L`articulation temporo-mandibulaire et son disque articulaire

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
D’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
L’articulation temporo-mandibulaire
et son disque articulaire
Par AUBEUX Davy
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. O. BARON
Pr. G. BERRUT
Pr. C. BEAUVILLAIN
Pr. D. CROCHET
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Pr A. KERSAINT-GILLY
Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
D’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2010-2011
UNIVERSITE DE NANTES
L’articulation temporo-mandibulaire
et son disque articulaire
Par AUBEUX Davy
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. R. ROBERT
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
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Dr A. HAMEL
Dr O. HAMEL
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Pr. J. LE BORGNE
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. O. RODAT
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Techniqu
Remerciements
A monsieur le Professeur R. ROBERT, pour l’attention particulière
qu’il a portée à mes travaux
A monsieur le Docteur J.P. PERRIN, pour m’avoir orienté dans
l’analyse et l’approfondissement du sujet
A monsieur le Docteur G. AMADOR, pour m’avoir permis de
participer au DUIOML afin de parfaire mes dissections
A monsieur le Professeur P. CARPENTIER pour son accueil et le
partage de ses convictions et de son savoir
A messieurs Y. BLIN et S. LAGIER, pour leur bonne humeur et leur
gentillesse
A l’ensemble des étudiants du Master pour les bons moments passés
au cours des dissections
A ma famille et mes amis pour leur soutien et leurs encouragements
Sommaire
I. Introduction :
II. Phylogenèse et embryologie :
III. Rappels anatomiques :
IV. Matériels et méthode:
V. Résultats:
VI. Discussions:
VII. Conclusions:
VIII. Références bibliographies :
I.
Introduction :
L’articulation temporo-mandibulaire est une diarthrose bicondylienne à disque interposé qui
fait partie intégrante de l’appareil stomatognathique. Elle est en permanence sollicitée lors de
la mastication, de la phonation et de la déglutition par des mouvements d’ouverture, de
fermeture, de latéralité et de propulsion.
Cette articulation paire, suspendue, qui unie la mandibule à l’os temporal par un système
musculo-ligamentaire, est unique au niveau de l’organisme.
L’acquisition de cette structure est relativement récente. Elle résulte du passage des vertébrés
reptiliens aux vertébrés mammaliens. Elle ne s’est pas différenciée brutalement. Elle est
l’aboutissement progressif d’une série d’ajustements biomécaniques, d’une réorganisation
musculaire et d’une différenciation dentaire.
De nombreux auteurs (J. BAUME, P. CARPENTIER, J. DARGAUD, J.R. MERIDA…) se
sont penchés sur l’analyse de cette articulation et de nombreux avis divergent encore sur
l’embryologie, l’anatomie et la prise en charge thérapeutique de cet organe.
Dans la présentation qui suit nous aborderons dans un premier temps la phylogénèse et
l’embryologie de l’ATM. Après un rappel sur l’anatomie de l’articulation, nous présenterons
les résultats des dissections réalisées sur l’ensemble des pièces anatomiques. Enfin nous
discuterons des thérapeutiques et de l’abord chirurgical de l’articulation.
II.
Phylogénèse et embryologie :
2.1. Mise en place des structures :
Avant de décrire l’embryologie de l'articulation temporo-mandibulaire, il faut s'intéresser à
l'embryologie de la face qui débute plus tôt [1].
A partir du 23ème jour intra utérin, on voit apparaître un système, responsable du
développement de la tête et du cou, appelé appareil branchial. Chez l'homme seuls quatre
pairs d'arcs branchiaux sont visibles de l'extérieur de l'embryon. Ces structures sont formées
par des épaississements mésoblastiques tapissés extérieurement d'ectoblastes et intérieurement
d'entoblastes. Ils vont s'édifier du 23ème au 31ème jour et être responsable de la formation du
cartilage, des muscles, de la vascularisation et de l'innervation.
En ce qui concerne l'embryologie de la face seul les deux premiers arcs branchiaux nous
intéressent.
Les dérivés de ces deux arcs branchiaux sont résumés dans le tableau suivant:
Arcs branchiaux
Nerfs
Dérivés des cartilages
Muscles
1er arc :
maxillaire
supérieur
Nerf maxillaire V2
Processus maxillaire, malaire,
temporale
apophyse zygomatique du
temporal
1er arc :
mandibulaire
Nerf mandibulaire V3
Cartilage de Meckel
marteau, enclume
ligament sphéno-mandibulaire
Muscles masticateurs
: masséter, temporal,
ptérygoïdien
Ventre antérieur du
digastrique
2ème arc :
hyoïdien
Nerf facial VII
Etrier, apophyse styloïde du
Muscles de la
mimique
temporal
Portion supérieure de l'os hyoïde Muscle stylo-hyoïdien
Ligament stylo-hyoïdien
Ventre postérieur du
digastrique
L'ATM est une articulation secondaire d'origine mammalienne [5]. L'acquisition de la
structure et de la fonction se font lors du passage des vertébrés reptiliens aux vertébrés
mammifères.
Chez les reptiles l'articulation primaire est constituée de l'os articulaire et de l'os carré. Lors
du passage à la station érigée et au développement de la bipédie, ces os vont migrer en haut,
en avant et en dehors pour se retrouver dans l'oreille moyenne et formé le marteau et
l'enclume de la chaîne des osselets.
Cette locomotion est un facteur déterminant de l'évolution humaine permettant ainsi
l'acquisition de nouvelles structures et fonctions.
2.2. Embryologie de la portion mandibulaire de l’ATM:
L'ATM que nous connaissons aujourd'hui se forme entre la 7ème et la 17ème semaine intrautérine.
Baume a démontré que certains organes et notamment les muscles ont un rôle important dans
l'embryologie de cette articulation [2]. Les zones d'attachements des futurs muscles de la
mastication sont des zones où la formation osseuse est rapide.
