Syndromes paranéoplasiques

publicité
Syndromes paranéoplasiques
Pr MORERE
Service d ’Oncologie médicale
CHU Avicenne
• Les syndromes paranéoplasiques sont des
signes ou symptômes secondaires à l’existence
d’un cancer, à distance de la tumeur ou de ses
métastases.
• Par définition, ces symptômes ne peuvent être
dus à un effet direct de la tumeur ou de ses
métastases.
Généralités
• Les syndromes paranéoplasiques se
développent chez une minorité de patient
cancéreux (< 10 %), mais leur intérêt est
majeur pour plusieurs raisons
– Leur présence peut être le premier signe de maladie
– Ils peuvent mimer une maladie métastatique et
modifier une attitude éventuellement curative
– Ils peuvent servir de marqueur évolutif après
traitement
– Les symptômes peuvent être particulièrement
gênants, et nécessiter un traitement spécifique
– Ce sont parfois et peut être des facteurs de
croissance
Avant de poser le diagnostic de syndrome
paranéoplasique, il faut éliminer :
• Un envahissement direct par la tumeur ou ses
métastases
• Une obstruction causée par une tumeur ou un
produit de tumeur
• Des anomalies vasculaires
• Des troubles hydroélectrolytiques
• Des effets secondaires des traitements (chimio,
ou radiothérapie, antibiothérapie,
immunothérapie, etc…)
Mécanismes
• Production par la tumeur de protéines
biologiquement actives comprenant hormones et
leur précurseurs, facteurs de croissance, cytokines,
prostaglandines, protéines fœtales,
immunoglobulines, enzymes.
• Production d’immuns complexes, manifestations
d ’auto-immunité
• Inactivation de l’action d’une hormone active par
production d’un équivalent biologiquement inactif,
production d’un récepteur anormal
• Relargage d ’enzymes dans la circulation,
normalement absentes.
• Inconnu (le plus souvent)
Manifestations paranéoplasiques possibles
Endocriniennes
• Ce sont les plus fréquentes et les mieux
comprises :
– Syndrome de Cushing (ACTH) : dans les
cancers du poumon, surtout à petites cellules
– SIADH : idem
– Hypercalcémie non métastatique (PTH) :
surtout dans les cancers du poumon
– Gynécomastie : idem
Manifestations paranéoplasiques possibles
Endocriniennes (suite)
– A titre documentaire : hyperthyroïdie,
hypersécrétion de calcitonine (cancer médullaire
de la thyroïde), acromégalie hypoglycémie,. A
par, la b HCG, surtout intéressanté dans les
tumeur trophoblastiques et testiculaires, mais
pouvant s’élever dans de nombreuses autres
tumeurs non embryonnaires (poumon, sein,
colon, pancréas …)
Syndrome de Schwartz-Bartter
• Production anormale d’ADH ou de substance
ADH-like
• Majorité des CPC marquent pour l’ADH
• mais seuls 3 à 15 % des patients développent le
syndrome clinique
PHYSIOPATHOLOGIE
• Sécrétion inappropriée d’hormone
antidiurétique
• Liaison de l’ADH à ses récepteurs au niveau du
tube collecteur et de la branche ascendante
• Excès d’eau réabsorbée et de sodium excrété
• Accroissement du volume intravasculaire
Diminution de la réabsorption du sodium
• Osmolalité plasmatique basse,hyponatrémie
Signes cliniques
• Anorexie, fatigue, céphalées, confusion
• Puis delirium, stupeur, coma, crises comitiales
• Accompagnés de:
– Hyponatrémie,hypoosmolarité sanguine,
hyperosmolarité urinaire, natriurie > 20mEq/l
– Fonction rénale, surrénale et thyroidienne normales
Etiologie et traitement
• Principales tumeurs en cause :
– Poumon CPC> NPC
– Tete et cou
• Traitement:
• Restriction hydrique
Syndrome myasthénique
Anticorps associés
Anticorps
Site
Fonction
Sd clinique
Tumeur
AntiVGCC
Jonction
neuromusculaire
présynaptique
Relargage
Ach
Lambert
Eaton
CBPC
Hodgkin
Anti Ach R
Jonction
neuromusculaire
postsynaptique
Récepteur
Ach
Myasténie
Thymome
• VGCC = Voltage-gated calcium channel
Manifestations paranéoplasiques possibles
Neurologiques
• Atteinte de la jonction neuromusculaire : syndrome
myasthénique (Lambert-Eaton) surtout dans le
cancer du poumon à petites cellules, myasthénie
(thymome)
• Atteinte des nerfs périphériques : neuropathie
sensitive ou sensitivomotrice (surtout dans les
cancers du poumon)
• Atteinte de la moelle : pseudo SLA, myopathie
nécrosante, neuropathie motrice subaiguë
• Atteinte du SNC : dégénérescence cérébelleuse
subaiguë, démence
Manifestations paranéoplasiques possibles
Hématologiques
• Polyglobulie (au cours des cancers du rein,
carcinomes hépatocellulaires, hémangioblastomes
cérébelleux)
• Anémie : la plupart du temps aisée à expliquer
(infiltration médullaire, chimio/radiothérapie,
saignement …)
• Neutrophilie, à différencier d’une LMC, d’une
infection…, éosinophilie, basophilie, thrombocytose
• Anomalie de la coagulation comportant phlébites à
répétition, CIVD, endocardite « marastique »
(thrombotique, non bactérienne).
