Joseph H. Chung, Ph.D. le 19 mars 2015 Professeur des sciences économiques et co-directeur de l’Observatoire de l’Asie de l’Est, CEIM-UQAM 1 -Définition de l’accord de libre-échange (ALE) -Le choix canadien de la Corée comme premier partenaire de libre-échange en Asie -Les coûts et les bénéfices de libre-échange Canada-Corée -Les stratégies canadiennes 2 Il y a trois niveaux de l’accord de libre-échange (1)Le niveau primaire: élimination des barrières tarifaires dans le but de promouvoir le commerce des biens (2) Le niveau secondaire: (1) + élimination des barrières nontarifaires afin de promouvoir le commerce des services. (3) Le niveau tertiaire: (1) + (2) + ententes sur l’environnement réglementaire afin de faciliter (1) + (2): protection des propriétés intellectuelles, syndicalisme équitable, la protection écologique, etc. 3 -Le niveau primaire de libre échange: l’élimination des barrières douanières a débuté en vertu des accords dans le cadre de la politique de l’OMC. Une bonne majorité des accords de libreéchange se trouve à ce niveau. -Le niveau secondaire de libre -échange: très peu d’accords de libre échange ont atteint à ce niveau; même l’Accord de libre-échange de l’Amérique du nord( ALENA) n’a pas réussi -Le niveau tertiaire de libre-échange: c’est le niveau le plus controversé, car à ce niveau, la souveraineté nationale peut être compromise. Ici, la différence du « système de valeur » est un facteur important 4 □Le choix de l’Asie de l’Est Le choix de la Corée s’insère dans la stratégie canadienne de l’Asie. Le but ultimes de cette stratégie est s’accéder au marché de l’Asie de l’Est, surtout celui de la Chine. Ceci s’explique par deux ensembles de facteurs: facteurs négatifs et facteurs positifs 5 ▷Facteurs négatifs -La performance de l’ALENA: (1)La contribution incertaine des exportations à l’accroissance du PIB canadien (2)Le manque d’intégration du secteur des services, -La montée du chômage à cause de délocalisation des PME -Le protectionnisme américain: l’incidence du bois d’œuvre -L’accroissement des coûts des transactions due à la tragédie du 11 septembre 2001 -La faible croissance de l’économie américaine 6 ▷ Facteurs positifs (1) À court terme -La chine comme usine du monde: faible de coût de production -La Chine comme marché du monde: plusieurs centaines de millions de consommateurs chinois ayant le pouvoir d’achat -L’accroissement du commerce intra- régional dans la région de l’Asie-est -D’où la nécessité pour la Canada de participer à la dynamique du marché de l’Asie de l’Est. 7 (2) À long terme : 2050 -La population de l’Asie de l’Est représentera la moitié de la population du globe. -Le PIB de la région sera 40% du PIB mondial -Le commerce international de la région comptera pour plus de 40% du commerce dans le monde. -La classe moyenne ayant le pouvoir d’achat sera composée de plusieurs centaines de millions de ménages. 8 -La accroissance sera généralisée dans la région affectant la Malaisie, l’Indonésie, le Vietnam et d’autres pays de la région -L’intensification d’urbanisation nécessitera d’énormes investissements en infrastructures urbaines, en protection de l’environnement. -L’urbanisation et la croissance de l’économie s’accompagnent d’une demande pour des services personnels et pour des services des affaires sans compter la demande en éducation. -Bref, l’Asie de l’Est offre un défi pour le Canada de récolter des bénéfices liés au dynamisme économique de l’Asie de l’Est. 9 □ Choix de la Corée (1)La Corée: une moyenne puissance économique -PIB (PPP) 2014: 1,7 trillions $ : 13e au monde -PIB per capita(PPP): 35 485 $: 25e au monde -La population: 50 millions habitants: 26e au monde (2) La complémentarité -Canada: matières premières, produits agricoles et technologies avancées (biotechnologie, aérospatiale) -Corée: automobiles et TIC 10 -Exportation coréenne vers le Canada en 2012: automobiles (1 900 millions $), produits électroniques (1 700 millions $), machineries (819 millions$), l’acier (193 millions) Total: 6,100 millions$ -Exportations canadiennes vers la Corée: charbons bitumineux (1 100 millions$), machineries (406 millions$), minéraux( 253 millions $),pâte et papier (234 millions $), aluminium (190 millions $) : Total: 3 2000 millions $ (3) La Corée est le pays le plus ouvert en Asie de l’Est. Ella a conclu des accords de libre - échange avec plus de 52 pays. Elle sait comment gérer les accords de libre-échange. 