A la 7ème semaine le blastème du muscle ptérygoïdien latéral est relié à la portion supérieure
et interne de la future articulation. Ce sont les premiers mouvements mandibulaires qui vont
permettre d’accélérer la croissance osseuse.
A la 8ème semaine, le ramus subit une ossification membraneuse. Au dessus du futur condyle,
le disque articulaire commence à apparaître sous la forme d'une condensation
mésenchymateuse.
Le cartilage de Meckel va être incorporé dans le corps de la mandibule par un processus
d'ossification enchondral. Au niveau de la partie terminale dorsale de la mandibule on voit
apparaître un amas de cellules indifférenciées qui prend le nom de blastème condylien.
A la 9ème semaine débute une chondrification à partir du centre du blastème.
A la 10ème semaine, on observe une ostéogénèse qui sera responsable de la formation de la tête
condylienne sans passer par une étape cartilagineuse.
A la fin de la 10ème semaine des structures cartilagineuses apparaissent dans différentes
régions de la mandibule et notamment au niveau de la surface du condyle dans la portion
dorso-latérale. On observe une différentiation du blastème en synoviale, chondroblastes,
capsule et tendon du muscle ptérygoïdien latéral.
2.3. Embryologie de la portion temporale de l’articulation:
Les éléments supérieurs de l'articulation temporo-mandibulaire proviennent d'un centre de
différenciation temporal appelé blastème glénoïdien ou temporal. Il est situé latéralement et
dorsalement par rapport au blastème condylien. Il formera les constituants temporaux de
l'articulation et la partie supérieure de la capsule [3].
A 8 semaines un centre d'ossification apparaît au niveau de l'os temporal.
A 10 semaines on observe la fosse glénoïde en place.
A 12 semaines la partie supérieure (temporale) rejoint la partie inférieure condylienne.
Capsule articulaire
Blastème du processus
zygomatique
Muscle
ptérygoïdien latéral
Disque articulaire
Blastème condylien
Coupe frontale d’un embryon de 8 semaines (development of the
human temporomandibular joint, J.R. MERIDA)
2.4. Embryologie de la portion discale:
Le disque est une structure composite qui dérive des blastèmes. C'est un élément
caractéristique observé uniquement chez les mammifères.
On peut le retrouver à partir de la 8ème semaine. La portion antérieure provient du blastème
condylien et la portion postérieure plus petite dérive du blastème temporal.
Selon Baume aucune connexion tendineuse n'est observée après la 12ème semaine ce qui
exclut le rôle « d'échafaudage » du ptérygoïdien latéral dans le développement de l'ATM.
Des études ont pu montrer que chez certains mammifères (ornithorynques) l'absence de
disque articulaire était associée à la présence du muscle ptérygoïdien latéral.
En revanche selon Mérida [4] on peut observer dès la 8ème semaine l'insertion du muscle dans
la portion médiale du complexe condylo-discal. Les avis divergent encore sur l’origine
embryologique de cette structure.
Résumé chronologique de l'embryologie des structures de l'ATM :
Age
Région condylienne
Région temporale
7 semaines
Ossification membranaire du
corps de la mandibule
8 semaines
Blastème condylien
Blastème temporal
8,5 semaines
Partie antérieure du disque en
formation
Ossification membranaire du
temporal
9 semaines
Développement des muscles
masticateurs
10 semaines
Ossification de la tête
condylienne
Partie postérieure du disque en
formation
11 semaines
Cartilage condylien dans la partie Formation de la capsule dans la
inférieure de l'articulation
partie supérieure de l'articulation
12 semaines
Réunion des structures condyliennes et temporales
2.5.Période fœtale:
Baume décrit une deuxième période qui va de la 12ème semaine de développement jusqu'à la
naissance [6]. L'élément majeur de cette période est l'ossification enchondrale qui débute par
l'invasion vasculaire dans le cartilage de la base du condyle et qui remonte vers la tête
condylienne.
Les éléments temporaux vont subir une ossification membraneuse. On voit apparaître petit à
petit l'éminence articulaire du temporal et la fosse glénoïde.
Cette période est accompagnée de mouvements fœtaux qui vont contribuer à donner la forme
de l'articulation: le fœtus déglutit le liquide amniotique dès 4 mois et suce son pouce dès 5
mois.
Pendant cette période, l'organisation du système articulaire est complète. Il faut cependant
retenir six points importants:
− il n'y a aucun changement au niveau des surfaces articulaires
− la partie squameuse du temporal va prendre un aspect concave
− dans la portion antérieure du disque articulaire on pourra retrouver des projections
fibreuses qui seront associées avec le masséter et le temporal.
− réduction du volume du cartilage de Meckel
− la partie centrale du disque est avasculaire avec quelques petits vaisseaux dans la
portion périphérique
− ossification enchondrale dans la portion antérieure du condyle en association avec les
insertions du muscle ptérygoïdien latéral.
3. Rappels anatomiques : [9, 10]
L’articulation temporo-mandibulaire, également appelée par certains auteurs articulation
temporo-mandibulo-dentaire [6] est une articulation paire « suspendue » à la base du crâne.
C’est une diarthrose bicondylienne qui unit la mandibule et l’os temporal, avec l’interposition
d’un disque articulaire.
Cette articulation synoviale, de forme ellipsoïde est unique au niveau de l’organisme.
3.1.Surfaces articulaires :
3.1.1. Surface articulaire condylienne :
La mandibule peut être divisée en deux parties : la branche horizontale et la branche
montante. A l’extrémité de la branche montante on retrouve deux saillies, le processus
coronoïde en avant et le processus condylien en arrière, séparés par l’incisure mandibulaire.
Surmontant la branche montante le condyle forme une saillie oblongue, allongé de dehors en
dedans et d’avant en arrière. Il déborde la face interne de la branche montante mandibulaire.