Manifestations paranéoplasiques possibles
Cutanées
• Lésions pigmentées : Acanthosis nigricans
(adénocarcinomes digestifs, surtout gastriques),
Bowen, Maladie de Paget (sein).
• Pemphigus paraneoplasique
• dermatopolymyosite
Manifestations paranéoplasiques possibles
Gastro-intestinales
• ,gastrinome:ulcère( syndrome de Zollinger
Ellison)
• tumeurs carcinoïdes:flush,diarrhée
• cachexie avec anorexie (liée au TNFa)
Manifestations paranéoplasiques possibles
Rénales
• Syndrome néphrotique (maladie de Hodgkin)
Manifestations paranéoplasiques possibles
Divers
• Fièvre : rein, Hodgkin, ostéosarcomes
• Ostéoarthropathie hypertrophique
pneumique (Pierre Marie) : dans les cancers
du poumon non à petites cellules (OAHP).
• Amylose surtout dans les pathologies
lymphoprolifératives , et rarement dans les
carcinomes (surtout rein)
Traitement
• Il consiste essentiellement à traiter la tumeur,,
permettant en cas de succès une disparition des
symptômes (ceci n ’est pas systématique).
• Seul le traitement efficace de la tumeur peut
permettre d’envisager une guérison du
syndrome paranéoplasique, cependant toujours
penser aux traitements symptomatiques en cas
de non contrôle de la tumeur ou de ses
métastases.
Marqueurs tumoraux
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• L ’antigène carcino-embryonnaire (ACE) est
une glycoprotéine normalement élevée chez le
fœtus et ont la synthèse diminue de façon
importante à la naissance
• Dosage :
– le dosage dans le sérum est réalisé par méthode
radio-immunologique ou immunoenzymatisque :
– la limite supérieure de la normale se situe à 5 ng/ml.
La demi-vie est de 6 à 8 jours
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• Intérêt clinique :
– Dépistage et diagnostic des cancers
• l ’augmentation de l ’ACE est surtout nette à un
stade avancé de la maladie ce qui rend son
dosage inutilisable pour détecter des tumeurs à
un stade infracentimétrique
• L ’ace est peu spécifique et élevée dans un grand
nombre de cancers : 60 % des cancers coliques,
50 % des cancers du pancréas et de l ’estomac, 30
% des cancers de l ’ovaire ou de l ’utérus, 80 %
des cancers médullaires de la thyroïde ont un
taux d ’ACE élevé.
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• Intérêt clinique :
Classification et pronostic
– Cancers digestifs
• Les cancers du colon A et B dans la classification
de Dukes ont une élévation d ’ACE dans 5 % des
cas, contre 60 % des cas pour les stades C et D.
• Le délai moyen de récidive est d ’autant plus long
que le taux d ’ ACE est bas dans l ’intervention.
– Cancer du sein
• 98 % des patientes ayant un taux élevé durant le
traitement, ont récidivé dans les 5 ans
• Les taux les plus élevés sont observés en cas de
métastases hépatiques ou osseuses
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• Surveillance après traitement et dépistage des
récidives
– Cancers coliques
• L ’ACE doit revenir à un taux normal après
résection ; une valeur pathologique persistante 4
à 6 semaines après l ’intervention fait suspecter
un résidu tumoral. Lors de la surveillance postopératoire, une élévation de l ’ACE précède, en
général, de 2 mois les manifestations cliniques.
• Si le bila ne retrouve pas de métastase ou de
rechute locale évidente, il faut discuter une
laparotomie exploratrice.
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• Surveillance après traitement et dépistage des
récidives
– Cancers du sein e t bronchiques
• L ’ACE a une valeur pour apprécier l ’efficacité
thérapeutique.
– Cancers médullaires de la thyroïde
• L ’ACE est élevé dans 80 % des cas et permet de
suivre l ’évolution sous traitement.
