FORMATION SUR LES VIOLENCES SEXUELLES BASÉES SUR LE GENRE Centre Régional de Recherche et de Documentation sur les Femmes, le Genre et la Construction de la Paix dans la Région des Grands Lacs (CERED –GL) GUIDE DE LA FORMATION I. Introduction • La Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (1993), définit la violence à l’égard des femmes comme : “tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privé”. • Les femmes qui vivent cette violence ainsi que , les filles rencontrent des difficultés énormes face à la violence , leurs cris de détressent sont étouffés et ne constituent que des murmures, elles subissent des contraintes des traditions, des coutumes, de la culture, du pouvoir sous l’emprise , la domination de l’homme. 1.1 But du projet • Ce projet prévoit de réaliser les activités suivantes : • sensibiliser et mobiliser la population étudiante pour un changement de comportements en ce qui concerne les relations de genre et les VSBG (violences sexuelles basées sur le genre) ; • former des enseignants (formateur) à la problématique du Genre et des VSBG pour les outiller à dispenser ces enseignements et à mener des recherches sur ces questions; • élaborer et diffuser des supports pédagogiques pour l’enseignement et l’apprentissage des notions relatives à l’égalité de genre et aux VSBG. 1.2. Objectif global • L’objectif général du projet est de contribuer au changement des comportements, en faveur de la prévention, en ce qui concerne les relations de genre et les violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG). • 1.3. Objectifs spécifiques Trois objectifs sont poursuivis dans ce projet. Il s’agit de : • Organiser des séances de sensibilisation et de la mobilisation de la population estudiantine pour un changement de comportement en ce qui concerne les relations de genre et les VSBG ; • • former des enseignants (formateur) à la problématique du Genre et des VSBG pour les outiller à dispenser ces enseignements et à mener des recherches sur ces questions; • élaborer et diffuser des supports pédagogiques pour l’enseignement et l’apprentissage des notions relatives à l’égalité de genre et aux VSBG. • Organiser des sessions de formation des formateurs notamment des enseignants (formateurs) à la problématique du Genre et des VSBG pour les outiller à dispenser ces enseignements et à mener des recherches sur ces questions; • Elaboration et diffusion des supports pédagogiques pour l’enseignement et l’apprentissage des notions relatives à l’égalité de genre et aux VSBG. 1.4. Résultats attendus • Les résultats attendus sont les suivants : 1. Un Manuel de formation des formateurs et des étudiants sur les questions du Genre & VSBG (violences sexuelles basees sur le genre est produit 2. Des étudiantes et étudiants de 7 universités de Kinshasa et de Bandundu sont formés comme pairséducateurs sur les questions de Genre & VSBG 3. Des étudiantes et étudiants de quelques universités de Kinshasa et de Bandundu sont sensibilisés par les pairs-éducateurs sur la nécessité d’un changement de comportement relatif au Genre et aux VSBG; 4. Des Enseignants de quelques universités de Kinshasa et de Bandundu sont formés sur les questions de Genre & VSBG, à prendre en compte dans leurs enseignements; • 5. Des Enseignants de quelques universités de Kinshasa et de Bandundu sont initiés à des projets de recherche et dirigent des travaux de recherche des étudiants relatifs aux questions de Genre & VSBG; • 6. Des notes de cours sur le Module de formation Genre & VSBG sont produites et diffusées dans les différents établissements de l’ESU. II Contenu de la formation • 2.1. Objectifs de la formation • Améliorer les connaissances et comportements des étudiants et Enseignants des 7 universités choisies sur les VSBG et les inégalités de genre notamment en ce qui concerne leur ampleur, les facteurs qui les sous-tendent, les conséquences pour le développement de la RDC, afin de les outiller comme pairs-éducateurs ou formateurs; • Discuter sur les objectifs et les cibles de la sensibilisation; • Concevoir ensemble avec les pairs-éducateurs la stratégie de sensibilisation : les messages à véhiculer, la méthode de sensibilisation et discuter des principes et difficultés de cette stratégie; • Examiner ensemble la méthode d’animation de groupe / de sensibilisation, utilisée (le focus group): ses principes, sa faisabilité dans le cadre de ce projet; • Discuter de l’organisation pratique de la sensibilisation et du rapport final à soumettre. Chapitre 1 : Définition des concepts de “ Genre et apparentés”. Introduction au genre • Qu’entend-on par genre? • En