Le condyle est constitué de deux versants (antérieur et postérieur) séparés par une crête
mousse transversale :
-
versant antérieur : de forme convexe et de surface plate, ce versant est le plus
important. Il est recouvert de cartilage et s’articule avec l’os temporal.
- Versant postérieur : pratiquement vertical, misse, est non articulaire. Il se prolonge
avec le bord postérieur de la branche montante.
Ces deux versants sont intra-capsulaires mais seul le versant antérieur est revêtu de tissu
fibreux articulaire.
Versant antérieur
articulaire
Versant postérieur
non articulaire
Insertion du
ptérygoïdien latéral
Insertion du ligament
latéral interne
Tête condylienne droite de face et de profil
3.1.2. Surface articulaire temporal :
Cette surface articulaire est formée de deux régions : le tubercule ou éminence articulaire et la
fosse glénoïde.
Le tubercule articulaire est formé par la racine transverse du processus zygomatique du
temporal. C’est une saillie arrondie, convexe d’avant en arrière et concave transversalement.
Il est revêtu de tissu fibreux avasculaire et se relève en dehors sous forme d'une saillie: le
tubercule zygomatique antérieur.
La seconde partie de cette région articulaire est la cavité glénoïde. Située et creusée dans
l’écartement des deux racines transverse et longitudinale de l’apophyse zygomatique, cette
fosse va loger lee condyle mandibulaire coiffé de son disque. Elle est de forme concave, de
forme triangulaire à base externe. Elle est divisée en deux parties par la scissure pétropétro
tympano-squameuse.
La partie antérieure, sous temporal, intra-capsulaire,
intra
non revêtu de cartilage,
rtilage, est articulaire. La
partie postérieure,, extra capsulaire correspondant à la paroi antérieure du conduit auditif
externe.
Os temporal droite (SOBOTTA Atlas d’anatomie humaine 5° Ed.
Française Ed. Médicale Internationales, p.58)
3.2.Appareil discal :
Il convient de parler de disque plutôt que de ménisque du fait de sa forme aplatie et arrondie
[8].. Ce disque va occuper l’espace laissé libre entre les deux surfaces articulaires convexes de
l’ATM. Il va donc ainsi délimiter deux compartiments (supérieur disco temporal et inférieur
disco condylien).
Il correspond à la portion intra-articulaire
intra articulaire du tendon du muscle ptérygoïdien latéral. Il se
présente sous la forme d’une lentille biconcave, souple, à grand axe transversal. C’est une
structure fibro-conjonctive
conjonctive riche en collagène qui ne supporte pas les fortes pressions. On peut
lui décrire une zone centrale et un bourrelet périphérique antérieur et postérieur.
La partie centrale, zone la plus mince du disque, est la plus sujette aux perforations.
Le bourrelet postérieur, transversal, est plus épais en dedans qu’en dehors et comble la fosse
temporale.
Le bourrelet antérieur, plus mince, s’avance jusqu’au bord du revêtement articulaire, en avant
du condyle et à l’aplomb de la partie la plus inférieure
inférieure du tubercule articulaire.
3.3.Attaches discales :
3.3.1. Moyens d’unions latéraux :
A partir des bords latéraux, en regard du bourrelet postérieur, le disque envoie des attaches
fibreuses de nature collagénique, qui vont s'insérer sur le tubercule latéral et médial du
condyle. Ces attaches vont être adhérentes à la capsule. L'attache médiale est plus discrète car
elle est située dans une zone où les fibres du muscle ptérygoïdien latéral dominent.
3.3.2. Moyens d’unions antérieurs :
La partie antérieure ou lame tendineuse pré discale est indissociable du bourrelet antérieur.
Cette zone richement vascularisée et innervée va recevoir les insertions musculaires de trois
muscles masticateurs. La portion antéro-médiane, va recevoir les fibres du faisceau supérieur
du muscle ptérygoïdien latéral. La portion antérolatérale va recevoir les insertions des fibres
du muscle temporal et du faisceau profond du muscle masséter.
3.3.3. Moyens d’unions postérieurs :
Ils forment la zone bilaminaire postérieure constituée d'un feuillet supérieur et d'un feuillet
inférieur.
Le feuillet inférieur fait suite au bourrelet postérieur. Il se dirige vers la face postérieure de la
tête condylienne pour se fixer au niveau du col. Ce feuillet relativement fin qui constitue le
tendon du faisceau supérieur du ptérygoïdien latéral va s'insérer au niveau du périoste.
Le feuillet supérieur plus épais va se terminer au niveau de la scissure pétro-tympanique. Il est
riche en fibres élastiques qui n'exercent aucune traction au repos mais qui permettent un
retour élastique après la translation antérieur du disque lors de l'ouverture buccale.
Ces deux lames vont délimiter un espace triangulaire constitué d'un tissu nerveux et fibrovasculaire alimenté par le plexus ptérygoïdien et la veine maxillaire. Ce tissu joue un rôle
d'amortisseur hydraulique qui se remplit à l'ouverture (disque en position antérieur) et se vide
à la fermeture.
3.4.Capsule articulaire :
Il s’agit d’un manchon fibreux d’épaisseur variable, qui englobe l’articulation. Elle va
s’insérer en haut sur la racine transverse du zygoma, sur la base de l’épine du sphénoïde, sur
la scissure de Glaser et sur le tubercule zygomatique antérieur. En bas, elle va s’insérer sur le
col du condyle avec une insertion plus basse en arrière.
Certains auteurs [7, 10] s’accordent à dire qu’il n’existe pas de capsule au sens propre du
terme (comme on peut le retrouver au niveau du genou). En effet celle-ci est absente dans la
partie antérieure de l’articulation (zone où convergent le système musculaire du disque). Ils
préfèrent donc parler de système musculo-ligamentaire plutôt que de capsule.
