Résumé exécutif
Le présent rapport décrit les atteintes aux droits de l’homme commises par des
éléments de Forces de défense et de sécurité (FDS), des milices et des groupes proches du
camp présidentiel ainsi que par ceux des Forces Nouvelles (FN) et des "Dozos",
(chasseurs traditionnels) proches des Forces Nouvelles. D’autres violations comme le
racket, la confiscation des biens de la population civile, l’extorsion, les rafles, des brèves
arrestations arbitraires suivies d’extorsion sont devenues des faits courants.
La situation générale pendant la période en revue a continué à être autant tendue
que fragile, nonobstant la constitution du Gouvernement inclusif le 28 décembre 2005 et
des progrès encourageants enregistrés depuis lors, notamment la rencontre entre les
principaux leaders de la scène politique ivoirienne a Yamoussoukro, le retour de M.
Guillaume Soro, Secrétaire Général des Forces Nouvelles, au sein du Gouvernement et la
reconnaissance du bureau élu de la Commission électorale indépendante.
Dans la partie du territoire national sous contrôle gouvernemental, la première
quinzaine du mois de janvier a été émaillée d’événements violents. La décision du
Groupe International du Travail indiquant que le mandat de l’Assemblée nationale arrivé
à terme le 16 décembre 2005 n’avait pas à être prorogé a été jugée comme une atteinte à
la souveraineté de la Côte d’Ivoire par certains Ivoiriens qui sont immédiatement passé à
des manifestations violentes à Abidjan et dans d’autres villes du pays, notamment à San
Pedro, Daloa et Guiglo. Les manifestants, galvanisés par la rhétorique nationaliste de
leaders "patriotiques", ont érigé et maintenu des barricades et barrages et brûlé des pneus
dans les rues. Ils ont ensuite investi et attaqué des symboles des Nations Unies et de la
France. Des membres de la "galaxie patriotique", encouragés par l’inaction des Forces de
Défense et de Sécurité (FDS), se sont aussi attaqués au personnel et aux biens de
l’ONUCI ainsi qu’aux biens et sièges des organisations humanitaires, principalement à
l’ouest. C’est dans ces conditions que les Nations unies ont décidé de relocaliser leur
personnel non essentiel à Banjul, en Gambie, pendant un mois.
Les événements susmentionnés, les attaques armées intervenues dès le 2 janvier
contre la caserne principale d’Akouédo et les conflits interethniques à l’ouest du pays ont
favorisé des atteintes aux droits de l’homme allant d’exécutions sommaires, torture et
mauvais traitements et des arrestations arbitraires aux atteintes à la liberté d’opinion et
d’expression. Ces violations des droits de l’homme ont été perpétrées notamment par des
éléments des FDS, des milices pro-gouvernementales ainsi que des membres de la
Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).
De nombreuses personnes, dont la plupart sont des immigrés de l’Afrique de
l’Ouest et des ivoiriens originaires de la partie nord du pays, ont été harcelées, intimidées
ou arrêtées arbitrairement. Dans le cadre des opérations policières, des personnes
soupçonnées d’être des bandits ou des voleurs armés ont été sommairement exécutées par
des éléments des FDS affirmant avoir agi par légitime défense ou en prévision d’une
attaque certaine et imminente. D’autres personnes, traitées de "rebelles" ou prises pour
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Projet de Rapport de l’ONUCI sur la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire
Janvier – Février – Mars - Avril 2006