Accidents d`exposition aux liquides biologiques en réanimation

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LES AES EN REANIMATION
épidémiologie, prévention, CAT
DECOUCHON Corinne
DESC Réanimation médicale
Juin 2007
LES AES : DEFINITION ET
EPIDEMIOLOGIE DU RISQUE
DEFINITION AES
TOUT CONTACT
percutané (piqûre, coupure)
ou muqueux (œil, bouche)
ou sur peau lésée
avec du sang
ou un liquide biologique
contenant du sang
PRINCIPAUX AGENTS PATHOGENES
Les 3 principaux :
- VIH
- VHB
- VHC
Prévalence et
gravité
PRINCIPAUX AGENTS PATHOGENES
De nombreux autres :
virus : fièvres hémorragiques virales, HSV, VZV,
HTLV, EBV, CMV, toute maladie virale
virémique…
bactéries : mycobactéries, gonocoque, tréponème,
staphylocoque, streptocoque, méningocoque,
rickettsies…
parasites : plasmodium falciparum, trypanosome…
agents fungiques : cas anecdotiques
RISQUE DE CONTAMINATION SELON
LE TYPE DE LIQUIDE BIOLOGIQUE
Virus
Prouvé
Possible*
VIH
Sang ou
Sec. génitales., LCR
liquides
liq des séreuses,
en contenant
ou amniotique, lait
maternel
VHB
Sang ou
liquides
en contenant
VHC
Sang ou
liquides
en contenant
Nul
Salive,larmes
urines, sueurs,
selles ,
ascite
séc. génitales,
LBA
sec.génitales
LBA
* Sources potentielles, mais jamais impliquées dans contaminations
professionnelles.
Urines,
selles
Urines,
selles
salive,
RISQUE DE TRANSMISSION VIH,VHB,VHC
Virus
Exposition
percutanée
muqueuse
ou peau lésée
VIH
0,32 %
0,04 %
VHB
2 à 10 %
si Ag Hbe10 à 40 %
si Ag Hbe +
Non quantifié
(risque élevé ?)
VHC
2,1 %
Non quantifié mais
plausible
(IC 95 % = 0.18-0.45)
(IC 95 % =0,006-0,18)
RISQUE DE TRANSMISSION VIH,VHB,VHC
 Variation en fonction
de la gravité de l’AES
et de l’importance de l’ inoculum viral
 Accidents les + graves si :
• blessure profonde
• aiguilles pour IV ou intra-artérielle (creuse ou
pleine)
• gros calibre
• aiguille visiblement souillée
• virémie du patient source élevée
SEROCONVERSIONS PROFESSIONNELLES
 Le système de surveillance coordonné par l’INVS repose
essentiellement sur les médecins du travail des établissements
de soins
 Définition :
1
1
1
6
exposition professionnelle
statut viral négatif entre 8 j et 4 semaines avant
séroconversion VIH, VHB, ou VHC entre 4 semaines et
mois après l’exposition
Sinon : infection présumée
CONTAMINATION PROFESSIONNELLE VIH
Majorité de femmes
Infirmières
AES = accidents percutanés principalement
4 cas suite à des projections dont 1 documenté
Au moins 8 séroconversion et 12 infections
présumées étaient évitables par l’application des
précautions standards
Prophylaxie prescrite chez 6 professionnels de santé avec 1
échec réel chez 4
SERVICES OU LA CONTAMINATION VIH A EU LIEU
•Maladies infectieuses : 7 cas
•Service de médecine autre : 7 cas
•Réanimation : 7 cas
•Bloc opératoire : 7 cas
•Urgences : 5 cas
•Laboratoire : 4 cas
…
= 56% des cas
SEROCONVERSION VHC
Au 31/12/2005 : 55 séroconversion professionnelles VHC
dont 41 au contact d’1 patient source connu comme infecté
Cela concerne surtout les femmes infirmières
AES le plus souvent par piqûre
Au moins 25% étaient évitables par l’application des
précautions standards
SERVICES OU LA CONTAMINATION VHC A EU LIEU
•Hémodialyse : 8
•Hépato : 8
•Urgences / SAMU : 5
•Néphrologie : 5
•Chirurgie : 5
•Psychiatrie : 4
•Gériatrie : 4
•Réanimation : 2
…
= 13% des cas
SEROCONVERSION VHB
Le nombre attendu de séroconversions professionnelles VHB
seraient d’environ 4 par an
Aucune séroconversion n’a été signalée depuis 2005
EPIDEMIOLOGIE DES AES
ASPECT LEGISLATIF
• Surveillance des AES 1 des priorité des CTIN depuis 98,
indispensable pour organiser la prévention
• Consensus national en terme de méthode de recueil et