3.5.Synoviale :
Les cavités sus et sous-discales sont tapissées par la membrane synoviale. Ce tissu va
fabriquer le liquide synovial qui est un transsudat plasmatique qui aura pour fonction de
lubrifier, nourrir et nettoyer l’articulation.
La synoviale est plus importante dans la cavité supérieure et dans la zone bilaminaire.
Coupe sagittale de l’ATM en passant par le système discal (SOBOTTA Atlas
3.6.Système musculo-ligamentaire :
d’anatomie humaine 5° Ed. Française Ed. Médicale Internationales, p.65)
3.6.1. Système ligamentaire interne :
3.6.1.1. Ligament latéral externe :
Relativement épais, ce ligament est tendu de l’arcade zygomatique jusqu’au bord latéral du
col du condyle. Il représente le principal moyen d’union de l’articulation. Ces fibres, de nature
collagénique, sont orientées du haut vers le bas et d’arrière vers l’avant.
3.6.1.2. Ligament latéral interne :
Ce ligament est plus mince et moins résistant que le précédent. Il est tendu du bord interne de
la cavité glénoïde et de l’épine du sphénoïde jusqu’au col postéro-interne du condyle. Il se
confond avec les insertions du ptérygoïdien latéral sur la face médiale du col.
3.6.2. Système ligamentaire externe :
Ils sont cités de façon anecdotique étant donné que ce ne sont pas de véritables ligaments mais
des bandelettes fibreuses qui n’ont aucune fonction dans le mécanisme de l’ATM.
Ce sont les ligaments stylo-mandibulaire, sphéno-mandibulaire et ptérygo-mandibulaire.
3.6.3. Système musculaire :
3.6.3.1. muscle ptérygoïdien latéral :
Il constitue le muscle principal de l’articulation. C’est un des premiers muscles en action chez
le fœtus. C’est un muscle de petite taille qui prend son origine sur l’aile externe de
l’apophyse ptérygoïde pour se diriger en arrière et en dehors jusqu’au col du condyle et le
disque. Son grand axe est oblique selon un angle de 45° par rapport au plan sagittal médian.
Il est constitué de deux contingents en fonction de leurs insertions d’importance différentes.
Ces deux faisceaux ont des insertions fusionnées dans la partie postérieure et distinctes dans
la partie antérieure.
- faisceau sphénoïdal
phénoïdal ou supérieur : également appelé couche disco-articulaire,
disco
ce
faisceau est tendu de la face externe de la grande aile du sphénoïde et de la face
externe de l’aile externe de l’apophyse ptérygoïde jusqu’à la moitié interne du bord
antérieur du disque
ue articulaire
- faisceau ptérygoïdien ou inférieur : également appelé couche mandibulaire, de
faisceau est tendu des 2/3 inférieurs de la face externe de l’aile externe de l’apophyse
ptérygoïde, de la face externe de l’apophyse pyramidale du palatin et de la
l tubérosité
du maxillaire jusqu’à la partie antérieure du col du condyle.
3.6.3.2. Muscle ptérygoïdien médial :
C’est le plus puissant des muscles masticateurs. Il prend son origine à la face
fa externe de l’aile
interne du ptérygoïde ainsi que sur la face interne de l’aile externe et sur la tubérosité
maxillaire pour se terminer à la face interne de l’angle de la mandibule. Il forme avec le
masséter à cet endroit la sangle ptérygo-masséterine.
ptérygo
Muscle ptérygoïdien latéral et médial gauche (SOBOTTA Atlas d’anatomie
humaine 5° Ed. Française Ed. Médicale Internationales, p.66)
3.6.3.3. Muscle masséter :
Ce muscle épais en forme de quadrilatère court à la face externe de la branche montante
mandibulaire.il est situé en avant de la région parotidienne et en arrière de la région génienne.
Il est formé de trois parties distinctes.
- partie superficielle : ce faisceau est oblique en bas et en arrière et naît par une épaisse
lame tendineuse sur les ¾ antérieurs de l’arcade zygomatique. Il se termine
ter
au niveau
de l’angle mandibulaire ainsi que sur la face externe de la lame profonde.
-
-
Partie moyenne : ce faisceau s’insère sur toute l’étendue du bord inférieur de l’arcade
zygomatique pour descendre ensuite verticalement et se fixer sur les lames tendineuses
ten
des deux autres couches.
Partie profonde : ce faisceau, mince, naît à la face interne de l’arcade zygomatique, à
la face profonde de l’aponévrose temporale et sur le bord antérieur du disque
articulaire pour se diriger ensuite vers le bas pour s’insérer
s’insérer sur la banche montante et
l’angle mandibulaire.
3.6.3.4. Muscle temporal :
Le temporal est un muscle large, aplati, rayonnant en éventail, qui occupe la fosse temporale.
On peut lui décrire deux zones :
- la portion orbitaire ou pars orbitalis : elle naît de la partie antérieure de la fosse
temporale, en arrière du pilier zygomatique de l’arcade orbitaire pour rejoindre
l’extrémité inférieure de la crête temporale.
- La portion temporale ou pars temporalis : elle naît de l’écaille du temporal et déborde
sur l’os pariétal pour rejoindre par l’intermédiaire d’un tendon puissant le processus
coronoïde. On observe également à la partie postérieure de cette portion des fibres qui
vont rejoindre le bord antérieur du disque articulaire tractant ainsi le disque vers
l’avant.
