Sur la th´eorie des dissolutions
Ch.-Ed. Guillaume
To cite this version:
Ch.-Ed. Guillaume. Sur la th´eorie des dissolutions. J. Phys. Theor. Appl., 1890, 9 (1),
pp.92-97. <10.1051/jphystap:01890009009200>.<jpa-00239173>
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92
SUR
LA
THÉORIE
DES
DISSOLUTIONS;
PAR
M.
CH.-ED.
GUILLAUME.
1.
Dans
un
Mémoire
très
important
présenté
à
l’Académie
de
Berlin
en
1883
( ~ ),
~1~I.
von
Helmholtz
démontre
que
la
différences
entre
l’énerbie
libre
des
gaz
hydrogène
et
oxygène
dissous
dans
l’eau
et
celle
de
l’eau
à
l’état
liquide
est
représentée
(la
ternpé-
rature
étant
supposée
constante)
par
une
équation
de
la
forine
A,
B
et
C
étant
des
constantes,
Vh
et
vo
les
volumes
spécifiques
de
l’hydrogène
et
de
F oxygène
en
dissolution
dans
la
liqueur.
Si
l’on
suppose,
avec
l’illustre
physicien,
que &#x3E;ù
et
cy
puissent
prendre
toutes
les
valeurs
positives
de
o
à
-~-
oc,
on
voit
que
Sg-
#aq
s’an-
nule
pour
une
certaine
concentration
de
la
solution
gazeuse;
d’a-
près
les
constantes
de
Inéquation
y
cette
condition
est
remplie
lorsque
1 gr
du
liquide
contient
ogr, 20.
Io-36
de
gaz.
Au-dessous
de
cette
concentration,
l’eau
doit
se
décomposer
spontanément.
La
nécessité
de
la
dissociation
de
l’eau
serait
ainsi
démontrée.
Nous
examinerons
cette
conclusion,
après
avoir
discuté
quelques
propriétés
générales
des
dissolutions.
2.
Les
célèbres
expériences
de
Bessel
ont
démontré
que, j us-
~
qu’aux
extrêmes
limites
des
mesures
les
plus
précises,
on
ne
con-
state
aucune
action
spécifique
des
corps
à
grande
distance.
Les
quantités
qui
entrent
au
numérateur
dans
la
formule
d’attraction
de
Newton
sont
uniquement
les
masses
des corps,
c’esu-à-dire
que
l’accélération
de
la
pesanteur
est
la
même
pour
tous
les
corps.
Si,
par
exemple,
nous
plaçons
à
1 III
de
distance
deux
sphères
de
1 cm
de
diamètre,
respectivement
remplies
d’hydro-
gène
et
d’oxygène,
elles
s’attireront
comme
si
elles
étaient
rem-
plies
des
mêmes
masses
d’un
seul
de
ces
gaz.
Mais,
à
une
dis-
tance
très
petite,
il
n’en
est
plus
de
même,;
les
corps
exercent
une
action
spécifique
les
uns
sur
les
autres.
Il
serait
très
aventureux
(’ )
Voir
ci-dessous,
p.
100.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01890009009200
93
d’admettre
que
cette
action
cesse
jamais;
tout
ce
que
nous
pou-
vons
dire,
c’est
qu’à
partir
d’une
certaine
distance,
aucune
mé-
thode
de
mesure
ne
permet
de
la
constater.
Pour
simplifier
les
raisonnements
qui
suivent,
nous
supposerons
que
l’action
spéci-
fique
des
corps
est
appréciable
jusqu’à
une
certaine
distance,
ri-
goureusement
nulle à
partir
de
là.
C’est
ainsi
que
nous
parlerons
du
rayon
de
la
sphère
d’action
des
molécules,
comme
s’il
était
parfaitement
défini.
Les
résultats
seraient
du
reste
exactement
les
mêmes,
si
nous
ajoutions
toujours
le
qualificatif
sensible
à
l’ex- -
pression
sphère
d’action.
Les
expériences
bien
connues
de
M~1:.