analysant l’oppression des femmes, en termes de rapports sociaux de sexe, la théorie du genre souligne le caractère social des catégories sexuelles, en les distinguant des hommes et des femmes biologiques. Ce faisant, elle réfute les thèses naturalistes, qui faisait du sexe biologique, le principe explicatif de l’oppression des femmes. Car, jusqu’aux années soixante, l’alibi de la «nature» pour maintenir, perpétrer et expliquer la domination masculine des inégalités entre les sexes dans la société, était encore largement privilégié par les sciences humaines et la pensée scientifique, de manière générale. • Le Genre, c’est donc l’identité (sociale) que la société, dans un contexte socio- culturel, religieux et économique donné, confère aux hommes et aux femmes. L’identité « Genre » détermine largement les relations entre les femmes et les hommes, dans la sphère privée (famille) comme dans la sphère publique (exp. au travail). • Les relations de genre sont spécifiques à un contexte. • Elles s’entrecoupent avec d’autres facteurs, signifiant que tous les hommes et toutes les femmes ne sont pas les mêmes. • Les facteurs qui affectent l’identité «genre» des femmes et des hommes dans un contexte donné, sont: • • • • • • • L’âge La classe sociale Le milieu géographique La religion La race L’ethnie L’époque etc. • "Expression issue du vocabulaire anglo-saxon, utilisée dans le cadre des recherches féministes "gender studies", le terme "sexe" se réfère à la biologie et le terme "genre" au "sexe social". Ce terme permet de mettre l’accent sur les dimensions sociales, politiques et culturelles de l’appartenance à une identité sexuée. • Ann Oakley dans "Sex, Gender and Society" précise que "sexe est un mot qui fait référence aux différences biologiques entre mâles et femelles (...) "genre" par contre est un terme qui renvoie à la culture : il concerne la classification sociale en "masculin" et "féminin" (...). • On doit admettre l’invariance du sexe comme on doit aussi admettre la variabilité du "genre". Joan Scott, historienne américaine, précise la notion en insistant sur sa composante de « pouvoir», le genre est un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur les différences perçues entre les sexes et le genre est une façon première de signifier des "rapports de pouvoir". • Ce qui nous apparaît central dans le concept de genre, c’est le refus du naturalisme et l’introduction de l’idée de construction sociale. • "Le genre possède au moins potentiellement les moyens de déplacer le regard des rôle de sexe vers la construction même de ces sexes" (Christine Delphy). Cette construction présente une double dimension : matérielle qui s’incarne dans des comportements, des statuts différentiés selon le sexe et par une répartition inégale dans les espaces sociaux, notamment celui du travail dans les professions : symbolique qui renvoie aux significations et aux valeurs socialement rattachées au masculin et au féminin. • Le mot "sexe se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles : à la différence visible entre leurs organes génitaux et à la différence corrélative entre leurs fonctions procréatrices. Le "genre", lui, est une question de culture : il se réfère à la classification sociale en "masculin" et "féminin". SEXE • Ann Oakley, sociologue et féministe britannique, est une des premières auteures à avoir écrit sur le genre de façon explicite, en donnant la définition suivante en 1972 dans Sex, Gender and Society : " Sexe : se réfère aux différences biologiques qui existent entre les femmes et les hommes et à la différence corrélative entre leurs fonctions procréatives. • Il décrit les caractéristiques biologiques immuables et universelles des femmes et des hommes. Pour les femmes, la grossesse et l’allaitement sont les seules activités déterminées par leur appartenance biologique au sexe féminin. Egalité de sexe • L’égalité de sexe fait référence à une jouissance équitable par les hommes et les femmes de tout âge des droits, des opportunités, des responsabilités et de prise des décisions de façon égale. • L’égalité de genre réfère à la prise en compte sans discrimination des intérêts, des apports, des capacités, des potentialités, des besoins et des priorités de femmes et des hommes, des filles et des garçons. • L’égalité homme-femme n’implique pas que les hommes et les femmes deviennent identiques, mais qu’ils aient des possibilités et des chances égales dans l’existence. Equité du genre • L’équité du genre renvoi au traitement juste et équitable pour tout le monde: hommes , femmes, filles et garçons, elle vise à corriger les inégalités