Muscle masséter et muscle temporal (SOBOTTA Atlas d’anatomie humaine
5° Ed. Française Ed. Médicale Internationales, p.66)
3.7.Vascularisation
Vascularisation :
La vascularisation artérielle est assurée par les branches de l’artère carotide externe :
- artère maxillaire interne : artère très sinueuse qui passe en arrière du col du condyle
pour se diriger vers la fosse ptérygo-palatine
ptérygo
et se terminer en artère sphéno-palatine.
sphéno
Elle se positionne sous le nerf auriculo-temporal,
auriculo temporal, puis sur le bord latéral du muscle
ptérygoïdien latéral dans la fosse infra temporale et enfin en dessous du nerf maxillaire
- artère temporale superficielle : elle monte à travers la glande parotide, passe entre le
tragus et l’ATM pour se diviser en deux branches (frontal et pariétal)
pariétal au dessus de
l’arcade zygomatique.
Accessoirement on peut retrouver l’artère temporale profonde moyenne et l’artère auriculaire
postérieure.
Les veines sont collatérales des artères. Elles aboutissent au système jugulaire par la veine
temporale superficielle
cielle et par le plexus des veines maxillaires internes.
Vascularisation artérielle de la face (SOBOTTA Atlas d’anatomie
humaine 5° Ed. Française Ed. Médicale Internationales, p.74)
3.8.Innervation :
Elle est assurée par le nerf auriculo-temporal, branche du nerf mandibulaire, qui passe en
dedans et en arrière du col du condyle mandibulaire pour innerver la partie postérieure,
externe et antéro-interne de l’articulation.
Le nerf massétérique, branche également du V3, innerve la partie antérieure de l’articulation.
Le nerf temporal profond quand à lui participe à l’innervation de la partie externe.
Systématisation du nerf trijumeau (SOBOTTA Atlas d’anatomie
humaine 5° Ed. Française Ed. Médicale Internationales, p.79)
4. Matériel et méthode :
4.1.Matériel :
Ce mémoire a été réalisé sur la base de 5 dissections effectuées sur 3 sujets de 80 à 91 ans
ainsi que sur le prélèvement de 20 disques articulaires provenant de 10 pièces anatomiques
fraîches.
4.1.1. pièces anatomiques :
- 1ère dissection : sujet masculin de 85 ans et 5 mois, formolé.
- 2ème dissection : sujet masculin de 91 ans, frais, conservé secondairement dans une solution
formolée.
- 3ème dissection : sujet masculin de 80 ans et 4 mois, frais, conservé secondairement dans une
solution formolée.
- prélèvement de 20 disques articulaires sur 10 sujets frais (7 hommes et 3 femmes de 53 à 96
ans).
4.1.2. matériel de dissection :
- un manche de bistouri n°4
- des pinces à disséquer avec et sans griffes
- des paires de ciseaux à pointe courbe et droite
- une série de lames n°23
- écarteurs
- marteau
- fraise boule tungstène sur moteur
- rugine
- scie
- curettes à os
- pince à clamper
- burin
4.2.méthode de dissection :
1ere dissection :
Cette première dissection sur sujet formolé a été réalisée principalement dans un souci de
familiarisation avec les techniques de dissection. Elle a été dans un premier congelée pour
pouvoir ensuite être coupée dans le sens sagittal en passant par la région médiane de la face.
Elle avait pour but de localiser globalement les structures interne et externe de l’articulation.
Cette pièce a été disséquée en commençant par une incision en arrière de la branche montante
de la mandibule, en remontant vers la région pré-tragienne et se poursuivant avec une incision
frontale pré-capillaire. Le lambeau cutané a été ensuite récliné vers la région nasale
permettant par la suite d’accéder plan par plan aux structures de l’articulation temporomandibulaire.
2ème et 3ème dissection :
Ces deux dissections ont été réalisées sont deux hémi-crânes (provenant du même sujet, coupé
sagittalement au niveau de la région médiane). Elles ont permis de mieux apprécier les
structures anatomiques et notamment le système vasculaire.
Une section du condyle gauche a été réalisé à l’aide d’une fraise montée sur un moteur de
pièce à main, pour permettre de mieux appréhender la complexité du système condylo-discal.
4ème dissection :
Ce sujet anatomique a été utilisé pour simuler une chirurgie de méniscopexie. L’incision a été
réalisée en prétragien pour disséquer ensuite plan par plan, pour accéder à l’articulation.
Pour pouvoir réaliser une étude sur l’anatomie des disques articulaires, les disques droites et
gauches on été prélevés sur les trois sujets cités ci-dessus.
Vingt disques supplémentaires ont également été prélevés sur 10 sujets frais (utilisés pour le
Diplôme d’Université d’Identification en Odontologie Médico-légale) en utilisant une
technique d’incision et de dissection élaboré à l’université René Descartes Paris pour les
autopsies oro-faciales. Elle débute par une incision de l’os hyoïde vers la mastoïde. Les plans
musculaires sont ensuite sectionnés en remontant sur les bords internes et externes des
branches montantes mandibulaires, permettant ainsi la luxation de la mandibule.
5. Résultats :
Les résultats des dissections vont être présentés en procédant à une description plan par plan,
de la superficie vers la profondeur.