~uincke ,
y
Plateau ,
Henry,
etc. ,
conduisent
à
admettre
que
le
rayon
de
la
sphère
d’action
moléculaire
est
de
oIL,05
environ.
D’autre
part,
il
existe
de
nombreuses
déterminations
de
la
grandeur
absolue
des
molécules,
ou
de
la
distance
des
centres
de
deux
molécules
dans
un
solide
ou
un
liquide.
Bien
que
la
plupart
des
raisonnements
dans
ce
domaine
soient
peu
rigoureux,
les
ré-
sultats
sont
tellement
concordants ,
qu’on
peut
leur
accorder
quelque
vraisemblance.
La
limite
supérieure
est
généralement
fixée
à
1 mIL
( ~ ),
la
limite
inférieure,
un
peu
au-dessous
de
o ,
¡mIL.
Il
nous
importe
peu
ici
de
connaître
la
valeur
exac te
de
ce
nombre;
il
nous
suffit
de
savoir
qu’il
est
d’un
ordre
de
gran-
deur
peu
inférieur
aux
quantités
mesurables ;
en
d’autres
termes,
qu’il
n’est
pas
infiniment
petit
dans
le
sens
de
la
Physique.
Ad-
mettons,
pour
fixer
les
idées,
que
le
second
de
ces
chiffres
corres-
ponde
à
une
molécule
moyenne;
n o us
en
conclurons
que
i o0o
mo-
lécules
en
ligne
droite
trouveront
place
dans
la
sphère
d’action
de
l’une
ou
l’autre
des
molécules
situées
aux
extrémités
de
cette
droite,
et
qu’une
molécule
contient,
dans
sa
sphère
d’action,
un
nombre
de
molécules
de
l’ordre
de
i o9.
3.
Cela
posé,
nous
pouvons
en
déduire
certains
résultats
inté-
ressants
pour
la
théorie
des
dissolutions.
Lorsqu’un
corps
quelconque
est
en
solution
dans
un
liquide,
il-
tend
à
se
répandre
uniformément
dans
le
dissolvant ;
l’uniformité
(1)
Millième
de
micron.
94
est
définitivement
assurée
par
la
dli~1s10I1,
mais
on
sait
dans
quelle
mesure
elle
peut
être
favorisée
par
des
procédés
mécani-
ques.
En
apparence,
les
molécules
du
corps
dissous
se
repoussent;
plus
exactement,
elles
cherchent
à
atteindre
des
portions
du
li-
quide
dans
lesquelles
le
nombre
spécifique
des
molécules
du
dis-
solvant
soit
aussi
grand
que
possible.
Mais
cette
tendance
à
l’uni-
formité
n’est
pas
indéfinie;
chaque
molécule
du
corps
dissous
tend
à
n’avoir
dans
sa
sphère
d’action
que
des
molécules
du
dis-
solvant,
et,
comme
les
affinités
sont
d’autant
mieux
satisfaites
que
les
molécules
du
dissolvant
situées
dans
la
sphère
d’action
des
molécules
du
corps
dissous
sont
plus
nombreuses,
les
molécules
dissoutes
tendront
à
s’éloigner
jusqu’à
ce
que
leurs
sphères
d’ac-
tion
soient
tangentes;
à
partir
de
ce
moment,
elles
seront
com-
plètement
indépendantes.
Supposons
qu’une
solution
soit
juste
assez
concentrée
pour
que
les
sphères
d’action
des
molécules
dissoutes
puissent
être
tan-
gentes ;
ces
molécules
se
placeront
en
réalité
de
manière
à
rem-
plir
cette
condition;
nous
dirons
alors
que
la
solution
est
à
la
concentration
critique.
Mais,
si
l’on
ajoute
une
certaine
quan-
ti té
du
dissolvant,
les
molécules
dissoutes
deviennent
libres
dans
une
certaine
mesure;
la
concentration
maxima
d’une
portion
du
liquide
ne
pourra
pas
être
supérieure
à
la
concentration
critique;
mais
il
n’y
a
aucune
raison
physique
qui
s’oppose
à
ce
que
cette
concentration
s’abaisse
jusqu’à
zéro
pour
des
espaces
très
petits.
