Médecine d'Afrique Noire : 1992, 39 (3)
virales bactériennes et parasitaires.
Nous limiterons notre propos à un rapide tour d’horizon sur
les insectes et les acariens d’importance médicale, passant
ainsi sous silence les accidents d’envenimation dans
certaines régions et surtout objet de crainte et de répulsion.
Insectes et acariens responsables de nuisances
Insectes venimeux
Les hyménoptères aculéates représentent un groupe
important d’insectes chez lesquels l’organe de ponte des
femelles est transformé en aiguillon. Tous ces hyménop-
tères sont potentiellement venimeux.
Les plus importants de ces insectes sont les guêpes, les
abeilles, les frelons, les bourdons mais aussi certaines four-
mis.
La toxicité de certains venins d’hyménoptères serait au
moins égale à celle du venin de vipère, ce qui explique que
des injections multiples et répétées peuvent être mortelles,
en dehors des phénomènes de choc anaphylactique chez les
sujets allergiques et des oedèmes de Quinke lors de piqûres
au niveau de la bouche ou du pharynx. A titre d’exemple,
on note en France beaucoup plus de décès par piqûre de
guêpes, d’abeilles ou de frelons que par morsure de
serpents.
Ecto et endoparasites
Àcôté de la sarcopte de la gale de répartition cosmopolite,
on peut classer parmi les endoparasites temporaires cer-
tains agents de myiases humaines comme le célèbre ver de
Cayor d’Afrique tropicale et le ver macaque d’Amérique
tropicale (voir tableau).
Ces affections toujours bénignes sont fréquentes et specta-
culaires : issue d’une larve de mouche à travers la peau.
INSECTES ET PATHOLOGIE TROPICALE
H. DUMON* et B. FAUGERE**
* - Professeur - Laboratoire de Parasitologie
Faculté de Médecine - ** - M.C.U. - P.H - Laboratoire de Parasitologie - Faculté de Médecine -
27, Boulevard Jean Moulin - 13385 - MARSEILLE CEDEX 5.
Les arthropodes sont l’un des embranchements les plus
importants du monde animal : 85 % des espèces animales
connues, soit plus d’un million d’espèces dont les trois
quarts sont des insectes.
Parmi eux, un peu plus d’une centaine ont un intérêt
médical, soit comme simple nuisance, soit comme hôtes
d’agents pathogènes, soit surtout comme vecteurs de mala-
dies.
Dans nos régions tempérées, les arthropodes d’importance
médicale sont surtout représentés par le groupe des
nuisances.
Dans l’environnement tropical, alors que ce problème de
nuisances est bien plus important que chez nous, il est
cependant largement dépassé par le rôle majeur des
arthropodes dans la propagation de grandes endémies
RESUME
H y m é n o p t è res, ecto et endoparasites, insectes et aca-
riens allergisants peuvent être responsables de nui-
sances.
En milieu tropical le rôle des art h ropodes, quoique
souvent important est largement dominé par celui
qu’ils jouent dans la transmission de nombre u s e s
maladies tropicales/
Dans certains cas des stratégies de lutte contre ces
maladies, peuvent leur être opposées (exemple de
l ’ o n c h o c e rcose, du paludisme, de la maladie du som-
meil).
MOTS CLES : Insectes, Nuisances, Maladies à
transmission vectorielle, Tropiques.
Médecine d'Afrique Noire : 1992, 39 (3)
Principaux vecteurs des grandes affections transmissibles
H. DUMON, B. FAUGERE
232
Classification Dénomination commune Affections transmises Géographie
Ixodidne Tiques Fièvres boutonneuses Ancien monde
Fièvres pourprées Nouveau monde
Arboviroses Cosmopolites
Borrélioses (Lyme) Cosmopolites
Argasidae Tiques molles Fièvres récurrentes Cosmopolites
Anoploures Poux Typhus Cosmopolite
Hémipiitres Punaises Maladie de Chagas Amérique latine
Siphonaptères Puces Peste Cosmopolite
Typhus murin Cosmopolite
Diptères brachycères
- Tabanidae Taons Loase Afrique centrale
- Muscidae Glossines Maladie du sommeil Afrique tropicale
Diptères nématocères
- Psychodidae Phlébotomes Leishmanioses Ancien et nouveau monde
- Simullida e simules Onchocercose Afrique noire
Amérique tropicale
- Culicidae Anophètes Paludisme Tropiques
Culex Filariose lymphatique Tropiques
Aedes Fièvre jaune Tropiques sauf Asie
Dengue Tropiques
On peut ainsi ajouter quelques agents de mylases humaines
Auchinerophyla Ver de cases Nuisance Afrique tropicale
Cordylobia Ver de Cayor Myase furonculeuse Afrique tropicale
Dermatobia Ver macaque Myase furonculeuse Amérique tropicale
Insectes et acariens allergisants : tout le monde connait la
place importante des acariens des poussières de maison
dans les pneumallergènes. Par contre on incrimine depuis
peu de temps un nouveau venu parmi le catalogue immense
de ces allergènes, il s’agit d’un de nos insectes les plus
familiers, le cafard. Blatella germanica espèce domestique
la plus fréquente, pratiquement cosmopolite, très abondante
dans nos cuisines et salles de bains, insecte brun jaunâtre de
1,5 cm serait à l’origine de nombreux phénomènes aller-
giques, asthme en particulier.