5.1. Rapports anatomiques de l’ATM :
Latéralement à l’articulation ont retrouve :
- le système musculo-aponévrotique de la face
- l’artère et les veines temporales superficielles
- l’artère transverse de la face
- le nerf auriculo-temporal
- les branches temporales du nerf facial
- la parotide
- nœuds lymphatiques pré-auriculaires et parotidiens
En arrière :
- conduit auditif externe (ce qui explique les difficultés de diagnostic entre les
pathologies de l’oreille et de l’ATM)
- la parotide dans son lobe profond
Médialement :
- boutonnière rétro condylienne de Juvara : espace situé entre le ligament sphénomandibulaire et le col du condyle où l’on retrouve ne nerf auriculo-temporal, la veine
et l’artère maxillaire interne
En avant :
- muscle ptérygoïdien latéral
- muscle masséter
- muscle temporal
- processus coronoïde
Cra
Cranial
Antérieur
Artère zygomaticoorbitaire
Artère
Temporale
superficielle
Conduit
Auditif
Externe
Glande parotide
Glande parotide
accessoire
Rameau
buccal (VII)
Veine faciale
Artère faciale
Rapports anatomiques de l’ATM sur une vue
vue latérale droite
après retrait du plan cutané
Cranial
5.2. Organisation musculaire externe :
Postérieur
Vue latérale gauche de l’organisation musculaire
Muscle temporal
Arcade
zygomatique
Muscle grand
zygomatique
Plan profond du
masséter
Plan superficiel
du masséter
5.3.Organisation
Organisation musculaire interne :
Cranial
Antérieur
Vue interne d’un hémi-crâne
hémi
gauche
Muscle tenseur
du voile
Muscle
ptérygoïdien médial
Processus styloïde
Hamulus
ptérygoïdien
5.4.La « capsule » ou complexe musculo-ligamentaire
musculo
:
Capsule articulaire gauche
Muscle temporal
Cranial
Postérieur
Ligament latéral
externe
Muscle masséter
Col du condyle
mandibulaire
5.5.Le
Le complexe discal :
Cranial
Complexe discal de l’ATM gauche
Postérieur
Artère temporale
superficielle
Muscle masséter
Disque articulaire
Départ de l’artère
maxillaire interne
Muscle
buccinateur
Ventre postérieur
du digastrique
Médial
5.6. Le disque articulaire :
Postérieur
Vue supérieure d’un disque articulaire gauche perforé
Muscle ptérygoïdien
latéral
Ligament discal
postérieur
Muscle temporal
Zone perforée du disque
Muscle masséter
Cranial
Postérieur
Vue latérale d’un disque articulaire gauche d’un sujet formolé
Articulation avec le
tubercule articulaire
Chef supérieur du
ptérygoïdien latéral
Disque articulaire
Chef inférieur du
ptérygoïdien latéral
Articulation avec
le condyle
Cranial
5.7. Vascularisation :
Postérieur
Rameau
frontal de
l’artère
temporale
superficielle
Rameau pariétal
de l’artère
temporale
Artère
zygomaticoorbitaire
Rameau
capsulaire
Veine rétromandibulaire
Artère carotide
externe
Muscle
sterno-cléidomastoïdien
Veine faciale
Veine
jugulaire
interne
Artère faciale
Vue latérale gauche après avoir levé un lambeau cutané
Cranial
Postérieur
Vue latérale gauche après résection du condyle mandibulaire
Muscle masséter
Muscle ptérygoïdien
latéral
Muscle buccinateur
Disque articulaire
Artère méningée
moyenne
Artère maxillaire
Mandibule
Muscle
digastrique
5.8.Résultats
Résultats des prélèvements discaux :
Sexe
Age
conservation
Aspect du disque droite
Aspect du disque gauche
féminin
68 ans 11mois
frais
normal
normal
masculin
83 ans 6 mois
frais
volume discal réduit
volume discal réduit
masculin
96 ans 11 mois
frais
normal
normal
féminin
93 ans 11 mois
frais
disque perforé
volume discal réduit
masculin
53 ans 6 mois
frais
normal
normal
masculin
79 ans 11 mois
frais
normal
normal
féminin
79 ans 4 mois
frais
normal
normal
masculin
63 ans 7 mois
frais
disque perforé
volume discal réduit
masculin
91 ans 3 mois
frais
volume discal réduit
disque perforé
masculin
77 ans 9 mois
frais
normal
normal
masculin
85 ans 5 mois
formolé
normal
normal
masculin
91 ans
frais
disque perforé
disque perforé
masculin
80 ans 4 mois
frais
disque perforé
volume discal réduit
Description des différents aspects discaux :
− disque perforé : présence d’une perforation au niveau de la partie intermédiaire ou
dans la zone postérieure bilaminaire
− volume discal réduit : réduction de l’épaisseur du bourrelet antérieur et/ou postérieur,
diminution des dimensions par rapport aux dimensions moyennes décrit dans la
littérature
− disque considéré comme « normal » : disque
sque non perforé, dont le volume du bourrelet
postérieur est supérieur au volume du bourrelet antérieur et dont les dimensions sont
proches des moyennes décrites dans la littérature
littératu
Disque droite
normal
Disque gauche
normal
Disque droite
perforé
Disque gauche
aminci
Dimensions moyennes du disque selon la littérature :
− sens antéropostérieur : 10 mm
− transversalement : 20 mm
− bourrelet antérieur : 2 mm
− bourrelet postérieur : 3 mm
Résultat de l’étude :
-
Moyenne d'âge : 80,4 ans
Disques normaux : 14/26 soit 53,8%
Disques perforés: 6/26 soit 23,1%
Disques amincis : 6/26 soit 23,1%
Disques abîmés (perforés, amincis...): 12/26 soit 46,1%
Observations :
− Les atteintes discales (perforation, amincissement) dans cette étude sont toujours
bilatérales
− Le nombre de perforation discal n’est pas si élevé au vu de l’âge moyen des sujets
étudiés
− Cette étude se base seulement sur la description morphologique du disque. On ne peut
pas faire de lien avec des signes et symptômes cliniques (claquements, crépitements,
douleurs…)
− la population de cette étude est âgée et non transposable à l'ensemble de la population
(biais de sélection)
− Ces chiffres sont proches de ceux retrouvés dans les études citées ci-dessous
Selon une étude publiée dans l’ouvrage : pathologie de l’articulation temporo-mandibulaire
(P. GAUDOT, C. HERISSON) les résultats obtenus sur l’analyse de 70 ATM de personnes
âgées de plus de 70 ans montraient que :
− 25% des ATM étaient peu différentes d’une personne jeune
− 50% des ATM présentaient des signes de vieillissement normaux avec une
dégénérescence amyloïde du disque
− 25% des ATM présentaient des signes pathologiques de vieillissement avec
perforation du disque.