La
réparti tion
des
molécules
n’est
plus
régie
que
par
la
loi
des
grands
nombres
(~).
On
peut
envisager
la
solution
comme
un
mélange
quelconque
d’une
solution
uniforme
minima
avec
le
dis-
solvant.
D’après
le §
~,
la
valeur
de
la
solution
critique
est
de
l’ordre
du
milliardième.
,
4.
Lorsqu’nn
corps
est
soluble
dans
un
liquide,
le
minimum
de
solubilité
doit
être
suffisant
pour
que
l’on
puisse
atteindre
la
concentration
critique.
On
peut
en
effet
se
figurer
que
toutes
les
molécules
dissoutes
soient
rassemblés
dans
une
portion
du
li-
quide,
de
manière
à
réaliser
la
concentration
critique;
il
ne
se
for-
l’)
Nous
faisons
évidemment
abstraction
de
toutes
les
forces
extérieures.
95
mera
aucun
précipité,
et
de
nouvelles
quantités
de
matière
pour-
ront
se
dissoudre
dans
le
reste
du
liquide
pur.
De
part
et
d’autre
de
la
concentration
critique,
la
nature
de
la
solution
est
différente ;
au-dessous,
toutes
les
propriétés
doivent
varier
proportionnellement
à
la
concentration;
au-dessus, la
loi
de
variation
peut
n’être
pas
la
même.
Si
l’on
pouvait
déterminer
exactement
le
point
oit
diverses
pro-
priétés
des
solutions
cessent
d’être
rigoureuselnent
proportion-
nelles
à
la
concentration,
y
on
aurait
une
relation
numérique
entre
la
grandeur
des
molécules
et
le
rayon
de
leur
sphère
d’action.
On
admet
généralement
que
la
chaleur
de
dissolution
diminue
asymptotiquement
avec
la
dilution.
Si
nos
considérations
sont
exactes,
la
chaleur
de
dissolution
doit
être
rigoureusement
nulle
à
partir
de
la
concentration
critique.
Le
moment
n’est
peut-être
pas
très
éloigné
on
cette
conséquence
pourra
être
vérifiée
dans
certains
cas,
comme
celui
de
la
dissolution
de
l’acide
sulfurique
dans
l’eau,
par
exemple.
5.
Les
relations
numériques
trouvées
pour
des
solutions
uni-
formes
ne
peuvent
convenir
qu’à
des
solutions
uniformes.
En
d’autres
termes,
si
l’on
suppose,
dans
le
point
de
départ
d’un
cal-
cul,
que
chaque
molécule
du
dissolvant
se
trouve
dans
la
sphère
d’action
d’une
molécule
au
moins
du
corps
dissous,
le
résultat
ne
peut
être
exact
que
si
cette
condition
est
satisfaite.
Cette
proposition,
difficile
à
formuler
nettement
d’une
manière
générale,
’devient
aisément
:compréhensible
si
on-
l’applique
à
un
exemple.
Nous
avons
rappelé,
dans
le §
1,
un
calcul
par
lequel
M.
von
Helmholtz
trouve
que
l’équilibre
des
forces
chimiques
dans
l’eau
est
assuré
lorsque
1 gl’
du
liquide
contient ogr, 26.
t o-3~
de
gaz
tonnant.
Supposons,
d’après
les
théories
généralenleut
admises,
que
la
molécule
d’eau
soit
composée
de
i
atome
de
0
et
de
2
atomes
de
H.
La
masse
moyenne
de
ces
atomes
est
égale
à 3
de
la
masse
d’une
molécule
d’eau.
Ce
nombre
est
assez
approché
de
0, ’lG
pour
qu’on
puisse
admettre
pour
simplifier
que
i o36
molécules,
d’eau
contiendront
un
atome
de
gaz;
deux
atomes
gazeux
voisins
seront
donc,
en
moyen ne,
séparés
par
10’ ~
molécules
d’eau ;
ils
se
trouveront
à
une
distance
de
r o0"1.
Il
est
absolument
certain
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