MILITER SUR LA VOIE DU PROPHETE BEN HALIMA ABDERRAOUF LE FIGUIER Copyright Le Figuier ISBN 2-912213-02-9 INTRODUCTION 1 Le but de ce livre Louange à Allah, notre créateur et maître, et prière et salut sur notre bien-aimé Prophète Mohammed. Le but de ce livre est de déduire de la vie du Prophète, prière et salut sur lui, la manière de faire avancer l'Islam. J'entends par là l'effort pour former et construire l'Islam dans la vie. Ceci est une chose fondamentale pour comprendre comment l'Islam peut entrer dans notre vie au niveau de l'individu et de la société. Allah n'a pas révélé l'Islam entier dès le début, mais a étalé sa construction sur vingt-trois ans. Il n'est pas possible de pratiquer la religion entière d'un coup, mais il faut évoluer sur son chemin, trouver son rythme et avancer étape par étape. Par où commencer? Comment avancer? Il est difficile de trouver la réponse à ces questions dans le Coran, les Hadiths ou la jurisprudence (Fiqh). Elle est par contre étalée au grand jour dans la vie du Prophète, prière et salut sur lui. Notons en plus que le Coran et le Hadith ne peuvent être correctement compris que dans leur contexte qui est la vie du Prophète, prière et salut sur lui, et qu'à la lumière de cette dernière ils prennent une autre dimension, voire un autre sens. Le récit suivant illustre le but de ce livre. Un jour, Omar Ibn Alkhattab, qu'Allah l'agrée, alors qu'il était calife, était très tourmenté. Il envoya appeler Abdallah Ibn Âabbas, qu'Allah l'agrée, et le questionna: "Comment se fait-il que cette communauté se divisera alors qu'elle a une religion, un Prophète, un livre et une qibla (direction de prière)?". Il répondit: "Ô Calife, quand le Coran a été révélé nous étions présents, nous avons su pourquoi il était descendu, nous avons su l'interpréter et l'appliquer là ou il fallait. Mais des gens vont venir, ils liront le Coran sans connaître les circonstances de sa révélation, chacun l'interprétera et l'expliquera à sa manière, ils se diviseront, ils se disputeront et ils s'entretueront". Bien que ce livre ne soit pas un récit de la vie du Prophète, prière et salut sur lui, le lecteur non initié à sa vie peut tout à fait comprendre ce livre car il contient la chronologie des évènements majeurs et l'analyse détaillée de plusieurs d'entre eux. Mais je conseille à tous ceux qui veulent apprendre l'Islam et aller plus loin que les strictes obligations, de commencer par lire la vie du Prophète, prière et salut sur lui, entièrement et en détail. Pour cela, le livre de référence est la sira (biographie du Prophète) d'Ibn Hichèm, qui n'est pas à ce jour traduite en français, mais que je compte traduire bientôt in cha Allah. 2. Plan La vie du Prophète, prière et salut sur lui, se divise en deux grandes périodes, sous-divisées en deux autres parties: 1. Treize ans de vie à la Mecque: a) Trois ans de prêche en secret. b) Dix ans de prêche en public. 2. Dix ans de vie à Médine: a) Cinq ans de guerre sainte défensive. b) Cinq ans de guerre sainte offensive. PREMIER CHAPITRE LE PRECHE EN SECRET 1 La prophétie Le Prophète Mohammed, prière et salut sur lui, alors âgé de quarante ans, reçut pour la première fois la révélation dans la grotte de Hira où souvent il se retirait pour méditer. L'ange Jibril, que la paix soit sur lui, lui révéla les premiers versets de la sourate Âalaq (96/1-5) lui ordonnant de lire au nom du Seigneur, Créateur et Bienfaiteur. Le Prophète prit peur et ne sut ce qui lui arrivait. Ensuite, Allah lui révéla le premier paragraphe de sourate Alqalam (68/1-4) lui affirmant qu'il n'était pas un possédé, qu'il aurait une récompense jamais interrompue et qu'il était d'une moralité imminente. Il rentra chez lui et s'enveloppa d'une couverture. Jibril revint et continua la révélation avec les premiers paragraphes des sourates Al Mozzammil (73/1-9) et Al Moddathir (74/1-6) contenant deux ordres d'Allah: lève-toi la nuit (pour prier) et lève-toi et avertis. Dans une des premières apparitions au Prophète, prière et salut sur lui, Jibril lui enseigna les ablutions et la prière de deux rakâats. Ainsi, la prière existait depuis le début de la révélation alors que les cinq prières n'ont été obligatoires qu'à partir de la dixième année de l'Islam, lors de l'ascension du Prophète au ciel. Puis Allah révéla la sourate Fètiha et la révélation s'est interrompue pendant six mois; elle reprit enfin sans interruption avec la sourate Dhouha (le matin). 2 Les premiers musulmans Les premiers à croire à la prophétie de Mohammed, prière et salut sur lui, sont: - Sa femme Khadija. Elle l'a accompagné chez son cousin Waraqa qui était monothéiste et connaissait les anciens livres. Il a aussitôt cru au Prophète, prière et salut sur lui, mais il est mort peu après. - Son esclave et fils adoptif Zèyd. - Son cousin et futur gendre Ali Ibn Abou Talib. - Son meilleur ami Abou Bakr Siddiq. Il a tout de suite commencé à prêcher autour de lui. En deux jours, onze personnes l'ont suivi dont les dix grands sahabas (compagnons) hormis lui-même, Omar et Ali: Othmane Ibn Affane, Abderrahmane Ibn Awf, Zoubeyr Ibn Âawwam, Talha, Abou Oubeyda Ibn Aljarrah, Saâd Ibn Abou Waqqaç et Saîid Ibn Zèyd, qu'Allah les agrée. Notons que la plupart en ce temps étaient des adolescents. Abou Bakr joua aussi un grand rôle en affranchissant les esclaves musulmans, hommes ou femmes, dont Bilèl. 3 Les premiers fondements de la religion L'Islam, parfait le jour où Allah révéla: [Aujourd'hui, j'ai parachevé pour vous votre religion] (5/3), fut construit progressivement durant vingttrois années. Les deux premiers enseignements principaux furent: - la foi dont les piliers les plus importants sont la foi en Allah et le jour dernier, puis la foi en les prophètes. - la morale qui comprend toutes les règles de bon comportement. Nous allons donc étudier comment les sahabas, les premiers convertis, ont acquis ces deux qualités de base. Le Coran se divise en sourates mecquoises (révélées à la Mecque, donc dans la période que nous étudions) et médinoises (révélées à Médine, donc plus tard). 4 La foi en Allah a) Méditation sur les créatures Allah nous enseigne (et a enseigné aux sahabas) la foi en nous invitant d'abord à méditer sur le monde visible. Ainsi, dans le Coran mecquois, Allah nous décrit plusieurs fois et en des styles différents les créatures familières; à commencer par nous-mêmes, puis notre nourriture, les plantes, les animaux, la pluie, les mers, les rivières, les montagnes, la terre, le ciel, la lune, le soleil et les étoiles. Allah nous invite à contempler et méditer sur ces créatures pour prendre conscience de sa puissance, de sa sagesse et de ses bienfaits envers nous. Il nous explique que tout ce qui nous sert ou nous plait, tout ce qui nous attire ou nous effraye ne sont que des créatures. Elles n'ont donc pas de valeur par elles-mêmes, et c'est vers Allah que ces sentiments doivent se diriger. C'est lui qu'il faut remercier, espérer, craindre, vénérer et adorer. Quel profit, quel enseignement pratique devons-nous tirer de la lecture de ces versets, dont le Coran foisonne? Allah veut de nous une prise de conscience, que nous apprenions à regarder et à raisonner autrement, à dépasser le stade des créatures et reconnaître l'action du créateur derrière. Citons quelques exemples. Allah dit: [Que l'homme regarde sa nourriture, nous avons fait descendre l'eau du ciel, puis nous avons fait fendre la terre, et nous y avons fait pousser des grains, des vignes et des légumes, des oliviers et des palmiers, des jardins touffus, des fruits et des herbages, ce sont des bienfaits pour vous et vos bêtes] (80/24-32). Allah nous demande de regarder notre nourriture. Qui ne regarde pas sa nourriture? Le but n'est pas simplement de regarder mais de réfléchir. Qui réfléchit sur sa nourriture? Pendant le temps que nous passons à manger, combien de temps méditons-nous sur les bienfaits et la puissance d'Allah très visibles à travers cette nourriture? Voici la foi demandée qu'Allah a enseigné aux sahabas. Avant de leur enseigner que telle nourriture est licite ou illicite, Allah leur a appris à prendre conscience que lui a créé cette nourriture, à ressentir la puissance et les bienfaits d'Allah à travers cette nourriture et à accroître leur foi et leur amour pour Allah tout en mangeant. Car le simple fait de ressentir qu'Allah nous a donné cette nourriture, modifie notre comportement, nous inspire le respect de la nourriture, nous incite à partager cette nourriture avec les pauvres, nous retient de l'acquérir en faisant du tort aux gens... Allah dit: [N'ont-ils donc pas observé le ciel au-dessus d'eux, comment nous l'avons bâti et embelli et comment il est sans fissures?] (50/6). Qui donc ne voit pas le ciel? Peut-être le voyons-nous cent fois par jour. Mais sur ces cent fois, combien de fois pensons-nous à la grandeur d'Allah? C'est cette prise de conscience qu'Allah veut de nous. Il nous exhorte dans le Coran: [Ne voyez-vous pas?], [Ne comprenez-vous pas?], [N'entendez-vous pas?]. Souvent Allah critique les inconscients: [Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent pas, ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas, ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas, ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore, ceux-là sont les inconscients] (7/179). La foi qu'Allah nous demande n'est pas simplement de croire à son existence, car cette foi-là même Satan la possède. La foi est combien nous nous attachons à Allah, combien nous l'aimons, le craignons, combien nous le vénérons. Acquérir la foi consiste à sortir de son coeur la valeur des créatures pour ne garder que la valeur d'Allah. Pour cela le premier pas est de prendre conscience que toutes les créatures auxquelles nous sommes attachés ne sont que des créatures et que c'est à Allah qu'il faut s'attacher. b) Allah nous observe La deuxième chose qu'Allah nous enseigne dans le Coran pour avoir la foi demandée est qu'il connait toutes ces créatures, qu'il les voit et les entend toutes en même temps, et qu'il nous voit et connait notre extérieur et notre intérieur mieux que nous-même. Dans plusieurs passages Allah nous développe sa science: [N'as-tu pas vu qu'Allah connait ce qu'il y a dans les cieux et dans la terre. Dès que trois parlent secrètement entre eux il est leur quatrième, ou cinq il est leur sixième, ou moins ou plus il est avec eux où qu'ils soient. Puis il les informera de ce qu'ils ont fait le jour dernier. Certainement, Allah connait tout] (58/7). Combien de fois Allah nous dit-il qu'il sait ce que nous faisons? Mais dans combien de nos actions sommes-nous conscients qu'Allah nous observe? Combien de minutes dans la journée sentonsnous qu'Allah connait nos pensées intimes? Comprenons que ces versets ne représentaient pas pour les sahabas une simple récitation ou des connaissances, sans plus, mais leurs vies, leurs coeurs et leurs esprits ont été forgés par ces versets. Appliquer ce verset consiste à ressentir qu'Allah nous écoute dès que nous allons prononcer une parole, et qu'il connaît notre intention derrière chaque mot prononcé? Nous devons alors penser comment Allah nous rappelera ces paroles le jour dernier. Avant d'enseigner aux sahabas ce qu'un musulman doit dire et ne pas dire, Allah leur a inculqué la certitude qu'il entend ce qu'ils disent et connait ce qu'ils cachent. Si nous prenons conscience de cela, nous ne pouvons plus insulter, mentir, blesser par la parole ou dire ce que nous savons naturellement être mal. Pour cela aussi le Coran fut révélé tout doucement au début pour leur donner le temps de pratiquer, et ensuite le rythme s'accélérait. Supposons par exemple qu'on décide d'appliquer le verset [Que l'homme regarde sa nourriture], peut-être faudra-t-il un an d'entraînement avant d'acquérir le réflexe de penser aux bienfaits d'Allah et à sa puissance dès que nous voyons notre nourriture. Mais ensuite appliquer un autre verset [Ne voient-ils pas le ciel...] sera beaucoup plus rapide. Jusqu'à ce qu'on puisse assimiler les versets en temps réel au fur et à mesure qu'ils sont révélés. c) Allah contrôle tout La troisième chose qu'Allah nous enseigne pour acquérir cette foi est que toutes les créatures sont sous son contrôle total. Rien ne se fait sans sa science, rien ne se fait sans sa volonté. Ainsi Allah nous dit en détail que c'est lui qui fait descendre la pluie et contrôle le cycle de l'eau, qui fait pousser les plantes, qui partage les biens et nourrit toutes les créatures vivantes, qui maintient les oiseaux dans le ciel, qui enrichit et appauvrit qui il veut, qui donne les enfants garçons ou filles à qui il veut, qui donne la vie et la mort, qui donne ou enlève le royaume, qui fait venir le jour et la nuit, qui maintient les cieux et la terre... [Et pas une feuille ne tombe qu'il ne sache] (6/59), rien n'échappe à sa volonté, à son ordre. En prenant conscience du contrôle total et absolu d'Allah sur ses créatures, nous ne sommes plus influencés par elles. Avec cette foi, nous ne sommes plus fiers de nos richesses ou désespérés par la pauvreté, nous n'avons plus la certitude dans notre force et inversement nous ne sommes plus effrayés par celle de nos adversaires. Dans chaque évènement et dans chaque situation nos coeurs, nos pensées et nos réflexes s'orientent vers Allah, en patience dans le mal et en marque de gratitude pour le bien. Nous cherchons simplement ce qu'Allah attend de nous dans cette situation, en sachant que c'est une épreuve, et que pour la réussir et en avoir le bénéfice dans cette vie et dans l'au-delà il suffit et il faut se soumettre à la volonté d'Allah. Il n'y a donc pas lieu dans une bonne situation d'exalter sa joie et de tout faire pour l'obtenir (moyens illicites), tout comme il est inutile de se lamenter d'une situation difficile et de tout faire pour l'éviter (rester dans le licite), car ces situations sont créées et contrôlées par Allah. Il faut plutôt chercher son obéissance et fuir sa désobéissance et là seulement réside le succès dans ce monde et dans l'au-delà. Le but de ce livre n'est pas de développer "le sujet de la foi" mais comment l'Islam s'est construit. Cette précision est nécessaire car la plupart des musulmans sont inconscients du sens de la foi et croient que reconnaître l'existence d'Allah suffit. Pour comprendre l'effort du Prophète, prière et salut sur lui, il est très important de comprendre les tous premiers pas. Si nous ratons le départ, nos efforts pour imiter les sahabas dans les autres étapes seront vains. Il ne faut pas se précipiter pour arriver aux résultats "concrets", mais s'assurer toujours que nous sommes sur la bonne voie. Pour ceux qui veulent approfondir le sujet de la foi, et avoir une méthode pratique d'acquisition de la foi, j'y ai consacré un livre: "La voie spirituelle: méthode pratique". 