Une étude : arthrotomography of the temporomandibular joint : new technique and
preliminary observations (RICHARD W., KATZBERG, MELVIN F.) a été réalisée sur 11
patients, âgés de 17 à 42 ans, présentant des douleurs, des bruits (claquement et crépitements)
et des blocages articulaires. Vingt et une arthroscopies ont été réalisées et seulement une
seule a révélée un cas de perforation du disque articulaire (soit seulement 9% de la population
symptomatique).
6. Discussion :
L'ATM est une articulation qui subit de nombreuses contraintes (mastication, phonation…) et
qui peut être victime de multiples pathologies regroupées sous le nom de Syndrome AlgoDysfonctionnel de l'Appareil Manducateur.
En 1998, Okeson a proposé une classification diagnostique de ces désordres de l'ATM. Elle
définit des sous catégories de dysfonctionnement qui sont:
− les dérangements du complexe condylo-discal : déplacement discal avec ou sans
réduction
− les incompatibilités de structures des surfaces articulaires : déviation de forme,
adhérence, adhésion, subluxation
− les désordres inflammatoires : ostéoarthrite et ostéoarthrose
D'après de nombreux auteurs l'étiologie des DAM est multifactorielle. Ces dysfonctions
seraient dues à la rencontre de désordres neuromusculaires, articulaires, occlusaux et
comportementaux.
Certaines lésions dégénératives (arthrite, arthrose) peuvent se développer lorsque les capacités
d'adaptations de l'articulation sont dépassées. Elles sont souvent retrouvées chez les patients
présentant à l’origine un déplacement discal, réductible ou non, qui s’est aggravé avec le
temps. Le patient va se plaindre petit à petit de douleurs et de bruits articulaires à type de
crépitement (lors d’un déplacement discal on entend plutôt un claquement).
Les examens complémentaires (arthroscopie, IRM) permettent de mettre en évidence les
éléments intra-capsulaires de l'ATM, ainsi que les déplacements et les lésions du disque
articulaire [14]
Dans ce genre de cas, on peut être amené lorsque les traitements symptomatiques (gouttières,
relaxation, kinésithérapie…) n'ont pas fonctionné à réaliser une chirurgie de l'ATM. On
considère que les dysfonctionnements temporo-mandibulaires touchent environ 30% de la
population. Cependant le besoin en traitement varie entre 3 et 7% des cas. Parmi cette
population demandeuse de traitement, seulement 6 à 17% nécessite une prise en charge
chirurgicale.
La technique les plus utilisée est la méniscopexie. Cette intervention consiste à aborder
l'articulation par le compartiment supérieur pour pouvoir ensuite remettre en place le disque
(en général luxé en antérieur ou en interne) par pexie.
Description de l'intervention [11] :
L'intervention se déroule sous anesthésie générale. Différentes incisions ont pu être décrites.
La plus utilisée est celle de DUFOURMENTEL qui consiste en une incision prétragienne de
type lifting en suivant les lignes de tension cutanée. Elle peut être associée à une extension
temporale pré-capillaire à 45° pour diminuer la traction des berges de l'incision et le risque de
lésion nerveuse.
On va ensuite procéder à un décollement pré-auriculaire
pré
sous cutané.
Une dissection plan par plan sera réalisée jusqu'au contact avec l'apophyse zygomatique du
temporal et se poursuivra par la suite vers la bas. Cette étape doit être minutieuse pour ne pas
léser le rameau temporal du nerf facial ainsi que l'artère temporale superficielle et transverse
trans
de la face.
On procède ensuite à l'ouverture de la capsule articulaire au niveau de sa partie supérieure
pour pouvoir accéder au compartiment disco-temporal
disco
de l'articulation.
On luxe légèrement l'articulation pour pouvoir repositionner le disque, situé généralement en
position antéro-interne
interne (tracté par le ptérygoïdien latéral), au dessus de la tête du condyle. On
peut également en profiter pour suturer le disque si celui-ci
celui est perforé.
Une suture en milieu avasculaire est très compromise. C'est pourquoi les auteurs préconisent
l'utiliser d'une greffe dermique positionnée sur les sutures.
Le disque est ensuite fixé sur le bord externe du col du condyle. Différents moyens de fixation
discale ont été décrits [12]:
− suture périphérique du disque au
a niveau des tissus rétro-discaux
discaux et de la capsule. Cette
technique a été abandonnée pour plusieurs raisons: récidive et la complexité de
réalisation.
trans osseuse et trans-discale,
trans
− Fixation au condyle soit par l'intermédiaire d'une suture trans-osseuse
soit par l'utilisation
lisation d'une ancre de Mitek (ancre en titane avec un fil en polyester non
résorbable insérée par forage dans le col du condyle):
−
Cette intervention
tervention peut être accompagnée d'une coronoïdectomie pour obtenir une
amélioration de l'ouverture buccale (section du tendon du muscle temporal). Pour finir une
suture cutanée est réalisée et un mini drain est mis en place.
Arcade zygomatique
Artère transverse
de la face
Rameau temporal du
nerf facial
Parotide
Cranial
Accès à la partie capsulaire de l’articulation
Antérieur
Disque articulaire
Condyle
mandibulaire
Cranial
Accès à la partie discale de l’articulation
Antérieur
Disque perforé
suturé
Disque suturé au
col du condyle
Disque repositionné et suturé
L'intervention chirurgicale de l'ATM est très controversée. Certains auteurs s'accordent à dire
que les traitements chirurgicaux de l'articulation temporo-mandibulaire
temporo
bulaire ne sont pas pérennes
(récidives, aggravation des signes et symptômes, parésie frontale...).
