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GUERRE D’ALGERIE ET IMMIGRATION ALGERIENNE : DE LA TOUSSAINT ROUGE A LA CHUTE DE LA IV° RÉPUBLIQUE.
EN ALGÉRIE
EN FRANCE
1954
211 000 Algériens en métropole.
Mars : L’état d’urgence est instauré
dans les Aurès et la Grande Kabylie.
1955
1er Novembre : Toussaint Rouge
Août : Départ des premiers appelés pour
l’Algérie.
Janvier-février : multiplications des règlements de
compte entre FLN et MNA.
Mars : Vote des pouvoirs spéciaux.
Mai : Embuscade de Palestro
1956
Octobre : création de la SONACOTRAL.
1957 : Ouverture en métropole des premiers camps d’assignation à résidence.
Intensification des règlements de comptes entre FLN et MNA
Janvier à septembre : Bataille
d’Alger. Massu a tous les
pouvoirs pour liquider le FLN
1957
Juin : disparition du militant
communiste algérien Maurice
Audin.
13 mai 58 : Manifestation à Alger. Un Comité de Salut Public
réunissant des militaires est constitué. Le 15 mai, Le général
Salan membre du Comité fait acclamer de Gaulle par la foule
encore réunie.
1958
1er juin 1958 : Le Général de Gaulle est investi par l’Assemblée Nationale
et devient président du Conseil. Le PCF vote contre, ainsi qu’une parti
des socialistes et radicaux.
1954 : Le temps de l’insurrection.
Pourquoi parle-t-on de « Toussaint rouge »?
Le 1er novembre 1954, jour de la Toussaint, le FLN (Front de Libération
Nationale) organisation inconnue jusqu’alors revendique plusieurs
attentats sur le sol algérien.
Quelles mesures correspondent à la situation d’état d’urgence?
Une du Parisien libéré le 2 novembre 1954
1954-1955 : L’engagement.
Le point sur les appelés en Algérie :
A l’âge de 20 ans, tout jeune homme doit effectuer son service militaire, c’est alors un conscrit. La loi du 25
novembre 1950 fixe à 18 mois la durée de celui-ci. Mais, pour faire face aux besoins en hommes liés à la guerre,
sans cesse croissants, le gouvernement prolonge le maintien des conscrits appelés sous les drapeaux. Très
jeunes sont donc ces « appelés en Algérie » qui quittent la France à partir d’août 1955. Il seront 1,2 million dans
ce cas jusqu’en 61. Leur temps de présence sous les drapeaux selon les spécialités et grades peut varier de 24 à 33
mois. D’autres hommes s’engagent volontairement alors qu’ils ont déjà rempli leurs obligations militaires, ce sont
les réservistes.
MNA et FLN : deux partis politiques qui veulent mener l’Algérie à son indépendance.
Le MNA (Mouvement National
Algérien) s’appelle jusqu’en
1954 le Mouvement pour le
Triomphe
des
Libertés
Démocratiques en Algérie
(MTLD). Fondé par Messali
Hadj (ci-contre), ce parti
politique
milite
pour
l’indépendance de l’Algérie .
Photographie de Messali Hadj
(à droite : les six chefs historiques du FLN en 1954)
Sur cette photo posent les 6 chefs
historiques du FLN (Front de Libération
Nationale), l’autre parti politique qui
lutte pour l’indépendance algérienne. Il
est fondé en 1954 par des membres du
MTLD qui quittent alors le mouvement
de M. Hadj, optant pour l’action directe.
Le FLN possède une branche armée
appelée l’ALN (Armée de Libération
Nationale).
Tout au long du conflit, les deux partis
s’opposent pour avoir l’appui des civils
algériens qu’ils vivent en Algérie ou en
France. Cette opposition qui va parfois
jusqu’à la mort, tourne largement en la
faveur du FLN.
1956-1957 : L’engrenage.
Pouvoirs spéciaux? Pour qui ? Pour quoi?
