Missions spatiales Stardust et Genesis : une comète et un rayon de Soleil à Nancy Bernard Marty Institut Universitaire de France Ecole Nationale Supérieure de Géologie Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques UPR 2300 CNRS Pourquoi ramener des échantillons de l’espace ? Les grandes questions sur la formation du système solaire et sur l’évolution des planètes Origine de la matière Processus de formation Chronologie les géologues travaillent sur des échantillons Disques autours d’étoiles jeunes dans la nébuleuse d’Orion (image HST, doc ISSI) Origines des planètes et de la vie Les météorites primitives: des témoins du début du système solaire TIMS Triton, IPGP Sonde ionique ims1270 Nancy Disques autours d’étoiles jeunes dans la nébuleuse d’Orion (image HST, doc ISSI) Origines des planètes et de la vie Les météorites primitives: des témoins du début du système solaire Genesis Apollo Luna Ios N A S A Stardust Quantité d’échantillons ET ramenées par les missions spatiales 1.E+06 recovered mass, gram 1.E+04 APOLLO : 380 Kg 1.E+02 LUNA : 300 g 1.E+00 1.E-02 1.E-04 1.E-06 STARDUST : 10-6 g 1.E-08 GENESIS : 10-8 g 1.E-10 1970 1980 1990 Year of recovery 2000 2010 Quantité d’azote nécessaire pour effectuer une analyse isotopique au niveau du pour mille 1.E-05 dynamic mass spectrometry Analysed Nitrogen, g 1.E-06 1.E-07 1.E-08 static mass spectrometry 1.E-09 Laser extraction, static mass spectrometry 1.E-10 1.E-11 1.E-12 1960 1970 1980 1990 Year 2000 2010 Composition de la nébuleuse primitive ? Orion Composition du système solaire lointain : Stardust NASA Program Discovery PI : Don Brownlee Questions Matière cométaire solaire ou interstellaire ? Avons nous déjà des échantillons de comète surTerre (ex : Interplanetary Dust particles IDPs) ? Relation entre comètes et atmosphères ? 50 000 AU 5 km Comète « fraîche » dans son orbite actuelle depuis seulement 30 ans Proche de la Terre Stardust : Echantillonnage et retour sur Terre le 15 Janvier 2006 Les grains de la coma ont été piégés dans de l’aérogel à une vitesse de 6.1 km/s 8 mm Grain terminal : 1-20 μm La composition des grains de Stardust ressemble fortement à celle typique des météorites primitives – présence de phases réfractaires dont CAI, compositions isotopiques dans la même gamme : conforte les modèles de mélange de la matière à très grande échelle dans le système solaire naissant Brownlee et al., 2006; McKeegan et al., 2006 Mélange de phases haute température et de glaces Shu et al., 1996 Stardust : Analyse des gaz rares au CRPG 100 μm Thera 1 Thera 2 100 μm Fragment similaire re-analysé à Minneapolis (équipe de Bob Pepin) : très bon accord avec Nancy (ouf…) 8 mm Gaz relâchés à haute température (> 1075 °C) Ne peuvent provenir de l’aérogel (diffusion) Gaz piégés dans le grain terminal qui est principalement formé de kamacite (analyse par rayonnement synchrotron) Grain terminal 1-20 μm Composition isotopique de Ne ~ phase Q qui est une phase organique porteuse majoritaire des gaz rares dans les météorites Très différent du Ne solaire (gaz de la nébuleuse) 5 b 12 4 3 a Solar Wind Ne D-burning S1 S2 20Ne/22Ne 3He/4He Composition isotopique de He : entre Jupiter (predeuterium burning) et vent solaire (post-deuterium burning) [units of 10-4] Solar Wind He 11 S1 Thera-2 Ne-Q 10 2 1 Jupiter He-Q Air Ne 9 0.024 0.027 0.030 21Ne/22Ne 0.033 Marty et al., Science, 2008 Gaz rares implantés à partir d’une irradiation (hypothèse communément admise dans le cas de la phase Q) Late Heavy bombardment (Tera, Papanastassiou & Wasserburg, 1974) Fréquence d’impact ~1000 fois plus élevée entre 3.85 and 3.80 Ga Transposé à la Terre, cela donne un dépôt moyen de ~200 m d’épaisseur sur toute la surface du globe