INTERVENTION IMFSI Séance 1. Les grands domaines de la sociologie et de l’anthropologie DEFINIR LA SOCIOLOGIE Définition - - - 1 Etude des phénomènes sociaux collectifs. Un phénomène social se définit par une spatialité mais aussi par une temporalité. Etude des gros phénomènes. Etude de l’individu en société. On n’isole pas l’individu de l’ensemble dont il fait partie c’est-à-dire la société. En sociologie on ne peut pas isoler les phénomènes. Etude de la société moderne, capitaliste. La société étant mouvante, la sociologie est elle aussi mouvante. La sociologie émet donc des conclusions pour un moment donné et pour une société donnée. Rien n’est figé en sociologie. Il faut faire attention aux généralisations abusives. Aujourd’hui, ce qui est à la mode c’est la sociologie urbaine. A ne pas confondre avec l’anthropologie 1, l’ethnologie 2 (observation directe ou participante, entretien libre), l’épistémologie 3 , la psychologie 4 , la psychologie sociale5, etc. Sociologie = « science molle » contrairement aux mathématiques = « sciences dures ». De manière théorique, deux points permettent de définir la sociologie : - La sociologie permet d'analyser la société à travers les relations humaines, les groupes sociaux et les institutions. - La sociologie permet d'agir sur la réalité et de trouver des solutions. On peut relever deux niveaux distincts en sociologie : - Le niveau théorique : la problématisation avec les définitions et les concepts. Concept : il y a une construction derrière, un raisonnement scientifique. Notion : idée vague, il n’y a pas cette construction. - Le niveau pratique : le terrain avec les enquêtes de terrain et les différents outils : observation, entretien, questionnaire. Etude de la vie des hommes en société mais en mettant au centre de l’analyse la langue, les coutumes, les pratiques, les mythes, etc. Etude des sociétés lointaines en général, souvent des tribus ou il y a un chef. 2 Etude des minorités (communautés mais terme galvaudé, ethnies qui tend aussi à être galvaudé) dans les sociétés européennes ou non européennes. Ethnographie : étude descriptive. 3 Philosophie des sciences, étude de la naissance d’une science, Gaston Bachelard. 4 Etude du psychisme, c’est-à-dire de l’esprit. 5 Etude de l’esprit en prenant en compte l’environnement social, familial de l’individu. Origines Les origines de la sociologie sont très anciennes : au Vème siècle HERODOTE faisait de la sociologie. Puis au siècle des Lumières, il y a ARISTOTE, MONTESQUIEU, TOCQUEVILLE, etc. Mais la sociologie s’est constituée en tant que science plus tardivement. La sociologie est une discipline très récente : Auguste Comte l'a inventé en 1839 sous le terme : « physique sociale ». Emile Durkheim est considéré comme le père de la sociologie moderne en France. SOCIOLOGIE Auguste COMTE (« Physique sociale, positivisme) Emile Durkheim (France) Sociologie explicative ou objectivisme6 Pierre Bourdieu Holisme (méthodologique) Max Weber (Allemagne) Sociologie compréhensive ou subjectivisme7 Raymond Boudon Individualisme (méthodologique) Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot François Dubet (méthodes explicative et compréhensive). Aujourd’hui, il n’y a plus une opposition radicale entre les deux types de sociologie ; la tendance est à la mise en œuvre des deux courants qui se complètent. LE CONCEPT DE SOCIETE Définition de société Une société est un ensemble de personnes ayant des relations les unes avec les autres ou encore un groupe de personnes vivant ensemble. La définition de la société est peu précise car c'est justement l'un des objets de la sociologie de préciser les caractéristiques de telle ou telle société. Durkheim a décrit l'évolution des sociétés depuis la horde (groupe d'individus juxtaposés) jusqu'aux sociétés modernes. De façon générale, une société comprend : 6 7 Objectivation. Subjectivation. - une certaine organisation (existence d'institutions) ; - un système de relations (relations sociales, politiques, économiques, religieuses, etc.) ; - un ensemble de groupes ou de groupements (familles, classes, ethnies, etc.) ; - une culture, formant une unité de la société. Parmi toutes les typologies (une typologie est une construction intellectuelle et non une description de la réalité) de sociétés présentées, deux se détachent nettement : celle de Durkheim opposant société traditionnelle et société moderne et celle du sociologue allemand, Ferdinand Tönnies (1855-1936), établissant une distinction entre société et communauté. Toute société doit intégrer ses membres L’intégration est un processus qui permet à la société d’inclure un individu dans le groupe. Cela se traduit par des croyances et des valeurs partagées, par des relations sociales plus ou moins intenses et par des projets en commun. La société intègre ses membres en leur faisant partager des valeurs, des normes et des rôles sociaux. Cela permet la coopération des individus car chacun agit conformément aux attentes des autres. Cette coopération s’opère dans des petits groupes de sociabilité (comme par exemple la famille), dans le travail et dans le domaine politique par le biais de la citoyenneté/ Elle est faite de relations horizontales mais aussi verticales (On peut diviser de manière abstraite les relations humaines en deux catégories, les relations "verticales" et les relations "horizontales", selon la façon dont les liens sont organisés. Par exemple, la relation parentsenfants