et l'avant par le sternum, les 12 paires de côtes et les la trachée artère dont la première partie s'appelle muscles intercostaux. Vers le bas, un large le larynx. La trachée se divise elle même en deux muscle squelettique appelé le diaphragme sépare pharynx. Ce dernier se divise en la cage thoracique de l'abdomen. Une fine couche l'extérieur. Les poumons commencent ainsi à cellulaire, la plèvre, tapisse fermement l'intérieur augmenter leur volume. La Palv devient alors de la cage thoracique et recouvre chaque poumon, inférieure à la Patm, ce qui entraîne un formant ainsi deux sacs non communicants. écoulement d'air dans les poumons à partir de L'espace fermé crée par la plèvre est rempli par le l'atmosphère, jusqu'à ce que les deux pressions liquide intrapleural, où règne une pression dite s'égalisent (fin d'inspiration). pression intrapleurale (Pip). Celle-ci est légèrement inférieure à la pression alvéolaire (- 4 Expiration mmHg). C'est cette différence de pression (Palv - A la suite du relâchement des muscles Pip = 4 mmHg) qui détermine les dimensions inspiratoires (fin d'inspiration), la paroi de la cage pulmonaires. d'air dans thoracique s'abaisse et les poumons se rétractent. l'espace intrapleural, à la suite par exemple d'une L'air dans les alvéoles est donc comprimé causant percée dans la paroi thoracique, annule ce une élévation de la Palv qui dépasse la Patm. L'ai gradient de pression et provoque un affaissement circule alors passivement des alvéoles vers le des poumons. milieu extérieur. C'est le phénomène d'expiration. Toute précipitation Entièrement passive au repos, l'expiration peut être active par suite de la contraction des muscles Mécanique de la respiration Le facteur déterminant de l'entrée et de la sortie de l'air des poumons (ventilation) est la différence de pression existant entre expiratoires lors des activités intenses (exercice musculaire par exemple). l'air atmosphérique et l'air alvéolaire (Patm - Palv). Quantification de la respiration La quantité d'air qui s'écoule ou ressort L'air entrant les poumons est une inspiration, des poumons dépend directement : celui qui en sorte est une expiration. - du gradient de pression entre l'atmosphère et les poumons (Patm - Palv), Inspiration L'inspiration ne commence qu'à la suite de la contraction (diaphragme des et muscles muscles - de la résistance à l'écoulement d'air (R) dans les respiratoires voies respiratoires conductrices (inversement intercostaux proportionnelle à leur rayon). inspiratoires), conduisant à une dilatation de la On définit par débit respiratoire(D), la cage thoracique. Il en résulte une diminution de la quantité d'air échangé par unité de temps entre Pip, et par conséquent une élévation du gradient l'atmosphère et les poumons. Ce débit est de pression de part et d'autre de la paroi quantifié à partir de l'équation d'écoulement de pulmonaire (Palv - Pip), qui est repoussée vers masse : nerfs D = (Patm - Palv) / R parasympathiques qui contractent violemment le muscle lisse des voies respiratoires et renforcent la sécrétion du mucus. Normalement, lors de la contraction des muscles inspiratoires, la paroi de la cage thoracique s'élève et le volume des poumons Volumes respiratoires Un certain nombre de volumes augmente. La différence de pression, (Patm - respiratoires sont distingués selon l’état de la Palv), est plus grande et le dédit respiratoire est respiration. Lors d’une seule respiration normale important. passive, la quantité d’air qui peut être inspirée ou Quant à la résistance à l'écoulement d'air, expirée voisine les 500 ml : c’est le volume elle est surtout contrôlée par le rayon des voies courant (VC). Tout effort respiratoire forcé respiratoires. conduits s’accompagne d’entrée d’air importante dans les circulatoires, plus ces voies sont rétrécies, plus poumons, environ 2500 à 3000 ml : c’est le l'air à volume de réserve inspiratoire (VRI). A l'écoulement d'air est alors grande et le débit d'air l’inverse, le volume de réserve expiratoire est faible. La viscosité de l'air et la longueur des (VRE) constitue la quantité d’air expirée lors voies respiratoires interviennent d'une façon très d’une contraction forcée des muscles expiratoires négligeable. (environ 1000 ml). Cependant, les poumons circule Lors Comme