5. La foi dans le jour dernier Le deuxième pilier important de la foi est le jour dernier. C'est le second thème très abondant dans le Coran mecquois: Allah nous raconte et nous répète en détail la fin du monde, le jour dernier, l'Enfer et le Paradis. Le but de ce pilier de la foi est de placer l'au-delà devant nous et le bas monde (donya) derrière. Notre avenir, comprenons-le, n'est pas ce qui se passera après un an ou vingt, mais il débute par la mort et la tombe, il continue le jour dernier, et il finit au Paradis ou en Enfer, qu'Allah nous préserve de l'Enfer. Quand nous nous levons le matin, notre souci ne doit pas se réduire à notre déjeûner, nos commissions et comment passer une belle journée. Notre pensée première doit être la préparation de notre mort, de notre situation dans notre tombe et de notre rencontre avec Allah; que faire pour se rapprocher du Paradis et s'éloigner de l'Enfer? Nous devons avoir la mentalité d'un voyageur qui loin de rechercher le luxe pendant son voyage, n'a qu'un souci, arriver au but, à destination, et se contente du minimum pendant son périple. 6. La foi dans les prophètes Le troisième pilier de la foi très abondant dans le Coran mecquois est les récits des prophètes. L'enseignement principal de ces histoires est que la voie du succès est celle des prophètes. En tous temps, les croyants qui ont suivi les prophètes ont été sauvés et aidés par Allah dans ce monde et dans l'au-delà, alors que ceux qui les ont reniés ont perdu dans les deux mondes malgré tous leurs moyens matériels. Dans toutes les histoires, les prophètes et les croyants sont passés par des épreuves et les apparences n'étaient pas en leur faveur dans un premier temps, mais Allah ne les abandonne jamais et la finalité est toujours pour les pieux. La voie du succès est celle des prophètes, mais Allah ne détaille pas encore cette voie. Dans le Coran, les prophètes prêchent l'unicité d'Allah et son adoration. Parfois sont évoqués la prière, le jeûne, l'aumône et des règles morales, mais le message reste général: le succès n'est pas par le matériel, par les plaisirs, la richesse et la puissance, par les causes menant à la richesse (commerce, argent, agriculture...) ni par les causes menant à la puissance (royaume, armées, nombre, force physique); le succès est uniquement dans la foi en Allah et son adoration. Les histoires des prophètes contiennent aussi d'autres enseignements exposés au ch2 §3.a. 7. Les valeurs morales Depuis le début, l'Islam a encouragé le bien au sens général et découragé le mal, bien que les lois n'ont été établies qu'à Médine. Le Coran mecquois encourage l'aumône (notamment en nourriture), la bonté avec les proches, surtout les parents, puis envers l'orphelin et les pauvres, l'affranchissement des esclaves. Il incite à dire la vérité, à tenir ses engagements, à la justice, au pardon, à répondre au mal par le bien, à peser et mesurer généreusement dans le commerce, à aider les personnes en difficulté... Le Coran mecquois interdit l'injustice, surtout envers les faibles tels que les orphelins, les pauvres et les femmes, de tuer (notamment les nouveaux-nés), de voler (surtout les biens de l'orphelin), l'orgueil et le mépris des autres, la médisance, de rapporter les paroles en vue de diviser, le faux témoignage... Une loi anté-islamique, confirmée par l'Islam dès la période mecquoise, est la punition de l'homicide: la famille du mort a le choix entre tuer le coupable, ou accepter une rançon (de l'ordre de cent chameaux à l'époque). L'adultère aussi est proscrit depuis la périodes mecquoise. Cet acte était déjà considéré chez les arabes comme très immoral. C'était une grande honte d'être un fils illégitime (né d'un adultère). L'excès de jalousie (mais aussi la pauvreté) conduisait parfois les arabes à enterrer leurs nouveau-nées vivantes (par crainte qu'elles ne commettent l'adultère ce qui serait la honte pour leurs pères)! Cependant les règles du voile, de la mixité et la punition de l'adultère n'ont été établies que longtemps après. Evidemment tout ce qui avait trait à l'idolatrie était interdit comme la consommation des bêtes égorgées au nom des idoles. 8. Importance de la foi et de la morale L'Islam n'a pas commencé par les obligations (prière, jeûne, voile...), les interdictions (alcool, jeux de hasard, usure...), les lois (punitions, divorce, héritage, transactions...) ni les connaissances pointues. Loin de nous d'autoriser les interdits ou de laisser les obligations, mais autant au niveau individuel ou social, si nous voulons progresser dans l'Islam nous devons commencer là où les sahabas ont commencé: l'enseignement de la foi et du bon comportement. Sans une foi solide, l'adoration ne prend pas son vrai sens: à quoi sert d'apprendre les moindres détails de la prière et les polémiques des savants anciens et contemporains à leur sujet si nous ne sommes pas concentrés dans la prière? C'est sans doute passer à côté du but. Que veut dire se prosterner à Allah, symbole de la soumission totale, lui dire que c'est notre créateur et bienfaiteur le parfait et le très-haut, alors qu'au fond de notre coeur nous sentons le besoin, la dépendance et la crainte des créatures? Pour cela Allah n'a pas occupé les esprits des sahabas par les aspects physiques et extérieurs, mais il a dirigé toute leur énergie pour purifier leurs coeurs des créatures. La moralité est liée à la foi. Qu'est-ce qui empêche la foi de progresser sinon l'orgueil et l'amour du bas monde? Qu'est ce qui empêche l'amour entre musulmans et les bonnes manières sinon l'orgueil et l'amour du bas monde? Donner de soi-même pour les autres et répondre au mal par le bien sont parmi les actions qui font le plus fortifier la foi. Ensuite l'Islam n'a pas progressé en préceptes religieux ni en nombre d'adeptes jusqu'à ce que la foi ait été pure et que l'amour entre musulmans, et l'amour du bien pour les non musulmans, aient été sincères. Admirons, le lendemain de l'émigration à Médine, comment les médinois ont partagé leurs maisons et leurs biens avec les mecquois, certains voulaient même partager leurs femmes (rappelons la jalousie disproportionnée des arabes), et ceci avec amour et sans le moindre regret ou arrière-pensée. Qui peut aujourd'hui accueillir une famille chez lui et partager son salaire avec elle? Très peu de gens. C'est cela que nous devons apprendre et enseigner. Si nous incitons par exemple un débutant dans l'Islam à faire absolument les cinq prières à l'heure et la prière du vendredi. Une semaine plus tard, il est licencié de son travail, deux mois plus tard il est à la rue avec sa famille. Sommes-nous capables, après l'avoir incité à faire cela, de partager avec lui ce que nous avons? A-t-il la foi pour faire face à sa situation sans faiblir ni regretter? Si la réponse est non, nous sommes donc incapables d'assumer les conséquences de nos actes, et nous devons nous questionner sur leur validité. Ensuite la moralité permet de présenter un modèle de société aux gens que nous prêchons. La solution de la plupart des problèmes familiaux, sociaux, économiques et politiques réside tout simplement dans le comportement moral. Personne au monde ne peut critiquer la bonté, la justice et le respect des autres, tout le monde est attiré par ces valeurs. Le danger de présenter l'Islam uniquement par ses lois, interdictions, obligations, et parfois la polémique entre théologiens, c'est de se heurter à un mur d'incompréhension, et par là-même, d'éloigner les gens de la religion. 9. Activités des sahabas Comment les sahabas ont-ils appris la foi et le bon comportement? a) Cercles d'instruction D'abord ils s'asseyaient durant des heures avec le Prophète, prière et salut sur lui, dans la maison d'un compagnon nommé Arqam. Le Coran était le pilier de leur enseignement, et nous-mêmes, qui essayons de suivre leur voie, devons les imiter et concentrer un grand effort sur le Coran (même traduit, bien qu'il n'a absolument pas la même valeur). Nous avons déjà vu la foi et la morale dans le Coran, et nous étudierons plus loin les thèmes abordés dans cette première période de la révélation du Coran. b) Prières la nuit Ensuite ils passaient environ la moitié de la nuit en prières, à lire le Coran ou en invocations. Ceci était obligatoire pour le Prophète, prière et salut sur lui, et les sahabas au début de l'Islam, puis a été modifié pour les sahabas après l'Hégire (l'émigration à Médine); cependant même à Médine la quasi-totalité des sahabas le pratiquaient. Donc l'apprentissage de la foi nécessite beaucoup de temps pour que notre esprit et notre coeur s'orientent uniquement vers Allah en oubliant les créatures, les cinq prières à elles seules ne suffisent pas pour apprendre la concentration et le vrai goût de la prière. c) Mise en pratique Ensuite leur comportement prenait la coloration des valeurs morales et de la foi acquise (voir paragraphes 4, 5 et 6). d) Prêche Enfin les sahabas prêchaient autour d'eux. Que prêchaient-ils? La foi et la morale. Ils expliquaient la parole de lè ilèhè illa Allah: tout ce que vous aimez, toutes les choses auxquelles vous vous attachez n'ont pas de valeur; c'est Allah que vous devez aimer et vénérer. C'est une parole très puissante, une vérité éclatante que personne ne peut réfuter logiquement. Celui qui est attaché aux créatures, son orgueil va rejeter de toutes ses forces cette parole et rechercher tous les moyens pour la combattre tout en connaissant qu'elle est vraie. Il craint cette parole car justement il sait qu'elle est vraie et il comprend qu'elle représente la fin de son système de pensée et qu'elle va rendre puérile et désuette son échelle de valeurs. Son orgueil n'a plus lieu d'exister, son autorité sur les gens et les biens et même sur sa personne n'est plus justifiée car la soumission à Allah est la seule vérité. Comment lui expliquer qu'en renonçant à son orgueil, sa liberté et sa façon de comprendre la réussite et qu'en plaçant son amour et sa confiance dans son créateur, il va tout gagner? On ne peut que lui répéter: reconnais qu'il n'y a de divinité qu'Allah et tu gagneras. Ainsi, le Prophète, prière et salut sur lui, et les sahabas répétaient inlassablement le même prêche aux mêmes gens; ces derniers le refusaient et augmentaient de colère et de méchanceté. D'autre part, celui qui désire la vérité et le bien, même s'il est encore attaché à des envies, des habitudes ou des contraintes matérielles, va être attiré par cette parole, cette foi et cette religion. Il va s'apercevoir qu'il existe une chose infiniment plus précieuse que les plaisirs auxquels il s'adonne: Allah; et qu'en allant vers lui il a tout à gagner. Normalement, il est très difficile de laisser ses habitudes, mais il suffit de les lâcher et de tenir à Allah pour trouver le bonheur et la joie intérieure, pour trouver la facilité, le plaisir de pratiquer et de subir tous les sacrifices pour Allah. Ceci explique le changement profond, total et immédiat des nouveaux convertis. Ceux qui les invitaient à l'Islam possédaient la foi dans sa pureté et sa profondeur et avaient effectivement trouvé le bonheur le plus intense qui existe: connaître Allah, l'aimer et se rapprocher de lui. Les nouveaux convertis à leur tour prenaient la foi avec cette pureté et cette profondeur. On comprend donc le gouffre qui se creusera et le conflit qui éclatera entre croyants et mécréants dès que le prêche se fera en public. D'un côté, les mécréants, refusant la vérité évidente, n'ont de solution pour préserver leur situation sociale et empêcher la nouvelle religion de progresser que la manière forte. De l'autre, les sahabas redoublaient de pitié, de prières et de prêche pour eux. A leur tour, les mécréants redoublaient de rage et de méchanceté. Certains étaient enfin touchés et se convertissaient. D'autres sont morts dans leur mécréance en combattant les musulmans ou par des fléaux envoyés par Allah. La plupart se convertirent à la prise de la Mecque devant la puissance spirituelle et matérielle des musulmans (ch4 §3.c). En plus de cette parole "lè ilèhè illa Allah", les sahabas annonçaient le jour dernier et tout ce qui en découle, présentaient le modèle moral à la société et critiquaient les pratiques immorales de l'époque. Par cet exposé, j'ai voulu sensibiliser le lecteur à la puissance de ce prêche. Le premier impact est sur le prêcheur: sa foi et son souci pour les gens augmentent au fur et à mesure qu'il parle et qu'il milite. Ensuite la vérité apparaît en évidence pour la personne qui écoute. Enfin, la séduction s'opère directement si cette dernière recherche le bien et la vérité. Dans le cas contraire, si la personne refuse la vérité et préfère garder son mode de vie et ses privilèges, le prêche enclenche la fureur et l'indignation. Il est évident dans la vie du Prophète, prière et salut sur lui, et des compagnons que le prêche était le moteur de leur vie. Qu'est-ce qui les poussait à avancer, à se sacrifier, réfléchir, se soucier, pleurer devant Allah sinon la peine et la pitié pour les gens qui vont en Enfer? Il n'est certainement pas impossible d'adorer Allah sans prêcher, mais on ne peut se considérer sur le chemin de l'Islam et du Prophète, prière et salut sur lui, que si on est engagé pour l'Islam. C'est cet engagement qui oriente la vie. C'est cet engagement qui nous distingue de la société de consommation, la société dont le but est la vie d'ici bas. C'est aussi cet engagement qui va nous faire évoluer dans l'Islam. En effet, une fois engagés, Allah nous éprouve. Réussir, c'est ne pas délaisser les ordres d'Allah face à ces épreuves. Là, notre foi augmente. Puis survient une autre épreuve et ainsi de suite. Alors que si nous ne nous sommes pas engagés, face à une épreuve, nous faisons ce qui nous arrange, nous désobéissons ou renonçons aux bonnes oeuvres, notre foi n'augmente pas et donc nous n'évoluons pas. e) Créer l'environnement propice En conclusion de ce qui précède, il faut pour acquérir la foi créer "l'ambiance de la foi" puis l'élargir pour qu'elle englobe la majorité de notre vie. - D'abord entre pratiquants, discuter de la foi, étudier le Coran, se motiver pour l'Islam. - Ensuite chacun consacre