du départ pour arriver à l’équivalence des chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons en tenant compte de leurs besoins et intérêt spécifiques. • Afin d’assurer cette équité, il faut souvent adopter des mesures qui compensent pour les désavantages historiques et sociaux qui ont empêché les femmes et les hommes de profiter de chances égales. Genre et développement • L’égalité entre hommes et femmes est au cœur du programme d’action de l’OIT(organisation international du travail) en faveur d’un travail décent pour tous. • Cette égalité conditionne les changements sociaux et institutionnels propices à un développement durable assorti d’égalité et de croissance. • L’égalité entre hommes et femmes repose sur l’égalité des droits, des responsabilités et des opportunités dont chacun devrait jouir, indépendamment de son sexe. Dans le monde du travail, l’égalité entre hommes et femmes se décline de la façon suivante: • Égalité des chances et du traitement • Égalité de rémunération pour un travail de valeur égale • Égalité d’accès aux emplois sûrs et non dangereux pour la santé, ainsi qu’à une couverture sociale • Égalité d’association et de négociation collective; • Égalité de perspectives de carrière; • Un équilibre entre travail et vie privée, équitable tant pour les hommes que pour les femmes; • Égalité de participation à la prise de décisions à tous les niveaux; • Étant donné qu’au travail les femmes sont souvent désavantagées par rapport aux hommes, la promotion de l’égalité entre hommes et femmes nécessite d’accorder une attention particulière aux besoins et aux aspirations des femmes. • En outre, l’inégalité des attentes et des relations de pouvoir influence négativement les hommes et les garçons à cause d’idées reçues sur la condition masculine. • Or les femmes comme les hommes, et les filles comme les garçons, devraient être libres de s’épanouir et de prendre des décisions suivant leurs propres aptitudes et intérêts, sans limitations imposées par des rôles rigides attribués à l’un ou l’autre des sexes. • Le travail décent et l’égalité entre hommes et femmes fait partie intégrante des travaux de l’OIT. • À ce titre, l’Organisation œuvre en faveur de l’égalité des possibilités d’emploi par le biais de mesures visant à favoriser l’accès des femmes à l’éducation, aux formations et aux soins de santé, tout en tenant compte du rôle joué par celles-ci dans l’économie domestique.. • Des mesures ont par exemple été prises pour aider les travailleurs à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales et à bénéficier d’un congé parental et d’aides à la garde d’enfants par leur travail. • Dans cet espace de connaissance autour du concept de genre, les auteurs apportent des outils de réflexion aux francophones dans un esprit d'ouverture vis à vis des pionnières anglo-saxonnes et latinoaméricaines, • qui ont repris des concepts anciens ou en ont forgé de nouveaux pour les adapter aux situations spécifiques créées par les politiques et les projets de développement : articles théoriques, analyses sectorielles, outils de planification selon le genre, (L'Harmattan, 2000, 263 p. (Cahiers Genre et Développement). Chapitre 2 : Violences sexuelles basées sur le genre ‘’VSBG’’ • 2.1. Introduction Definition • La violence basée sur le genre ou sexospécifique est la violence dirigée spécifiquement contre un homme ou une femme du fait de son sexe ou qui affecte les femmes ou les hommes de façon disproportionnée. • Les rapports hommes/femmes étant la plupart du temps régis par une relation de pouvoir inégale où les hommes ont un rôle social dominant, ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes de ce type de violence. • De façon générale, ce phénomène s’explique par une inégalité patente entre hommes et femmes, souvent matérialisée par un rapport de force omniprésent laissant place à des démonstrations de violence à l’encontre des femmes. • C’est pourquoi, la Convention pour l’Elimination de toutes formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) la définit comme « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin • causant ou susceptible de causer aux femmes des préjudices ou des souffrances physiques ou psychologiques et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée. Terrains de la VBG • Au sein de la Famille comme une affaire "privée" • Au sein de la communauté/Société : environnement social, religieux, lieu de travail • Au niveau de l’Etat dans la promulgation de lois discriminatoires et adoption et application des politiques 2.3. La violence faite à la femme et à la jeune fille. • Ces violences