Palestro: le massacre des appelés.
Le vote des pouvoirs spéciaux au gouvernement socialiste en place soutenu
par le Parti communiste français intensifie la présence militaire en Algérie et
étend l’état d’urgence à tout le territoire. La présence française en Algérie
s’accroit avec notamment l’envoi de rappelés du contingent qui débarquent
sur le territoire algérien en avril 1956.
Visionner le reportage d’actualité sur la
situation en 1956.
Melouza : le massacre des messalistes.
Le 18 mai 1956, 17 jeunes appelés commandés par H. Arthur tombent dans
l’embuscade tendue par un groupe de combattants de l’ALN. Il n’y a qu’un seul
survivant. Les corps des appelés sont criblés de balles, mutilés. Dans l’opinion
publique en France, l’émotion est vive. Le massacre issu de l’embuscade de
Palestro symbolise pour longtemps la sauvagerie des combattants algériens
aux yeux de la puissance coloniale.
Maurice Audin : Arrêté, Torturé, Assassiné.
Maurice Audin (ci contre), 25 ans, est
assistant en mathématiques à l’université
d’Alger et militant au Parti Communiste
Algérien. Il est arrêté à son domicile le 11
juin 1957 par les parachutistes et emmené
au centre El Biar.
Sa femme ne le reverra jamais, l’armée lui dit
qu’il a disparu après s’être échappé.
Différentes enquêtes menées par Henri Alleg
et
Pierre
Vidal-Naquet
notamment
conduisent à une tout autre conclusion.
Maurice Audin a été torturé puis assassiné
par strangulation des mains du colonel
Charbonnier.
Le 28 mai 1957 les habitants pro- MNA du village de
Melouza sont massacrés par une unité de l’ALN. On
déplore plus de 300 morts.
Photographie de Maurice Audin.
A gauche : le massacre de Melouza (ECPAD)
1957 : la Bataille d’Alger.
La
bataille
d’Alger
:
les
parachutistes français de Massu et
Bigeard chassent le FLN de la
Casbah d’Alger.
L’automne 56 est marqué par une montée des violences en
particulier des attentats à Alger. Le gouvernement mandate le
général Massu et les parachutistes de Bigeard pour briser
l’organisation du FLN dans la capitale.
La vieille ville d’Alger, la Casbah est fouillée, surveillée, quadrillée.
Ses habitants sont contrôlés, arrêtés, torturés.
En septembre 57, Yacef Saadi, chef du FLN à Alger est pris. Cette
arrestation sonne la fin de la bataille et la défaite du FLN dans la
capitale.
Mais le FLN n’a pas perdu la guerre, il réoriente sa stratégie vers
l’extérieur, cherchant à interpeller l’opinion et la scène politique
internationale pour les rallier à sa cause.
Mai-juin 1958 : La République vacille, regards divergents sur les évènements.
Visionner le reportage d’actualité sur a situation à Alger en 1958.
« Réduire la rébellion de l’armée, la chute de la
IV° République et l’avènement du général de
Gaulle à l’ambition et aux intrigues du chef de la
France libre serait donner à d’aussi grands
changements une explication mesquine et fausse.
Un peuple tout entier ne bouge pas en ses
profondeurs
par
la
chiquenaude
d’un
commando.(…)
Ce n’est pas fantaisie du hasard si rarement
régime disparut avec autant de discrétion que
celui que la quasi unanimité des français porta
joyeusement en terre en 1958. Pas de morts sur
les barricades, pas de président en exil, pas de
leader politique en prison, pas de coup de fusil
tirés en l’air, pas de paroles historiques. Non, (…)
rien qu’un président du conseil tombé de bonne
grâce dans le trou du souffleur. La IV° mourut
comme elle avait vécu : d’indifférence… »
F. Mitterrand, Le Coup d’état permanent, 1965.
« Je suis de ceux qui dans cette assemblée ont
suivi le Général de Gaulle pendant la guerre et
qui en conservent, je m’excuse de le dire,
quelques fiertés. Je suis de ceux, même s’ils
n’ont pas toujours approuvé telles de ses
positions politiques, qui pensaient que le
général de Gaulle pouvait peut-être un jour
prochain mettre au service de la patrie divisée
et déchirée l’immense capital de prestige, de
gloire et de confiance dont il dispose (…).