du temps pour prier Allah, l'évoquer et l'implorer. - Puis quand nous rencontrons d'autres personnes, leur expliquer, les inviter et les motiver pour la foi et la religion. - Enfin, en mangeant, en marchant, en travaillant, méditer sur Allah et sur ses créatures. Notons en plus qu'Allah a interdit d'assister aux discussions des mécréants contredisant le foi et raillant l'Islam car si on écoute on est nécessairement touché. f) Le groupe Uniquement au sein d'un groupe uni par la foi pouvons-nous développer ces qualités. Isolés, personne ne nous aide quand nous sommes motivés et personne ne nous encourage quand nous faiblissons. Tôt ou tard, la personne isolée succombera à Satan. Au mieux, elle stagnera dans un état qu'elle croit élevé mais qui n'est qu'illusion. Le groupe se forme par le prêche. A partir de deux personnes, nous pouvons créer l'ambiance de la foi entre nous. Ensuite l'apprentissage de la foi et de l'amour se fait collectivement. L'élargissement du groupe se fait par le prêche. Il faut toutefois savoir que l'augmentation du nombre ne se fait pas automatiquement: il appartient à Allah seul de décider de la guidée des gens. Les réactions, positives ou négatives, que nous rencontrons dans notre prêche sont des épreuves pour nous éduquer. Les premières années de l'Islam nous enseignent aussi qu'une des raisons majeures pour sortir la valeur des créatures de nos coeurs est de vivre avec les pauvres et de partager avec eux. La plupart des premiers musulmans étaient des pauvres, des jeunes rejetés de leurs familles ou des esclaves affranchis. Ils étaient presque en permanence avec le Prophète, prière et salut sur lui. Les mécréants par fierté et orgueil refusaient de s'asseoir avec le Prophète à cause de leur présence. De tous temps, les premiers à suivre les prophètes étaient les pauvres. A ce moment-là, puisque nous partageons avec eux la même foi et la même religion, nous devons aussi partager nos moyens matériels si nous sommes véridiques. Cette étape est incontournable pour suivre les sahabas dans leur foi et dans leur voie. Si nous voulons pratiquer l'Islam sans déranger nos privilèges et notre confort, nous allons tomber dans un formalisme qui nous privera de l'essence et de la magnificence de l'Islam. g) Sacrifice et patience Enfin à travers les épreuves et les sacrifices, en faisant preuve de patience et d'endurance, Allah a accru leur foi et forgé leurs qualités. Ceci sera détaillé au prochain chapitre: "Le prêche en public". 10. Pourquoi le prêche en secret Le prêche a existé du début à la fin de la vie du Prophète, prière et salut sur lui, mais sa forme a changé selon les quatre périodes citées dans l'introduction. Au début, le prêche était secret, les musulmans parlaient à leurs amis en lesquels ils avaient confiance et qui soit se convertissaient, soit gardaient le secret. La raison est que les musulmans étaient peu nombreux et que, s'ils étaient découverts, ils auraient pu être exterminés et ça aurait été la fin de la religion. Les musulmans n'avaient pas peur de la mort et ne détestaient pas le martyre, mais il n'était pas dans l'intérêt de l'Islam que les musulmans meurent. Une autre raison est que les tous nouveaux convertis n'étaient peut-être pas prêts à affronter les rudes épreuves. Ils ont ainsi pu avoir un répit pour se préparer en concentrant leurs efforts sur la foi uniquement. Après trois ans, quand les musulmans avaient atteint le nombre de trente-huit, Allah ordonna de prêcher en public (ce n'est pas le nombre précis d'années ou de musulmans qui est déterminant). DEUXIEME CHAPITRE LE PRECHE PUBLIC 1. La réaction des mécréants Abou Lèhèb, oncle paternel du Prophète, prière et salut sur lui, frère du chef de la Mecque Abou Talib, fils de l'ancien glorieux chef de la Mecque Abdelmottalib, déclara tout de suite son opposition à la prophétie de son neveu, non parce qu'il n'y croyait pas, mais parce qu'elle entravait ses ambitions de pouvoir. Abou Jahl, membre d'une famille concurrente à celle du Prophète, devint aussi l'ennemi acharné de l'Islam. La majorité des nobles et des dirigeants prirent la même position et s'unirent pour combattre l'Islam par tous les moyens. Certains sympathisaient avec la nouvelle religion mais, par crainte de représailles, restèrent discrets sur leurs sentiments. Après une période d'étonnement (voir Coran 38/7) et de prise de conscience de la nouvelle religion, les adversaires de l'Islam commencèrent par se moquer du Prophète, prière et salut sur lui, (Coran 25/41) et de ses suiveurs (Coran 46/11). Puis ils critiquèrent l'unicité de Dieu (Coran 38/5), la vie après la mort (Coran 36/78) et tout ce qui leur semblait critiquable dans la nouvelle religion et ses adeptes (Coran 21/3). Puis ils proposèrent au Prophète, prière et salut sur lui, le pouvoir, la royauté, la richesse et les femmes contre l'abandon de sa mission. Il dit sa célèbre parole: "Même s'ils plaçaient la lune dans ma main droite et le soleil dans ma main gauche, je ne laisserais pas cette mission (il s'agit du prêche et non de l'Islam) jusqu'à ce qu'Allah la fasse triompher ou que je périsse pour sa cause". Cette citation illustre l'importance capitale du prêche et de l'engagement pour la cause de la religion, valeurs perdues dans l'Islam traditionnel. Ils lui proposèrent aussi d'adorer son Dieu un temps et qu'il adore les leurs un temps. Il refusa encore (Coran 109) et ils lui demandèrent des miracles (Coran 6/111). Tout en leur rappelant que le Coran suffit comme miracle, Allah exauça leur demande en fendant la lune en deux devant leurs yeux (Coran 54/1). Il refusèrent obstinément de reconnaître la véracité du miracle et du message prophétique et Allah leur refusa tout autre miracle de cette envergure. Ensuite, ils se concertèrent, et, après une réflexion "profonde", décidèrent de traiter le Prophète, prière et salut sur lui, de magicien (Coran 74/18-25). Enfin ils passèrent à la manière forte (Coran 28/2-3). Année après année, la brutalité et la torture des mécréants sur les musulmans s'intensifiaient. 2. La position des musulmans Les musulmans poursuivaient leurs activités avec plus d'ardeur dans des conditions plus difficiles: réunions secrètes dans la maison de Arqam, prières la nuit, prêche et bon comportement. En plus, ils prêchaient publiquement l'Islam aux individus, dans les lieux publics surtout le marché et les "clubs" autour de la Kaâba où se réunissaient les différents groupes des mecquois. Ce prêche redoublait l'énergie et la motivation des musulmans, tandis que la haine et la rage des mécréants s'accroissaient d'autant. Quant au bon comportement, les musulmans unis par leur foi, affrontant les mêmes difficultés, étaient entièrement solidaires. Lorsque des gens démunis (esclaves, pauvres ou jeunes rejetés de leurs familles) embrassaient à l'Islam, le Prophète, prière et paix sur lui, les recueillait et les plaçait chez des musulmans plus aisés. En ce qui concerne leur comportement vis à vis des mécréants, Allah a ordonné aux musulmans de "baisser les mains", c'est-à-dire de ne pas répliquer. La seule "réaction" autorisée était l'émigration quand la situation devenait insupportable. Allah a une sagesse infinie dans ses décisions, mais nous allons essayer de dégager de façon non exhaustive quatre bonnes raisons à cet ordre divin: a) Education des musulmans Tout d'abord, cette période était une éducation pour les musulmans. Il est facile de dire que nous n'accordons pas de "valeur" aux créatures et que l'au-delà est notre seul but, mais quand il faut sacrifier, la vérité crue apparaît. Si nous avons du mal à supporter une épreuve c'est que notre foi n'est pas encore pure. Pour se redonner de l'énergie spirituelle, les sahabas retrouvaient le Prophète, prière et salut sur lui, et les croyants, se rappelaient de la vie après la mort, priaient et imploraient Allah, en un mot, ils rebaignaient dans l'ambiance de la foi. Ainsi, le moral remontait et les sahabas étaient prêts à affronter l'épreuve du lendemain, chaque jour plus dure. Ainsi jour après jour, mois après mois, année après année, la foi des musulmans se forgeait jusqu'à atteindre le niveau requis par Allah pour leur accorder son amour et son aide. Dans l'hypothèse où les musulmans auraient répliqué, le désir de se défendre et de se venger aurait enflammé leurs coeurs. Il ne serait plus alors question d'augmenter sa foi puisqu'on n'essaye plus de supporter et de comprimer ses passions pour Allah. b) La pitié pour les mécréants Deuxièmement, cette attitude a permis aux musulmans d'apprendre à avoir pitié et à désirer le bien pour les mécréants. En effet, il est trop facile de prétendre qu'on veut le bien pour l'humanité et qu'on est vraiment désolé pour les gens qui vont en Enfer. Mais ce souci sera-t-il toujours plus fort que nos préoccupations personnelles, surtout si ces mêmes personnes dont nous avons pitié dépensent toutes leurs énergies pour nous combattre? Pour cela, les musulmans supportaient sans répliquer, répétaient inlassablement leur prêche et priaient pour la guidée et le salut de leurs tortionnaires. N'est-il pas plus intelligent et plus proche de la religion d'Allah et de la voie du Prophète, prière et salut sur lui, de prier pour leur guidée que de prier pour leur destruction? Satan ne suffit-il pas pour emmener les gens en Enfer pour que nous l'aidions avec nos prières? Le but du Prophète, prière et salut sur lui, et de tous les prophètes est la guidée des gens, et la première condition pour accomplir cette mission est de désirer du fond du coeur le bien pour tous les gens quels qu'ils soient. Ainsi les sahabas ont appris à désirer le bien, à avoir plus de pitié et d'amour pour les mécréants que ces derniers n'avaient de haine et de rage contre eux. Dans l'hypothèse contraire où les sahabas auraient riposté, la vengeance et la haine remplacent le pardon et l'amour. c) La guidée des mécréants Un troisième fruit de cette période est la guidée des mécréants. Le résultat du prêche est rarement immédiat. On ne peut exiger que les gens reconnaissent la vérité et la suivent du premier coup. Certains, rares, suivent dès le départ et malgré toutes les difficultés. Pour la plupart, il faut fournir un effort de longue haleine. Répéter inlassablement le message, donner constamment l'exemple et garder toujours son coeur pur, transforme les mentalités les plus ancrées, réveille les esprits les plus têtus et attendrit les coeurs les plus endurcis. Répondre au mal par le bien est une des armes les plus puissantes pour changer le mépris en respect et la haine en amitié. Allah nous enseigne la manière de prêcher: [La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité (ton ennemi) devient tel un ami chaleureux] (41/34). Si par contre nous répondons au mal par le mal, qu'est-ce qui nous distingue des autres? Cette manière de propager l'Islam que nous enseigne notre Prophète est beaucoup plus efficace que la manière forte. d) La préservation de la religion Enfin, patienter sans répliquer était la seule attitude qui permette de préserver la religion. Au début, à la Mecque, les musulmans étaient largement minoritaires et une chose est étonnante dans cette période: pourquoi les mécréants s'évertuaient-ils à torturer les musulmans et à combattre l'Islam par tous les moyens alors qu'il leur suffisait de tuer quiconque se déclarait musulman? Oumeya Ibn Khalaf (grand mécréant mort à Badr) torturait Bilal jusqu'à lui dire: "Nous sommes las de te torturer et tu n'en as pas encore assez?!". La décision d'assassiner le Prophète, prière et salut sur lui, ne fut prise que treize années après la première révélation. Il y a bien eu quelques tentatives isolées comme celle de Omar Ibn Khattab, qu'Allah l'agrée, avant sa conversion, mais la détermination collective ne vit le jour que la veille de l'émigration. Les dirigeants mécréants se réunirent, réfléchirent profondément et décidèrent d'un commun accord que la seule solution consistait à tuer le Prophète, prière et salut sur lui, en faisant participer un membre de chaque tribu à son assassinat pour rendre impossible toute représaille. Dans cette situation extrême, Allah autorisa et même ordonna aux musulmans d'émigrer. Dans l'hypothèse où les musulmans auraient riposté, il est évident que la confrontation se serait aggravée et aurait abouti à une tuerie qui aurait laissé peu de survivants parmi les musulmans. L'Islam serait alors devenu une religion interdite pendant une génération au moins et on aurait gardé le souvenir amer de révolutionnaires qui veulent s'imposer par la force. Nous n'oublions pas l'intervention divine dans ce rapport de force, les musulmans ne comptent pas et ne triomphent pas par leurs propres moyens, la victoire est accordée par Allah seul. Mais puisque dans cette période Allah avait interdit toute intervention armée, on ne peut obtenir son secours et son assistance en lui désobéissant. Allah n'a-t-il pas retiré son aide à la bataille d'Ouhoud pour une faute beaucoup moins grave (Coran 3/152)? Sachons que dans la vie du Prophète et dans l'effort pour la religion, l'effort est la règle et les miracles sont l'exception. Nous ne pouvons pas négliger les efforts et compter sur les miracles. C'est en dépensant toute notre énergie et tous nos moyens à la manière qu'Allah nous indique que nous obtenons l'assistance d'Allah. Allah pouvait donner la domination aux musulmans, mais il voulait leur offrir les qualités spirituelles et non la suprématie matérielle. 