sont causées uniquement aux personnes de Sexe féminin. • « Le terme “violence à l’égard des femmes” désigne [tous] les actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, • sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. Les différentes formes de violences • Les formes de violence qu’il utilisera peuvent se cumuler, s’imbriquer selon l’environnement et les réactions de sa partenaire. • Ces violences sont sanctionnables par la loi et peuvent faire l’objet d’un certificat médical descriptif avec définition d’une Incapacité Temporaire de Travail. Ce document est essentiel dans le parcours judiciaire de la victime. LES VIOLENCES PSYCHOLOGIQUES • Sont des violences insidieuses, permanentes qui causent des dégâts émotionnels importants, diminuent l’estime de soi et peuvent plonger la victime en état dépressif voire suicidaire. LES VIOLENCES VERBALES • Sont utilisées par l’agresseur pour contrôler, déstabiliser, humilier et détruire sa conjointe. Les mots expriment des reproches, critiques, humiliations, menaces envers la femme et/ou les enfants… • Quel que soit le ton utilisé, l’agresseur cherche à effrayer, mettre mal à l’aise sa victime : cris, ton brusque, silences, insultes, interruption de l’autre quand elle s’exprime, reproches à l’autre de parle. LES VIOLENCES PHYSIQUES • Sont les plus repérables car elles peuvent laisser des traces visibles. Elles correspondent à toute action qui met en danger l’intégrité physique ou la santé corporelle de la victime. LES VIOLENCES SEXUELLES • Ce sont des violences physiques et psychologiques peu exprimées car elles restent taboues. • « C’est la forme de violence dont les femmes ont le plus de mal à parler et pourtant elle est très souvent présente. La violence sexuelle comprend un spectre très large allant du harcèlement sexuel à l’exploitation sexuelle, en passant par le viol conjugal. LE FOCUS GROUP • A propos de la méthodologie des entretiens de groupe focalisés • Focus group • Les lignes qui suivent visent à présenter des informations sur la méthodologie de ce type de groupe, généralement connu par son appellation anglaise : "focus group". LES VIOLENCES ECONOMIQUES ET PATRIMONIALES • Sont fréquentes. L’objectif est de réduire l’autonomie de la victime et ainsi de limiter ses possibilités d’échapper à la relation conjugale en la maintenant dans une dépendance financière : privation ou contrôle des ressources financières et matérielles, engagement de crédits à l’insu de la victime, contrôle des activités professionnelles : interdiction de travailler ou l’empêchement à travailler, privations matérielles, contrôle précis des dépenses, contrarier un retour vers l’emploi (exemple après un congé parental). LES VIOLENCES ADMINISTRATIVES • Sont la confiscation de documents (carte nationale d’identité, permis de conduire, livret de famille, carte vitale…). Elles concernent notamment les femmes étrangères conjointes de ressortissants français et les femmes étrangères bénéficiant d’un regroupement familial. LES VIOLENCES SUR LES ENFANTS • Elles sont les moyens pour l’auteur d’imposer son pouvoir sur la victime, l’enfant peut devenir un enjeu dans la relation, et cela avant même sa naissance. • <« Les violences conjugales ont des effets traumatiques sur l’enfant dès la période de grossesse : les violences infligées à la mère peuvent provoquer des hémorragies, des fractures ou une hypotrophie fœtale et jusqu’à la mort de l’enfant. ». Le focus group • A propos de la méthodologie des entretiens de groupe focalisés Focus group • Les lignes qui suivent visent à présenter des informations sur la méthodologie de ce type de groupe, généralement connu par son appellation anglaise : "focus group". Introduction • Le focus group est une technique d’entretien de « Groupe d’expression et d’entretien dirigé », qui permet de collecter des informations sur un sujet ciblé. Il fait partie des techniques d’enquête qualitative par opposition aux enquêtes quantitatives reposant sur un questionnaire. Conclusion • La technique d’entretien de groupe dite de Focus group mérite de se développer en France. Elle permet une approche qualitative de nombreuses problématiques rencontrées en médecine générale. • Le développement de la recherche en médecine générale nécessite de créer des liens avec les sciences humaines et d’assimiler des méthodologies issues de la socioanthropologie, • Le focus group est une technique d’entretien de groupe, qui permet de collecter des informations sur un sujet ciblé. 1 Il fait partie des techniques d’enquête qualitative par opposition aux enquêtes quantitatives reposant sur un questionnaire.