Aux yeux de beaucoup de français, de Gaulle
pouvait être l’artisan le meilleur de la
réconciliation nationale. Nombreux sont ceux
qui se sont tournés vers le libérateur de la
patrie et lui ont demandé (…) de s’expliquer
sur le drame national qui nous accable (…).
A ces appels le Général de Gaulle n’a jamais
répondu. Mais voici qu’une sédition (1) a
éclaté à Alger, que des hommes civils ou
militaires ont pris les graves décisions que
vous savez (…). Et voici qu’aussitôt ils ont
obtenu ce que tant d’autres avaient attendu
en vain si longtemps : la voix du 18 Juin s’est
élevée de nouveau mais hélas ! Pour justifier
ou excuser leur comportement (…).
P. Mendes France, Intervention à l’Assemblée
Nationale, 20 mai 58.
1 : sédition = révolte contre l’autorité légale.
Travailleurs et républicains, françaises,
français,
L’Assemblée Nationale vient d’être mise en
demeure par le président de la République
d’avoir à désigner le général de Gaulle comme
chef du gouvernement. Cette sommation
intolérable intervient au moment où la
majorité républicaine a manifesté par des
votes massifs et répétés son refus de
précipiter le pays dans des aventure et la
guerre civile et où, à travers toute la France,
s’affirme avec une puissance imposante la
volonté de défense républicaine.
Au même instant, à Alger, le général factieux
Massu, au nom des rebelles que de Gaulle n’a
cessé de couvrir et d’encourager, se déclare
prêt à porter celui-ci au pouvoir par la force
armée sur une décision de sa part.
Ni le Parlement, ni le pays n’acceptent ce
double défi. (…)
Par son unité, par sa détermination le peuple
de France brisera le complot des généraux
factieux et des hommes de la guerre civile.
L’Humanité, journal du Parti Communiste
Français. 30 mai 58.
L’immigration algérienne en France : aspects démographiques.
Une immigration antérieure à la guerre d’indépendance :
Qui se poursuit après 1945 :
«Dans l’immédiat après-guerre, l’immigration reprend fortement. Sur la courte période allant
de 1947 à 1953, se concentrent 746 000 arrivées et 561 000 retours, soit un solde de 185 000
individus très majoritairement des hommes jeunes et célibataires.
Comme pour les décennies précédentes, il s’agit de migrations temporaires. Néanmoins, cette
migration tend à se sédentariser et à se diversifier puisque les Kabyles sont désormais rejoints
par des migrants d’Oran, de Constantine, des Aurès, de Tlemcen et même des territoires du
Sud. La région parisienne assoit son attractivité. »
P. Derder, Immigration algérienne et guerre d’indépendance, coéd. La
Documentation française-Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 2012
C’est avec la Première guerre mondiale que débute l’immigration
algérienne avec l’enrôlement de soldats coloniaux algériens (photo ci
dessus) dans l’armée. C’est durant la guerre qu’est d’ailleurs construite à
Paris la toute 1ère mosquée, au jardin d’agronomie tropicale de Nogent sur
Marne alors transformé en hôpital pour les soldats coloniaux blessés au
combat. (ci dessus). La France fera de nouveau appel aux soldats venus
de son empire, et d’Algérie pour le deuxième conflit mondial comme
l’évoque le film Indigènes de R. Bouchareb.
Visionner la bande annonce du
film Indigènes.
Et s’intensifie durant la guerre d’indépendance
algérienne :
Ce roman, paru en 1967, évoque la relation
amoureuse entre une jeune bordelaise
venue à Paris et un ouvrier algérien
employé dans l’automobile pendant la
guerre d’Algérie.