11 (4) L’environnement réglementaire: la Corée est un des pays les plus accueillants envers les investisseurs étrangers: l’environnement propice aux affaires (5e au monde), l’accès à l’électricité (1er au monde), commerce inter-frontalier (3e),exécution de contrat (4e), acquisition des immeubles (79e) (5) La Corée est au cœur des chaînes de valeur en Asie de l’Est -L’élargissement des chaines de valeur se reflète dans l’intensification du commerce intra- régional des matières premières et des biens intermédiaires. -Par exemple, dans la période 2000-2012 le commerce intra régional des biens intermédiaires a augmenté de 52% à 62% 12 (6) La Corée offre au Canada un moyen de pénétrer le marché chinois -L’accord de libre-échange entre la Corée et la Chine sera bientôt une réalité. -Si les conditions des règle d’origine (ROO) sont satisfaites, les produits canadiens peuvent être exportés en Chine sans payer les droits douaniers. (7) La Corée offre au Canada des opportunités de participer en collaborations avec les firmes sud-coréennes au développement de la Corée du nord 13 -Généralement parlant, les bénéfices d’un accord de libre-échange se mesurent en terme de l’accroissement du PIB, de l’expansion des exportations et de la hausse du niveau du bien-être de la population. -Chose étonnante, on discute, très peu, des coûts de l’accord de libre-échange; on ne parle que des bénéfices. ▷Bénéfices (1)PIB: (a)Le montant minimum et maximum de l’accroissement du PIB canadien: 0,88 milliards de dollars canadiens à 3,6 milliards. (b) Dans le cas du PIB coréen: 0,23 milliards de dollars à 6,6 milliards de dollars -Ce n’est pas beaucoup. 14 (2) L’expansion des exportations: (a) Canada: 67%; (b) Corée, 103% (3) La hausse du bien-être due à la baisse des prix des biens importés: environs 3 milliards de dollars. ▷Limitation de l’estimation des bénéfices (1) Le modèle utilisé: CGE (Computed General Euilibroim): (a) il est basé sur le régime de concurrence parfaite; (b) il est un modèle statique; (c) il suppose des élasticités unitaires de l’offre et de la demande ( c) il ne tiens pas compte du commerce des services. (d) il suppose qu’il y ait pas d’autres pays avec lesquels la Corée a conclu des accords. 15 ▷ Les coûts (1)Les fermetures des firmes domestiques à cause des importations et l’accroissement de chômage qui en résulte. (2) La perte de l’autonomie de la politique gouvernementale -La politique du gouvernement comprend (a) la politique monétaire, (b) la politique fiscale , ( c) la politique douanière ( d) la politique réglementaire. - En vertu de l’accord de libre- échange, le gouvernement n’a plus la politique douanière. 16 -L’accord de libre-échange prive le gouvernement de l’autonomie de la politique réglementaire. Exemple: le Investor-State-Dispute Settlement (ISDS) -Il arrive que les autorité monétaires baissent le taux d’intérêt afin de promouvoir les exportations. Ceci peut avoir pour effet de faire augmenter les dépendes et même l’endettement des consommateurs. -L’accord de libre-échange peut affecter la politique fiscale, car le gouvernement peut augmenter ses dépenses afin de faciliter les exportations. -Il faut noter que dans bien des cas, surtout pour les pays en développement, l’autonomie de politique est nécessaire pour se protéger. 