dans difficilement. des La respirations les résistance normales, la contiennent toujours une certaine quantité d’air, résistance totale à l'écoulement est si petite qu'il environ 1000 ml, qui s’appelle le volume suffit que de très faibles variations du gradient de résiduel (VR). pression (Patm - Palv), (inférieur à 1 mmHg) pour déplacer un volume d'air d'environ 500 ml. Cependant, voies conductrices (trachée, respiratoires peut varier sous l'effet de certaines niveau de ces dernières uniquement qu’ont lieu conditions pathologiques. Par exemple, les crises les échanges de gaz entre l’air et le sang. Sur les d'asthme sont caractérisées par une accumulation 500 ml d’air entrant ou sortant des poumons, exagérée du mucus et par des contractions du seulement 350 ml atteignent ou quittent les muscle lisse des voies respiratoires, aboutissant à alvéoles. Alors les 150 ml restant n’ont jamais une réduction, fort gênante pour la respiration, de accès aux alvéoles, et restent dans les voies leur diamètre. D'autres facteurs peuvent être à aériennes. Du fait que ce volume d’air ne subit l'origine de telles modifications du diamètre. On aucun transfert de gaz avec le sang, on lui donne cite le nom d’espace mort anatomique (EMA). En des des de bronches et bronchioles) et des alvéoles. C’est au lors calibre composent voies l'histamine, le Comme déjà vu, les voies aériennes se manifestations allergiques, ou le facteur nerveux par le biais des résumé, la ventilation alvéolaire frais (VA en toujours selon un gradient de pression ml/mn) est le volume courant auquel est soustraie décroissant. La pression du gaz est donc une l’espace mort anatomique : mesure de sa concentration à une température donnée. L’air atmosphérique se compose de VA = VC - EMA plusieurs gaz, principalement l’azote, l’oxygène Comme dans le système circulatoire, on et en faible proportion le gaz carbonique et autres. peut calculer dans le système respiratoire la Comme les pressions partielles des gaz sont quantité d’air circulant par unité de temps, c’est la indépendantes, la pression atmosphérique ou ventilation pulmonaire totale (VPT en ml/mn) barométrique (Patm) n’est que la somme des qui est donnée par l’équation : pressions partielles des gaz de l’atmosphère. Au niveau de la mer, la Patm est égale à 760 mmHg ou Torr. La Po2 dans l’air atmosphérique est de VPT = VC x Fr 152 mmHg car l’oxygène représente 20 % de cet Fr, étant la fréquence respiratoire exprimée en air. La Pco2 est de l’ordre de 0,3 mmHg (0,04 % respirations/mn. Patm). Dans les alvéoles, les valeurs de la Po2 et Plus précisément, la ventilation alvéolaire de la Pco2 sont respectivement 100 et 40 mmHg. Quant aux événements se produisant entre est égale à : l’air alvéolaire (gaz) et le sang capillaire (liquide), les mouvements de gaz se font toujours d’une VA = (VC - EMA) x Fr pression partielle élevée vers d’une pression Echanges respiratoires partielle faible, jusqu’à égalisation des pressions Rappels et Données dans les deux phases. Pour pouvoir étudier les échanges gazeux Enfin, notons que la solubilité du gaz dans est le liquide détermine le nombre absolu de ces lois molécules qui s’y dissolvent. Ainsi, si un liquide fondamentales et simples des gaz. Tout gaz est exposé à deux gaz à même pression partielle contenu dans une phase liquide ou gazeuse est mais de solubilité différente, le nombre de constitué de molécules qui sont en perpétuel molécules qui s’y dissolvent ne sera pas le même mouvement. La concentration de ce gaz dans la à l’équilibre. alvéolo-capillaires proprement intéressent rappeler de dit, certaines il phase est donnée par la densité de ces molécules : c’est la pression partielle du gaz. Ainsi, les molécules du gaz se déplacent ou diffusent Echanges gazeux alvéolo-capillaires Le sang en provenance des tissus est un sang veineux, ayant une Po2 basse (40 mmHg) et une Pco2 élevée (46 mm Hg). Au niveau de la la contraction du muscle lisse de la voie aérienne membrane gaz aboutissant à cette alvéole, et donc une élévation suivant leurs gradients respectifs de de sa résistance. De cette façon, le débit d’air sera pression : diffusions de l’oxygène alvéolaire dans moins important. De l’autre côté, la Po2 élevée, en le sang, et du gaz carbonique sanguin dans les action sur les