Morbidelli, Gomes et al., 2005 Contribution probable du Terrestrial late Heavy Bombardment – TLHB- à l’atmosphère terrestre 20Ne/22Ne 12 a Marty et al., 2008 Solar Wind Ne 11 IDPs Dissolved nebular Ne S1 Thera-2 Stardust Ne-Q Ne-Q 10 Lunar regolith grains Adsorbed nebular Ne Air Ne 10-12 9 0.024 0.027 0.030 21Ne/22Ne 0.033 10-10 10-8 20Ne 10-6 10-4 10-2 100 concentration [cm3 STP/g] Néon atmosphérique : 3.2 1015 moles TLHB 1.2 x 1023 g, 50 % comètes (modèle de Nice) : 5 1016 moles TLHB 1.2 x 1023 g, 5 % comètes : 5 1015 moles 102 Quelle était la composition de la nébuleuse solaire ? Priorités de la mission : 1- oxygène isotopique 2- azote isotopique 3 – Gaz rares Soleil Vent solaire Variations isotopiques de l’azote dans le système solaire Situation en 2006 CN et HCN dans les comètes (Bockelée Morvan et al., 2006) ISO : Fouchet et al., 2000 Hashizume et al., 2000 TiN ds CAI : Meibom et al., 2006 In situ : Owen et al. 2001 • Genesis a échantillonné pendant 3 ans 1020 ions du vent solaire (=0.4 milligrammes) à 1.5 millions de km de la Terre NASA discovery program 260 millions USD • Premiers échantillons ET ramenés depuis 3 décades Genesis Science Team PI : Don Burnett, Caltech Genesis : déroulement de la mission Silicium Gold over sapphire aluminium CVD diamond Capsule porte-cibles Berceau et instruments de navigation/détection SW Panneaux solaires 8 septembre 2004 Matière organique et inorganique 14N/20Ne 1.E+08 1.E+07 1.E+06 air 1.E+05 1.E+04 1.E+03 1.E+02 1.E+01 1.E+00 Solar 1 2 3 Collector ions ≈100 nm contamination Implanted SW ≈1000 nm ≈100 nm 10 nm Remove surficial skin ≈1000 nm Acid attack under vacuum (Zurich) Megasisms (Los Angeles) Laser ablation (Milton Keynes & Nancy) Fluorination (San Diego) Concentrateur d’ions solaires avant après Concentrator Cross-section Tripod Target Support H+ Rejection Grid 0.1-3.5kV Ion Accelerator Can -6.5kV Ground Grid Domed Grid Microstepped Mirror Electrode 2-10kV Concentrator Cross-section Tripod Target Support H+ Rejection Grid 0.1-3.5kV 13C-labelled C Ion Ground Grid SiC Accelerator Can -6.5kV SiC Domed Grid CVD diamond Microstepped Mirror Electrode 2-10kV Azote : ablation laser (193 nm) Laurent Zimmermann Pete Burnard •Spectromètre de masse en mode statique • He, Ne, N, Ar • 26 mois pour abaisser le blanc en azote à 4 x 10-13 mol N2 • Blancs de N < 10 % N analysé Gold over Sapphire (AuoS) collector implanted with 15N 80% 15 60% 40% 20% distance, μm 10 0% 0 10 20 30 40 50 Number of laser pulse per area 60 Depth, nanometers 15 N extraction yield implanted N 0 -10 10 30 -10 -20 -30 -40 -50 atomic force microscopy : 1 pulse ~ 1 nanometer (Merci à F. Gaboriaud, LMPCE) 50 Le concentrateur est un système qui fractionne les isotopes Fractionnement calibré à l’ETH Zürich pour les isotopes de Ne (Heber et al., 2008) Ne analysé avec N à Nancy : même fractionnement observé à Nancy pour Ne #1 #2 #3 #4 #5 Variations isotopique de N indépendantes de celle de Ne : mélange et non fractionnement Variations isotopique de N : mélange entre azote contaminant et azote solaire Droite de mélange : δ15N versus 20Ne/14N normalisé au rapport du vent solaire (1.14, mesuré directement) (1) Pôle contaminant identique à celui mesuré sur le même support n’ayant pas volé (2) Pôle solaire : δ15N = -400 ‰ Tous les réservoirs non solaires sont fortement enrichis en 15N par rapport au gaz (N ) de la nébuleuse proto-solaire 2 UCLA MegaSIMS laboratory Megasisms Los Angeles, AGU Dec. 2009 Conclusions • Pas d’évolution isotopique du Soleil externe pour les éléments plus lourds que B (important pour les physiciens du Soleil : pas de communication entre zones radiative et convective) • Pour O et N : tous les réservoirs cosmochimiques échantillonnés (à part