Année 2013-2014. Chaire de Métaphysique et philosophie de la

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Année 2013-2014. Chaire de Métaphysique et philosophie de la connaissance
Professeur Claudine Tiercelin
La métaphysique des espèces naturelles (suite et fin)
---------------------Cours 3. 19 février 2014. L’essentialisme étroit : l’aliquidditisme
1. Hypothèses de départ et précautions à prendre :
1) Les propriétés, sans lesquelles nous n’aurions aucun accès cognitif aux choses, se définissent
essentiellement par les dispositions et les pouvoirs causaux qu’elles exercent.
2) La réalité n’est pas de part en part essentiellement dispositionnelle : a) il y a des propriétés essentielles et
des propriétés accidentelles – le défi étant : comment les distinguer ? b) Il y a aussi des lois.
3) Pourquoi on doit éviter le « pandispositionnalisme ».
4) Certaines propriétés ne sont pas « essentiellement » dispositionnelles.
5) Du concept à la chose, il y a plus qu’un pas : a) ne pas confondre « prédicats » et « propriétés » ; b)
distinguer « pouvoir » et propriétés en vertu desquelles les choses ont les pouvoirs qu’elles ont.
2. Caractéristiques de l’essentialisme étroit ou aliquidditisme :
1) Point de départ avicennien et scotiste. 1. Principe de neutralité et d’irréductibilité de la Nature
Commune ; 2. Certaines réalités ou formalités métaphysiques, ne se réduisent ni à des supposits physiques, ni à
des noms conventionnels, puisque leur unité réelle, si elle est bien découverte par l’intellect, n’est pas produite
par lui ; 3. L’aliquidditisme n’est pas un quidditisme : pas d’haecceitas primitive (« primitive thisness »).
2) Réélaboration du modèle scotiste : L’essence est non pas une « quiddité » statique, ou une substance, ou
une pure espèce naturelle, ou encore un pur faisceau d’habitudes, mais plutôt un quelque chose « aliquid »
foncièrement dispositionnel. La source réelle d’intelligibilité d’une chose (« operari sequitur esse ») n’est pas le
comportement d’une chose (conception trop statique de l’essence), mais un ensemble d’habitudes ou de
dispositions générales affectant la manière dont l’objet tendrait à se comporter dans certains types de
circonstances : on définit mieux l’essence en termes non de propriétés intrinsèques, mais de propriétés
relationnelles ou dispositionnelles conditionnelles et mutuelles, ou de groupes (clusters) de pouvoirs causaux.
3. Evaluation de l’essentialisme étroit ou aliquidditisme : répond-il au défi (comment distinguer propriétés
essentielles, authentiques, ou « rares ») et propriétés accidentelles (ou « abondantes » ou simples « changements
cambridgiens ») ?
1) Supériorité de l’aliquidditisme sur le modalisme.
2) Supériorité de l’aliquidditisme sur le quidditisme et sur certaines formes de néo-aristotélisme.
3) Supériorité de l’aliquidditisme sur le structuralisme causal ou relationnel.
4. Conclusions provisoires et hypothèses à creuser : Le « consensus anti essentialiste » semble surtout venir d’une
certaine conception substantialiste de l’essence. Il faut y renoncer et tester désormais notre nouvelle conception
au contact des sciences.
On doit pouvoir montrer :
1) Pourquoi les sciences n’entrent pas forcément en conflit avec l’essentialisme : retenir en particulier la
distinction entre essentialisme appliqué aux individus et essentialisme appliqué aux espèces. Faut-il aller jusqu’à
dire que les espèces naturelles ont une essence (E. J. Lowe vs A. Bird) ? Peut-on renoncer à cette idée sans être
d’emblée acculé au nominalisme et au conceptualisme (Locke vs Leibniz) ?
2) Comment, au contraire, l’aliquidditisme donne des critères de distinction satisfaisants entre l’accidentel
et l’essentiel, et permet (contre les positions d’humilité humienne, kantienne ou lewisienne), une connaissance
métaphysique authentique.
3) Comment il rend possible la réconciliation (souhaitable) entre « l’image scientifique » et « l’image
manifeste » du monde (W. Sellars ; E. Meyerson).
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