muscles lisses des vaisseaux alvéoles. Ainsi, la Po2 dans le sang s’élève et la pulmonaires, Pco2 s’abaisse. Normalement, les vitesses de l’écoulement du sang. Le débit sanguin irriguant diffusion de l’oxygène et du gaz carbonique sont les capillaires sera donc plus élevé. Ainsi, par ces si rapides et le débit sanguin si lent dans les deux mécanismes purement locaux, la ventilation capillaires que l’équilibre des pressions est vite alvéolaire et l’irrigation sanguine sont ajustées atteint le long de ceux-ci. Par conséquent, la Po2 efficacement l’une à l’autre. diffusent alvéolo-capillaire, les deux diminue leur résistance à et la Pco2 dans les capillaires pulmonaires et celles dans les artères systémiques sont presque Echanges gazeux tissulaires Les cellules de l’organisme consomment identiques. Toute perturbation de ces diffusions continuellement de l’oxygène et produisent du affecte les processus d’échanges gazeux entre gaz carbonique. Du fait de la différence de l’air alvéolaire et le sang capillaire. Une pression entre milieu intracellulaire et milieu réduction, par exemple de la surface alvéolaire de sanguin, l’oxygène diffuse du sang vers les tissus, diffusion (cas de l’emphysème pulmonaire) ou de et le gaz carbonique des tissus vers le sang. l’espace alvéolaire (cas de la pneumonie) affectent gravement les processus d’échange. Transport des gaz dans le sang Mais, les irrégularités des apports d’air et de sang L’oxygène sont de loin les plus importants dans les L’oxygène circule dans le sang sous deux insuffisances d’échanges alvéolo-capillaires. Dans formes, une forme libre dite dissoute, et une ce cas, un ajustement local des débits d’air et de forme combinée à l’hémoglobine des globules sang maintenu rouges. Cette dernière forme représente plus de 98 continuellement grâce au tonus de la musculature % de la quantité totale de l’oxygène sanguin. lisse des bronchioles et des vaisseaux. Citons par Dans un litre de sang qui contient normalement exemple le cas d’une alvéole où le débit d’air est 200 ml d’O2; 3 ml sont dissous et le reste (197 important ml) fixés à l’hémoglobine, selon la réaction : dans les et le alvéoles débit de est sang faible. Immédiatement, la Pco2 dans cette alvéole et dans les tissus voisins (bronchioles) s’affaiblit, alors que la Po2 augmente. Il s’ensuit, sous l’effet de la faible concentration de CO2, une augmentation de Hb + O2 HbO2 (oxyhémoglobine) (désoxyhémoglobine ou Hb réduite) rouges. La Po2 globulaire s’élève à son tour, L’hémoglobine est une protéine à quatre entraînant une augmentation du taux de chaînes polypeptidiques, dont chacune contient un combinaison de l’oxygène à l’hémoglobine. atome de fer. Les molécules d’oxygène se fixent Ainsi, presque tout l’oxygène alvéolaire dissout sur les atomes de fer. C’est la quantité d’oxygène qui entre se fixe à l’hémoglobine. De cette dissout qui détermine la Po2 du sang. En d’autre manière, le gradient de pression de l’oxygène est terme, l’oxygène combiné à l’hémoglobine maintenu en permanence entre l’air alvéolaire et n’intervient pas directement dans la détermination le sang. de la Po2. Cependant, la valeur de la Po2 peut Par les capillaires tissulaires, l’oxygène toujours influencer le taux d’oxygène fixé sur transporté par l’hémoglobine arrive aux cellules. l’hémoglobine. Si, sur un échantillon sanguin à Etant que la Po2 cellulaire soit plus basse que la 37° C et à pH 7,4; on mesure le taux de saturation Po2 plasmatique, l’oxygène diffuse à travers la de l’hémoglobine par l’oxygène en fonction de paroi des capillaires vers les cellules. La Po2 plusieurs valeurs de Po2, on s’aperçoit que cette plasmatique devient à son tour plus faible que la relation est une relation en « S ». Entre 10 et 60 Po2 mmHg de Po2, la saturation de l’hémoglobine est l’oxygène des globules rouges et son déplacement très importante (pente rapide de la courbe), si bien vers les tissus. L’abaissement de la Po2 globulaire qu’à 60 mmHg, 90 % de l’hémoglobine se trouve favorise sous forme d’oxyhémoglobine. Entre 70 et 90 l’hémoglobine de l’oxygène. L’utilisation de mmHg de Po2, le taux d’oxyhémoglobine l’oxygène n’augmente que très légèrement (plateau de contribue au maintient du gradient de pression saturation). entre les espaces alvéolaire et sanguin. L’oxygène, depuis son inhalation jusqu’à globulaire, La entraînant davantage dans le relation, la l’extraction dissociation métabolisme taux de de de cellulaire saturation de qu’à son utilisation cellulaire franchit plusieurs l’hémoglobine en fonction de la Po2, peut être milieux à travers plusieurs membranes et parois. modifiée sous divers conditions comme les Le sang veineux arrivant aux poumons a une Po2 variations sanguines d’acidité ou de température faible (40 mmHg). L’hémoglobine est saturée à et par le 2, 3-diphosphoglycérate (DPG). 