la philosophie est elle une diéologie

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La philosophie est-elle une idéologie ?
Supports de réflexion
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Idéologie : définitions
Etymologie : du grec idea (idée) et logos (science).
1.Système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et politique à la base d’un
comportement individuel ou collectif : idéologie marxiste, idéologie nationaliste.
2.Ensemble des représentations dans lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d’existence
(culture, mode de vie, croyance).
3.Système spéculatif vague et nébuleux.
Dictionnaire Larousse
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Une idéologie, une illusion de pensée à visée philosophique
Une édologie est un complexe d’idée ou de représentations qui passe aux yeux du sujet pour une interprétation
du monde ou de sa propre situation, qui lui représente la vérité aboslue, mais sou la forme d’une illusion par
quoi il se justifie, se dissimule, se dérone d’une façon ou d’une autre, mais pour son avantage immédiat.
Karl Jaspers
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Ce que n’est pas la philosophie :
quelques clichés ou images réductrices sur la philosophie,
provenant de l’univers même de la “philosophie”
La philosophie n’est pas à chercher, elle est faite.
Victor Cousin (1792 - 1867)
La dialectique essaie de connaître, la philosophie connaît.
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Aristote (- 384, - 322)
Toute la difficulté de la philosophie - la philosophie naturelle, c’est-à-dire la science physique - paraît consister à
rechercher les forces de la nature à partir des phénomènes de mouvements, puis, à partir de ces forces, à
démontrer le reste des phénomènes.
Isaac Newton (1642 - 1727 )
Principes mathématiques de la philosophie naturelle
La philosophie est liée, selon nous, au fait de la science, selon la manière dont elle s’élabore elle-même. La
philosophie est par conséquent la théorie des principes de la science, et plus généralement de toute la culture.
Hermann Cohen (1842 - 1918)
S’étonner : voilà un sentiment qui est tout à fait d’un philosophe.
La philosophie, en effet, n’a pas d’autre origine.
Platon (- 428, -347)
Une grande philosophie n’est pas celle qui règle les questions une fois pour toutes mais celle qui les pose; une
grande philosophie n’est pas celle qui prononce mais celle qui requiert.
Charles Péguy (1873 - 1914)
Note sur M. Bergson
Faire de la philosophie, c'est être en route;
les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses.
Karl Jaspers (1883 - 1969)
Introduction à la philosophie
La philosophie est la discipline qui consiste à créer des concepts.
Gilles Deleuze (1925 - 1995)
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La philosophie c’est avant tout la pensée libre et critique
Il me semble de plus en plus que le philosophe, étant nécessairement l'homme de demain ou d'après-demain,
s'est de tout temps trouvé en contradiction avec le présent ; il a toujours eu pour ennemi l'idéal du jour. Tous
ces extraordinaires pionniers de l'humanité qu'on appelle des philosophes et qui eux-mêmes ont rarement cru
être les amis de la sagesse mais plutôt des fous déplaisants et de dangereuses énigmes, se sont toujours assigné
une tâche dure, involontaire, inéluctable, mais dont ils ont fini par découvrir la grandeur, celle d'être la
mauvaise conscience de leur temps. [...]
En présence d'un monde d'«idées modernes» qui voudrait confiner chacun de nous dans son coin et dans sa
«spécialité», le philosophe, s'il en était encore de nos jours, se sentirait contraint de faire consister la grandeur
de l'homme et la notion même de la «grandeur» dans l'étendue et la diversité des facultés, dans la totalité, qui
réunit des traits multiples ; il déterminerait même la valeur et le rang d'un chacun d'après l'ampleur qu'il
saurait donner à sa responsabilité. Aujourd'hui la vertu et le goût du jour affaiblissent et diluent le vouloir, rien
n'est plus à la mode que la débilité du vouloir.
