Auteur de l’article : Diego Jiménez
Paru en 1996, cet album est le premier de la seconde époque de Alix après la très longue
interruption de la série après « le Cheval de Troie ». Il s’agit du premier tome d’Alix à être le
fruit de la collaboration de Jacques Martin et Rafael Morales qui assume ici le rôle de
dessinateur.
La trame :
Je n’en dirai que quelques mots pour remettre les évènements dans leur contexte et parce que
je n’entends dispenser le lecteur de cet article d’avoir à faire l’acquisition de cet album par un
résumé par trop exhaustif.
Le contexte donc. L’action se situe chronologiquement après le cheval de Troie. Invités par
un personnage assez ancien, le vizir Sénoris, à se rendre en Egypte, Alix et Enak remontent le
Nil jusqu’au temple funéraire de Ramsès III où ils vont faire la connaissance de Cléopâtre,
reine d’Egypte et de son frère Ptolémée XIII, tous deux en quête du trésor de la reine
Hatshepsout dont Sénoris connaît le secret.
Les lieux :
Bien qu’intitulé « Ô Alexandrie », cet album se déroule uniquement en Haute Egypte dans la
vallée de Thèbes, Louxor et Karnak. Nous côtoyons donc essentiellement des temples
funéraires dans cette grande nécropole qu’est la Haute-Egypte des pharaons.
Le temple de Ramsès III : Alix et Enak démarrent leur aventure en allant rendre visite à leur
vieille connaissance Sénoris, prisonnier du temple funéraire de Ramsès III que les
archéologues nomment Medinet Abou. Aujourd’hui il tient encore debout malgré les dégâts
du temps et mesure environ 150 m de long. Sur la photographie reproduite ci-dessous on voit
le « migdol » c’est-à-dire le mur d’enceinte du temple. C’est une nouveauté car peu de
pharaons ont fait fortifier leur monument funéraire mais Ramsès III accéda au trône durant la
période des invasions syriennes.
Du point de vue architectural pur le temple de Ramsès III adopte un plan qui deviendra le
modèle de référence pour les dynasties postérieures : deux grands pylônes séparant deux cours
à péristyles précédant la zone du sanctuaire.
Très près du temple de Ramsès III se dresse encore un petit temple dédié à Amon Djemé qui a
donné son nom au site. Ce dernier temple a sans doute été bâti sous Hatshepsout et passe pour
être le premier à avoir été dédié exclusivement au dieu Amon.
Au nord de Medinet Abou se trouvent les restes des temples funéraires des pharaons Aï et
Horemhed, successeurs de Toutankhamon dont ce lieu aurait d’ailleurs dû servir à ériger son
temple funéraire (je rappelle que ce pharaon a été enterré à la va vite dans une tombe qui
n’avait pas été prévue pour lui). Ces deux temples sont presque invisibles à l’œil nu car il n’en
reste que les fondations. Jacques Martin nous apprend dans cet album que les prêtres du
temple de Ramsès III vénéraient les chiens et que c’est le fait de manger ces animaux qui a
valu aux prêtres du temple d’Aménophis III la destruction de leur temple. Je reviendrai plus
bas sur la véracité de cette information.
Le temple d’Aménophis III : Un temple ? Quel temple ? Pourrait s’exclamer un touriste en
entendant parler de ce monument funéraire, dernière demeure du père d’Akhenaton le pharaon
hérétique.
Du temple d’Aménophis III il ne reste plus que les colosses de Memnon, appelés ainsi par les
Grecs qui prétendaient que le héros Memnon tué lors de la guerre de Troie retournait chanter
sur le site des statues. Le temple en lui-même date de la XVIIIe dynastie pharaonique. On ne
sait pas exactement comment il a été détruit. Plusieurs hypothèses ont été avancées que je
citerai par la suite. Toujours est-il que les colosses de Memnon sont tout ce qu’il en reste et
mesuraient environ 20 mètres de haut quand leurs couronnes n’étaient pas tombées. Par la
suite on a dit que ces statues chantaient la nuit car le vent s’engouffrant dans les fissures du
granit générait un son assez mélodieux à tel point qu’elles devinrent un lieu de pèlerinage grec
dès le début de notre ère et que l’empereur Septime Sévère commanda leur restauration.
Sur chacun des bras de la statue étaient représentées la mère et la femme du pharaon
Aménophis III.
Le temple de Deir el-Bahari :
Je cite ce temple parce que Sénoris le cite en précisant que l’on pensait que s’y trouvaient les
trésors ramenés du royaume de Pount sous Hatshepsout. Il s’agit du temple funéraire de la
reine et de trois autres pharaons antérieurs des XX et XXIe siècle av J.C qui se nommait en
égyptien « le château des millions d’années » et a été construit sur le site dont il porte
actuellement le nom, taillé à même la roche. Situé au sud de la vallée des Rois c’est un édifice
remarquablement conservé comme vous pouvez le constater.
Le Pays de Pount :
Ce pays est mentionné par Sénoris qui se fait le relais du récit de Qaâ et du voyage entrepris
sous Hatshepsout pour en ramener des pierreries. Bien que le Moyen-Âge ait un peu perdu le
contact avec ce pays qui sera identifié sous le nom de royaume du prêtre Jean, de nombreux
textes mentionnent son existence dans l’Antiquité. La plus ancienne expédition dans ce
royaume remonterait à la Ve dynastie soit au XXVe siècle avant notre ère. On en trouve
quelques mentions vers 2000 av J.C puis on le voit une dernière fois lors d’une expédition
envoyée par Thoutmosis III au XVe siècle avant notre ère. Parfois appelé « Ta Neterou » qui
signifie « Pays des dieux » les romains le situaient aux alentours de la Mer Rouge et les
Hébreux dans la péninsule arabique en faisant le pays de la reine de Sabah. Aujourd’hui les
historiens sont assez partagés, certains le situant au sud du Soudan, d’autres en Ethiopie ou en
Somalie et les derniers sur les deux bords de la Mer Rouge. Dans l’Antiquité romaine pré-
impériale, la connaissance géographique de la région s’arrête malheureusement à Méroé. Il
faudra attendre les voyages de Vasco de Gama pour que l’Occident redécouvre ce pays.
Toujours est-il que d’après les hiéroglyphes muraux laborieusement décryptés sur le temple
de Deir el-Bahari, la nature du trésor ramené du pays de Pount sous Hatshepsout est
parfaitement identifié : de l’or, de l’ivoire, du bois d’ébène, des peaux de panthère, une
panthère vivante, une girafe et surtout des arbres à encens qui ont été plantés sur les terrasses
du temple funéraire. Pas de pierreries donc. Les expéditions postérieures auraient servi à
drainer des masses de granit pour l’édification de plusieurs statues.
Alexandrie : C’est à contrecoeur que j’écris un paragraphe sur cette ville qui n’est qu’à peine
effleurée dans cet album dont elle porte pourtant le nom. Mais comme c’est le titre de l’album
et la capitale des Lagides je pense qu’il est assez intéressant de la revisiter.
La ville a été construite selon un plan en damier par l’architecte Deinocratès vers 331 av J.C
sur les ordres d’Alexandre le Grand qui donna à la ville le nom « Alexandrie d’Egypte ». Le
site en lui-même est médiocre du point de vue de l’accessibilité par la mer du fait d’une
barrière de récifs se trouvant près de la côte. C’est d’ailleurs la dangerosité du site qui a été la
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