17 (3) La baisse des retombées des exportations sur les PME due: (a) la montée des chaînes de valeur globale, qui a pour effet d’augmenter les importations des biens intermédiaires réexportés, (b) la tendance de la part des grandes entreprises à utiliser de moins en moins les PME domestique, ce qui a pour conséquence de forcer ces derniers à fermer les usines créant des chômeurs. (4) Le déclin des PME domestiques a tendance à créer une distorsion de la répartition du revenu des ménages en faveur des riches, ce qui a pour effet d’affaiblir le marché domestique et, à long terme, de causer une stagnation de l’économie 18 (5) Voyons la structure de la demande nationale (dépenses nationale) Y = C + I + G + (X – M) Y= demande nationale; C= demande des consommateurs I= investissements privés G= dépenses gouvernementales X= exportations des biens et des services M=importations des biens et de services. - C= 60%; I= 20%; G= 10% ; (X-M)<0 (souvent) - 80% de « C » est fait par les travailleurs qui sont employés (ées) des PME, surtout en Corée 19 -Il faut distinguer les stratégies à court terme et les stratégies à long terme. ▷ Les stratégies à court terme (1)Profiter de la baisse des barrières tarifaires (2) Mettre en valeurs les avantages comparatifs (3) Développer le secteur des services en Corée en collaboration avec les partenaires coréens (4) Préparer pour les stratégies à long terme. 20 ▷ Les stratégies à long terme ▣Le cœur de la stratégie: la création, en Corée, d’un « hub » du commerce intra- régional des biens et des services, surtout services corporatifs en collaboration avec les firmes coréennes -Cependant, pour y arriver, il faut que les entreprises canadiennes soient intégrées au système coréen de production et de distribution. -Or, pour ceci, il faut que les entreprises canadiennes doivent s’adapter à la cultures des affaires coréenne. 21 ▣ La culture des affaires coréenne (1)L’origine: Taoïsme, Bouddhisme, Confucianisme -Taoïsme: harmonie, absence des critères de bon et mauvais -Bouddhisme « Seon »: méditations et la découverte de soi, peu d’intérêt aux problèmes sociaux -Confucianisme: la priorité à l’ordre social et aux droits de la collectivité au dépend de ceux de l’individu 22 (2) L’ensemble de ces trois systèmes de pensée a produit une culture qui se caractérise par (a) l’importance des « Yongos », soit réseautage, (b) la distinction plus ou moins arbitraire entre bon et mauvais et entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, (c) rapports sociaux verticaux. (3) Le système des lois en Coré: juxtaposition des lois coréennes traditionnelles (droits de la collectivité) et les lois modernes importées de l’Occident (droits de l’individu)→interprétation subjective des lois 23 ▷Les défis des entreprises canadiennes (1)L’adaptation à la gouvernance corporative verticale et paternaliste (2) L’assurance des « Yongos » appropriés: patience et investissement dans le développement des rapports humains. -Il y des Yongos dans tous les champs d’activités collectives: politique, académique, média, finance, sports, arts, des affaires, etc. -Il y a des Yongos sociaux et des Yongos professionnels -Il y a des Yongos profitable et des Yongos qui ne le sont pas. -Il y a des Yongos puissants et des Yongos impuissants. 24 (3) L’adaptation aux pensées et aux comportements des fonctionnaires, des politiciens et des personnes d’affaire. Ces pensées et ces comportements peuvent paraître injustes, immoraux et même illégaux aux yeux d’un canadien. 25 -L’accord de libre-échange Canada-Corée offre des opportunités et des défis. -Les opportunités pour le canada comprennent des bénéfices à court terme provenant de la baisse des barrières tarifaires et des bénéfices à long terme rendus possible par la création, en collaboration avec les partenaires coréens, un « hub » du commerce intra - régional en Corée. -Le défi est de comprendre, d’accepter et s’adapter à la culture coréenne et à la culture des affaires coréennes. 26 -Un tel défi nécessite des efforts de tous de créer une expertise sur la Corée qui devra être mise en valeur et diffusée. -Pour ceci, il faut qu’il y ait plus de centres de recherches universitaires. L’Observatoire de l’Asie-est du CEIM-UQAM est un des rares centres de recherches concentrés sur les aspects économique et politique au Canada. -Il faut qu’il y ait plus de mécanismes de rencontres entre les Canadiens d’origine coréenne et le public québécois qui s’intéresse aux affaires coréennes, comme par exemple le MKLCC Merci! 27