Antigènes Oncofeotaux
Antigène Carcino-embyronnaire
• Surveillance après traitement et dépistage des
récidives
– Autres tumeurs
• L ’ACE peut être élevé en cas de tabagisme de
cirrhose alcoolique, de pathologie digestive
inflammatoire (rectocolite hémorragique,
pancréatite chronique, hépatite chronique)
• Les taux sont cependant généralement inférieurs
à ceux rencontrés en cas de tumeur
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• L ’alpha-foeto-protéine (AFP) est une
glycoprotéine d ’origine fœtale synthétisée par
les cellules parenchymateuses du foie, du sac
vitellin et du tractus gastro-intestinale. Son
taux décroît rapidement après la naissance.
Chez la femme enceinte, le taux augmente pour
atteindre un maxium vers la 12è semaine de
grossesse.
• A un an, le taux est équivalent à celui de
l ’adulte sain (1 à 15 ng/ml). La demi-vie
sérique est de 2 à 8 jours.
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• Mise en évidence :
– Le dosage dans le sang circulant est effectué par
radio-immunologie ou méthode
immunoenzymologique.
– Les techniques d ’immunohistochimie permettent de
localiser l ’AFP sur un fragment de tumeur.
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• Intérêt clinique en pathologie maligne
– Carcinomes hépatocellulaires
• 70 à 80 % des patients ayant un carcinome
hépatocellulaire ont une élévation du taux d ’AFP
sérique ;
– des valeurs supérieurs à 400 ng/ml sont
fortement suggestives mais peuvent exister de
façon transitoire en cas de cirrhose (3 % des
cas) ;
– Ce n’est qu ’avec un taux au-dessus de 5 000
ng/ml que le diagnostic hépatome est certain.
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• Intérêt clinique en pathologie maligne
– Cancers du testicule
• Le dosage pré-orchidétectmie est capital : après
exérèse complète le taux se normalise en moins
de 50 jours.
• Un taux d ’AFP élevé est retrouvé dans 66 % des
cas de tumeur germinale non séminomateuse, et
correspond à la présence de cellules dérivant du
sac de Vitellin.
• L ’AFP aide à suivre la réponse sous traitement.
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• Intérêt clinique en pathologie maligne
– Tératocarcinome
• L ’AFP est élevée dans 80 % des cas de
tératocarcinomes (ovarien, rétropértinéaux,
médiastinaux ou de la région sacro-coccigienne)
Antigènes Oncofeotaux
Alpha-foeto-protéine
• Intérêt clinique en pathologie maligne
• En pathologie bénigne
– En cas d ’une hépatite virale ou de cirrhose, une
élévation de l ’AFP peut se voir (en général
inférieure à 400 ng/ml).
– En présence d ’une cirrhose hépatique, un taux
croissant doit faire redouter l ’apparition d ’un
carcinome hépatocellulaire
– En pathologie obstétricale, un taux d ’AFP élevé
chez la mère fait craindre une spinabifida, une
anencéphalie ou hydrocéphalie, une atrésie des voies
biliaires ou de l ’œsophage.
Immunodiagnostic des lésions cancéreuses
grâce à l’utilisation d’anticorps
monoclonaux (AMC)
Principes
• Il s ’agit de substances antigéniques reconnues
par un (parfois deux) anticorps monoclonaux.
• Ce sont des substances de haut poids
moléculaire, généralement des glycoprotéines.
Leur dosage est le plus souvent réalisé par
méthode radio-immunoradiométrique
Immunodiagnostic des lésions cancéreuses
grâce à l’utilisation d’anticorps
monoclonaux (AMC)
CA 19-9
• C ’est essentiellement le marqueur de tumeurs
pancréatiques.
• Pour les tumeurs de l ’estomac et du colon, sa
sensibilité n ’est pas meilleure que celle de
l ’ACE.
Immunodiagnostic des lésions cancéreuses
grâce à l’utilisation d’anticorps
monoclonaux (AMC)
CA 125
• C ’est un déterminant antigénique défini par
l ’anticorps monoclonaux IgG OC 125.
• Des taux élevés sont fréquemment retrouvés
dans les cancers épithéliaux de l ’ovaire.
• Il existe une bonne corrélation (98 % des cas)
entre les variations du CA 125 et le volume
tumoral.
Immunodiagnostic des lésions cancéreuses
grâce à l’utilisation d’anticorps
monoclonaux (AMC)
CA 125
• En cas de récidive, l ’élévation du marqueur
peut précéder toute modification clinique ou
échographique
• Le CA 125 est élevé dans 50 % des cancers de
l ’endomètre et du col, sa spécificité est
mauvaise. Il est élevé dans un certain nombre
de pathologies bénignes.
Immunodiagnostic des lésions cancéreuses
grâce à l’utilisation d’anticorps
monoclonaux (AMC)
CA 15-3
• C ’est un antigène circulant associé aux
tumeurs mammaire humaines.
• Des taux élevés sont retrouvés dans 25 à 55 %
des cancers du sein (80 % dans les formes
métastasées).
• Le CA 15-3 est élevé chez 10 % des patientes
ayant une pathologie bénigne du sein.
Téléchargement