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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
ENTOMOLOGIE
Figure 2. Analyse des correspondances canoniques (ACC) des
relations entre les espèces de fourmis et les caractéristiques
F. whymperi, LC = F. whymperi
-1,0 -0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
-1,0
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
MA
MF
MD
LC
CH
FA
FP
FHFW
Débris ligneux
Autres
Mousse
Épinettes mortes
Épinettes vivantes
Sol minéral exposé
Arbustes
Âge
Lichen
) mesurant 6 m sur 5 m. La photo
fut prise sur le site du feu de 1953 (classe d’âge 47 ans).
avoir comme effet de détruire temporairement les ressources
alimentaires utilisées par les
et retarder le rétablisse-
la classe d’âge d’un an (tableau 2) et leur association avec
les épinettes noires mortes (figure 2) étaient inattendues
puisque les fourmis du genre
trouvées dans les forêts fermées (Punttila
fait que de nombreux nids de
sol minéral exposé pourrait être expliqué par le manque de
choix de sites de nidi cation plutôt que par une réelle préfé-
rence pour ce type substrat. Dans les classes d’âge suivantes,
se trouvaient principalement à la base
des épinettes noires, sous la mousse ou le lichen. Puisque la
mousse et le lichen retiennent l’humidité à l’interface du sol
minéral (Sirois, 1993), les colonies de
les forêts plus âgées auraient donc pu résister aux feux. Cela
est corroboré par la corrélation positive entre la densité
d’arbustes et d’épinettes noires mortes, et l’abondance
( gure 2). Toutefois, leur abon-
dance dans la classe d’âge d’un an pourrait aussi être
le résultat de l’élimination par le feu des espèces domi-
nantes. En effet, Punttila
peuvent béné cier de l’élimination
des espèces compétitives.
Par ailleurs, le déclin des
d’âge de neuf ans pourrait être le résultat de contrain-
tes d’habitats. Par exemple, Punttila
montré que les communautés de fourmis des forêts
matures sont désintégrées en deux ans après une
perturbation. De fait, Elmes et Wardlaw (1983) ont
démontré que les colonies de
affectées par de petites uctuations de température.
Puisque le couvert forestier est demeuré ouvert et que
la couverture de sol minéral est demeurée élevée dans
la classe d’âge de neuf ans, des températures plus élevées au
niveau du sol pourraient être responsables de la quasi dispa-
dans cette classe d’âge. Toutefois, l’arrivée
d’une espèce de fourmis dominante,
La gure 2 montre que l’abondance de
était corrélée à l’abondance des débris
ligneux. De fait, dans les classes d’âge de neuf et 23 ans, plus
de la moitié des épinettes noires mortes et restées debout
après le feu étaient maintenant couchées au sol, augmentant
ainsi la couverture en débris ligneux (tableau 1). Cette aug-
mentation aurait eu pour effet de favoriser la présence de
qui nidi ent exclusivement
dans les débris ligneux (tableau 2).
Caractéristiques d’habitats et
compétition interspéci que
La stochasticité (i. e. la colonisation aléatoire) semble
être un argument peu convainquant pour expliquer la faible
corrélation entre les caractéristiques d’habitats et la distri-
bution des espèces de fourmis le long de la chronoséquence.
En effet, la variation de certaines caractéristiques d’habitats
coïncide avec l’abondance relative des certaines espèces de
fourmis, tel qu’attendu. Par exemple,
, qui nidi ent exclusivement dans les débris ligneux
(Béique et Francœur, 1968), étaient plus abondants dans la
classe d’âge de 23 ans où les débris ligneux étaient aussi plus
abondants. Pareillement, les
, qui favorisent les nids
situés dans le lichen ou la mousse, étaient abondantes dans
les classes d’âges les plus vieilles, ainsi qu’un an après le pas-
sage du feu (i. e., les colonies survivantes). Il appert donc que
les caractéristiques d’habitats imposent un premier niveau
de contraintes sur chaque espèce de fourmis et que d’autres
facteurs contribuent à réduire l’abondance des espèces. Bien
qu’aucune donnée ne supporte cette hypothèse, la compé-
tition interspéci que semble être le facteur qui explique le
mieux les variations observées au sein des communautés de