d’analyses des données
Réseau d’Alerte D’Investigation et de
Surveillance des Infections Nosocomiales
= RAISIN
Partenaires INVS, CCLIN, CTIN, ANAES et GERES
• Création du groupe de travail en 2001 et 1° enquête
nationale en 2002
RAISIN 2002
DONNEES RAISIN POUR L’ANNEE 2004
13041 AES recensés
Couverture de 29% des lits
Distribution des services ayant déclarés
des AES selon la spécialité
= 32,3%
Rea + bloc + urgences
Raisin 2004
Distribution des services ayant déclarés
des AES selon la spécialité CCLIN SE 2005
= 29.5 %
Rea + Bloc + urgences
Risques particuliers des AES
en réanimation
 Fréquence des AES en réanimation est supérieure à
celle des services de médecine et de chirurgie
Risque accru du fait :
multiplications des gestes invasifs à visée diagnostique
et thérapeutique
contexte d’urgence
caractère souvent non programmé des soins
Risques particuliers des AES
en réanimation
Risques élevés d’AES :
densité des gestes invasifs infirmiers en réanimation
personnel médical également exposé
absence de matériel de sécurité spécifique (ex: VVC)
Risque élevé de transmission :
calibre important du matériel employé
Situations spécifiques à risque d’AES:
intubations, aspirations respiratoires
gestes de chirurgie (drains, trachéotomie, …)
Système de CEC
Circonstances des AES :
enquête sur 1050 AES réalisés par les
médecins du travail de l’APHP (2000)
383 cas : PEC de patients en urgence
512 cas : contexte de surcharge de travail
253 cas : effectifs incomplets
140 cas: problème des interruptions itératives des tâches
306 cas : difficultés d’abord veineux
255 cas : agitation du malade
Détails des catégories professionnelles concernées
Raisin 2004
AES : personnels à risque
Infirmières
–GERES (Bouvet. France) : 0.3 à 0.4 % / IDE / an
–EPINET (Jagger. USA) : 52 % IDE, 9 % médecins, 9 % internes
Chirurgiens
–piqûre : 0.5 à 2.7 / 100 personnes-actes
Etudiants
–Médecins ( 2 fac. Médecine Paris. 1995)
34 % étudiants de 4e, 5e et 6e années victimes AES
–Infirmiers (APHP)
10 % des AES
Distribution des AES selon l’ancienneté professionnelle
Raisin 2004
Distribution des AES
selon l’ancienneté dans le service
Raisin 2004
Nature de l’exposition
Majorité superficielles
44.5% des AES surviennent au lit du patient
Raisin 2004
Distribution des tâches en cours lors AES
2/3 piqûres surviennent
à la phase d’élimination
Raisin 2004
Epidémiologie des gestes à risque (GERES)
Mécanismes en cause
52.5 %des AES auraient pu être évités
par le respect des précautions standards
Raisin 2004
Matériel en cause
 Stylos à insuline : 8.6% des AES
 Héparine : 3.9 des AES
dont 20% avec le matériel sécurisé
 Aiguille sous cutanées : 11.3% des AES
Mécanismes en cause lors d’AES par projection
Port de gants
Raisin 2004
Non port de gants : motifs
Raisin 2004
97.4% : choix comportemental individuel
Conteneur : utilisation
Raisin 2004
Cause non présence du conteneur
Raisin 2004
Prévalence des pathologies virales
chez les patients source
Raisin 2004
La connaissance du statut sérologique du patient source
demeure inconnue dans 20% des cas
1% des AES surviennent chez des personnes non vaccinées
pour le VHB dont 60.5 % car elles sont immunisées
Evolution des AES chez les infirmières
Raisin 2004
Evolution des AES chez les aides soignantes
Raisin 2004
Evolution des AES chez les médecins
Raisin 2004
Evolution du respect des précautions standards
2000
2001
2002
2003
2004
Port des
gants
51%
CCLIN
SO
54.9%
CCLIN
SO
58.7%
CCLIN
SO
58.6
62.3
%
%
RAISIN RAISIN
Collecteurs
à proximité
64%
CCLIN
SO
65%
CCLIN
SO
68%
CCLIN
SO
67.1
68.9
%
%
RAISIN RAISIN
Et la transmission soignant – soigné ??
AES ET PREVENTION
Programme de prévention
Extrait de la circulaire DGS/DH n°98 de 20 Avril 1998
Le chef d’établissement en concertation avec le CLIN, le
médecin du travail doit définir une stratégie de prévention. Elle
repose sur :
1- vaccination du personnel soignant
2- respect des précautions standards d’hygiène
3- Utilisation rationnelle d’1 matériel adapté
4- Prévention de l’exposition dans les blocs opératoires
5- Mise en place d’1 dispositif de PEC des AES
6- Interprétation des données de surveillance
7- Information et formation du personnel
8- Evaluation des actions entreprises
Précautions standards
ou précautions générales d’hygiène
Elles doivent être appliquées pour tous les patients
dans tous les services dès qu’il existe 1 risque de
contact ou de projection de sang, de liquides
biologiques et pour tous contact avec une peau lésée
ou une muqueuse
- Se laver les mains systématiquement avant et après tout
contact avec 1 patient
-Porter des gants pour tout contact avec du sang ou des
produits biologiques, des plaies ou muqueuses, du matériel
souillé
- Protéger toute plaie
-Porter un masque, des lunettes, une surblouse lorsqu’il
y a des risques de projections (aspirations, endoscopie,
chirurgie …)
-Faire attention lors de toute manipulation d’instruments
piquants potentiellement contaminés
- Utiliser chaque fois que possible du matériel à usage
unique
Ne jamais recapuchonner les aiguilles, les dégager des
seringues
- Jeter immédiatement les aiguilles et autres instruments
piquants dans 1 conteneur adapté imperforable
-Décontaminer immédiatement les instruments utilisés et
surfaces souillées avec de l’eau de javel diluée à 10% ou un
autre désinfectant
- Placer les matériels à éliminer dans des emballages étanches,
transportés et éliminés selon les filières définies
Vaccination contre l’hépatite B
Nécessité de vacciner les soignants
Recommandations dès 1981
Obligation à partir de 1991
3 injections M1, M2, M6
Efficacité 97% cas
Seuil protecteur de 10 UI/l d’AC HBs
Problème des faibles et non répondeurs
Le matériel de sécurité
 Développer en complément des autres mesures préventives
dans le but de contribuer à la diminution des AES
 Apparition il y a 10 ans
 Evaluation difficile de leur bénéfices directs
 Nécessité de mise en place d’un réglementation avec des
critères précis
 Problème de surcoût
 Généralisation progressive
 Les taux d’AES sont 3 fois + faibles grâce à leur utilisation
(CCLIN SE 2005)
Les différentes générations
de matériel de sécurité : évolution du concept
Les collecteurs à objets coupants, piquants
1 des éléments maître de la prévention des AES
Près des 2/3 des piqûres accidentelles surviennent à la
phase d’élimination du matériel souillé
Problème de sur risque paradoxal
25% des AES sont liées à l’utilisation du conteneur
difficultés d’introduction
matériel saillant d’1 conteneur trop plein
aiguilles transperçant le conteneur
maintient conteneur avec main controlatérale
Les collecteurs à objets coupants, piquants
La conception du collecteur doit progresser :
Maniement avec 1 main
Orifice adapté
Montage simplifié
Limite de remplissage indiquée
sur tout le collecteur
Transport aisé
Stabilité du collecteur
Fixations standardisées
Il est indispensable d’intégrer les recommandations
sur l’utilisation de ces collecteurs dans nos pratiques
professionnelles
Les gants et les AES
Apparition de la recommandation sur le port de gants
en tant que protection individuelle dès 1987 pour tout
geste exposant à des liquides biologiques
Double gantage préconisé au bloc opératoire
 Effet barrière avec une réduction de l’inoculum
Existence de norme : épaisseur, résistance, étanchéité
Les gants et les AES
Hygiène 2003
Les masques chirurgicaux
 Le masque chirurgical avec une couche
imperméable protège contre le risque de
projection de liquides biologiques et les
infections transmissibles de type gouttelette
 Indispensable : si intubation, aspirations … et
aussi au bloc
 Parfois équipé d’une visière de sécurité;
Sinon nécessité de mettre des lunettes de
protection
QUE FAIRE EN CAS D’AES
CAT en cas d’AES
La CAT doit être connue de tous
Nettoyer et désinfecter immédiatement (0-5’)
Prendre rapidement 1 avis médical (0-4H)
Obtenir rapidement le statut du patient source
Déclarer l’accident (0-48H)
Consultation en médecine du travail (J0-J7)
Mettre en route 1 suivi si nécessaire
CAT en cas d’AES : nettoyage immédiat
PLAIES
MUQUEUSE
S
Eau courante et savon
rinçage
antisepsie : contact > 5 mn
dakin ou javel 1/10
sinon : alcool 70° ou bétadine
rinçage++ sérum physiologique
ou eau pdt 5 mn
CAT en cas d’AES
 Evaluation rapide du risque infectieux par le médecin
référent ou l'urgentiste:
-type d'exposition
-profondeur de la blessure
-type d'aiguille ou de matériel en cause (aiguille creuse
> aiguille pleine > exposition muqueuse)
-nature du liquide biologique
-statut sérologique et clinique du malade source
 Proposition éventuelle d'une prophylaxie antivirale
Chimioprophylaxie post AES
Piqure avec aiguille abandonné
Ttt non recommandé
Chimioprophylaxie post AES
(circulaire du 3 Avril 2003; rapport Yeni)
Traitement visant à prévenir la contamination/ VIH
Elle permet de diminuer les risques de contamination
Elle est d’autant efficace qu’elle est instaurée
précocement : dans les 4 H suivant l’AES et au plus tard
avant 48H
Indication et type de traitement déterminés au cas par cas
Balance entre bénéfice escompté et risque iatrogène
Association 2 inhibiteurs nucléosidiques de la réverse
transcriptase et 1 antiprotéase
Exemple : Combivir et Kaletra
 Durée de traitement 4 semaines
Suivi sérologique des AES
1° sérologies dès que possible pour connaître le statut
sérologique de la personne : VIH, VHB (taux AC HBs), VHC
Sérologies de contrôle à M1, M3 et M6
Avec des transaminases
Si patient source VIH + ou inconnu : Ag P24 3 à 6 semaines
après arrêt ttt anti-rétroviral
CAT devant risque infection à VHB, VHC
VHB

si agent non vacciné pour VHB :
gamma globuline anti HBs dans les 72 h si patient source avec
Ag HBs +,
et vaccination rapide
VHC
 patient source VHC + ou VHC inconnu
 TGP à J0, 15, 30, M2, M3, M6
 Sérologie VHC : J0, M3, M6
 PCR VHC : J0, M1, M2, M3
 Si hépatite aiguë : Interféron + Ribavirine
 Prophylaxie : Interféron + Ribavirine à discuter
Bibliographie
 GERES
 Données CCLIN
 Données RAISIN
 INVS : contamination professionnelles par le VIH, le VHC, le
VHB; données au 31/12/05
 Revue Hygiène
 Circulaire Avril 98 sur prévention des AES et Avril
2003 sur la prise en charge des AES
 BEH n° 51/2002 : AES
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