75 % (voir courbe de saturation de l’hémoglobine). En raison de sa Po2 élevée dans Variation d’acidité : les alvéoles (100 mmHg), l’oxygène diffuse vers La courbe de saturation de l’hémoglobine le plasma au niveau des capillaires pulmonaires. est établie pour un sang normal à pH et La Po2 plasmatique s’élève et crée un gradient de température physiologiques. On s’aperçoit que si pression avec le milieu globulaire. L’oxygène l’acidité sanguine change, cette relation est dissout diffuse alors à l’intérieur des globules profondément affectée. Une élévation de la concentration de protons dans le sang (acidité poumons, la situation est inversée. La relative élevée) provoque un glissement de la courbe vers faiblesse de l’acidité et de la température assurent la droite. Cela signifie qu’à une même Po2, la une meilleure saturation de l’hémoglobine par taux de saturation de l’hémoglobine par l’oxygène l’oxygène. devient plus faible par rapport à une acidité artérielle normale (pH = 7,4). Les protons Le gaz carbonique exercent leur action sur l’affinité hémoglobine oxygène en modifiant sa structure après être fixés. Comme déjà vu dans la section précédante pour l’oxygène, les mouvements du gaz carbonique suivent en permanence leur gradient Variation de température : de pression partielle. Cependant, il n’est pas De la même façon que pour l’acidité, la transporté tel qu’il est à l’état moléculaire. La température du sang change la relation de majorité du gaz carbonique produit par les tissus saturation de l’hémoglobine en fonction de la Po2. (60 %) se transforme en acide carbonique H2CO3, Une élévation de la température du sang déplace puis en ions bicarbonate HCO3- et en ions la courbe vers la droite, c’est à dire vers des hydrogène H+. Ces transformations se font valeurs de Po2 plus élevées. Ainsi, à une Po2 exclusivement donnée, il y a moins d’hémoglobine saturée par l’anhydrase carbonique (AC) : l’oxygène qu’à une température physiologique de dans les hématies, grâce à AC CO2 + H2O H2CO3 HCO3- + H+ 37°C. Effets du 2,3-diphosphoglycérate (DPG) : Une autre fraction du gaz carbonique Le DPG est un produit de la glycolyse des produit (30 %) se combine avec l’hémoglobine globules rouges. Toute élévation de son contenu (Hb) pour former l’hémoglobine carbaminée réduit l’affinité de l’oxygène pour l’hémoglobine, (HbCO2) Les 10 % du gaz carbonique restant en glissant la relation vers la droite, comme le restent sous forme dissoute. font l’augmentation d’acidité ou de température. Comment le gaz carbonique produit lors Finalement, ce qui caractérise les cellules des activités métaboliques tissulaires, sous forme des tissus en activité, sont l’accumulation de dissoute, arrive-t-il dans les alvéoles pour être protons et l’élévation de la température du sang expiré ? Tout d’abord, le gaz carbonique tissulaire qui coule dans les capillaires tissulaires. Ces deux passe dans le sang irriguant les capillaires événements ne peuvent que faciliter l’extraction tissulaires. Au niveau des hématies, il se de l’oxygène de l’hémoglobine, pour qu’il soit transforme en ions bicarbonate et en ions utilisé par les cellules dans leur métabolisme. hydrogène, ou en hémoglobine carbaminée. Au Dans les capillaires pulmonaires, au niveau des niveau des poumons, où la Pco2 dans les capillaires pulmonaires est plus élevée que la pco2 Contrôle de la respiration alvéolaire, le gaz carbonique diffuse du sang vers Contrôle nerveux les alvéoles. A ce moment, la Pco2 sanguine Les muscles respiratoires ressemblent par s’affaiblit, et pousse les réactions chimiques dans leur activité rythmique et maintenue au cœur. A la le sens inversé, c’est à dire une recombinaison des différence de ce dernier, ces muscles sont de type ions bicarbonates et hydrogène et une dissociation squelettique, et leur contraction automatique de l’hémoglobine carbaminée pour libérer le gaz dépend entièrement de l’activité électrique de carbonique. De cette manière, ce gaz libéré par les leurs fibres nerveuses. Un endommagement de cellules dans les capillaires tissulaires est de ces fibres ou des zones de leur émergence cause nouveau libre dans les capillaires pulmonaires, la paralysie des muscles respiratoires; c’est le cas passe dans les alvéoles et expiré à l’extérieur. de la poliomyélite. Les ions hydrogène libérés, dans les En mesurant les activités électriques hématies, suite à l’hydratation du gaz carbonique (potentiel d’action) des neurones du diaphragme cause une acidification du sang veineux. Cette par exemple, il s’est avéré que cette activité est acidité pourrait être nocive si les ions hydrogène répétitive circulent librement dans le sang et ne sont pas d’inspiration. La fréquence des potentiels d’action tamponnés. C’est à ce niveau qu’intervient le détermine la profondeur (ou le volume courant) pouvoir tampon de la molécule de l’hémoglobine. de la respiration, alors que la délai séparant ces Dans le sang circulant dans les capillaires activités rythmiques détermine la fréquence tissulaires, lorsque l’oxyhémoglobine cède son respiratoire. L’origine de cette activité électrique oxygène aux cellules, elle fixe avec une haute spontanée réside dans des zones du bulbe affinité la majeure quantité des ions hydrogène. rachidien, près des centres cardio-vasculaires. Les Le sang veineux ne devient alors que très neurones existant dans ces zones déchargent légèrement artérielle automatiquement lors de l’inspiration et s’arrêtent systémique. Quand ce sang arrive aux poumons, lors de l’expiration. Ils sont nommés neurones l’hémoglobine devient très affine pour l’oxygène inspiratoires. qu’il’ fixe, et libère par conséquent les ions passivement suite au relâchement des muscles hydrogène. Ceux-ci se recombinent avec les ions inspiratoires. acide que la sang bicarbonate pour produire le gaz carbonique. et est synchrone L’expiration à la est phase déclenchée Beaucoup d’études ont tenté de chercher l’origine de l’automatisme des neurones inspiratoires. Les résultats obtenus sont peu concluants inspiratoires et controversés. étaient considérés Les neurones comme des neurones pacemaker, à l’image des cellules Les chémorécepteurs périphériques, pacemaker du cœur. Actuellement, on se penche localisés très proche des barorécepteurs, au vers une théorie beaucoup plus complexe de niveau de la crosse aortique et du sinus carotidien. fonctionnement de ces neurones. Il existerait des Ils plutôt très sensibles à la variation de la pO2 circuits neuronaux dans le bulbe pour exciter ou plus qu’à la Pco2. inhiber les neurones inspiratoires. En effet, Les chémorécepteurs centraux, situés d’autres neurones faisant connexion avec les dans le bulbe et contrôlent le taux d’ions neurones inspiratoires, envoient soit des influx hydrogène dans le liquide extracellulaire du inhibiteurs ou des influx excitateurs de ceux-ci. cerveau. Un autre signal provoquant l’arrêt de Variations de la Po2 l’inspiration vient de certains récepteurs des voies En faisant inhaler à un sujet sain un aériennes. A la suite du gonflement et de la mélange gazeux à Po2 basse, on s’aperçoit qu’il distension des poumons, ces récepteurs sont n’y a pratiquement pas de changement sur la stimulés et envoient, via des fibres nerveuses ventilation si la Po2 descend jusqu’à 60 mmHg. afférentes, des potentiels d’action vers les En deçà de cette valeur, la ventilation s’accélère neurones inhibent. rapidement. Cette augmentation réflexe de la L’inspiration est alors arrêtée. Ces récepteurs sont ventilation permet d’apporter plus d’oxygène aux appelés alvéoles, pour réduire la baisse de la Po2 inspiratoires les qui récepteurs à les la distension alvéolaire et artérielle, due à l’inhalation du pulmonaire. mélange pauvre en oxygène. Il n’est pas surprenant de constater que la ventilation ne soit Contrôle humoral Dans une section précédante, on a montré pas modifiée si la Po2 passe de 100 à 60 mmHg. que la ventilation alvéolaire est déterminée par la Si on se reporte à la courbe de dissociation de fréquence respiratoire et la profondeur de la l’oxyhémoglobine, on voit que la quantité respiration ces d’oxygène transporté par l’hémoglobine n’est pas composantes ne sont pas fixes et qu’elles peuvent réduite de façon notable tant qua la Po2 n’est subir de grandes variations. En plus des influx tombée en-dessous de 60 mmHg, si bien que émanant des récepteurs à la distension pulmonaire l’augmentation réflexe de la ventilation n’est pas vers les centres bulbaires, d’autres réflexes nécessaire dans cette zone de la Po2. (VC). Il est évident que involontaires sont déclenchés par des variations S’intéressons-nous maintenant à cette de la Po2 et de la Pco2 artérielles. Ce sont les plus boucle réflexe de la ventilation dont le stimulus importants pour le contrôle involontaire de la est la variation de la Po2 artérielle. Ce qui se passe ventilation. Les récepteurs sensibles à ces par exemple chez les sujets souffrant d’une fluctuations de Po2 et de Pco2 sont de deux types : maladie pulmonaire (hypoventilation), ou en haute altitude constitue des exemples concrets de pour cette régulation réflexe de la ventilation. la baisse de la Po2. La réduction de la Po2 Ainsi, toute élévation ou diminution de la Pco2 artérielle constitue le signal qui stimule les s’accompagne respectivement d’une élévation ou chémorécepteurs diminution des ions hydrogène. périphériques (surtout carotidiens), qui augmentent leurs décharges Les récepteurs principaux sensibles aux nerveuses. Le nombre de potentiel d’action variations de la concentration des ions hydrogène augmente dans les fibres nerveuses qui partent de dépendant ces corpuscules vers les neurones inspiratoires chémorécepteurs centraux localisés dans le bulbe. bulbaires. Ces derniers sont stimulés et la Les ventilation s’accélère. Ainsi, les Po2 alvéolaire et carotidiens, interviennent à un degré moindre. artérielle sont rétablies. On remarque que les Prenons le cas d’une respiration insuffisante. La chémorécepteurs ne répondent qu’aux variations Pco2 artérielle s’élève et le gaz carbonique diffuse de l’oxygène dissout. rapidement du gaz chémorécepteurs dans le carbonique sont périphériques, liquide les surtout extracellulaire cérébral. Au niveau du cerveau, le taux des ions hydrogène augmente suite à l’élévation de la Variations de la Pco2 Malgré la faible atmosphérique en gaz teneur de carbonique, l’air Pco2. Par des voies nerveuses afférentes au bulbe, toute les neurones inspiratoires sont stimulés, et la fluctuation, aussi légère que se soit, constitue un ventilation s’accélère. Cette hyperventilation stimulus puissant de la variation réflexe de la expulse le gaz carbonique et ramène sa pression ventilation. Ainsi, si on fait respirer à un sujet partielle et le pH sanguins aux normes. sain des quantités d’air chargé en gaz carbonique. Qu’en est-il pour les ions hydrogène non Il en résulte une élévation de la Pco2 alvéolaire originaires du gaz carbonique, comme ceux issus puis artérielle. Il s’ensuit une accélération de la d’acide lactique par exemple ? Dans ce cas, la ventilation, permettant d’éliminer l’excès de gaz participation des chémorécepteurs périphériques carbonique, et de stabiliser sa pression partielle à est plus marquée que les chémorécepteurs 40 mmHg. centraux. La conséquence de toute accumulation Par quel mécanisme le gaz carbonique de ces ions hydrogène dans le sang est régule sa pression partielle et la ventilation ? En l’augmentation des décharges nerveuses des réalité, ce gaz n’intervient qu’indirectement dans chémorécepteurs périphériques, suivie d’une ce contrôle. A la différence de l’oxygène, il hyperventilation. Celle-ci abaisse n’existe pas de chémorécepteurs spécifiques au automatiquement la Pco2 artérielle. Selon les gaz carbonique. Ce sont les ions hydrogène réactions chimiques données auparavant, la produits lors de l’hydratation de ce gaz par concentration artérielle en ions hydrogène est l’anhydrase carbonique qui constituent le signale diminuée. Notons enfin que dans ce cas précis des ions hydrogène non dépendants du gaz carbonique, la valeur normale de la Pco2 est déplacée (momentanément) et que le contrôle réflexe de la ventilation se fait au dépend de la Pco2 artérielle. La figure suivante représente un amalgame de tous les contrôles locaux de la ventilation.