Une étude (effects
effects of surgical repositionning of the disc on the movement of the TMJ,
TMJ
HUE.O) réalisée à l'université de Paris VII, portant sur 35 articulations
articulations opérées et réévaluées
6 mois après intervention révélait:
− une réduction de l'amplitude des déplacements disco-condylien
disco
− des trajectoires condyliennes modifiées
Par opposition, certaines publications montrent un soulagement de la douleur ainsi qu'une
amélioration de l'ouverture buccale (prise en charge chirurgicale de l'articulation temporotemporo
mandibulaire : à propos de 94 cas,
cas F. Poirier, C. Blanchereau, E. Francfort).
t).
7. Conclusion :
Au terme de cette étude essentiellement basée sur l’anatomie topographique des structures de
l’ATM, certaines données émergent.
Dans un premier temps, le terme de « capsule articulaire » ne semble pas adapté à cette
articulation. Par définition, une capsule articulaire est un manchon fibreux qui s’insère au
voisinage des surfaces articulaires et qui les entoure complètement. En ce qui concerne
l’ATM, le ptérygoïdien latéral, le masséter et temporal s’insèrent directement sur la partie
antérieure du disque rendant impossible la fermeture complète d’une « capsule articulaire ». Il
convient plutôt dans ce cas de parler de système musculo-ligamentaire péri-articulaire.
Cette étude nous a permis également de constater les difficultés de l’abord chirurgical de
l’articulation temporo-mandibulaire ainsi que les risques nerveux et hémorragiques qu’elle
comporte.
Afin d’éviter ou de retarder sa prise en charge chirurgicale, il est conseillé de consulter dès les
premiers signes (claquements, craquements, douleurs…) un occlusodontiste ou un
stomatologue pour une prise en charge symptomatique précoce afin de rétablir de façon
optimale les fonctions de l’appareil manducateur.
Références bibliographiques :
[1] Embryologie humaine élémentaire l’individu de sa naissance à sa mise au monde,
G. PRADAL
[2] Ontogenesis of the human temporomandibular joint development of the condyles,
J. BAUME
[3] Ontogenesis of the human temporomandibular joint development of the temporal
components, J. BAUME
[4] Development of the human temporomandibular joint, J.R. MERIDA-VELASCO,
J.F. RODRIGUEZ-VASQUEZ
[5] Evolution of mammalian dental structures, A. KERMACK
[6] Rapports de dissection sur la connaissance de l’articulation temporo-mandibulaire,
J. DARGAUD, H. VINKKA, F. COTTON
[7] L’articulation temporo-mandibulaire, J. DARGAUD
[8] The relationship between the temporomandibular joint capsule, articular disc and
jaw muscles, C. SCHMOLKE
[9] Sobotta Ed. Médicales Internationales, atlas d’anatomie humaine, tome 1, 5ème
édition
[10] Anatomie clinique, JPIO, J.F. GAUDY
[11] Technique en chirurgie maxillo-faciale et plastique de la face, H.BENATEAU
[12] Chirurgie et rééducation de l’articulation temporomandibulaire (en dehors de
l’ankylose), J.F. CHASSAGNE, S.CHASSAGNE, F. GIMEL
[13] Prise en charge chirurgicale de l’articulation temporomandibulaire : à propos de
94 cas, F. POIRIER, C. BLANCHEREAU, E. FRANCFORT
[14] Arthroscopie de l’articulation temporo-mandibulaire, C. CHOSSEGROS, L.
GUYOT, O. RICHARD
L'articulation temporo-mandibulaire et son disque articulaire
title: temporo-mandibular joint and his articular disc
Davy AUBEUX, Olivier HAMEL, Antoine HAMEL, Stéphane PLOTEAU, Stéphane
LAGIER, Yvan BLIN, Roger ROBERT, Jean Michel ROGEZ
laboratoire d'Anatomie - Faculté de Médecine de Nantes
BUT:
L'articulation temporo-mandibulaire (ATM) est une diarthrose bicondylienne à disque
interposé, en permanence sollicitée lors des fonctions de mastication, phonation et déglutition.
De nombreux auteurs se sont penchés sur l'analyse de cette articulation et plus précisément
sur son disque. Les avis divergent encore sur l'embryologie, l'anatomie et la prise en charge
thérapeutique de cette structure. Le but de cette étude est de montrer la complexité de
l'organisation de l'articulation et de son complexe discal afin de mieux comprendre son
implication dans les Dysfonction de l'Appareil Manducateur (DAM).
MATERIEL ET METHODES:
Cette étude a été réalisée sur la base de 5 dissections effectuées sur 3 sujets de 80 à 91 ans
ainsi que sur le prélèvement de 26 disques articulaires provenant de 13 pièces anatomiques.
Les quatre premières dissections consistaient à décrire l'anatomie de l'ATM et de son
complexe discal. La dernière dissection a permis de simuler un abord chirurgical du disque en
pratiquant une méniscopexie.
RESULTATS:
Les dissections ont permis de mettre en évidence l'organisation anatomique de l'ATM et la
complexité des attaches discales, surtout dans la portion antérieure. L'étude des 26 disques
articulaires a révélé un nombre peu important de disque perforé malgré une moyenne d'âge de
80 ans. Enfin cette étude a permis de montrer les difficultés de l'abord chirurgical dans le
traitement des DAM d'origine articulaire.
CONCLUSION:
Au travers de cette étude, on a pu constater que le muscle ptérygoïdien latéral jouait un rôle
majeur dans cette articulation aussi bien d'un point de vue anatomique que fonctionnel.
Cependant d'autres muscles tels que le masséter ou le temporal doivent également être pris en
compte, de par leurs insertions sur la partie antérieure du disque, dans la symptomatologie des
DAM.
Mots Clés: articulation temporo-mandibulaire, disque articulaire, méniscopexie
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