Voir une présentation du film
adapté du roman par son
réalisateur et l’actrice principale
du film.
P. Derder, idem, p. 21
L’immigration algérienne en France : aspects politiques.
L’immigration algérienne en France : Un soutien.
Sur les 250 000 algériens travaillant en France en 1958, on
estime à 60 milliards d’anciens francs l’envoi d’argent vers les
familles au pays ce qui représente la moitié des salaires de ces
travailleurs immigrés.
Bon nombre de travailleurs investissent contraints ou forcés
une partie de leurs salaires en soutenant les deux principales
formations politiques (MNA et FLN) sous formes de cotisations
et de dons financiers (impôt révolutionnaire. Les sommes ci
dessous représente ce qui fut saisi de ses fons chaque année par
la police e métropole.
L’immigration algérienne en France : une
organisation.
Sur cette carte, on voit la façon dont le FLN organise sa
présence en France. Le territoire est séparé en 4 wilayas.
Le nombre de membres du FLN en France passe de 8000
en 1956 à 15000 en 57.
A cette date
-La wilaya n°1 compte 3500 adhérents.
-La wilaya n°2 compte 3900 adhérents.
-La wilaya n°3 compte 2500 adhérents.
-La wilaya n°4 compte 1900 adhérents.
Peu de temps avant l’insurrection du 1er
Novembre, la Fédération de France des partisans
du MTLD appelle ses adhérents à soutenir leur
chef historique par l’envoi de lettres.
L’immigration algérienne en France est partie
prenante du conflit sur le plan politique. Elle doit
se positionner en faveur des partisans de M. Hadj
ou de ceux du FLN.
Source ina.fr
L’immigration algérienne en France : aspects politiques.
L’immigration algérienne en France : un enjeu.
Le tableau ci dessous (B. Stora, Les immigrés algériens en France,
Hachette, 2009) décompte le bilan humain des affrontements
entre le MNA et le FLN en métropole durant la guerre
d’indépendance algérienne. On constate une recrudescence des
incidents violents mortels durant les années où l’engrenage de la
guerre s’enclenche sur l’autre rive de la Méditerranée
Témoin des tensions entre le MNA et le FLN, Chérif restitue dans cet
entretien le climat dans la communauté des algériens de France
pendant le conflit.
« – Je travaillais à l’usine de 13 heures à 21 heures. Je ne prenais jamais
le même chemin. Pas par là, par crainte des Arabes qui t’attendaient. Si
tu passais par ici, c’était la police...– Quels « Arabes » ? Ceux du
MNA ?– Oui, ceux du MNA. Les partisans de Messali. La journée, la
police faisait des contrôles dans les cafés FLN. Ils nous contrôlaient. Et
le soir, les messalistes venaient nous tirer dessus. Il valait mieux rester
dans les cafés français pour être tranquille. C’était la misère ici,
pendant les sept années de guerre. Il fallait échapper aux Arabes et aux
Français. Tu te protégeais d’un côté et ça venait de l’autre... En plus, à
l’époque, les CRS et la gendarmerie avaient carte blanche. Des gens ont
été tués, jetés dans le canal. Certains ont été tués dans les cafés.
D’autres en pleine rue ».
Extrait du documentaire de Leïla HABCHI et Benoît PRIN, Les Jardiniers
de la rue des Martyrs (d’abord présenté dans la région du Nord, il a été
aussi diffusé sur Arte le 10 février 2003)
Deux ouvrages qui abordent la question de
la guerre entre les Messalistes et le FLN.
Paru en 1986 (éd. Seuil), celui d’A. Haroun
envisage plutôt la question de l’intérieur
du FLN dont il est membre du comité
fédéral.
Paru en 2008 (éd. du Seuil), celui de L.
Belaïd envisage la question du point de
vue du MNA partant de l’expérience de
son père Salah, chef de zone dans le Nord
Pas de Calais.
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