Nietzsche (1844 - 1900)
Par-delà le bien et le mal, 1886
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Le point de départ de la philosophie est la recherche d’une norme intellectuelle
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Voici le point de départ de la philosophie : la conscience du conflit qui met aux prises les hommes entre eux, la
recherche de l'origine de ce conflit, la condamnation de la simple opinion et la défiance à son égard, une sorte
de critique de l'opinion pour déterminer si on a raison de la tenir, l'invention d'une norme, de même que nous
avons inventé la balance pour la détermination du poids, ou le cordeau pour distinguer ce qui est droit de ce
qui est tordu.
Est-ce là le point de départ de la philosophie ? Est juste tout ce qui paraît tel à chacun ? Et comment est-il
possible que les opinions qui se contredisent soient justes ? Par conséquent, non pas toutes. Mais celles qui nous
paraissent à nous justes ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens, plutôt qu'aux Égyptiens ? Plutôt que celles qui
paraissent telles à moi ou à un tel ? Pas plus les unes que les autres. Donc l'opinion de chacun n'est pas
suffisante pour déterminer la vérité.
Nous ne nous contentons pas non plus quand il s'agit de poids ou de mesures de la simple apparence, mais nous
avons inventé une norme pour ces différents cas. Et dans le cas présent, n'y a-t-il donc aucune norme
supérieure à l'opinion ? Et comment est-il possible qu'il n'y ait aucun moyen de déterminer et de découvrir ce
qu'il y a pour les hommes de plus nécessaire ?
- Il y a donc une norme.
Alors, pourquoi ne pas la chercher et ne pas la trouver, et après l'avoir trouvée, pourquoi ne pas nous en servir
par la suite rigoureusement, sans nous en écarter d'un pouce ? Car voilà, à mon avis, ce qui, une fois trouvé,
délivrera de leur folie les gens qui se servent en tout d'une seule mesure, l'opinion, et nous permettra
désormais, partant de principes connus et clairement définis, de nous servir, pour juger des cas particuliers,
d'un système de prénotions.
Epictète (50? - 130?)
Entretiens
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La philosophie a besoin de la science, elle progresse avec elle
Car la philosophie, entretenant un questionnement émerveillé devant le monde, devant l'homme, devant l'être,
devant la conscience d'être, incite à l'insolence face au carcan des conventions et des conformismes. Elle est le
meilleur rempart contre la barbarie. Or cette barbarie s'insinue sournoisement dans notre société par mille
canaux.
Pour mener cette lutte, les philosophes ont aujourd'hui besoin du renfort de toutes les disciplines, et
particulièrement des disciplines scientifiques. Si la philosophie est un combat contre l'ignorance, elle ne peut
pas ignorer la science dont c'est tout autant la fonction. Il n'est guère raisonnable de présenter l'un sans l'autre
les deux membres de cet attelage. Malheureusement, dans ce monde qui se transforme, où l'important est la
capacité à imaginer, à inventer, l'enseignement ne s'est pas adapté à nos besoins nouveaux et à nos connaissances
nouvelles. La philosophie reste séparée de la science.
Albert Jacquard (1925-2013)
Petite philosophie à l'usage des non-philosophes, 1997
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Pour approfondir ce sujet
- Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder, Seuil, Paris, 1995
- Un siècle de philosophie, collectif, Gallimard, 2000
- Petite philosophie à l’usage des non-philosophes, Albert Jacquard, Calmann-Lévy,1997
- Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, 10/18 - Union général d’Éditions, Plon 1977
- Éloge de la philosophie, Maurice Merleau-Ponty, Gallimard, 1979
- Antimanuel de philosophie, Michel Onfray, Breal
- La philosophie comme manière de vivre, Pierre Hadot, Lgf
- L'étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Gallimard, 1995
- Pensées pour moi-même, suivies du manuel d'Epictète, Marc Aurèle, Flammarion, 1992
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Mourir pour des idées !
Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente,
D'accord, mais de mort lente
Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
Or, s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente
D'accord, mais de mort lente
Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout
s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes
tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente
D'accord, mais de mort lente
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente
D'accord, mais de mort lente
Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui
supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente
D'accord, mais de mort lente"
Georges Brassens
Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais
lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort
lente
D'accord, mais de mort lente
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