1. La philosophie grecque pense la paix morale comme l’absence de douleur corporelle (aponia) et comme
la tranquillité de l’esprit (ataraxia chez les épicuriens, apathia chez les stoïciens) :
•Ataraxie (ataraxia) / absence d’agitation :
Chez Démocrite (v460 v370 av JC) : c’est la tranquillité de l’âme qui résulte de la modération des
plaisirs et de l’harmonie de l’existence chez celui qui laisse le monde à tous ses troubles.
Epicure (342-270 av JC) : reprend le mot pour désigner l’absence de souffrance corporelle et de
trouble de l’âme. L’ataraxie est la fin même de la sagesse épicurienne.
•Apathie (apathia) / insensibilité :
Chez les sceptiques et les stoïciens, c’est la disposition de celui qui par, discipline
intérieure, s’est rendu indifférent aux affects, et plus particulièrement à la douleur et aux
craintes. Dans ce cadre moral, l’apathie est une sagesse qui représente l’analogue de
l’ataraxie épicurienne.
2. La paix, une notion difficile à penser ?
La réflexion théorique concernant la violence et la guerre est plus nourrie que celle qui prend la paix pour objet :
• L’absence de tout conflit signifie-t-il l’absence de toute violence, de toute hostilité, ou même de tout
affrontement ?
• En d’autres termes, la paix exclut-elle les conflits idéologiques ainsi que les luttes et les rivalités
économiques ?
•La véritable « tranquillité sociale » peut-elle être obtenue au prix d’une répression des puissances vitales ?
• La représentation individuelle de la paix (état de sérénité qu’aucune passion ne vient troubler) ne pourrait-
elle donc pas servir de modèle à la paix publique ?
•Ne faut-il pas plutôt penser la paix en termes d’équilibre des forces et de rapports de puissance qu’en
termes d’apaisement généralisé ?
• De ce fait, la paix n’impliquerait-elle pas nécessairement l’autorité ?
•Y aurait-il des conflits, des guerres justes ?
•La raison peut-elle dans certains cas justifier la violence ?
•Toute paix est-elle bonne ? / Faudrait-il tolérer l’intolérable ?
•Le pacifisme : vertu ou idéologie ?
D’où un héritage conceptuel dual / Paix : absence d’agitation ou insensibilité ?
Si la paix est difficile à établir, l’idée de paix n’est-elle pas également délicate à penser ?
Notions /concepts / Prise de vue