BO, SA 2009, Sociologie des organisations 2
Deux séries de questions caractérisent en fait la démarche des théories de la contingence. Quels
types de variables affectent les caractéristiques (le plus souvent structurelles) des organisations, et
jusqu’à quel point ? Quelle est l’influence de ces caractéristiques sur le niveau de performance de
ces mêmes organisations ?3
1. La théorie de la contingence : les organisations mécanistes et organiques
À l’origine, les recherches sur l’environnement organisationnel supposaient que les organisations
diffèrent considérablement selon qu’elles opèrent dans un environnement stable ou mouvant.
Dans un environnement stable, les organisations se spécialisent dans des activités routinières et
structurent clairement l’autorité et les responsabilités. Ces organisations sont appelées mécanistes
par référence à la métaphore de la machine. En effet, les machines sont composées de parties
spécialisées agencées au sein d’un système à haut rendement. De manière similaire, les
organisations mécanistes comportent des parties spécialisées, soit les différentes tâches et travaux
réalisés par les employés, et ces parties sont agencées par la direction de manière à assurer une
forte rentabilité4.
Ainsi, nous pouvons retenir en préambule que la théorie de la contingence à mis en évidence
deux points principaux :
- il n’y a pas une structure d’organisation qui soit la meilleure de toutes
- toutes les structures d’organisation ne sont pas aussi efficaces5.
Aucun argument théorique ne permet de considérer la forme organique ou mécaniste comme
universellement supérieure : chacune est appropriée à des conditions environnementales
différentes. Dans un environnement stable, la forme mécaniste est plus avantageuse du fait de la
rentabilité générée par les procédures standardisées pour réaliser des activités routinières. Les
organisations peuvent y apprendre à optimiser leurs activités par rapport à la minimisation des
coûts et à la maximisation des profits. Dans des conditions de changements rapides, en revanche,
la plupart des avantages d’une organisation mécaniste disparaissent. La logique et les bénéfices
de la routinisation n’ont plus de sens, lorsque l’organisation doit constamment modifier ses
3 CROZIER M. & FRIEDBERG E., L’Acteur et le système, Les contraintes de l’action collective, Paris, Éditions du
Seuil, Collection Points-Essais, 1997, pp. 132-133.
4 HATCH M.J., Théorie des organisations. De l’intérêt de perspectives multiples, Bruxelles, De Boeck université,
2000, pp. 92-93.
5 SCHIED J.Cl., Les grands auteurs en organisation, Paris, Éditions Dunod, 1999, p. 43.