Jupiter) sont anormaux • Il faut maintenant comprendre la cause de ces variations isotopiques très importantes capables d’enrichir les solides en 17O, 18O, et 15N, par rapport aux majeurs 16O et 14N (1) auto-écrantage durant l’irradiation précoce (Clayton, 2002) (2) Irradiation par VUV (Chakrabothy et al., 2008) (3) Fractionnement isotopique lors de réactions ion-molecule à très basse température (Hevezia, 2000) Il aura fallu 14 siècles pour passer d’une vision ptoléméenne d’un système centré sur la Terre à une vision copernicienne centrée sur le Soleil Et 3 décennies pour s’en convaincre dans le cas des isotopes ! Ptolémée 90-168. Nicolas Copernic (1473-1543) Fractionnement isotopique lors de réactions ion-molécule à très basse température Enrichissement en 15N dans les phases solides Charnley & Rodgers, 2002 Terzevia & Herbst, 2000 Sample return missions to date Done Apollo (USA) : Moon sampled in 6 sites Luna (Russia) : Moon sampled in 3 sites Genesis (USA) : Solar wind sampled at 3 # regimes Stardust (USA) : Grains from Kuiper belt comet To come Hayabusa (Jpn) : NEO possibly sampled and returned Projects Mars atmosphere and dust (NASA Scout project) Martian rocks ? MSR NEO (ESA) Venus atm. and dust ? melilite (Ca2Al2SiO7) Grossite (CaAl4O7) Osbornite (TiN) Spinel (Mg2Al2O4) Meibom et al., 2007 Photos courtesy of A.N. Krot Titanium nitride (osbornite) from a CAI in Isheyeko chondrite The TiN-bearing CAI formed in a high temperature region of the solar system by gas-solid condensation 8 Thera 1 Aérogel n’ayant pas volé : même quantité d ’hélium et de néon que les blancs de la ligne 6 4He 10 -10 cc STP 4 Flown aerogel #2 Flown aerogel #1 Aérogel ayant volé mais sans trace d’impact : idem Thera 2 2 Range of analytical blanks (n = 6) Aérogel ayant volé prélevé » dans la trace d’impact : signal en He et Ne très supérieur aux blancs Thera 2 8 Hypothèse : He & Ne en excès proviennent du gaz cométaire piégé dans l’aérogel lors de la fusion et de la trempe de celui-ci 6 Thera 1 20Ne 10 -11 cc STP 4 Flown aerogel #2 Flown aerogel #1 Range of analytical blanks (n = 6) 2 0 0 0.1 0.2 0.3 0.4 Aerogel surface, mm2 0.5 Analyse des gaz nobles à l’Université du Minnesota par chauffage incrémental (même trace que nous, chauffage dans un mini-four à résistance) Gaz relâchés à haute température (> 1075 °C) 8 mm Ne peuvent provenir de l’aérogel (diffusion) Gaz piégés dans le grain terminal qui est principalement formé de kamacite (analyse par rayonnement synchrotron) Terminal grain 1-20 μm Primary ions (O-, Cs+, …) Sputtering the sample with variable energies (<15kV) Secondary ions (+ or -) emitted from the sample with variable energies (<15kV) Surface atomic Layers of the sample Surface isotopic analysis with nanometer scale depth resolution and micrometer scale lateral resolution convective zone radiative zone core 100 15x106 9x106 6Li burning 7Li burning Temperature(K) 10-5 2.5x106 0.8x106 0.72 1 Distance (in Solar radius) Chaussidon et Robert, 1998 D 3He 11B 10-10 0.2 4He 10-14 6Li 100 10B 7Li 105 1010 time (sec) 1015 Evolution d’une étoile d’une masse solaire (à une profondeur de 0,5 rayon et une température de 7,6 x 106 K) DelbourgoSalvador et al., 1985 Eberhart et al., 1971 16O, 17O, 18O (18O/16O ≈ 2 x 10-3 & 17O/16O ≈ 4 x 10-4) δ17O(SMOW) 20 chert cretacé chert archéen komatiite MORB CFB OIB lherzolite Lune vapeur de SMOW condensat de SMOW SMOW 17O/16O = 17O/16O 18O/16O = 18O/16O 10 ⎛ δ18O = ⎜ ⎜ ⎝ ( 18 ( 18 ref x (1+ (17-16) x δ ) ref x (1+ (18-16) x δ ) ) O/16O ) O/16O SMOW ⎞ −1⎟ ×1000 ⎟ ⎠ δ17O ≈ 0.52 x δ18O 0 Robert, Rejou-Michel & Javoy (1992) 0 20 δ18O(SMOW) 40 Soleil Séquence de condensation Composition de la nébuleuse •Soleil (~99% de la masse du SS actuel •Comètes – Ceinture de Kuiper - nuage de Oort KBOs - Kuiper belt objects Vent solaire échantillonné spécifiquement à plusieurs énergies Array Description Days exposed B/C bulk solar wind 852.83 H high-speed (500-800 km/s) 313.01 L low-speed (<500 km/s) 333.67 E coronal mass ejection (CME) L,H,E B/C 193.25 +800 D-rich meteoritic components +400 Le rapport ratio HydrogenD/H is the “smoking for the (pas gun” de D!) presencelaofprésence implanted Indique solar wind in silicate de vent solaire δD Earth mantle D/H (δD in ‰) Sol lunaire 79035 Apollo 17 (grains de silicate) exposé il y a 1~2 Gyr 00 -400 -800 10000 grains from lunar soils H ppm 1000 H 100 10 0 50 100 Depth (nm) 150 200 (Hashizume et al., 2000) +800 0 +400 -100 δD δ15N Sol 71501 Apollo 17 (ilmenite) exposé « récemment » -400 -200 Azote planétaire N, H & Si ppm -800 Si 1000 100 10 1 0 50 100 150 200 Depth nm (Hashizume et al., 2000) CC A M sl op e ≈ 0. 95 ) Δ17O sl L( F T ) .52 0 ≈ ope Clayton, Grossman & Mayeda (1973) Origine des variation isotopique de O non dépendantes de la masse (observées à la fois à l’echelle micrométrique et à celle des planètes) ? 20 Soleil si apport de grains présolaires riches en 16O (1) Earth δ17O (SMOW) 0 Soleil si réactions de type ozone 1973) (2) : réactions non dépendantes de la masse (eg de type ozone ou de type autoécrantage de CO) (Thiemens -20 L TF & Heidenreich, 1983) (Clayton, 2002) -80 -80 CC A M -40 -60 : mélange dans le disque avec un composant présolaire riche en 16O (Clayton et al., Soleil si auto-écrantage -60 -40 -20 δ18O (SMOW) 0 20 Le vent solaire dans le sol lunaire Cameca ims 1270 Ion microprobe in Nancy Ko Hashizume 10 µm 40 Slope 1 line Highly fractionated component δ17OSMOW (‰) 20 Lunar silicate 0 Oxide layer Solar – SW fractionation line -20 -40 TFL Protosolar Nebula Δ17O<-20‰ -60 -80 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 δ18OSMOW (‰) (Hashizume & Chaussidon, 2005) But another component with Δ17O=+26‰ was identified in lunar soil (soil 10084) by Ireland et al. (2006) (Ireland et al., 2006) Pourquoi les isotopes de O et N ? Fractionnement isotopique : Variation des rapports isotopiques d’un élément en fonction de la masse ΔM/M Oxygène : 3 isotopes 16O, 17O, 18O Δ18O/16O ~ 2 x Δ17O/16O δ18O et δ17O comme les écart en parties pour mille de 18O/16O et 17O/16O par rapport à une référence (l’oxygène terrestre océanique) Azote : 2 isotopes 14N, 15N δ15N comme l’écart en partie pour mille de 15N/14N par rapport à une référence (l’azote terrestre atmosphérique) preliminary data - Instrumental mass fractionation calibrated by magnetite (McKeegan et al., unpublished) UCLA MegaSIMS laboratory Evidence géochimique dans les roches archéennes ? Résultats contrastés Schoenberg et al., 2002 Frei & Rosing, 2005 Variations isotopiques de l’azote dans le système solaire Situation à la fin des années 90 Le rapport isotopique de N varie d’un facteur 4 dans le SS (variations les plus importants après D/H) : 0‰ δ 15 N = [ ( 15 N/ 14 N) s - 1] x 1000 ‰ ( 15 N/ 14 N) ATM • Contribution présolaire ? • réactions ion-molécule à BT ? • intéraction matière-rayonnement ? Isotopes de N dans les sols lunaires Kerridge, 1995 Present (1) Variation temporelle ? (Kerridge, 1973) (2) Plusieurs composantes de N ? (Geiss & Bocshler, 1982) Antiquité des sols +800 Azote solaire δD -100 00 (D/H) -400 -200 -800 10000 ppm NN&&HHppm A une profondeur de Variations with depth of ~50 nm, N présence H and isotopic de N appauvri en compositions in single 15N, dans des grains silicate grains from lunar ne contenant soil 79035pas de D (ventetsolaire) (Hashizume al., 2000) +400 δD δD (‰) (‰) (15N/14N) 15NN(‰) (‰) δδ15 0 N 1000 H 100 10 0 50 100 Depth (nm) 150 200 (Hashizume et al., 2000)