3. Le Coran, principal soutien des musulmans Dans cette période difficile et cruciale le Coran descendait abondamment (60% de la totalité du Coran) pour soutenir et diriger les musulmans et pour prêcher les mécréants. Nous avons déjà expliqué que, dans la période de prêche en secret, avant les confrontations publiques, le Coran traitait surtout de la foi et la moralité. En plus de ces deux qualités, l'ordre de patienter revient très souvent. Plusieurs fois aussi, Allah recommande de pardonner, de ne pas faire attention aux ignorants, de ne pas s'accrocher avec eux et de répondre au mal par le bien. A cela se rajoutent les thèmes suivants: a) Récits des prophètes précédents. Ces histoires affermissent le Prophète, prière et salut sur lui, et les compagnons en leur informant que les prophètes et leurs suiveurs sont tous passés par le même chemin, et que la victoire finale appartient aux croyants. Le but aussi est de leur donner l'exemple à suivre et leur enseigner la foi et la pratique de la religion à travers les histoires vraies des héros de l'humanité. Dans les histoires des prophètes, le Coran ne nous enseigne pas la manière de prier ou de jeûner, mais surtout la manière de prêcher. Donc le but de ces histoires n'est pas simplement culturel, mais elles sont le guide des sahabas dans leur vie quotidienne. Pour cela il est nécessaire de ressentir l'atmosphère qui régnait à la Mecque pour comprendre l'étendue et la portée de ces histoires. Mieux encore, une personne engagée dans la cause religieuse et luttant sur la voie des sahabas se sent directement concernée par ces histoires et en tire tous les jours une énergie et des enseignements nouveaux. b) Discussions avec les idolâtres. La quasi-totalité des arguments des mécréants, de leurs exigences et de leurs railleries sont repris dans le Coran. De très nombreux passages (comme dans les sourates Tour et Isra), même plusieurs sourates (telles Ikhlass, Massad, Kafiroune, Kaouthar, Maâoune, Houmaza, Dhouha, Naba et Noun) répondent aux dires des mécréants et reprennent parfois leurs paroles. Fréquemment, Allah démonte leurs arguments, il les appelle à la raison, il les ridiculise, il les prêche, il les menace, il console le Prophète, prière et salut sur lui, et enfin il lui promet la victoire dans ce monde et dans l'au-delà. Malheureusement nous ne pouvons pas citer toutes ces discussions, le lecteur devra se rapporter à l'explication du Coran d'Ibn Kathir (bientôt traduite en français par moi-même inchallah). Notons seulement que ces passages sont très nombreux et que la connaissance de l'évènement et du contexte permet de les apprécier beaucoup plus et montre à quel point le Coran guidait les sahabas de près. c) Les évènements importants Le Coran évoque certains évènements importants qui sont d'excellents points de repère pour situer les sourates dans le temps. En effet nous connaissons l'ordre de révélation des sourates les unes par rapport aux autres (il est indiqué dans la plupart des Corans au début de chaque sourate). Notons toutefois que la date de révélation d'une sourate indique la date du début de la révélation de cette sourate, car elles sont souvent révélées en plusieurs fois, et d'autres sourates peuvent être commencées avant que les précédentes ne soient complètes, Jibril indiquant à chaque fois au Prophète, prière et salut sur lui, à quel endroit de quelle sourate il faut placer les nouveaux versets. Comme de temps en temps un évènement important et historiquement connu est évoqué dans le Coran, nous pouvons situer parfaitement la date de révélation de la sourate correspondante et approximativement celle des sourates intermédiaires. Citons parmi ces évènements: le début du prêche public, la fente de la lune, l'affaire des versets sataniques marquant le retour de la première émigration en Ethiopie, la rencontre avec les djinns suite à la visite de Taif, le voyage nocturne à Jérusalem et l'ascension postérieure aux décès d'Abou Talib et Khadija et marquant ainsi le début des cinq prières. Nous allons reprendre ces évènements dans le paragraphe suivant. d) Le ton du Coran évolue L'encouragement et l'incitation à la patience se font de plus en plus forts pour les croyants, les menaces et la ridiculisation des mécréants de plus en plus sévères. Comparons par exemple la première grande sourate révélée à la Mecque: Al Aâraf avec la dernière: Al Âankabout (l'araignée). Les sujets traités dans Al Aâraf sont dans l'ordre: la véracité de la révélation, prêcher les gens, l'au-delà, les bienfaits d'Allah, Adam avec Ibliss, l'homme sur terre, la religion interdit le mal et ordonne le bien, les communautés et les messagers, les mécréants, la mort et les comptes, l'Enfer et le Paradis, invitation à la foi, les bienfaits d'Allah, Nouh, Houd, Salih, Lout, Chouâayb (paix sur eux), moralité de ces histoires, Moussa (la première grande religion et grande communauté de croyants, c'est le début d'une ère nouvelle), annonce du Prophète, prière et salut sur lui, par Moussa et mondialité de son message (si tôt!), les générations après Moussa, l'unicité et la foi dans le monde des âmes, le polythéisme et la mécréance, demande des mécréants sur la date du jour dernier (c'est la seule allusion dans cette sourate aux évènements courants) et enfin ridiculisation des idoles. Que de découvertes et d'enseignements pour les sahabas! Nous sentons bien qu'il s'agit d'une formation de base pour les sahabas: Allah leur raconte l'histoire de l'humanité et la conclusion à en tirer. Le Coran n'évoque pas encore les problèmes avec les mécréants. Les sujets traités dans Al Âankabout sont dans l'ordre: l'épreuve des croyants, la perte des mécréants, l'effort, désobéir aux parents pour tenir à la foi, les épreuves, les mécréants incitent les musulmans à suivre leur voie, destruction du peuple de Nouh, Ibrahim et ses fils, destruction des peuples de Lout, Chouâayb, Âad, Thamoud, Firâaoun, Hamane, Qaroun, l'exemple de l'araignée: ceux qui prennent des maîtres (patrons et protecteurs) autres qu'Allah sont comme une araignée fabriquant une toile, accomplir la prière, prêcher les gens du livre de la meilleure manière, la véracité du Prophète, prière et salut sur lui, le miracle du Coran, les mécréants demandent la punition d'Allah, l'émigration, patience et confiance en Allah, Allah le bienfaiteur et créateur, donne la vie et la mort, la vie d'ici est un jeu, les gens renient les bienfaits d'Allah, le bienfait particulier aux mecquois: la Kaâba qui fait leur valeur, perte des mécréants et guidée de ceux qui font l'effort pour Allah. Nous voyons que cette sourate est révélée en pleine confrontation entre croyants et mécréants. 4. Chronologie des principaux évènements Le calendrier commence l'année de l'Hégire (émigration à Médine), donc l'Islam commence en -13. a) -13 : Début Moddathir et Fatiha. de la prophétie, sourates Alaq, Qalam, Mozzammil, b) -10 : Début du prêche public, sourate Massad. c) -9 : Islam de Omar et Hamza suite au sacrifice impressionnant d'Abou Bakr, qu'Allah les agrée. Les musulmans sont considérablement renforcés mais sont toujours minoritaires et persécutés. Le Prophète, prière et salut sur lui, refuse les propositions des mécréants. Après une concertation et une réflexion très profonde, les nobles mecquois décident de considérer Mohammed comme un magicien. d) Vers -8 : Séparation de la lune suite à la demande des mécréants, sourate Qamar (la lune). Devant leur incrédulité et leur mauvaise foi, Allah ne leur accordera plus de miracles de cette ampleur. d) Vers -7 : Martyre sous la torture de Soumèya et de son mari Yèssir, sous les yeux du Prophète, prière et salut sur lui, qui leur annonce le Paradis. Les mécréants s'acharnent sur les faibles musulmans tels Ammar Ibn Yèssir, Bilèl, Souhayb, Abdallah Ibn Massâoud et Khabbèb Ibn Alaratt. e) -7 : Première émigration en Abyssinie (Ethiopie) des plus affligés suite aux tortures insupportables (treize personnes). Le roi Najachi (Négus), chrétien croyant et juste les accueille et les protège. Il embrassera l'Islam en l'an 6 après l'Hégire. f) -6 : Boycottage des musulmans par les mecquois: les musulmans sont isolés dans un quartier: toute transaction ou mariage est interdit avec eux. C'est une épreuve très dure pour les musulmans qui se retrouvent à manger des bêtes mortes et des ordures pour survivre; elle dure deux ou trois ans. g) -5 : Affaire des versets sataniques: Satan fait croire aux mécréants que le Prophète, prière et salut sur lui, reconnaît leurs idoles. Ils se prosternent alors avec lui. La nouvelle court qu'ils sont rentrés dans l'Islam et les musulmans reviennent d'Ethiopie. Sourate Najm (L'étoile). Avec les musulmans, vient une délégation d'une trentaine de chrétiens d'Ethiopie. Après avoir discuté avec le Prophète, prière et salut sur lui, ils embrassent l'Islam: sourate Qaças (Les histoires). Comme l'état des musulmans empire, deuxième émigration en Ethiopie (quatre-vingt personnes); ils ne rejoindront le Prophète prière et salut sur lui que six années après son émigration à Médine. h) -3 : Année de tristesse: le Prophète, prière et salut sur lui, est profondément affligé de la mort de son oncle et père adoptif Abou Talib. Il était le chef de la Mecque et protégeait son neveu mais refusa d'adhérer à sa religion jusqu'à son dernier soupir, bien qu'il connaissait sa véracité. Abou Jahl lui succède au pouvoir et le Prophète, prière et salut sur lui, est durement malmené. Mort aussi, trente-cinq jours plus tôt, de son épouse Khadija qui le soutenait financièrement et surtout moralement, après qu'Allah lui ait annoncé le Paradis. Le Prophète, prière et salut sur lui, se remarie avec Sawda et Aïcha. Pour consoler le Prophète, prière et salut sur lui, et les musulmans, Allah le comble en l'emmenant à Jérusalem pour diriger la prière de tous les messagers. Puis il l'élève dans les cieux où il rencontre les plus importants prophètes, il lui montre le Paradis et l'Enfer, et le rapproche de lui à un endroit où aucune créature ne peut accéder. Là, il lui donne les cinq prières pour lui et sa communauté (sourate Isra, le voyage nocturne). Devant le blocage de la situation à la Mecque, le Prophète, prière et salut sur lui, essaye d'exporter le message. Expédition à Taif avec son fils adoptif Zèyd d'où il est sauvagement chassé: il formule ensuite sa célèbre plainte où il expose sa faiblesse à Allah, puis refuse la destruction de Taif qu'Allah lui propose et prie pour la guidée de leurs descendants. A son retour à la Mecque, il rencontre les djinns qui embrassent l'Islam et vont prêcher leur peuple (sourate Djinns). D'autres rencontres auront lieu avec les djinns. Il profite du pèlerinage annuel à la Kaâba pour faire le tour des délégations de pèlerins des tribus et leur exposer son message. Les idolâtres, surtout Abou Lahab, font aussi le tour des tribus pour les prévenir contre le Prophète, prière et salut sur lui. Aucune réponse positive jusqu'à la rencontre des médinois. Les pèlerins de retour chez eux préviennent leurs tribus contre le Prophète, prière et salut sur lui. Quelques personnes dans quelques tribus embrassent l'Islam, parmi eux: Abou Dharr Alghifari et Toufayl Ibn Amr Addawsi qui sera la cause de la conversion d'Abou Hourayra. i) -2 : Fin du blocus contre les musulmans suite à l'indignation de quatre nobles sympathisants de l'Islam. Première rencontre des médinois qui n'hésitent pas un instant à suivre le Prophète, prière et salut sur lui. Ils reconnaissent en lui le prophète annoncé par les juifs. 13 médinois reviennent l'année suivante et prêtent serment de suivre l'Islam: c'est le premier serment de Aqaba. Le Prophète, prière et salut sur lui, envoie Moçâab Ibn Ôumèyr enseigner et prêcher à Médine, où l'Islam se propage rapidement et les musulmans commencent à prier la prière du vendredi. Le pèlerinage suivant, soixante-quinze médinois (dont deux femmes) prêtent serment au Prophète, prière et salut sur lui, de suivre l'Islam et de combattre pour sa défense (avant que le combat ne soit autorisé). Le Prophète ordonne aux musulmans de partir à Médine et reste lui-même en dernier avec Abou Bakr et Ali. j) 0 : Les mécréants craignant le développement de l'Islam à Médine décident en présence d'Ibliss de tuer le Prophète. Mais Allah les aveugle et le Prophète, prière et salut sur lui, passe devant eux. TROISIEME CHAPITRE LA GUERRE DEFENSIVE 1. Les musulmans au moment de l'Hégire Quatre-vingt-trois personnes ont émigré de la Mecque à Médine. Un nombre très limité à l'issue de treize années de sacrifices impressionnants. Mais il faut rajouter: - Les musulmans morts à la Mecque. - Les musulmans retenus à la Mecque par les mécréants. En proie aux persécutions des idolâtres, ils subiront les pires traitements. - Les musulmans émigrés en Ethiopie. - Quelques musulmans éparpillés dans diverses tribus; ils rejoindront Médine petit à petit. - Enfin les musulmans de Médine. A l'arrivée du Prophète, prière et salut sur lui, il y avait au moins un musulman dans chaque famille. Rapidement tous les arabes de Médine embrassèrent l'Islam sauf quelques uns devenus mounafiqine (font semblant d'embrasser l'Islam, on les appelle hypocrites); à leur tête était Abdallah Ibn Oubèy Ibn Sèloul. Peu de juifs embrassèrent l'Islam. 2. La mosquée A son arrivée à Médine, la première action du Prophète (avec l'inspiration divine) fut la construction de la mosquée. Il y participa luimême et disposa ses demeures autour de la mosquée. Cette mosquée remplaça la maison d'Arqam à la Mecque. La mosquée était vivante 24h/24. On apprenait la foi, le Coran et l'Islam pendant des heures. Imaginez l'université des illettrés. Assis en position de tachahhoud, à même le sol, en cercles concentriques, immobiles comme s'ils portaient des oiseaux sur la tête, les sahabas étaient emportés par les paroles du Prophète et croyaient voir de leurs yeux le Paradis et l'Enfer. Pour apprendre les 60% de Coran révélés à la Mecque, combien a-t-il fallu écouter et répéter les paroles divines? Chacun apprenait puis enseignait ce qu'il avait appris. Pas un musulman ne se dérobait à l'enseignement. Ensuite, le jour comme la nuit, ils consacraient des heures pour prier, lire le Coran, évoquer et implorer Allah. Les prières obligatoires dépassaient le plus souvent vingt minutes ou une demi-heure. Puis chacun passait des heures chez lui pour enseigner à sa femme et ses enfants. Les femmes venaient à la mosquée pour les prières du vendredi, du sobh et du icha (car il faisait noir, et elles n'étaient pas vues, notamment à la mosquée où les rangs des femmes étaient tout simplement derrière ceux des hommes et des enfants). Parfois, elles se réunissaient pour entendre un discours du Prophète, prière et salut sur lui. Elles apprenaient aussi entre elles, surtout des femmes du Prophète. Toutefois, l'essentiel de leur enseignement leur était dispensé par leurs maris dans leurs maisons, et cela fait partie du bel Islam. Les enfants allaient à la mosquée et discutaient entre eux de la religion, mais l'essentiel de leur éducation venait de leurs parents. Le Prophète, prière et salut sur lui, n'a pas laissé le temps aux sahabas de s'occuper pleinement de leur vie privée. Ils ont pu consacrer un maximum de temps à la religion en réduisant leurs besoins matériels à la nécessité. Quelques sahabas (les gens de Soffa) ne travaillaient pas du tout et étaient en permanence à la mosquée pour apprendre et pour servir le Prophète, prière et salut sur lui, mais la majorité travaillaient. Donc pour suivre leur exemple, il faut s'organiser pour donner son droit à chaque composante de notre vie: le travail, la famille, la pratique et l'effort de la religion. Ensuite, tout en conservant son équilibre, il faut évoluer soi-même et faire évoluer sa famille de manière à diminuer la part de ce bas monde dans notre vie et augmenter celle de la religion. 