Fièvre jaune Aedes aegypti
Dengue Aedes
Virus Arboviroses Arthropodes
Fièvre des 3 jours Phlébotome
R. prowasecki Poux
R. conori Tiques
Rickettsies R. rickettsi Dermacentor
R. mooseri Puce
Y. pestis Puce
B. bacilliformis Phlébotome
Bactéries B. recurrentis Poux
B. hispanica Tiques
B. bugdorfei Tiques
Plasmodium Anophèles
Leishmanies Phlébotomes
Protozoaires Trypanosomes Glossine
Schizotrypanum Triatome
Cestodes Bothriocéphales Cyclops
D. caninum Puce
H. nana Ténébrio
Helminthes
Trématodes Douves de Chine Crustacés
Nématodes Bancroft Culicides
Loa-loa Chrysops
Onchocercose Simulie
Médine Cyclops
Médecine d'Afrique Noire : 1992, 39 (3)
Insectes et acariens hôtes et vecteurs
Dans l’environnement tropical, le rôle des arthropodes
dans la transmission des maladies est considérable. Dresser
une liste complète de ces agents dépasserait largement le
cadre de notre exposé, aussi nous nous contenterons de
présenter un tableau simplifié regroupant les principaux
vecteurs des grandes affections transmissibles. A l’excep-
tion de la maladie de Lyme, de certaines fièvres bouton-
neuses et des leishmanioses, toutes ces maladies sont des
maladies tropicales.
Le deuxième tableau regroupe les différents agents
pathogènes transmis par des arthropodes ou dont une partie
du développement s’effectue chez des arthropodes. La lutte
contre ces grandes endémies passe par le contrôle de ces
arthropodes.
Exemples de stratégies de lutte appliquées à tro i s
endémies parasitaires.
Trois grands types de stratégies sont actuellement appli-
quées pour éviter le contact homme-vecteur : lutte anti-
larvaire avec utilisation d’agents chimiques ou biologiques
à grande échelle, capture du plus grand nombre possible
d’adultes à l’aide de pièges attractifs, protection indivi-
duelle contre les piqûres. Trois grandes endémies bénéfi-
cient à l’heure actuelle de ces campagnes de prévention.
Onchocercose : le succès de la lutte contre l’onchocercose
en Afrique de l’Ouest repose avant tout sur les immenses
moyens déployés pour détruire les larves de simulies avec
des agents chimiques et biologiques. Le contrôle perma-
nent de tous les cours d’eaux associés à une chimiothérapie
de masse par l’ivermectine peut permettre d’espérer
assister à terme à la disparition de ce fléau.
Paludisme : après les échecs cuisants rencontrés dans la
lutte antilarvaire à grande échelle du fait de l’apparition
rapide de résistances aux insecticides, et surtout depuis la
généralisation de la résistance du Plasmodium falciparum à
la nivaquine, la prévention contre le paludisme passe
surtout par des mesures de protection individuelle. S’il
n’est pas toujours facile d’éviter le contact avec les insec-
tes hématophages on peut au moins le réduire par de petits
moyens.
L’utilisation de rideaux ou de moustiquaires imprégnés de
deltamétrine (K Otrine), insecticide à effet répulsif, protège
e fficacement pendant le sommeil. Pendant la période
d’activité maximum des moustiques, au crépuscule et dans
les premières heures de la nuit il est recommandé de se
protéger de la piqûre des moustiques en appliquant sur les
parties découvertes des répulsifs efficaces (Autan ou Off)
sous forme de lotion, de crème, de spray, en notant bien
que la durée de protection n’excède pas quatre heures.
Maladie du sommeil : la lutte chimique à grande échelle
contre les glossines n’étant pas réalisable, la lutte conte le
trypanosomiase humaine africaine passe, à côté du dépis-
tage et du traitement des malades, par le piégeage passif
des vecteurs.
L’utilisation de pièges attractifs de réalisation et d’entretien
très simples a fait la preuve de son efficacité et présente
l’immense avantage de respecter l’environnement.
Ce rapide tour d’horizon nous a permis de voir
l’importance et la variété des insectes et acariens d’intérêt
médical. Il nous montre aussi qu’il n’existe pas une
stratégie de lutte applicable à tous ces vecteurs mais des
stratégies adaptées à chaque cas.
INSECTES ET PATHOLOGIE TROPICALE 233
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !