Enseigner la civilisation grecque

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Enseigner la civilisation grecque
Deux thèmes d’étude principaux :
Un fil directeur à l’ensemble du chapitre : la notion de cité-Etat
et un fil directeur pour l’ensemble du programme d’histoire : les
héritages
Une construction axée sur les Démarches :
• Partir d’une étude de cas pour expliquer ce qu’est la
civilisation grecque et ce qu’elle nous a légué.
•Varier les documents proposés et recourir le plus souvent aux
trouvailles archéologiques.
•Montrer que les documents ne sont pas figés (on peut les
étudier à différents niveaux et moments du cours).
Ex : l’utilisation du cratère de Vix (liens commerciaux et
hoplite)
•Faire comprendre aussi que pour certaines périodes, tout
repose sur l’archéologie.
1er thème. Aux fondements de la
Grèce : cités, mythes, panhellénisme
Couple avec homme de type grec
Coupe de vin (?)
Temple grec de style dorique
Rameau d’olivier
École de médecine célèbre
dans l’antiquité
Espace géographique
Marseille, cité grecque et plus
vieille ville de France


Ville qui revendique son héritage grec… même dans le
domaine du football !!!
« Tout n’est souvent question que de patience. Voilà
une phrase que la cellule de recrutement marseillaise
a dû se répéter quelques semaines durant. Le temps
notamment que Brandão prenne ses marques dans la
Cité Phocéenne pour exprimer son talent aux yeux de
la Ligue 1. Débarqué de nulle part pour certains ou
pour apporter un véritable plus à l’OM pour d’autres,
force est de constater que trois mois après son
arrivée, l’attaquant brésilien se mue en top … » 23
avril 2009, FranceLigue 1.
D’une fondation à l’autre
Récit de JUSTIN, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue
Pompée, Livre XLIII, chap. III, 8-12, IIIème s. :
« Les chefs de la flotte de Phocée (Asie mineure) furent Simos et
Prôtis. Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges (= peuple gaulois
de la tribu des Ligures), nommé Nannus, sur le territoire duquel ils
désiraient fonder une ville, et lui demandèrent son amitié.
Justement ce jour-là le roi était occupé à préparer les noces de sa
fille Gyptis, que, selon la coutume de la nation, il se disposait à
donner en mariage au gendre choisi pendant le festin. Tous les
prétendants avaient été invités au banquet ; le roi y convia aussi ses
hôtes grecs. On introduisit la jeune fille et son père lui dit d'offrir
l'eau à celui qu'elle choisissait pour mari. Alors, laissant de côté
tous les autres, elle se tourne vers les Grecs et présente l'eau à
Prôtis, qui, d'hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un
emplacement pour y fonder une ville. Ainsi la ville fut élevée, non
loin de l'embouchure du Rhône, dans un golfe écarté, comme dans
un coin de mer.»
Représentation d’une pentécontère, navire à 50 rameurs utilisé à cette
époque.
Vase conservé au Louvre, datant de 520-510, signé du potier
Nicosthénès.
Massalia
Phocée
L’archéologie indique la date de 600 av. J.C. (date repère) comme
fondation de Marseille
Marseille, métropole grecque
Strabon, Périégèse La Narbonnaise, Livre IV, chap. 1, IIème s. ap. J.C. : « Les Massaliotes occupent un territoire dont le sol, favorable à
la culture de l'olivier et de la vigne, est, en revanche, beaucoup trop
pauvre en blé ; aussi les vit-on plus confiants dans les ressources
que pouvait leur offrir la mer que dans celles de l'agriculture,
chercher à utiliser de préférence les conditions heureuses où ils se
trouvaient placés pour la navigation et le commerce maritime. Plus
tard cependant, à force d'énergie et de bravoure, les Massaliotes
réussirent à s'emparer d'une partie des campagnes qui entourent
leur ville. Ajoutons qu'ils avaient employé leurs forces militaires à
fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de
boulevards contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière
d'Ibérie, devaient les couvrir contre les incursions des Ibères, les
autres, telles que Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre
contre les Barbares des bords du Rhône; d'autres enfin, à savoir
Tauroentium ou Tauroeis , Olbia, Antipolis et Nicaea, devaient
arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia possède
encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un arsenal. »
Une galère sur les traces des
anciens Phocéens
Que nous raconte l’archéologie ?
Difficile de savoir si ces comptoirs furent des
fondations phocéennes antérieures à la prise de la cité
par les Perses en 540 av. J.-C.
A Agde et Antibes, les vestiges découverts sont
antérieurs à 540, mais, à Olbia (= Hyères), rien n’est
antérieur au IVème siècle. Alalia (= Aléria) en Corse qui
fut fondée en 565 av. J.-C., date donnée par Hérodote,
est choisie par les Phocéens comme nouvelle capitale
après la perte de Phocée. Tauroentium, aujourd’hui Le
Brusc, situé en face du cap Sicié entre Bandol et Toulon,
est fondé vers le IIIème siècle av. J.-C. comme
l’attestent les fouilles archéologiques.
« Des grenouilles autour d’un
étang »
Marseille, colonie de Phocée, a elle-même
fondé des colonies et ce phénomène s’est
étendu à tout le bassin méditerranéen :
sud de l’Italie et Italie méridionale, région
d’Emporion (Ampurias) en Espagne, sud de
la Gaule, Corse.
Marseille, une cité-Etat du monde
grec
« l’Athènes des barbares » (Cicéron)
Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de
Trogue Pompée, chap. IV, 1-2, IIIème s. ap. J.C. : « Sous l'influence des Phocéens, les Gaulois
adoucirent et quittèrent leur barbarie et
apprirent à mener une vie plus douce, à cultiver
la terre et à entourer les villes de remparts. Ils
s'habituèrent à vivre sous l'empire des lois
plutôt que sous celui des armes, à tailler la vigne
et à planter l'olivier, et le progrès des hommes
et des choses fut si brillant qu'il semblait, non
pas que la Grèce eût émigré en Gaule, mais que
la Gaule eût passé dans la Grèce. »
3 grandes idées pour définir une
cité-Etat grecque
Un territoire
 Un peuple
 Un système politique et juridique

Que retenir ?
L’exemple de Marseille révèle la mise en
place d’un monde de cités (polis et chôra),
d’un bout à l’autre de la Méditerranée,
vivant
de
la
culture
(trilogie
méditerranéenne)
et
surtout
du
commerce. Cette étude de cas respecte
scrupuleusement
les
attendus
du
programme (carte de Méditerranée, citéEtat, colonisation)
Les « savants » de Marseille
Une culture commune au monde
grec : de Massalia à Phocée
Hérodote, Enquêtes, Livre VIII, 144 :
« Ensuite, il y a le monde grec, uni par la
langue et par le sang, les sanctuaires et
les sacrifices qui nous sont communs, nos
mœurs qui sont les mêmes. »
La langue
Le sang
Mythe de Deucalion :
tous
les
Grecs
descendraient du fils de
Deucalion, Hellen.
Sanctuaires et sacrifices Coutumes et traditions
Pour conclure :
Cette culture commune est fondée sur le polythéisme, la mythologie
et l’existence de sanctuaires panhelléniques réservés aux seuls
Grecs. On la retrouve même dans un objet aussi complexe que le
mécanisme d’Anticythère.
La cité des Athéniens aux Ve et IVe
siècles : citoyenneté et démocratie
Découvrir la cité grâce à la fête
des Panathénées
Éléments qui prouvent
que c’est une fête
religieuse
Éléments qui prouvent
que c’est une fête
civique (de la cité)
Sacrifices
d’animaux
(hécatombe)
offrandes
temple
vêtement
pour
la
déesse protectrice et
éponyme
d’Athènes,
Athéna
présence de dieux sur
la frise
Chemin
emprunté
appelé voie sacrée….
On fait le tour de la
ville (du Dipylon à
l’Acropole)
Tout
le
monde
y
participe : femmes,
enfants,
jeunes
hommes
(éphèbes),
cavaliers, personnages
âgés
……
Le rôle des guerres médiques
Bataille de Marathon (13 sept. 490) d’après HERODOTE,
Livre VI, 112 : « Les hommes avaient pris leur position, les
sacrifices étaient favorables. Alors les Athéniens, lâchés
contre les [Perses], les chargèrent en courant. […] Les Perses
les prenaient pour des fous courant à leur perte, ces hommes
si peu nombreux qui attaquaient en courant, sans cavalerie et
sans archers. Les Athéniens les assaillirent bien groupés et
combattirent avec bravoure. Ils furent, à notre connaissance,
les premiers Grecs à charger l’ennemi à la course (…). 113. La
D’après Hérodote, Enquêtes Livre VI, 106 : Un messager,
Philippidès, courrier de profession, envoyé avant la bataille à
Sparte, voit en route le dieu Pan lui apparaître ; il gagne
Sparte le jour qui suit son départ d’Athènes et leur annonce
la menace des Perses (soit 1140 stades, 202 km en 24h) par
des chemins escarpés et difficiles. Par la suite, la légende le
fait apporter la nouvelle de la victoire de Marathon sur
l’Acropole et tomber raide mort après avoir dit : Nenikamen
(nous avons gagné). D’où la course de 42, 195 km introduite
Pour conclure :
La fête des Panathénées permet de
découvrir Athènes, ses monuments, ses
habitants et de comprendre comment
cette cité-Etat a mis en place un empire,
une thalassocratie.
Athènes, école de la Grèce
L’invention de la démocratie
Dans l’oraison funèbre prononcée en l’honneur des morts de la première
année de la guerre du Péloponnèse (été 430 av. J.C.), le stratège Périclès
fait l’éloge d’Athènes. Les Athéniens sont alors assiégés dans leur muraille
par les Spartiates et ils subissent les ravages de la peste.
Notre régime politique ne prend pas pour modèle les lois des autres : loin
d’imiter autrui, nous sommes nous mêmes un exemple. Quant au nom, comme
les choses dépendent non pas du petit nombre mais de la majorité, cela
s’appelle une démocratie. (…) S’agissant des affaires privées, la loi assure
l’égalité de tous. Cependant, en ce qui concerne les affaires publiques, si un
citoyen se distingue en quelque domaine, il peut accéder aux
responsabilités, moins en fonction de sa catégorie sociale qu’en raison de
son mérite personnel. En outre, la pauvreté n’est pas un obstacle : si
quelqu’un est capable de rendre service à la cité, il n’en est pas empêché
par l’obscurité de sa condition sociale. (….) Dans le domaine public, (…), nous
obéissons aux magistrats et aux lois, surtout à celles qui protègent les
victimes de l’injustice. » THUCYDIDE, La Guerre du Péloponnèse, Livre
II, 37-41;
Isonomie
Isogonie
Iségorie
= égalité de tous par la loi et
devant la loi
= égalité de naissance
= égalité de parole
Mais des limites à cette
démocratie…
Aristophane, Les Acharniens, Vème siècle: « Oui, nous
sommes entre nous, pur froment civique, rien que
froment et son – les métèques pour moi, c’est le son. »
Exclusion des femmes, enfants, esclaves et métèques :
Dates
Nbr habitants
Nbr citoyens
432 av. J.-C.
300.000
35 à 45.000
Vers 400 av. J.- C.
200.000
30.000
Une capitale culturelle…
Fête des Grandes
Dionysies (tous les
Quel bilan tirer de l’utilisation de
l’étude de cas ?
Elle incarne l’histoire aux yeux des élèves surtout si l’on part des
héritages ou des traces laissées aujourd’hui par cette civilisation.
Elle donne du sens à notre matière et invite les élèves à découvrir
comment on écrit l’histoire à partir des fouilles archéologiques. Et
que parfois seule l’archéologie nous fournit des réponses !
Elle laisse des images mentales et facilite donc l’assimilation du
cours.
Cependant, elle doit être bien choisie, documentée et construite !
(Voir site académique pour la bibliographie, les documents
iconographiques et archéologiques utilisés et des exercices sur la
mythologie et les cultes panhelléniques.)
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