3. La fraternité entre mouhajirins et ançars La deuxième action entreprise par le Prophète, prière et salut sur lui, fut la restructuration économique et sociale des mouhajirins (émigrants de la Mecque). A chacun, fut affecté un frère (de foi) des habitants de Médine pour partager ses biens, s'intégrer et démarrer une vie nouvelle, car la plupart des mouhajirins avaient émigré les mains vides. Ce furent des scènes impressionnantes de fraternité et d'amour de la part des ançars (alliés, musulmans de Médine qui se sont alliés à l'Islam), résultant d'un long effort de purification intérieure. Au début, ces frères héritaient entre eux au lieu de leurs familles, mais l'année suivante cette règle fut abrogée et l'héritage retourna aux familles. On peut se demander, en combien de temps les ançars vont-ils apprendre la religion et avoir le niveau de foi et les qualités des mouhajirins, fruits de treize années d'effort? Bien qu'ils n'atteindront pas leur niveau, les ançars vont apprendre vite, car la différence c'est qu'ils ont un modèle à suivre. La progression des pionniers défrichant la voie est toujours lente et difficile, mais une fois la route tracée, il est plus facile de la suivre. Pour cela nous constatons le développement très lent de l'Islam en son début pour acquérir la base, et nous verrons par la suite son avancée impressionnante. En voyant les résultats grandioses à la fin, nous comprenons la raison du travail long et difficile au début. Mais si, par malheur, cette sagesse nous échappe, nous serons leurrés par la quête de résultats immédiats et palpables et nous serons voués à l'échec. La compagnie des pieux et des connaisseurs de la religion est une des causes principales pour apprendre la foi et évoluer dans l'Islam. Côtoyer un homme pur et pieux donne une motivation et une compréhension qu'il est dur d'acquérir dans les livres. Il est frappant de voir comment les sahabas étaient presque en permanence autour du Prophète, prière et paix sur lui. Tout en tenant compagnie aux hommes pieux, leur amour et leur respect est nécessaire. Par cet amour et ce respect nous pouvons acquérir les qualités intérieures de cette personne et profiter de la profondeur de sa science. Les exemples d'amour et de dévouement des compagnons pour le Prophète sont innombrables et parfois nous semblent exagérés: à chaque fois que le Prophète crachait, un compagnon attrapait son crachat au vol et le passait sur son visage et son corps! 4. Le pacte avec les juifs A son arrivée à Médine, le Prophète, prière et salut sur lui, devint naturellement le chef de Médine, annulant le projet d'unification de Médine sous l'autorité de Abdallah Ibn Oubèy Ibn Sèloul qui devint alors chef des mounafiqines. Or il y avait dans la ville trois tribus juives alliées à l'une ou l'autre des deux tribus arabes de Médine (Aws et Khazraj). Il fallait donc tout de suite préciser le nouveau code de relations. Le Prophète conclut un pacte avec toutes les parties concernées. Ses principaux articles sont: - Le Prophète, prière et salut sur lui, est le chef de Médine. - Les musulmans forment une unité politique et militaire et ne peuvent établir aucun lien indépendamment du groupe. - Les musulmans et les juifs pratiquent librement leurs religions et leurs vies économiques. Ils ne doivent pas se combattre ni se trahir. - Un différend entre un musulman et un juif sera jugé par le Prophète, prière et salut sur lui. Un différend entre juifs sera tranché entre eux à moins qu'ils ne préfèrent le soumettre au Prophète. - Si Médine est attaquée par un ennemi extérieur, musulmans et juifs doivent le combattre ensemble. Les juifs acceptèrent le pacte mais n'ont jamais eu l'intention de respecter leurs engagements et de vivre en paix avec les musulmans. Ils ont toujours haï la nouvelle religion, ils discutèrent avec le Prophète, prière et salut sur lui, pour renier sa prophétie, puis essayèrent plusieurs fois de le tuer et de trahir les musulmans. Au fur et à mesure de leurs trahisons, les musulmans les ont combattus, battus, exilés et même exterminés pour la grande trahison des ahzab (coalisés) que l'on verra plus tard in cha Allah. Les cent cinquante versets au début de Baqara furent révélés dans cette période pour décrire les juifs et leurs discussions avec le Prophète. 5. Pourquoi la guerre défensive La différence entre la situation actuelle et celle de la Mecque est que Médine est une ville sous autorité musulmane. Comme tout état souverain, les musulmans ont formé une armée prête à répondre à toute aggression. Le changement est radical par rapport à la Mecque où toute riposte par la force était interdite (voir ch2 §2). Devons-nous maintenant prendre le modèle de Médine ou celui de la Mecque? La religion est aujourd'hui complète, et les obligations individuelles incombent à chacun. On ne peut se croire dans une période semblable à celle de la Mecque et négliger les obligations. Mais les ordres divins que seul l'état est en mesure d'appliquer ne peuvent être envisagés par des individus. On ne peut, par exemple, en France, attraper un voleur et lui couper la main, bien qu'Allah nous ordonne: [Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la main] (5/38), car cet ordre s'adresse au législateur et au juge et non au citoyen ordinaire. De même, le jihad ou toute intervention par la force est une affaire d'état et ne peut être entrepris par des individus. Durant les premières années à Médine, les musulmans n'abordaient pas les autres tribus pour leur proposer soit d'embrasser l'Islam, soit de payer la jizya (impôt du non musulman dans un état islamique en échange de sa sécurité) soit de combattre, comme le prouve le pacte avec les juifs. La raison était double: les musulmans étaient militairement faibles et leur foi et leur pratique de l'Islam était encore en formation. Les Médinois venaient juste de se convertir et la religion était très incomplète (cinq piliers, code civil, code de la famille, code pénal...). Donc la société musulmane ne pouvait pas encore présenter aux autres tribus et au monde un modèle complet. 6. La législation a) Stabiliser la société et cultiver la foi Les trois premières actions du Prophète, prière et salut sur lui, dès son arrivée (citées ci-dessus) visaient à deux choses: stabiliser la société et accroître la foi. Du début à la fin de sa mission, le Prophète, prière et salut sur lui, a toujours dans la mesure du possible évité les soubresauts et pris les décisions qui stabilisent la société. Cette règle prévaut tant au niveau interne: mettre les musulmans à leur aise et veiller à leur bonne entente, qu'au niveau externe: positions modérées et prudentes vis-à-vis des non musulmans. L'Islam évolue mieux dans une période calme que dans une période agitée. La confrontation (avec l'extérieur) et la révolution (à l'intérieur) sont inévitables mais il faut les laisser venir toutes seules et non les provoquer, et profiter de l'accalmie pour se préparer aux épreuves qui ne tarderont pas à venir. Voici deux exemples illustrant bien ce principe: - L'interdiction de l'alcool eut lieu en trois étapes et ne fut promulguée que la quatrième année de l'Hégire. A chaque fois, des évènements ou des demandes des sahabas provoquaient les décisions. L'interdiction est venue après que l'affaire fut bien mûre. Dans le Coran, Allah en a expliqué la raison: Satan essaye d'éloigner les musulmans d'Allah (de l'évocation, dhikr, et de la prière) et de provoquer l'inimité et la haine (Coran 5/91). Par sa sagesse infinie, Allah leur a laissé quatre années (sans compter les treize de la Mecque) pour constater l'incompatibilté de l'alcool avec leur foi, et pour que leur foi soit plus forte que le plaisir. Ils n'eurent alors aucune difficulté à arrêter de boire et à détester l'alcool (certains ne buvaient pas avant l'Islam, d'autres avaient arrêté avant l'interdiction). Alors qu'on peut facilement imaginer le choc qui aurait eu lieu si le Prophète, prière et salut sur lui, annonçait l'interdiction de l'alcool à son arrivée à Médine. Il en est de même pour toutes les lois: la foi poussant à la morale, au fur et à mesure que la foi augmentait les sahabas ont senti le besoin de nouvelles lois. Alors que si on décrète des lois que les gens n'ont pas voulues, et que leur foi ne les pousse pas à aimer et appliquer, on provoque un sentiment de frustration et de contrainte, qui engendre une situation de malaise puis une réaction de rejet de cette loi puis de cette religion. C'est en cultivant la foi que les gens développent l'amour d'Allah et du bien et détestent d'eux-mêmes ce qui est connu pour être mauvais et nuisible à l'individu et la société. En effet, tout ce qu'Allah a interdit dans l'Islam est nuisible et repoussé d'un coeur sain, et seul un coeur malade l'approuve et le désire. Citons l'exemple de ce jeune qui vint demander au Prophète, prière et salut sur lui, l'autorisation de commettre l'adultère. Il lui répondit: "l'approuves-tu pour ta mère, ta soeur, ta femme ou ta tante?" A chaque fois le jeune était indigné et disait non. Le Prophète lui dit: "la femme que tu désires est aussi la mère, la soeur, l'épouse ou la tante de quelqu'un", et le jeune fut convaincu. - Le Prophète, prière et salut sur lui, n'a presque jamais provoqué de guerre. En temps de paix, l'Islam se propage car c'est la vérité éclatante et l'idolatrie ou toute autre fausse religion régresse. A chaque fois, les mécréants se sentant perdus, recouraient à la manière forte et les musulmans étaient en plein droit de réagir. La totalité des batailles avec les arabes et les juifs ont été provoquées par les non musulmans, à l'exception de la dernière année de la vie du Prophète qui sera traitée plus bas. La situation des romains chrétiens auxquels le Prophète, prière et salut sur lui, a envoyé trois armées (Mo'ta, Tèbouk et Oussama) est différente: le Cham (Syrie, Jordanie, Liban et Palestine) était une terre arabe occupée et écrasée par les Romains, il fallait écarter ces derniers pour convertir les arabes. b) Les trois grandes sourates Dans l'ordre, Baqara (La vache), Nissa (Les femmes) et Maida (La table servie), ces trois grandes sourates contiennent l'essentiel de la législation. Nous invitons le lecteur à lire ces sourates et à constater l'évolution de la législation d'une sourate à l'autre. Remarquons la modification de plusieurs lois (abrogé ou mansoukh), leur ordre chronologique et le contexte où chacune fut établie. L'exemple le plus clair est celui de l'alcool où les trois versets de son interdiction progressive sont respectivement dans les trois sourates (2/219 4/43 5/90). Mais d'autres lois de la Baqara ou de Nissa sont modifiées dans Maida ou dans d'autres sourates. Allah dans son infinie sagesse a conservé la trace de ce changement dans le Coran pour nous faire comprendre la nécessaire progressivité de l'introduction de l'Islam dans la vie. Par exemple, dans Nissa, Allah dit que si deux personnes commettent l'adultère maltraitez-les, et s'ils se repentent laissez-les (4/16). Cette punition de l'adultère est étrangement légère, mais elle sera abrogée par l'ordre de lapider les mariés et de fouetter les célibataires dans sourate Nour. Nous allons suivre la chronologie des différentes lois au fur et à mesure des évènements. Notons aussi dans ces trois sourates l'évolution du ton avec les juifs et les mounafiqines. Allah les invite avec sagesse dans Baqara: [Ô enfants d'Israël, rappelez-vous mon bienfait dont je vous ai comblés et tenez vos engagements vis à vis de moi, je tiendra les miens] (2/40), puis il les somme sévèrement dans Nissa: [Ô vous à qui on a donné le livre, croyez à ce que nous avons fait descendre, en confirmation de ce que vous aviez déjà, avant que nous effacions des visages et que nous les retournions sens devant derrière, ou que nous les maudissions comme nous avons maudit les gens du Sabbat (transformés en singes et porcs)] (4/47), puis il les insulte ouvertement dans Maida: [Ceux qu'Allah a maudit, qui ont encouru sa colère et dont il a fait des singes et des porcs et qui ont adoré le taroute (diable ou idole, il s'agit ici du veau d'or), ceux-là ont la pire des places et sont les plus égarés du droit chemin] (4/60). Les autres grandes sourates médinoises (Ali Imrane, Tawba, Anfal, Ahzab) et plusieurs petites sont toutes liées aux batailles, nous en parlerons par la suite. c) Les droits de la femme et le voile L'une des premières préoccupations de la législation fut l'organisation de la famille, notamment les droits de la femme. D'abord l'Islam a aboli des pratiques inhumaines telles l'héritage des femmes de leur père et considérer sa femme comme sa propre mère (ne plus avoir de rapports avec elle sans toutefois divorcer). Puis il a réorganisé le divorce de manière à protéger la famille et le mariage. La société musulmane est basée sur la famille puis sur la fraternité musulmane sans racisme, régionalisme ou sexisme, alors que la société antéislamique était basée sur le tribalisme et sur la domination totale des femmes par les hommes. Enfin, il a institué les règles d'héritage. L'année trois, un musulman mourut à la bataille d'Ouhoud et laissa une femme et deux filles. Comme la femme n'héritait pas, toutes trois n'avaient pas droit à l'héritage qui revint au frère du martyr. La veuve vint se plaindre au Prophète, prière et salut sur lui, et le Coran ne tarda pas à réparer cette injustice: [Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants: au fils, une part équivalente à celle de deux filles. S'il n'y a que des filles, deux ou plus, à elles alors les deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s'il n'y en a qu'une, à elle alors la moitié] puis [Et à elles (vos épouses) un quart de ce que vous laissez si vous n'avez pas d'enfant. Mais si vous avez un enfant, à elles alors le huitième] (4/11-12). Et le Prophète, prière et salut sur lui, dit: "Aux filles les deux tiers, à toi un huitième et le reste à son frère". Quelle révolution! Bien plus que la loi, c'est la mentalité des hommes qui est révolue. L'Islam a suscité et a ancré le respect de la femme dans le coeur des hommes. Plus tard, d'autres lois ou recommandations ont continué dans ce sens, la plus touchante est probablement les règles concernant les rapports conjugaux. Après seulement, et longtemps après, l'année six, Allah a rendu obligatoire le port du voile et la séparation des sexes, car le besoin s'est fait sentir de protéger la famille et la femme. Nous voulons exposer dans ce paragraphe la démarche qu'Allah a suivie avec les femmes: il leur a donné beaucoup de droits, et surtout le respect. Car sans ce respect, les hommes pourraient abuser de leur autorité sur les femmes quelles que soient les lois. En premier lieu, les femmes ont pris conscience de la valeur de la famille et de leurs maris. Elles ont su qu'elles n'étaient plus de simples objets dans une société d'hommes, mais qu'elles tenaient un rôle essentiel au sein de la famille et aux côtés de leurs maris. Ensuite, il était simple de leur expliquer la nécessité du voile, puisque la féminité doit rester pour le domaine privé et il ne convient pas de l'exposer publiquement. Ainsi, le respect mutuel et la foi sont des éléments indispensables pour que le port du voile ne soit pas mal interprété. Prêcher l'Islam en commençant par exiger le voile est une maladresse, l'interlocuteur risque de ne pas comprendre le but et le résultat sera médiocre voire négatif. 7. L'année 2 a) Le jeûne et la zakaat Comme nous l'avons dit plus haut, la législation a toujours privilégié la stabilité de la société et la fortification de la foi. En voici un autre exemple: la zakaat, donnant un droit aux pauvres sur les biens des riches, et le jeûne, purification du corps et de l'âme, furent prescrits dès la deuxième année. Notons aussi parmi les principaux évènements le changement de la Qibla (direction de la prière) de Jérusalem vers la Mecque (Coran 2/144) et la venue de la délégation de chrétiens d'Ethiopie. Ces soixante personnes ont longuement discuté avec le Prophète, prière et salut sur lui, et Allah nous rapporte ces discussions dans la première moitié de la sourate Ali Imrane. b) Les épreuves et l'évolution de la foi Allah a éprouvé continuellement et progressivement les musulmans, afin qu'ils évoluent dans leur foi et leur pratique. Durant les dix années à Médine il n'y avait presque pas de répit, on passait d'épreuve en épreuve. Dès que les musulmans assimilèrent convenablement la religion et le nouveau rythme de vie, le Prophète, prière et salut sur lui, commença à envoyer des groupes de reconnaissance et d'espionnage, puis de prêche et de combat. Les premières années, il y participait le plus souvent, puis il envoyait des détachements de sahabas, ensuite il envoyait même plusieurs groupes en même temps. Environ cent cinquante groupes de sept à trente milles personnes sont sortis de Médine au cours des dix ans. C'était un énorme investissement de la société que de préparer les montures et le ravitaillement pour traverser le désert, laisser les occupations, soigner les blessés, prendre en charge les veuves et les orphelins (les femmes ni les hommes ne restaient célibataires). Plus qu'un investissement de la société, c'était son but de minimiser les besoins terrestres pour consacrer le maximum de son énergie à apprendre, pratiquer et répandre la religion d'Allah. C'était vraiment une génération choisie par Allah pour recevoir sa religion et la transmettre au monde et aux générations futures. Nous demandons à Allah de nous mettre sur leur chemin. Même si nous n'atteindrons jamais leur effort, le principal est de comprendre leur chemin et de vouloir le suivre. Car si nous ne sommes pas dans leur chemin, nous nous égarons et ce malgré tous nos efforts, qu'Allah nous en préserve. Nous pouvons suivre dans le Coran l'évolution de leur foi: - Au lendemain de l'Hégire (année 1), Allah les décrit: [Pour les pauvres émigrés expulsés de leurs demeures et de leurs biens tandis qu'ils recherchaient une grâce et un agrément d'Allah et qu'ils aidaient Allah et son messager; ceux-là sont les véridiques. Et ceux qui habitaient déjà le pays et avaient la foi, ils aiment ceux qui émigrent vers eux, et n'ont aucune jalousie pour ce qu'ils (les émigrants) ont reçu et ils leur donnent en se privant même quand ils ont besoin, et quiconque est protégé de sa propre avarice, ceux-là sont les gagnants] (59/8). Ils ont donc un niveau de foi où ils n'ont plus l'amour de la vie terrestre. - Après la bataille de Badr (année 2), Allah enseigne: [Les vrais croyants sont ceux dont les coeurs frémissent quand Allah est mentionné, quand ses versets sont lus leur foi est augmentée et qui placent leur confiance en leur Seigneur... ceux là sont les vrais croyants] (8/2-4). Maintenant, c'est la vraie foi. - Après la bataille d'Ouhoud (année 3), Allah raconte: [Ceux auxquels on a dit: "Les gens se sont rassemblés contre vous, craignez-les". Cela augmenta leur foi et ils dirent: "Allah nous suffit et il est le meilleur garant"] (3/173). La foi augmente encore. - Après la bataille des Ahzab (année 5), Allah révèle: [Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent: "Voilà ce qu'Allah et son messager nous avaient promis, et Allah et son messager disaient la vérité" Et cela ne fit qu'augmenter leur foi et leur soumission] (33/22). La foi continue à croître. - Après le pacte de Houdèybia (année 6), Allah déclare: [C'est lui qui a fait descendre la sérénité dans les coeurs des croyants pour qu'ils augmentent de foi avec leur foi] (48/4). La foi ne cesse de se développer. - Après la bataille de Tèbouk (année 9), Allah annonce: [Les touts premiers des émigrants et des ançars et ceux qui les ont bien suivis Allah est satisfait d'eux et ils l'agréent] (9/100). Ils ont alors obtenu l'agrément d'Allah. c) Bataille de Badr Avant la bataille de Badr, il y eut plusieurs expéditions militaires et quelques échanges de coups avec les Mecquois; Allah a ainsi préparé les musulmans à la première grande bataille. Les musulmans étaient 314 et les mécréants 950. La sourate Anfal (Le butin, 8) est presque entièrement consacrée à cette bataille. En fait, Allah a mis dans Badr beaucoup de facilités pour les musulmans: - La participation n'était pas obligatoire au départ de Médine (car les musulmans voulaient seulement intercepter la caravane) ni à la rencontre de l'ennemi (car les médinois s'étaient seulement engagés à défendre le Prophète à Médine). - Allah a promis la victoire à l'avance et le Prophète, prière et salut sur lui, a indiqué où tomberont les chefs des mécréants. - Allah les a comblés de ses aides: sommeil reposant, pluie purifiante, mille anges, terreur et aveuglement des mécréants par la poignée de sable lancée par le Prophète. - Le bilan prodigieux de la bataille: soixante-dix des pires mécréants tués, soixante-dix autres prisonniers, huit martyrs musulmans, un butin consistant et l'annonce du Paradis pour les participants à la bataille. L'épreuve de Badr était l'entrée dans la bataille malgré les apparences défavorables aux musulmans; une fois engagés, Allah a fait le reste. Inutile de décrire l'euphorie des musulmans et l'affermissement de leur foi. Après Badr, tous les musulmans étaient partants pour tout autre combat, Allah leur envoya alors des épreuves différentes. Notons qu'à l'issue du combat une légère dispute opposa les musulmans pour le partage du butin (inutile de décrire le partage du butin avant l'Islam). Dans la sourate Anfal, Allah les rappelle à la foi, l'obéissance et la soumission, puis leur inculque la vraie foi: [Les (vrais) croyants sont (uniquement) ceux dont les coeurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand ses versets leur sont récités cela fait augmenter leur foi, et ils placent leur confiance en leur seigneur] (8/2). Quel niveau de foi pour dixhuit mois d'Islam à Médine! Du côté des mécréants, il y a aussi des changements en profondeur: - Les grands ennemis de l'Islam sont morts: Abou jahl et Oumeya Ibn Khalaf dans la bataille, Abou Lahab tombe malade et les rejoint peu après. - Abou Sofiène devient chef de la Mecque: bien qu'il combatte les musulmans, il n'a rien de la rage de ses prédécesseurs et interviendra plusieurs fois pour éviter ou écourter un combat, jusqu'à sa conversion à la prise de la Mecque. - La presque totalité des Mecquois se convertiront avec ou avant Abou Sofiène. Déjà, parmi les otages, plusieurs se convertissent. 8. L'année 3 a) Bataille des Bènou Qaynouqaâ La victoire des musulmans à Badr inquiète les juifs. Une inquiétude qui deviendra vite source de conflits. Ces juifs se moquèrent d'une femme musulmane et la dévoilèrent. Un musulman se porta à son secours et tua le juif. Ses amis tuèrent le musulman et la guerre fut déclarée. Le Prophète, prière et salut sur lui, les assiégea durant quinze jours jusqu'à ce qu'ils se rendent. Devant l'insistance de l'hypocrite Abdallah Ibn Oubèy Ibn Sèloul, le Prophète les laissa sans les punir. Un des chefs juifs, Kaâb Ibn Achraf, ne supporta pas la victoire des musulmans à Badr. Il partit à la Mecque inciter les gens à combattre le Prophète; puis il revint à Médine et se mit à se moquer des femmes musulmanes en poésie. Le Prophète, prière et salut sur lui, envoya un commando pour le tuer. Il ne s'agit pas là d'un acte terroriste mais de la sanction infligée à une personne qui a trahi le pacte de paix dans l'unique but de provoquer la guerre. b) Bataille d'Ouhoud Les mécréants Mecquois ont reçu un coup très dur à Badr et voulurent se venger. L'année suivante, ils se préparèrent et vinrent à trois milles attaquer Médine. Le Prophète, prière et salut sur lui, préféra la prudence et se fortifier à l'intérieur de la ville pour mieux se défendre. Mais les jeunes musulmans n'ayant pas assisté à Badr insistèrent pour combattre, et le Prophète accepta. Il ne voulut pas demander aux juifs de l'aider comme convenu pour défendre Médine. Le chef des hypocrites, Abdallah Ibn Oubèy, se retira en route avec d'autres hypocrites ou gens de peu de foi qui formaient le tiers de l'armée musulmane (300/900) sous prétexte qu'il était préférable de rester à Médine. La bataille tourna rapidement en faveur des musulmans. Les archers sur la montagne abandonnèrent leurs positions pour prendre le butin, et les musulmans furent pris à revers par Khalid Ibn Alwèlid et la cavalerie mecquoise. Satan hurla que le Prophète, prière et salut sur lui, était mort et la plupart des musulmans s'enfuirent. Ce fut alors une défaite amère pour les musulmans: soixante-dix tués (vingt-deux parmi les mécréants), dont Hamza, qu'Allah l'agrée, et de nombreux blessés dont le Prophète, prière et salut sur lui. Le principal enseignement de la bataille est qu'Allah a enlevé son aide pour une désobéissance même mineure. Pourtant, le Prophète était présent, les sahabas étaient très pieux, et seule une minorité (quarante sur cinquante archers) avait désobéi, mais la punition d'Allah fut générale. Donc Allah n'accorde pas son aide (anges, intervention divine, victoire...) sans conditions; Allah veut que nous l'adorons comme il l'exige, alors il nous aide par sa puissance. Il ne veut pas que nous comptions sur nos moyens et n'exige pas que notre force soit à la hauteur de celle de nos adversaires, mais il veut de nous la foi et les bonnes actions. La défaite eut aussi d'autres enseignements détaillés dans la sourate Ali Imrane: les musulmans ne doivent pas fuir devant les ennemis puisqu'ils veulent le martyre, ils ne doivent pas s'attrister pour leurs morts car ils sont martyrs, ils ne doivent pas insister en donnant leur avis au Prophète, lui doit continuer à prendre leurs avis, ils ne doivent pas convoiter le butin mais la récompense d'Allah, leur désobéissance est la cause de la défaite et non la ruse de leurs ennemis, Allah n'a pas manqué à sa promesse en enlevant son aide, mais la défaite est due aux musulmans. La défaite a aussi permis d'avoir un grand nombre de martyrs, car si les musulmans sont toujours vainqueurs ils n'auront pas beaucoup de martyrs. En fait, c'est seulement dans Ouhoud, Bir Maôouna (ci-dessous) et Mo'ta (année 7) que les musulmans perdirent beaucoup d'hommes. La bataille fut l'occasion de décréter les règles d'héritage; nouveauté essentielle est l'héritage des femmes et l'égalité entre frères. la c) La tuerie de Bir Maâouna Un arabe vint au Prophète, prière et salut sur lui, écouta son prêche, n'accepta pas l'Islam mais ne le refusa pas non plus. Il proposa au Prophète d'envoyer avec lui des musulmans pour prêcher sa tribu. Le Prophète envoya avec lui soixante-dix ançars appelés les lecteurs du Coran: ils passaient leur temps à lire et apprendre à la mosquée. Mais ils furent pris en traître et tués jusqu'au dernier. Peu de temps après, dans une affaire similaire, six sahabas sont morts. Suite à ces deux incidents, le Prophète, prière et salut sur lui, n'envoya plus de groupes pacifiques pour prêcher. Ces incidents illustrent l'ambiance qui régnait dans l'Arabie et l'impossibilité de prêcher l'Islam publiquement et pacifiquement. Pour cette raison, l'Islam s'est répandu lentement durant ces premières années à Médine. 9. L'année 4 a) L'interdiction de l'alcool Nous voyons à quel niveau de foi, de pratique et de sacrifice pour l'Islam sont arrivés les musulmans au moment où Allah a interdit l'alcool. Les musulmans ont immédiatement appliqué cet ordre, le vin coula dans les rues de Médine, et ce fut la fin de ce fléau. Les jeux de hasard furent interdits en même temps, les deux ordres sont dans sourate Maida (5/90). C'est à cette période qu'Allah instaura la prière de la peur: comment prier à l'heure face à des ennemis ou en plein combat. La prière était leur lien avec Allah et était tellement puissante qu'elle ne pouvait être laissée en aucune circonstance. b) Bataille des Bènou Nadhir Ces juifs ont essayé de tuer le Prophète, prière et salut sur lui, mais Jibril le prévint et la guerre fut déclarée. Après un siège ils se rendirent et le Prophète les chassa de Médine. La sourate Hachr (le rassemblement, 59) entière fut révélée à cette occasion. 10. L'année 5 : la bataille des coalisés (ahzab) Les juifs à Médine, sentant augmenter la force des musulmans, organisèrent un vaste complot pour les anéantir. Ils se rendirent à la Mecque et proposèrent aux Mecquois de réunir toutes les tribus idolâtres pour attaquer le Prophète, prière et salut sur lui, ensemble, tandis qu'eux le trahiraient à l'intérieur de Médine. Quand le Prophète apprit l'arrivée de cette très grande armée (cinq milles alors qu'ils étaient mille deux cents à Médine) il se concerta avec les musulmans. Ils décidèrent de creuser un fossé, de rester dans la ville et de ne pas affronter les ennemis. Après presque un mois de siège très difficile (peur, faim et froid), Allah envoya un vent qui désorganisa le campement des mécréants. Leur chef Abou Sofiène ordonna aux coalisés de partir. Les musulmans se retournèrent alors contre les juifs des Bènou Qouraydha qui se rendirent après vingt-deux jours de siège. Allah jugea que leurs combattants soient tués, leurs femmes et enfants deviennent esclaves des musulmans et leurs biens partagés entre les musulmans. Salam Ibn Abou Haqiq, un juif d'une autre tribu (Khaybar) avait aussi participé à l'organisation des Ahzab; le Prophète, prière et salut sur lui, envoya un commando pour le tuer. Cette bataille a été une très dure épreuve pour les musulmans: elle a illustré la foi très solide des musulmans et l'a fortifiée encore plus, tout ceci est détaillé dans la sourate Ahzab (Les coalisés, 33). Le résultat géopolitique important de cette bataille était le changement du rapport de forces en Arabie: plus aucune tribu n'avait les moyens d'attaquer ouvertement les musulmans, à qui appartenait désormais l'initiative. Nous rentrons maintenant dans la quatrième et dernière étape de la vie du Prophète, prière et salut sur lui: la guerre offensive. QUATRIEME CHAPITRE LA GUERRE OFFENSIVE 1. L'année 6 a) Bataille des Bènou Mostalaq Ces arabes s'étaient organisés pour combattre le Prophète, prière et salut sur lui, mais celui-ci les devança, les combattit et triompha. Une fois vaincus, ils embrassèrent l'Islam. Au retour, il y eut l'évènement du Ifk (mensonge et calomnie): Aïcha, qu'Allah l'agrée, fut accusée d'adultère par Abdallah Ibn Oubèy, et certains musulmans répétèrent et gonflèrent la nouvelle, tandis que le doute perturba la plupart des musulmans, ainsi que le Prophète et Abou Bakr. Un mois plus tard, Allah révéla l'innocence de Aïcha dans la sourate Nour (La lumière). Ce fut l'occasion d'imposer le voile, de codifier la mixité et d'établir la punition du faux témoignage. b) La stratégie du Prophète, prière et salut sur lui Maintenant, les musulmans sont très bien formés, la religion est presque complète (il ne manque essentiellement que le pèlerinage), leur force militaire leur permet de lancer des campagnes; quelle stratégie adopter? Evidemment le but du Prophète, prière et salut sur lui, n'est pas de vivre l'Islam tranquillement sans déranger les autres et sans être dérangé, mais plutôt de répandre cette religion dans le monde entier et jusqu'à la fin des temps. La logique était de commencer par les arabes. La tête des arabes était la Mecque: si elle accepte l'Islam, le reste suit, mais tant qu'elle ne l'accepte pas les autres tribus restent réticentes. Le Prophète, prière et salut sur lui, avait les moyens (et la légitimité) d'attaquer la Mecque et d'élargir le territoire musulman en combattant tribu après tribu, mais il préféra la sagesse. En effet, maintenant que les musulmans disposent d'une force respectable, il s'agit de l'utiliser sagement et d'éviter tout faux pas. Si les musulmans combattent la Mecque, combien de pertes y aurait-il des deux côtés? Une fois les mecquois battus, nombre de soldats tués et leur économie affaiblie, accepteront-ils l'Islam avec joie? Seront-ils prêts à suivre ses enseignements et à combattre pour sa cause? Bien sûr, les mécréants ont cherché toutes les occasions de massacrer les musulmans, mais ce n'est pas une raison pour vouloir les massacrer. Le Prophète, prière et salut sur lui (évidemment par la guidée d'Allah), décida de faire la Omra (petit pèlerinage) avec les compagnons. Une manière très puissante de prêcher les mecquois: venir en paix, en oubliant les querelles, en glorifiant cette maison que les mecquois glorifient, en montrant aux mecquois le comportement et la religion des musulmans, en ouvrant les coeurs au pardon, à l'entente et au dialogue, en prouvant aux mecquois et aux arabes que les musulmans ne veulent pas le mal. Quelle réponse magnifique aux seize années de tortures et de combats dirigés par les mecquois! c) Le pacte de Houdèybia Le Prophète, prière et salut sur lui, partit avec mille quatre cents hommes. Les mecquois étaient pris de court: d'un côté, ils ne pouvaient admettre que les musulmans pénètrent à la Mecque et fassent leur Omra alors que, l'année précédente, ils avaient rassemblé tous les arabes pour les combattre. D'un autre côté ils n'avaient plus la force de combattre les musulmans. Finalement, ils acceptèrent de conclure la paix avec les musulmans. Les articles essentiels du pacte étaient: - La paix est déclarée pour dix ans renouvelables entre la Mecque et Médine. - Toute tribu païenne peut entrer dans le pacte du côté de la Mecque et toute tribu musulmane peut entrer dans le pacte du côté de Médine. - Les musulmans pourront visiter la Kaâba à partir de l'année suivante. - Un mecquois musulman émigrant à Médine sera rendu à la Mecque tandis qu'un médinois idolâtre émigrant à la Mecque sera accueilli. Cet article montre à quel point le Prophète tenait à conclure le pacte. Il accepta cette injustice bien que les musulmans soient les plus forts. Mais cet article sera abrogé par la suite (pour les femmes d'abord puis pour les hommes aussi) et tout musulman aura le droit d'émigrer sans aucune gêne. Rapidement, les autres tribus entrèrent dans le pacte d'un côté ou de l'autre et la paix fut générale en Arabie. d) Conséquences du pacte Les sahabas eurent beaucoup de mal à accepter ce traité. Ils étaient venus dans l'idée de visiter la Kaâba bien-aimée, les voici refoulés par des païens par un pacte injuste. C'est encore une dure épreuve pleine d'enseignements. Le principal est de renoncer à son élan et à son désir d'aboutir au résultat concret alors qu'on en a les moyens, et de se priver et se sacrifier pour faciliter aux autres la voie de l'Islam. En apprenant la fausse nouvelle de l'assassinat de Othmane (parti dialoguer avec les mecquois), les croyants prêtèrent serment au Prophète, prière et salut sur lui, de combattre jusqu'à la mort (ou la victoire). Pour cela, Allah déclara pour la première fois dans le Coran sa satisfaction des sahabas. Dans toute la sourate Fèth (Ouverture, 48) on ressent presque la joie d'Allah et son éloge pour le Prophète et les croyants. Les arabes avant même l'Islam respectaient et honoraient les traités de paix. Les musulmans pouvaient maintenant circuler librement dans toute l'Arabie et annoncer le message de l'Islam sans être gênés. La foi de l'Islam, sa justice, sa bonté, son système social, les miracles dans chaque bataille, le Coran... les musulmans avaient de nombreux atouts pour convaincre les païens. Durant les deux années qu'a duré le pacte, quiconque possédait un minimum d'intelligence embrassa l'Islam; nous étudierons, par la suite, l'évolution numérique des musulmans. En fait, la plus grande victoire des musulmans était ce pacte. e) Lettres aux pays voisins Maintenant, le prêche fonctionne parmi les arabes et il est inutile de précipiter les choses. Le Prophète, prière et salut sur lui, dès son retour à Médine envoya des lettres à tous les gouverneurs et les rois autour de l'Arabie pour les inviter à l'Islam. Ceci illustre bien la stratégie du Prophète. Les musulmans annoncent au monde entier (du moins ce qu'ils peuvent) l'arrivée de la nouvelle religion. Ils commencent par envoyer des lettres que certains rois déchirent et jettent, mais prochainement ils viendront euxmêmes. On compte environ cent cinquante lettres envoyées dans cette période et jusqu'à la mort du Prophète, prière et salut sur lui. 2. L'année 7 a) Bataille de Khaybar A son retour de Houdèybia, le Prophète, prière et salut sur lui, assiégea Khaybar, une tribu juive qui n'avait pas adhéré au pacte. Il prit leurs forteresses une à une et conclut la jizya avec eux: ils passaient sous l'autorité musulmane, gardaient leurs terres et donnaient aux musulmans une part de leur récolte chaque année. Les juifs étaient incorrigibles pour leur haine et leurs trahisons envers l'Islam alors qu'ils pouvaient très bien vivre au sein des musulmans qui n'avaient jamais essayé de leur faire de mal. b) Expansion rapide de l'Islam Khalid Ibn Alwèlid, chef et héros de l'armée mecquoise, se convertit publiquement à l'Islam. Avec lui, Amr Ibn Alâass, un autre héros de la Mecque, se convertit. Ces conversions ébranlent la Mecque et fortifient les musulmans. Des milliers d'autres personnes embrassent l'Islam. Le Prophète, prière et salut sur lui, envoie des détachements pour prêcher dans plusieurs tribus arabes. Le temps court en faveur des musulmans qui gagnent du terrain jour après jour. Le Prophète accomplit la Omra avec les musulmans qui avaient assisté au pacte de Houdèybia. Les mecquois sortent de la ville pour ne pas voir les musulmans. Allah ordonna aux musulmans de divorcer les femmes idolâtres. Entre autres, Omar Ibn Alkhattab divorça deux femmes païennes. Nous voyons combien Allah a attendu que la foi et l'Islam se fortifient avant d'imposer aux épouses le choix de l'Islam ou du divorce. Encore une fois, Allah nous enseigne la pédagogie à suivre avec les femmes: il ne faut pas leur imposer ni s'impatienter avec elles. 3. L'année 8 a) Bataille de Mo'ta Les arabes rentrant dans l'Islam de plus en plus massivement, le Prophète, prière et salut sur lui, décide d'envoyer une première armée aux Romains en Syrie. Le gouverneur de cette région avait tué un coursier du Prophète. Les musulmans se retrouvèrent à trois milles contre deux cent milles (cent milles romains et cent milles arabes chrétiens). Après un moment d'hésitation, ils décidèrent de combattre leur ennemi en faisant confiance à Allah. Les trois chefs désignés par le Prophète, prière et salut sur lui, trouvèrent le martyre l'un après l'autre, puis les musulmans choisirent Khalid Ibn Alwèlid à la tête de l'armée. Il mena une forte attaque contre les romains; ces derniers reculèrent, et Khalid déclara la bataille terminée et rentra avec le reste de l'armée. Ceci est la première grande bataille en l'absence du Prophète. Le Prophète, prière et salut sur lui, ne se contenta pas de transmettre la religion aux sahabas afin qu'ils deviennent de bons pratiquants. Il leur inculqua aussi comment prêcher et former les autres à leur tour, en un mot à faire le même travail que lui-même (prophétie mise à part). Ainsi il les consultait pour toute affaire que la révélation n'avait pas tranchée, il leur confiait des responsabilités de manière à développer leur potentiel, il leur a enseigné toute chose pour que sa mission ne s'éteigne pas avec lui, mais qu'elle continue tant qu'existeront des musulmans. b) Trahison des mecquois Les mecquois trahirent le pacte de paix en tuant des musulmans d'une certaine tribu. Ces derniers se plaignirent au Prophète, prière et salut sur lui, qui décida d'attaquer la Mecque. Abou Sofiène se précipita à Médine pour présenter ses excuses et réparer sa faute, mais le Prophète fit preuve d'intransigeance: il ne lui parla pas et ne le regarda même pas. Nous verrons la cause de cette dureté inhabituelle à la prise de la Mecque. Le Prophète, prière et salut sur lui, demanda à tous les musulmans de se joindre à lui; une armée de dix milles hommes, du jamais vu chez les arabes, marcha vers la Mecque. Allah déclara la guerre dans la sourate Tawba (Le repentir 9). Entretemps, les mecquois n'avaient aucune nouvelle des musulmans et ne savaient rien de ce qui se passait jusqu'à l'arrivée de l'armée aux portes de la ville. c) La prise de la Mecque Le Prophète, prière et salut sur lui, fit tout le possible pour que l'opération se passe dans le calme et la paix. Il rapprocha Abou Sofiène (chef de la Mecque) qui était venu demander pitié et le pressa d'embrasser l'Islam; ce dernier écrasa son orgueil et dut se rendre à l'évidence que l'Islam était la vérité. Puis il lui fit voir le défilé des forces musulmanes pour qu'il convainque les mecquois de ne pas résister. Enfin, il lui dit d'informer les siens de s'enfermer dans leurs maisons et aucun mal ne leur sera fait. Les mecquois laissèrent les rues vides et les musulmans entrèrent dans la ville. Ensuite le Prophète, prière et salut sur lui, employa tous les moyens pour convertir les mecquois le plus facilement possible. Il ordonna aux musulmans de passer la nuit en adoration ce qui ébahit les mecquois: où sont les vengeances, les pillages et les viols des conquérants? Hind qui avait fait tuer Hamza et avait essayé de manger son foie s'écria: "Je n'ai jamais vu Allah si bien adoré!" et embrassa l'Islam. Puis le Prophète, prière et salut sur lui, réunit les mecquois et leur demanda: "Que pensez-vous que je vais faire de vous?". Ils répondirent: "Du bien car tu es un frère généreux fils d'un frère généreux". Il déclara: "Je ne vous fais point de reproche, allez vous êtes libres". Allahou akbar! Aucun reproche, aucune représaille! Les mecquois embrassèrent l'Islam en masse! Nous voyons le fruit des années de patience et de prières à la Mecque: les musulmans n'avaient aucune rancune contre les mecquois et leur bonté a finalement gagné leurs coeurs. Nous pouvons aussi nous demander pourquoi le Prophète, prière et salut sur lui, voulait absolument conquérir la Mecque pour ensuite laisser les gens partir librement. En fait le Prophète voulait mettre la Mecque sous l'autorité de l'Islam pour que la religion apparaisse de manière évidente aux gens, puisqu'il ne manquait rien aux mecquois pour se convertir si ce n'était un restant d'orgueil de ses dirigeants. Il ne restait plus qu'à les écarter pour que les gens voient l'Islam pur et l'embrassent en masse. Ce qui est frappant dans ces conversions c'est que, dès l'instant de leurs conversions, les anciens idolâtres déclarent que leur haine immense envers le Prophète et envers l'Islam s'est transformée en amour intense, et qu'ils veulent expier leur passé en dépensant plus d'énergie et de biens pour fortifier l'Islam qu'ils n'en avaient dépensé pour combattre l'Islam! C'est de cette manière qu'il faut attirer les gens dans l'Islam: par la force de la foi, la bonté et la vérité, en leur voulant toujours le bien jusqu'à ce que leur orgueil cède face à cette religion magnifique. Quelques notables mecquois fuirent la Mecque par crainte d'être tués pour tout le mal qu'ils ont fait contre l'Islam. Le Prophète, prière et salut sur lui, envoya les chercher et leur promit qu'aucune représaille ne sera à craindre et, qu'au contraire, ils pouvaient bénéficier de la force et des avantages de l'Islam. Ils retournèrent et se convertirent immédiatement ou peu après, puis ils dépensèrent toute leur énergie pour racheter leurs fautes et récupérer le temps perdu et devinrent à leur tour des héros de l'Islam. d) Bataille de Hounèyn Hèwèzin, une tribu du sud de l'Arabie, est venue combattre le Prophète, prière et salut sur lui, avec quatre milles guerriers au moment de la prise de la Mecque. Le Prophète les combattit avec douze milles hommes (les dix milles du début avec deux milles de la Mecque). Les nouveaux convertis n'étaient pas initiés à la foi et la confiance en Allah et certains pensèrent que la victoire sera facile vu le rapport de force. Mais Allah ota son secours et les musulmans fuirent en laissant le Prophète, prière et salut sur lui, avec quelques musulmans face aux mécréants. Le Prophète continua d'avancer et fit appeler les ançars jusqu'à ce que la bataille tourne en faveur des musulmans, alors la majorité des musulmans revint. La leçon est qu'Allah a enlevé son aide et a donné la défaite aux musulmans parce que certains d'entre eux avaient placé leur confiance dans les causes matérielles dont ils disposaient! Avec la bataille d'Ouhoud, nous voyons deux conditions à l'aide d'Allah: la foi et la confiance en lui et l'obéissance à ses ordres. Les musulmans eurent un grand butin à la suite de cette bataille car les Hèwèzins avaient amené toutes leurs familles et leurs biens pour s'empêcher de fuir et se motiver dans la bataille. Mais voilà qu'ils embrassèrent tous l'Islam. Le Prophète, prière et salut sur lui, leur rendit la liberté mais garda leurs biens. Puis il les fit distribuer parmi les mecquois qui venaient de se convertir alors qu'il ne donna rien aux médinois. Devant leur étonnement, puisqu'ils avaient causé la victoire après la déroute générale, il leur expliqua qu'il a utilisé ces miettes du bas monde pour intéresser des convertis encore avides d'argent alors que les médinois rentrent chez eux avec le Messager d'Allah. Moralité: les anciens musulmans qui ont sacrifié pour la guidée des autres doivent continuer à sacrifier et à donner l'exemple jusqu'au bout et se rabaisser pour les nouveaux et tout faire pour leur faciliter la voie. 4. L'année 9 a) L'année des délégations Quand la Mecque embrassa l'Islam, toutes les tribus arabes suivirent une à une. La dernière fut Taif qui embrassa l'Islam juste après la bataille de Tèbouk. Allah donna quatre mois de paix pour que les païens rentrent dans l'Islam, après quoi la guerre sera ouverte contre tous les idolâtres et la Mecque sera interdite aux non musulmans. Les quatre mois passés, le Prophète, prière et salut sur lui, envoya des armées aux tribus restantes qui se convertirent rapidement avec ou sans combat. Ceci est la seule période dans la vie du Prophète où la guerre offensive proprement dite a été appliquée. Comprenons bien dans quelles circonstances Allah a donné aux arabes le choix entre l'Islam ou le sabre: l'Islam et les musulmans étaient à un tel niveau de perfection et de puissance que l'idolatrie n'avait plus sa place parmi les arabes. Celui qui n'a pas encore décidé de suivre l'Islam sera obligé face à l'épée. Pour enseigner l'Islam à ces nouvelles tribus, chacune envoyait une délégation à Médine. Les délégations étaient chaleureusement accueillies par les sahabas. Le Prophète, prière et salut sur lui, les envoyait dans un quartier de Médine. Là, en deux ou trois semaines, ils apprenaient l'Islam et devenaient d'excellents pratiquants. Puis le Prophète désignait un chef parmi eux et les renvoyait dans leur tribu. Ils enseignaient alors l'Islam à leur tribu. Il est frappant de voir avec quelle rapidité l'Islam avec les qualités et la pratique se répandait, alors qu'il s'était constitué avec une grande lenteur. Le plus dur est de construire la fondation et de purifier les coeurs. Quand un premier noyau avec des qualités solides est formé, il est plus facile pour d'autres personnes de s'intégrer au groupe et d'acquérir ses qualités. Notons que la législation continue à se faire avec la règle du liâan (malédiction mutuelle entre époux, quand le mari découvre sa femme en état d'adultère et n'a pas de témoins) dans sourate Nour (La lumière 24) et les règles de politesse avec sourate Houjourate (Les pièces 49). b) Bataille de Tèbouk Les musulmans passaient d'épreuve en épreuve. Pas un temps ne s'écoulait sans évènement dans la vie à Médine. Après un court moment de répit, Allah leur envoyait une autre épreuve souvent différente et plus difficile jusqu'à la dernière grande épreuve (avant la mort du Prophète) qui fut la bataille de Tèbouk. Les difficultés étaient: - La pauvreté des musulmans après une année de sécheresse. - Les dattes étaient mûres. - La chaleur était torride. - La route était très longue et traversait le désert. - L'ennemi (les Romains) était très nombreux, la bataille de Mo'ta avait laissé un mauvais souvenir. - Allah ordonna que tous les musulmans participent. Les musulmans partirent à trente milles. Arrivés à Tèbouk, les chrétiens préférèrent conclure la paix avec le Prophète, prière et salut sur lui, et lui payer la taxe. Quatre-vingt hypocrites et trois musulmans n'ont pas participé à la bataille. La sourate Tawba (Le repentir 9) couvre les évènements de cette campagne; elle dévoile les hypocrites et les condamne à être hypocrites le restant de leurs vies. Elle annonce le repentir des trois musulmans déserteurs après une dure punition. Enfin, elle annonce la satisfaction d'Allah pour tous les sahabas ayant participé à la campagne. Notons encore une fois que la plupart de ces compagnons avaient moins d'un an dans l'Islam, mais le fait de côtoyer le Prophète, prière et salut sur lui, et les anciens compagnons dans la vie courante et dans les campagnes militaires leur permit d'acquérir très rapidement une grande foi. 5. Année 10 a) Le pèlerinage d'adieu A son retour de Tèbouk, le Prophète, prière et salut sur lui, annonça qu'il allait accomplir le pèlerinage par la volonté d'Allah et invita tous les musulmans à y participer. A ce moment, la totalité de la péninsule arabe était musulmane. Cent vingt-quatre milles personnes (hommes, femmes et enfants) assistèrent à cet évènement historique. Ce fut le seul pèlerinage du Prophète, prière et salut sur lui, et la seule occasion d'enseigner aux gens le pèlerinage. Le Prophète prononça le discours d'adieu du dhohr au maghrib, il avait placé des hérauts pour répéter ses paroles. Il reprit les principaux préceptes de l'Islam, annonça la fin de la jahiliya (période d'ignorance et de barbarisme) et des pratiques païennes, annonça indirectement sa mort avant le prochain pèlerinage, puis fit témoigner aux gens qu'il a accompli sa mission. Enfin il leur passa la responsabilité de la religion en disant: "Que le présent transmette à l'absent". Le Prophète, prière et salut sur lui, a laissé une communauté croyante, éduquée, unie et modèle pour l'humanité. Il ne leur restait plus qu'à porter le message aux autres nations. Les musulmans comprirent que leur mission n'était pas de pratiquer tranquillement et de vivre leur train-train quotidien, mais de continuer dans la même ligne d'efforts et de sacrifices pour transmettre ce trésor à l'humanité entière. En effet, la mission du Prophète, prière et salut sur lui, telle qu'Allah l'annonce dans le Coran est mondiale, elle va même jusqu'à la fin des temps puisqu'il ne vient plus de prophète. Il est donc hors de question de laisser l'humanité dans son égarement et de rester chez soi. b) L'armée d'Oussama Dans cette optique, le Prophète, prière et salut sur lui, dès son retour à Médine, organisa une troisième armée contre les romains, cette fois pour la Palestine. Il désigna comme chef d'armée Oussama fils de Zèyd, son ex-fils adoptif mort à la tête de l'armée contre les romains dans la bataille de Mo'ta. Oussama avait dix-sept ans en ce temps et avait participé à une seule bataille: Hounèyn (il n'y a pas eu de guerre dans Tèbouk). Dans cette expédition, Allah ne demanda pas à la totalité des musulmans de participer et seulement trois milles hommes furent recrutés. c) Mort du Prophète, prière et salut sur lui Mais au moment du départ de l'armée, le Prophète, prière et salut sur lui, mourut et l'armée resta quelques jours encore. Abou Bakr Assiddiq, qu'Allah l'agrée, choisi comme calife commença son califat en envoyant cette armée. La mort du Prophète, prière et salut sur lui, fut l'épreuve la plus difficile pour les sahabas et seul Abou Bakr, qu'Allah l'agrée, ne fut pas ébranlé. Il rappela les autres sahabas à la réalité par sa citation célèbre: "Quiconque adorait Mohammed, Mohammed est mort, et quiconque adorait Allah, Allah est vivant et ne meurt pas, [Mohammed n'est qu'un messager, des messagers avant lui sont passés; s'il mourait, donc, ou s'il était tué retournerez-vous sur vos pas?] (3/144)" Mais les sahabas ont su faire face à toutes les épreuves et ont continué sur la voie du Prophète, prière et salut sur lui. Dix ans plus tard, les musulmans mirent fin à l'empire perse et chassèrent les Romains de tout le Cham (Syrie, Liban, Jordanie et Palestine) et l'Egypte. En l'an 99, les musulmans pénétraient en Espagne après l'islamisation de tout le Maghreb. On ne compte que dix milles tombes de sahabas à la Mecque et à Médine, tous les autres sont morts dans la voie d'Allah en transmettant son message. 6. Récapitulation des évènements An -13 -10 -3 0 1 2 2 3 3 3 3 4 4 5 5 6 6 6 7 7 8 8 8 9 9 10 Evènement Début de l'Islam Prêche en public Année de tristesse Emigration Jihad, divorce Zakaat, jeûne Badr Bènou Qaynouqaâ Ouhoud Héritage Bir Maâouna Interdiction d'alcool Bènou Nadhir Ahzab Bènou Qouraydha Bènou Mostalaq Voile, faux témoignage Houdèybia Khaybar Omra Mo'ta Prise de la Mecque Hounèyn Tèbouk Année des délégations Pèlerinage d'adieu Sourate Âalaq Massad Isra Musulmans 1 38 83 émigrants Baqara Baqara Anfal 314 Ali Imrane 900 Nissa 70 Maida Hachr Ahzab 1200 Nour Fèth 1400 Ahzab 1400 3000 10.000 12.000 Tawba Houjourate Nasr 30.000 124.000 10 10 Armée d'Oussama 3.000 Mort du Prophète, prière et salut sur lui TABLE DES MATIERES Introduction 1. Le but du livre 2. Plan I Le prêche en secret 1. 2. 3. 4. La révélation Les premiers musulmans Les premiers fondements de la religion La foi en Allah a) Méditation sur les créatures b) Allah nous observe c) Allah contrôle tout 5. La foi dans le jour dernier 6. La foi dans les prophètes 7. La morale 8. Importance de la foi et la morale 9. Activités des sahabas a) Cercles d'instruction b) Prières la nuit c) Mise en pratique d) Prêche e) Créer l'environnement propice f) Le groupe g) Sacrifice et patience 10. Pourquoi le prêche en secret II Le prêche en public 1. La réaction des mécréants 2. La position des musulmans a) Education des musulmans b) La pitié pour les mécréants c) La guidée des mécréants d) La préservation de la religion 3. Le Coran, principal soutien des musulmans a) Récits des prophètes précédents. b) Discussions avec les idolâtres. c) Les évènements importants d) Le ton du Coran évolue 4. Chronologie des principaux évènements III La guerre défensive 1. 2. 3. 4. 5. 6. Les musulmans au moment de l'Hégire La mosquée La fraternité entre mouhajirines et ançars Le pacte avec les juifs Pourquoi la guerre défensive La législation a) Stabiliser la vie et accroître la foi b) Les trois grandes sourates c) Les droits de la femme et le voile 7. Année 2 a) Le jeûne et la zakaat b) Les épreuves et l'évolution de la foi c) Bataille de Badr 8. Année 3 a) Bataille des Bènou Qaynouqaâ b) Bataille d'Ouhoud c) La tuerie de Bir Maâouna 9. Année 4 a) L'interdiction de l'alcool b) Bataille des Bènou Nadhir 10. Année 5 : Bataille des coalisés IV La guerre offensive 1. Année 6 a) Bataille des Bènou Mostalaq b) La stratégie du Prophète, prière et salut sur lui c) Le pacte de Houdèybia d) Conséquences du pacte e) Lettres aux pays voisins 2. Année 7 a) Bataille de Khaybar b) Expansion rapide de l'Islam 3. Année 8 a) Bataille de Mo'ta b) Trahison des mecquois c) La prise de la Mecque d) Bataille de Hounèyn 4. Année 9 a) L'année des délégations b) Bataillle de Tèbouk 5. Année 10 a) Le pèlerinage d'adieu b) L'armée de Oussama c) Mort du Prophète, prière et salut sur lui 6. Récapitulation des évènements BIBLIOGRAPHIE Les versets coraniques sont extraits de la traduction de l'Arabie Saoudite. La biographie du prophète, prière et paix sur lui, provient pour l'essentiel de la biographie d'Ibn Hichèm et de l'explication du Coran d'Ibn Kèthir. DU MÊME AUTEUR LIVRES L'économie dans l'Islam Militer sur la voie du Prophète La voie spirituelle: méthode pratique Théorie de Darwin: le hasard impossible Comment apprendre l'Islam 5 leçons de sourate Youssef et 5 conseils aux jeunes Réussir sa vie familiale 12F 15F 15F 10F (à paraître) (à paraître) (à paraître) TRADUCTIONS Hayat As-Sahabas, La Vie des Compagnons, de Mohammed Youssef Kandahlaoui: 70F le tome, 40F le troisième La sira (biographie du Prophète) d'Ibn Hichèm (à paraître) L'explication du Coran d'Ibn Kathir (à paraître) Ces livres sont à demander à l'association Le Figuier, 17 rue Renée Gallot, 92230 Gennevilliers. Pour toute achat par correspondance, rajouter 15% du prix total pour participation aux frais d'envoi pour une commande inférieure à 200F, gratuit pour plus de 200F de commande, et libeller votre chèque à Le Figuier. Nom et domicile de l'imprimeur Edition: janvier 1997 Dépôt légal: janvier 1997 Tout musulman doit militer pour avancer dans l'Islam et le faire avancer dans la société. Mais de quelle manière? C'est là que les avis divergent et que les militants musulmans se divisent. La réponse qu'apporte ce livre est: uniquement comme l'a fait le Prophète, prière et paix sur lui. Nous ne pouvons pas inventer une nouvelle méthode pour servir l'Islam, mais nous devons comprendre ce qu'a fait le Prophète pour le suivre. Ce livre analyse la vie du Prophète, prière et paix sur lui, pour déduire les règles pour militer dans l'Islam. Il est impératif de ne pas sortir des règles prophétiques, car notre effort ne ferait pls partie de l'Islam. Quels sont les premiers enseignements que reçurent les sahabas? Quelles étaient leurs activités entre eux et comment étaient leurs rapports avec les non musulmans? Comment l'Islam et les musulmans ont-ils évolué durant les vingt-trois ans de la mission de Mohammed, prière et paix sur lui? Quels étaient les enseignements divins face à chaque situation? Voici les questions auxquelles ce livre essaye de répondre.