Janvier 2011
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présentent la particularité de reposer pour une large part sur des informations dans le domaine
public (rapports d’Article IV du Fonds monétaire international, rapport de l’Organisation de
coopération et de développement économiques, rapport de la Banque des règlements
internationaux etc.). En outre, les produits de dette souveraine relèvent d’une méthodologie
spécifique et font plus largement appel que les autres catégories de notation à une appréciation
qualitative du risque de crédit, comme le FMI l’a relevé dans son dernier Rapport sur la stabilité
financière mondiale. Enfin, les modifications de notations souveraines ont un effet
particulièrement procyclique en période de stress compte tenu du caractère structurant de la dette
souveraine pour les marchés obligataires.
Dans ce contexte, il paraît souhaitable de tenir compte du fait que les titres souverains
fournissent une référence indispensable au fonctionnement même du marché obligataire.
Cette caractéristique, qui correspond à la fourniture d’un bien public, doit être prise en
compte dans le degré de transparence exigé des agences de notation pour les notations
souveraines. Afin de s’assurer du niveau de qualification et d’expérience des notateurs de titres
souverains, la transparence sur les méthodologies de notation souveraine pourrait être renforcée.
Les agences devraient publier gratuitement leurs rapports de recherche afin que les analyses qui
ont mené aux notations puissent être examinées et évaluées par le marché. L’ensemble des
émetteurs souverains devraient bénéficier de notations non rémunérées, ce qui permettrait
de limiter les risques de pression des émetteurs sur les agences de notation. La révision des
notations devrait être plus régulière et de fréquence semestrielle, pour uniformiser les pratiques
et accroître la comparabilité des notations.
Par ailleurs, le calendrier de publication et d’actualisation des notations gagnerait à
être plus prévisible pour éviter les effets de déstabilisation des marchés observés
récemment. A cet égard, pour l’ensemble des catégories de notation, il conviendrait d’étudier la
possibilité de prévoir une publication et une actualisation des notations à échéance fixe, en
dehors des heures d’ouverture des marchés. Cette prévisibilité accrue de l’évolution des
notations permettrait de réduire les risques de déstabilisation des marchés et d’accoutumance aux
notations de crédit. Il conviendrait d’étudier la possibilité d’une publication des notations à
échéance fixe, par exemple le dimanche en début de journée (heure d’Europe continentale)
lorsque l’ensemble des marchés européens, américains et asiatiques sont fermés pour garantir
une bonne coordination entre les principales places financières et éviter d’avantager les
investisseurs capables d’agir sur l’ensemble des marchés mondiaux. Il convient d’évaluer les
inconvénients de ce type de mesure, comme le risque « d’engorgement » des marchés en cas de
diffusion simultanée des notations souveraines. En tout état de cause, la transparence accrue sur
les méthodologies et les analyses des agences ne doit pas aboutir à une ingérence qui aboutirait à
uniformiser et à « automatiser » les notations souveraines, ce qui comporterait le risque
d’éliminer progressivement toute appréciation qualitative des notations.
Enfin, certaines mesures envisagées présentent plus d’inconvénients que d’avantages.
Ainsi, un délai de publication de 72h spécifique aux émetteurs souverains risquerait de
discréditer les notations souveraines et d’accréditer l’idée de pressions des émetteurs sur les
agences. Par ailleurs, un tel allongement présenterait un risque accru de fuites d’information
privilégiée. Une durée plus courte, par exemple 24h, paraît préférable.
3. Concurrence dans l’industrie de la notation (questions 23 à 30) :
Les autorités françaises partagent le constat de la concentration excessive de l’industrie de la
notation. Bien que cette situation résulte de l’accumulation d’un capital de réputation et d’une
forte crédibilité par les agences de notations qui dominent actuellement le marché, il convient de
stimuler la concurrence.
La proposition de la Commission européenne de prévoir, comme dans la
réglementation américaine, un dispositif spécifique de mise en concurrence des notations