est verticale, tandis que la relation entre frères et soeurs est horizontale. La relation supérieur-inférieur est verticale, celle entre collègues est horizontale) et suppose donc que les individus acceptent les principes généraux qui fondent les hiérarchies sociales, mêmes s’ils peuvent en contester les modalités pratiques. L’intégration sociale évite l’anomie, la déviance et l’exclusion sociale. Elle s’oppose au processus qui conduit à des ruptures des liens sociaux tant dans les groupes de sociabilité que dans le travail ou dans le domaine politique. Elle combat à la fois l’éclatement de la société en groupes sociaux antagonistes et une individualisation8 abusive qui ferait de chacun un centre autonome désolidarisé des autres. L’intégration permet à chacun de jouer correctement le rôle qui correspond à son statut social et donc de participer aux activités économiques (production et consommation) et politiques. Elle ne se traduit pas uniquement par l’acceptation de règles communes mais aussi, éventuellement, par des actions collectives afin de modifier des règles qui, dans les sociétés modernes, sont souvent amenées à évoluer. La socialisation est le moteur de l’intégration 8 L'individualisation est un processus consistant pour un individu à s'approprier sa vie et à ne dépendre que de ce qui lui semble juste pour agir. Du point de vue des institutions, la socialisation est l’activité qui permet à la société d’intégrer ses membres. Les facteurs d’intégration se confondent donc avec les facteurs de socialisation : l’éducation familiale, la scolarisation, le travail et la citoyenneté en sont les principaux. Cependant la socialisation ne suffit pas toujours à assurer la participation des individus à la vie économique et sociale. Des évènements politiques (guerres, occupation d’un territoire, discriminations) ou économiques peuvent venir perturber cette intégration. Dans l’Union européenne, la crise de l’emploi et la fragilisation de l’Etat providence 9 perturbent ce processus. Le chômage, les emplois précaires et peu rémunérés ainsi que la réduction des aides sociales peuvent nuire à la participation des individus à la vie sociale en dépit d’une socialisation considérée comme normale. LES RELATIONS SOCIALES, GROUPES ET CONTRÔLE SOCIAL Les individus constituent des groupes sociaux. Ces groupes se différencient par leur taille, leur rôle ainsi que leur degré de cohésion. En effet, un groupe social n’est pas seulement un ensemble d’individus réunis au même endroit, au même moment (comme une foule dans un magasin) ni une catégorie statistique (comme les tranches d’âge). Pour le sociologue américain Robert King Merton estime nécessaire la présence de critères objectifs – la réalité des interactions dans le groupe – et subjectifs – un sentiment d’appartenance chez les membres du groupe et la reconnaissance de l’existence de ce groupe par l’extérieur. De simples ressemblances, par exemple, entre les membres de la même catégorie socioprofessionnelle, ne suffisent pas à faire un groupe (on peut alors parler de quasi-groupe ou de groupe latent). Pour étudier une groupe social quelconque, le sociologie doit dégager des caractéristiques communes, des pratiques sociales et des représentations semblables. On distingue ainsi les groupes primaires des groupes secondaires. Les individus peuvent par ailleurs s'identifier à un groupe de référence, différent de leur groupe d'appartenance. Le groupe primaire (ou élémentaire) est un groupe restreint, caractérisé par des rapports interpersonnels de solidarité, de coopération, voire d’intimité. Ce sont les groupes familiaux, d’amis, de camaraderie et de voisinage. La notion de collectif et de socialisation y est importante. Le groupe secondaire est en général de plus grande dimension, caractérisé par des rapports plus impersonnels, car reposant sur des relations d’organisation souvent codifiés par des règles et un arbitrage extérieur. Ce sont les partis politiques, les entreprises, les associations, les syndicats. Une autre distinction est à opérer : celle entre le groupe social dont fait partie l’individu et qui contribue à l’identité et au statut de celui-ci - appelé groupe d’appartenance – et le groupe auquel l’individu cherche à s’identifier en lui empruntant les valeurs et les normes de comportement – appelé groupe de référence -. L’intérêt de cette distinction a été mis en évidence par Merton (en 1949) : le groupe de référence ; qui est très généralement le groupe 9 Conception de l’Etat selon laquelle il a en charge la protection sociale. social classé immédiatement au-dessus du groupe social d’appartenance, permet aux individus de comparer l’évolution de leur situation en termes d’amélioration ou de détérioration. Il sert le plus souvent de modèle attractif quand l’individu aspire à appartenir à un groupe qui a plus de prestige et qui remplit dès lors une fonction de socialisation anticipatrice (l’individu adopte les critères de jugements et les comportements de ce groupe) ; mais il peut être parfois répulsif quand le groupe de référence apparaît comme un contremodèle (le mode de vie des parents est souvent rejeté par les adolescents). L'étude des groupes sociaux conduit à étudier les réseaux sociaux qui sont des formes spécifiques de coordination des acteurs et de sociabilité. Ces réseaux se révèlent notamment pertinent dans l'étude des relations sociales et de leur utilisation en termes de recherche d'emploi.